Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/59

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la solitude de sa chambre. Il parcourait les Écritures et les livres des Sages, pour trouver des pensées sur lesquelles il pût méditer, et il en recueillait de si grandes, et de si pleines d’attraits, qu’il ne se lassait pas de les redire, d’en pénétrer les sens divers, ouverts ou cachés, durant quelquefois des nuits entières. Telle était notamment cette parole : « Je ne suis jamais allé parmi les hommes, que je n’en sois revenu moins homme », qu’il répéta toute une journée, en y découvrant à chaque fois une vérité différente, et qu’il ne put s’empêcher de graver avec transport sur le pan de son armoire qui était de chêne sculpté. Ce que voyant, la prochaine fois qu’il entra dans la chambre, le père prieur se trouva fort offensé ; il réprimanda Herménégilde, en lui remontrant que toute belle parole est suffisamment bien gravée dès lors qu’elle l’est dans le cœur de l’homme ; que, cette armoire étant le bien meuble de la confrérie, il avait fait tort à chaque religieux en particulier par cette témérité singulière, et qu’il devait effacer cette inscription.

« Le vieil homme qui n’était pas encore tout à fait mort en Herménégilde conçut de l’orgueil et de la révolte à cette réprimande qu’il pensait injuste. Il représenta aigrement au prieur qu’il ne