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princesses de science

matinée, nulle voiture, ne venaient y mettre un bruit ou une ombre. L’odeur violente des géraniums surchauffés saturait l’air. Les bâtiments extrêmes de l’Hôtel-Dieu finissaient ici en mornes murailles de prison.

— Je vous écoute, fit-elle froidement.

Au fond, elle souhaitait la possibilité d’un accord entre eux qui concilierait l’attachement à sa profession et son obscur désir d’aimer. Cette démarche de Guéméné, aujourd’hui, lui semblait une concession première. Ses yeux s’allumaient de curiosité.

— J’ai pensé, reprit très simplement le jeune homme, que j’étais fou de réclamer de vous ce sacrifice, l’autre jour. Une femme comme vous n’abandonne pas sa carrière. La supériorité de votre intelligence vous défend la vie frivole que mènent généralement les femmes. Mais il me semble que parallèlement à l’existence agitée, tumultueuse et anormale de la doctoresse, il en est une autre, également digne de vous dans sa tranquillité lumineuse. C’est celle d’une femme de science qui, sans quitter la maison ni le rôle qui l’y retient, travaille cependant, donne libre cours à l’activité de son cerveau, poursuit, dans son cabinet avec ses livres, dans son laboratoire avec ses expériences, son rêve d’études incessantes. Ah ! Thérèse, je vous vois ainsi dans l’intérieur que nous nous ferions. Comme vous seriez bien la femme nouvelle et idéale ! Gardienne du foyer, vous vous partageriez entre ses soins et vos profondes, vos dis-