Queue de poisson/08

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A. Brancart (p. 49-50).
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VIII

… Et le balcon de ce moderne hôtel si sculpté, si parisien, s’appuie toujours au crâne d’une statue hébétée. Tour à tour la petite fille alerte, la jeune femme rêveuse, le vieillard morose viennent se pencher le long de la balustrade en fer chimériquement tordu.

Tour à tour les fringants espoirs, les vieilles expériences viennent peser, au-dessus de l’inerte cariatide, de tout leur poids vivant.

La rue est pleine de hourras. Une foule carnavalesque échange, avec le balcon, des lazzis brutaux.

C’est la fête des cerveaux et des ventres, des cerveaux planants, des ventres roulants !…

… Digne, mais intérieurement affolée, la statue informe dont le sexe manque et les pieds se perdent, regarde, de ses yeux morts, se grossir la saturnale, ayant La conscience de n’être rien parmi ces hommes fous, rien qu’un monstre vulgaire se terminant dans un réseau d’écailles froides… en queue de poisson !……

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FIN