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princesses de science

du bonheur. Nous donner l’un à l’autre, mon pauvre cher ami, aurait été renoncer à toute paix, à toute dignité. Notre amour irrégulier aurait fini dans l’amertume et dans la honte.

Il finit aujourd’hui dans des larmes très pures. Vous ne me retrouverez pas boulevard Saint-Martin, mon ami : je vais en Lorraine, mon pays. J’y rejoindrai mon père, qui habite là-bas très seul. Entre ce cher vieillard, mon petit chéri et le souvenir de notre amitié, ma vie s’écoulera dans le calme. Pour vous, retournez-vous, de toutes les forces de votre volonté, vers la compagne à qui vous avez juré, un jour, de l’aimer éternellement.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Deux heures plus tard, alarmée de ne pas le voir sortir, Thérèse entra dans le cabinet de son mari.

Elle le trouva prostré devant sa table, les tempes dans les paumes, les yeux rougis, une lettre étalée sur son buvard. Elle devina tout de suite la vérité : la rupture promise hier, qu’elle n’attendait cependant pas si prompte, si radicale.

Elle s’approcha, un peu craintive. Certes, elle le comprenait, ce ne pouvait être encore l’effusion, l’élan passionné qui lui ramènerait son mari, mais un immense espoir en l’avenir lui venait. Et elle se mit à murmurer lentement, près de lui :

— Tu as un grand chagrin, Fernand, mais tu n’es pas seul. Une amie est là qui te consolera. Je suis toute à toi maintenant ; tu me trouveras