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princesses de science

— Merci, Léon… Ah ! encore un mot ; dites-moi, n’ai-je pas laissé un vêtement sur le fauteuil, là, près de la fenêtre ?

— Il n’y a rien sur le fauteuil, monsieur.

— C’est bien ; vous pouvez me laisser maintenant.

— Monsieur est-il souffrant ? monsieur n’a-t-il pas besoin que je veille un peu ?…

Guéméné eut une douceur à sentir la nuance d’affection servile qui était dans cette phrase. Mais il congédia le valet de chambre, gardant seulement deux fortes lampes allumées dans la pièce.

Le lendemain, en se levant, très pâle, les membres endoloris, il nota, comme chaque matin, sur son carnet, les indications du registre. Il but un peu de thé, et, avant de sortir, se pencha un moment à la fenêtre.

Deux pigeons gris, soyeux, plumeux et gras, avaient posé leur nid entre deux branches, dans l’arbre le plus voisin. La femelle couvait pour la seconde fois. Le mâle, qui chassait sur l’eau, revint au gîte, d’un vol lourd et tournant. À son approche, elle se souleva, légère, tout en plumes : il lui donna sa pâture, d’un seul jet dans le gosier ; puis, de son joli bec rose, pareil à un bijou de corail, il lui fourragea le cou, tendrement, et elle dodelinait la tête, avec une grâce exquise. Un amour ingénu était