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Petite Ville anglaise le dimanche

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Petite Ville anglaise le dimanche
Le Laboratoire centralAu sans pareil (p. 121-122).


Petite ville anglaise le dimanche.

à Georges Gabory.


Sur l’antique fronton d’un antique bazar
On s’avise d’un nom Company Balthasar.
Sur la glace des rues glissent des messieurs veufs,
Les trottoirs rasés de la veille sont neufs.
On regrette que les enfants ne soient pas blonds le dimanche
On les trempe dans la farine par la jambe ou par la manche,
On en blesse certains dans la chevelure
On y mêle des doigts de pied
Jusque dans la figure
Les mères sont pareilles à des tulipiers
Et leurs demoiselles pareilles à des tulipes.
Les vaisseaux pavoisés battent de l’aile au port
Je n’ai plus de passion si ce n’est pour la pipe
(Ce n’est pas vrai !)
Auberge de ce jour où l’eau même s’endort
Ton spleen hyperbolique
Me rendrait alcoolique.
Nul marin sur les mâts dont les croix sont des tiges
Aux dames escogriffes ne donne le vertige.
Moi d’abord : triste échalas
Qui fais étalage de cet état-là,

Le ciel en cône, bocal, prison des anges !
Ô mes rêves ! glissez au sommet des fleurettes.
Châteaux décrits, écrits, arcs en ciel d’insectes,
De ma tête dans l’herbe le regard oblique vous guette !
Lambris, nombrils, verdure
Où la terre met le nez dans sa fourrure
Teints du sang du soleil c’est celui de mon cœur.
Le frêle florentin de la carte postale
Porte au cœur un tambour qui bat la générale
Mais moi le receveur des impôts indirects
J’ai la tête un dimanche au niveau des insectes
Le soleil incendie ma nappe de chemise
Ce matin j’ai prié trois heures à l’église
Est-ce que je dors ou si je veille
Il y a un violon quelque part
Trois arbres qui voudraient danser, la mer approche son oreille
Moi j’ai le ciel bleu pour miroir.
C’est la cour de Marie qui le tient à deux mains
Des prophètes, des rois, des saints clairs et des anges
La méridienne, Greenwich et sous ton méridien
Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien.