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princesses de science

vivait et agissait. La femme qui se hausse aux fonctions de l’homme y dépense trop d’énergie pour gaspiller encore de ses forces en sensibilité. Elle dit, après avoir vu toute la série des brûlures :

— Celles du bras sont douloureuses, mais sans gravité. Il aurait fallu percer les phlytcènes de la hanche. Le pauvre enfant doit souffrir beaucoup. Pourquoi ne pas lui donner un bain avant les pansements ?

— Ah ! je ne sais plus rien ! gémit madame Adeline. Essayez de tout. Calmez-le.

La domestique alla chercher la baignoire d’enfant, qui était devenue trop petite pour ce garçon de neuf ans. Lucie déclara que la lessiveuse était grande et qu’on pourrait y faire tenir son frère accroupi. Le temps pressait. Peu accoutumée à ces intérieurs de la médiocrité, où tout fait défaut, Thérèse, qui ne connaissait guère que les hôtels de l’île Saint-Louis ou la clientèle du faubourg Saint-Germain, ne se déconcerta pas. Elle parcourut l’entresol exigu où logeait toute la famille de la doctoresse. Elle vit le cabinet, dont les fenêtres basses, en cintre, atteignaient au plafond. La table de gynécologie y était représentée par une chaise longue, en reps vert. La table de travail — un vieux bureau d’acajou — s’étalait propre et nette, sans le désordre du journal scientifique qui traîne, du livre nouveau de pathologie que le médecin a laissé entr’ouvert la veille, des brochures repoussées pêle-mêle après une lecture rapide ; madame