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princesses de science

Madame Jourdeaux attendait son ami au salon. C’était la première fois qu’elle le recevait là. Dans la pièce peu éclairée, elle parut à Fernand transformée, très belle, très ardente, malgré sa pâleur, son deuil de veuve qu’elle ne quittait pas et ses lenteurs de religieuse. Lui-même arrivait, en proie à une surexcitation effrayante. Il lui étreignit les mains en soupirant :

— Oh ! mon amie, mon amie, que j’ai soif de vous !

Une lueur rapide, phosphorescente, passa dans les yeux de la jeune femme ; puis elle demanda :

— Qu’y a-t-il ?

— Il y a que je suis dans une situation atroce, je me sens perdu, je ne vois pas d’issue, je ne sais que devenir. Je voudrais ne plus être, ne plus penser, me faire un petit enfant comme André, et me mettre sous votre garde. Chose étrange, vous si douce, mon amie, vous me semblez détenir une puissance. Vous devez pouvoir me protéger.

Elle dit, en hésitant un peu :

— De toutes mes forces aimantes, en effet, je vous entoure, je vous enveloppe. Mais qu’est-ce que je puis !

— M’encourager, m’assurer que vous ne m’abandonnerez jamais.

— Oh ! vous abandonner, le pourrais-je ? C’est comme si l’on me parlait d’abandonner André.