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princesses de science

aux Enfants-Malades, et Guéméné l’y suivait encore, dans un service voisin. Puis, après deux ans, ils quittaient ensemble l’hôpital de la rue de Sèvres, lui pour la clientèle de l’île Saint-Louis, elle pour le service de son père à l’Hôtel-Dieu.

Parmi tant de succès d’études, malgré la grisante notoriété qu’elle commençait de prendre dans le savant cénacle de l’avenue Victor-Hugo, elle était demeurée simple et bonne. Elle avait été la joie du foyer, elle en devenait l’orgueil. Herlinge, amolli par l’exemple de Thérèse, reconnaissait maintenant aux femmes le droit à la science ; il admettait que l’on comptât avec madame Lancelevée, la doctoresse de la Présidence, et même avec Jeanne Adeline, si touchante entre sa clientèle et sa nichée. Thérèse adorait son père, en l’admirant, mais elle chérissait plus tendrement sa mère. Ces deux femmes étaient certes fort distantes l’une de l’autre malgré leur ressemblance physique. Thérèse entourait sa mère d’une sorte de culte protecteur et indulgent. Madame Herlinge s’effaçait de plus en plus, à la maison, devant cette double illustration de l’époux et de la fille. Elle faisait désormais ses courses seule, ses achats, ses visites. Il lui fallait encore s’occuper des toilettes de Thérèse, diriger la femme de chambre de la jeune fille, s’assurer que rien ne manquait à sa vie élégante. Les réceptions suivaient leur train. Les dîners du professeur étaient réputés dans le monde médical. Madame Herlinge n’avait que trois domestiques, et elle surveillait