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princesses de science

l’ouate hydrophile ! Je voudrais vous aider ; me le permettrez-vous ?… Oh ! la médecine, la médecine ! si vous saviez !…

Elle eut un frissonnement de jeune poulain. Puis, se faisant câline, avec ce goût qu’ont les adolescentes pour les femmes supérieures, leurs aînées, qui incarnent à leurs yeux un idéal, elle s’approcha de Thérèse, lui posa sur l’épaule sa tête brune aux cheveux abondants qu’un ruban rouge nouait à la nuque :

— Parlez à maman pour moi, dites, madame, je vous en prie ! Elle ne veut pas que je fasse ma médecine. Alors qu’est-ce que je deviendrai ?… Un jour, monsieur Artout a permis que j’aille dans son service à Beaujon. Oh ! quels bons moments j’ai passés ! Ça me plaisait tant, tous ces lits, tous ces malades, tous ces médecins, ces infirmiers ! C’était blanc, c’était propre, ça sentait les remèdes, la pharmacie. Ah ! j’aurais voulu y rester toujours, toujours…

Thérèse, devant cette petite fille frémissante, se rappelait sa propre adolescence, l’émotion que lui causait l’odeur d’iodoforme rapportée de l’Hôtel-Dieu dans les vêtements de son père, l’aspect extérieur d’un hôpital aperçu au passage, dans une rue, la seule vue d’une croix de Genève, symbole médical. Et elle sentait ces impressions lointaines se reproduire aujourd’hui dans cette fillette ardente, mordue de ce même mal terrible et voluptueux de la vocation.