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princesses de science

chirurgien de l’hôpital ; cinq ou six jeunes médecins, venus pour assister à la visite d’Herlinge, se tenaient silencieux auprès de leurs grands confrères ; puis c’étaient, dans leurs blouses blanches, les externes du service, parmi lesquels Thérèse retrouva les deux petites « bénévoles » aperçues à Beaujon, l’automne dernier, et qui venaient de passer à l’Hôtel-Dieu.

Tout ce monde s’inquiétait de la nomination d’une femme à la fonction de médecin d’hôpital, fait sans précédent. Les uns récriminaient fort. Artout était d’avis de chercher à la « coller » par tous les moyens possibles. Boussard demeurait flegmatique : personne ne pouvait deviner sa pensée. Herlinge soutenait qu’on devait se conformer à l’usage, et examiner cette femme en toute impartialité, comme on eût fait pour un homme. C’était ce qu’il affirmait quand, ses yeux rencontrant sa fille, son visage s’éclaira et il sourit.

— Te voilà ici, mignonne ! tu as voulu assister à l’examen de madame Boisselière… Ah ! si elle tient jusqu’au bout, comme on y compte, ce sera un beau succès pour votre cause.

— Je ne suis pas venue pour cela, père ; j’ai à vous dire un mot : le temps m’a manqué pour aller avenue Victor-Hugo, j’ai pensé qu’ici…

— C’est bon, c’est bon. Je suis à toi. Une minute…

Frêle, vif, nerveux plus que jamais, il cherchait maintenant l’interne de ce service pour une visite