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princesses de science

le cœur crevé. Je n’avais jamais connu pareille malade. Cette femme-là était renversante, positivement !

— Attendiez-vous la fin si prompte ? demanda-t-il.

— Oui. Depuis cinq jours il y avait des complications péritonéales ; vous savez… on ne s’y trompe pas. Puis la septicémie s’en est mise. Artout est venu, hier, pour confirmer ce que je pensais : c’était fatal. Ah ! nous avions là un sacré cas, je peux le dire.

Puis, secouant vigoureusement la main de Guéméné :

— Pardon, je me sauve. J’assiste Artout ce matin, dans une opération : je dois être dans trois quarts d’heure avenue Kléber… Ah ! il est gentil pour moi !…

Guéméné se détourna pour la suivre des yeux, ronde, vive et brutale, descendant à la hâte l’escalier dont elle battait le tapis de ses bottines larges et neuves qui criaient… Et il avait peine à voir un confrère dans cette doctoresse-accoucheuse aux allures de sage-femme endimanchée, affairée, besogneuse, acceptant, pour nourrir ses quatre enfants, plus de clients que n’en comportaient les heures du jour et celles de la nuit, — sachant d’ailleurs par cœur tous ses livres de pathologie, et capable de les réciter d’un bout à l’autre sans erreur. — Elle exerçait, rue de Buci, dans un entresol où les malades ne pouvaient se faire entendre