Petits châteaux de Bohême (Didier, 1853)/Daphné

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Eugène Didier (p. 90).

DAPHNÉ

Jam redit et virgo

La connais-tu, Daphné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les mûriers blancs,
Sous l’olivier, le myrthe, ou les saules tremblants,
Cette chanson d’amour, qui toujours recommence !

Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l’antique semence ?…

Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours…
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours,
La terre a tressailli d’un souffle prophétique :

Cependant la sibylle, au visage latin,
Est endormie encor sous l’arc de Constantin…
Et rien n’a dérangé le sévère Portique.