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princesses de science

silencieuse compagne de travail ? Quelle stupidité que sa prétendue force, et quel orgueil y dominait ! Brûler cet unique souvenir !…

Parmi les fragments de la photographie noircis et racornis par le feu, apparaissaient des coins blancs de tabliers d’internes, un morceau d’arbre intact, et aussi la figure de Pautel, le médecin blond aux yeux vacillants sous le lorgnon. Parfois le papier calciné s’effritait quand Fernand le déroulait. Tout à coup, minuscule et un peu jauni par la flamme, le visage de Thérèse, tranché au col, se trouva sous ses doigts. Il la possédait enfin, la précieuse relique ! Avec des soins délicats, il la coucha dans le creux de sa main, et, pendant de longues minutes, immobile et frémissant, il la contempla…

Il ne reprit ses consultations que beaucoup plus tard. Les clients s’étaient accumulés dans la salle d’attente ; six heures allaient sonner quand il expédia le dernier. Il parcourut alors le registre où son domestique écrivait les visites à faire, et, n’y voyant aucun cas urgent, il se dit souffrant et se mit au lit. On ferma les volets, sur son ordre, dans la grande chambre carrée qu’il occupait au troisième étage.

La nuit vint ; il ne dormait pas encore, bien qu’il se fût tourné vers la muraille. Quand, d’un mouvement fiévreux, il changea de côté, distinctement, sur le fauteuil voisin de la fenêtre, il vit Thérèse assise, vêtue de la robe noire qu’elle portait le matin, coiffée du chapeau de paille aux ailes