Propos japonais/Préface

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Imprimerie franciscaine missionnaire (p. x-xi).

LETTRE-PRÉFACE

Montréal, 28 janvier 1922.
Révérend Père,

J’ai lu avec le plus grand intérêt vos « Propos Japonais »…

Ce ne sont pas de vains discours, de fugitives impressions de voyage, encore moins de facétieuses exagérations sur le peuple le plus étrange des temps modernes. C’est une étude sérieuse d’un pays où tout se fait au rebours du nôtre. Seul, un missionnaire en quête d’âmes lentes à venir pouvait analyser avec autant de justice, de patience et de finesse la vie domestique, sociale et religieuse du Japon.

Dans le brouhaha des villes, au sein des riantes campagnes ou le long des blanches rizières qui les séparent, vous avez vu de près les mœurs et les paysages, les habitudes et les costumes, les ambitions et les rêves de ce peuple intelligent, poli, charmant, mais altier à l’excès. Vous en avez vu palpiter l’âme ondoyante et fluide. Vous avez surtout saisi le douloureux et nécessaire problème de sa conversion à l’Évangile.

Pourquoi le vieux shintoïsme retient encore les masses populaires, comment l’athéisme officiel dévore les classes dirigeantes et, pourtant, de quelle importance serait pour le monde actuel un Japon chrétien, vous nous le dites excellemment. Vous avez mis dans cet ouvrage votre cœur avec votre intelligence, toute votre âme de prêtre et d’apôtre. Et puisqu’il arrive à son heure, au lendemain même de la fondation du Séminaire canadien français des Missions Étrangères, je ne doute pas qu’on lui fasse un bon accueil. D’autant que, si je ne me trompe, vous êtes la première voix canadienne qui chante, en un poème vécu, les tristesses, les espoirs et les joies du Missionnaire catholique au Japon.

Je souhaite donc que ce beau et bon livre trouve sa place dans nos cercles d’études et dans nos bibliothèques scolaires : sa lecture charmera la jeunesse et provoquera des prières, des aumônes et probablement des vocations.

Veuillez être persuadé, Révérend Père, que j’applaudis au succès de votre travail et que je forme les meilleurs vœux pour son auteur.

R. Labelle, P. S. S.