Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 1/Lecture 7

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 99-111).

LECTURE SEPTIÈME

HYMNE I.

À Agni, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Deux (mères)[1] de couleur différente et marchant d’un pas rapide, enfantent chacune un nourrisson. Du sein de l’une naît (Agni appelé) Hari[2] et honoré par les libations ; du sein de l’autre naît (le Soleil, surnommé) Soucra[3], à la flamme éclatante.

2. Dix jeunes (ministres)[4], infatigables, font sortir du sein (de l’Aranî), où il est renfermé, ce Twachtri[5] aux flammes aiguës ; ils amènent au jour ce (dieu) qui a plusieurs demeures, et qui, plein de gloire, vient briller parmi les hommes.

3. On célèbre sa triple naissance[6] ; il naît au sein des libations, dans le soleil, au milieu des ondes (aériennes). Il indique, il dispose successivement la région de l’orient et la variété des saisons terrestres.

4. Qui de vous a vu (le dieu), quand il se cache (au milieu des eaux) ? Nourrisson tout à l’heure, le voilà qui, par la vertu du sacrifice, produit maintenant ses propres mères. Ainsi (Agni), grand et sage, honoré par nos libations, engendre l’onde du nuage, et renaît lui-même au sein de (l’onde) des œuvres (saintes)[7].

5. Il croît et se manifeste avec clarté dans les eaux (du sacrifice) ; il s’élève ensuite glorieux au sein des (ondes) voyageuses. (Le Ciel et la Terre) tremblent devant Twachtri[8] sortant de son berceau, et vénèrent ce lion (des batailles).

6. Tous les deux le vénèrent, tels que deux serviteurs ; ils le suivent comme les vaches suivent leurs nourrissons. Et lui, il est le maître de la force ; et les (prêtres), commençant par la droite[9] leurs cérémonies, l’honorent de leurs holocaustes.

7. Pareil à Savitri, il étend au loin ses bras[10], et, terrible, il travaille à former son double vêtement[11]. Il emprunte partout les vapeurs qui composent son corps éblouissant, et il donne à ses nourrices fécondes de nouveaux habillements.

8. Quand ce dieu sage et protecteur élève ainsi dans les airs sa forme brillante, se mêlant aux ondes voyageuses, il couvre au loin la voûte céleste d’une armée de nuages qu’il soutient et qu’il a rassemblée.

9. Tu ressembles à un roi grand et victorieux, dont les splendeurs s’étendent par tout le ciel qu’il aurait pour palais. Ô Agni, ô toi qui t’environnes de feux d’une nature glorieuse et invincible, défends-nous, sois notre protecteur !

10. (Agni) fait du nuage un torrent qui arrose les airs ; il couvre la terre de flots limpides ; dans son sein il conserve tous les germes de l’abondance ; il pénètre dans les plantes nouvelles.

11. Ô Agni, (dieu) purifiant, que notre foyer recueille et nourrit, brille, et pourvois magnifiquement à nos besoins ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Yarouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE II.

À Agni, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, à peine enfanté par la Force, a déjà toute la figure et la sagesse de l’âge mûr. Que les ondes (du sacrifice) et la prière achèvent de perfectionner (ce dieu), leur ami ! Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

2. Il fut l’objet des antiques chants d’Ayou[12] ; il a propagé la race de Manou par sa force, qui soutient le ciel et les eaux. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

3. Ô peuples, venez donc, et louez avant tous ce fils de la Force qui accomplit le sacrifice, et qui, honoré par nos invocations et nos hymnes, est notre soutien et notre généreux protecteur. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

4. Que ce pasteur des peuples, qui est le maître du bonheur, le père du Ciel et de la Terre, et qui, tel que les dieux du vent, nous amène tous les biens, aplanisse les voies devant mon fils ! Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

5. La Nuit et l’Aurore, qui mutuellement se détruisent leur couleur, s’approchent pour nourrir celui qu’elles ont tour à tour enfanté[13]. Entre le ciel et la terre, il brille d’un vif éclat. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

6. Qu’il vienne et soit avec nous, (ce dieu) source d’opulence et de biens, héraut du sacrifice, protecteur prêt à combler nos vœux ! Gardiens de son immortalité, que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

7. Il fut autrefois, il est aujourd’hui le trésor de toute richesse, le siége de ce qui est né et de ce qui naît, le gardien de tout ce qui existe. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

8. Bienfaiteur, qu’il nous accorde des biens (toujours si) fugitifs ; bienfaiteur, qu’il nous prodigue la richesse ; bienfaiteur, qu’il nous donne une maison forte et abondante ; bienfaiteur, qu’il nous octroie une longue vieillesse !

9. Ô Agni, (dieu) purifiant, que notre foyer recueille et nourrit, brille, et pourvois magnifiquement à nos besoins. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE III.

À Agni, par Coutsa.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Que notre faute soit effacée, ô Agni ! purifie notre fortune. Que notre faute soit effacée !

2. Nous demandons, en t’offrant le sacrifice, de beaux champs, de la prospérité, des richesses. Que notre faute soit effacée !

3. Si le premier des chantres (divins) ici présents, si nos chefs de famille s’avancent (pour t’honorer), que notre faute soit effacée !

4. Ô Agni ! si ces chefs de famille, si nous-mêmes nous nous avançons avec respect, puissions-nous obtenir la victoire ! Que notre faute soit effacée !

5. Si les rayons lumineux du puissant Agni s’avancent de toute part, que notre faute soit effacée !

6. En effet, te voilà, toi dont la face est tournée de tous les côtés, te voilà embrassant de toute part (nos offrandes). Que notre faute soit effacée !

7. Ô toi, dont la face est tournée de tous les côtés, sois pour nous comme le navire sur lequel nous passions à travers nos ennemis. Que notre faute soit effacée ! 8. Daigne, comme sur un vaisseau, nous faire traverser l’océan (de la vie, et nous conduire) au bonheur. Que notre faute soit effacée !


HYMNE IV.

À Agni, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Soyons les amis de Vêswânara[14] ; il est le roi vénéré des mondes. Né d’ici-même, il a l’œil ouvert sur toute la nature. Vêswânara est le rival du soleil.

2. On implore Vêswânara, on le sent partout, au ciel, sur la terre, dans les plantes, (dans l’Aranî), d’où le tire la violence. Qu’Âgni nous défende contre nos ennemis et la nuit et le jour !

3. Ô Vêswânara, que ce sacrifice te soit agréable ! Que l’opulence devienne notre compagne ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE V.

À Agni, par Casyapa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Faisons des libations au (dieu) qui connaît tous les biens. Qu’il consume la richesse de notre ennemi ! Qu’Agni nous arrache à tous les dangers, et nous fasse traverser le malheur, comme sur un vaisseau (on traverse) la mer !


HYMNE VI.

À Indra, par les cinq Richis.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que le (dieu) bienfaisant, qui habite avec la Force, que le roi de la terre et du vaste ciel, riche en présents et digne d’être invoqué au moment du danger, qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

2. Que ce (dieu), qui, le plus généreux de tous pour ses amis fidèles, est dans tous les combats fort et vainqueur de Vritra ; que (ce dieu), dont la marche est aussi rapide que celle du soleil, qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

3. Que le (dieu) qui triomphe de ses ennemis et qui se distingue par ses promesses, qui, dans ses voies puissantes, insurmontables, enlève en quelque sorte au ciel sa semence féconde ; qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

4. Il est parmi les Angiras[15] le plus grand, parmi les bienfaiteurs le plus généreux, parmi les amis le plus dévoué, le premier parmi les êtres dignes d’être loués et célébrés. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

5. Que Ce (dieu) puissant, qui dans le combat soutient le choc de ses ennemis, et qui fait descendre la pluie féconde[16] de concert avec les Roudras qui sont comme ses enfants, habitants du même séjour que lui ; qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

6. Qu’il abatte la colère (de nos ennemis) ; et après (ces combats) qui l’enivrent (d’un juste orgueil), qu’il fasse luire aujourd’hui le soleil à nos yeux, lui qui est le maître de la piété, lui qu’implorent nos prières ! Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

7. Les (Marouts), ses auxiliaires, au moment de ses luttes héroïques l’encouragent par leurs clameurs ; les hommes le reconnaissent comme le dépositaire de tout bonheur. Il est le seul maître de toute œuvre de miséricorde. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

8. Dans les poursuites qui demandent de la force, c’est lui, c’est ce héros qu’implorent les héros, c’est lui aussi qu’invoque l’homme qui veut la richesse. C’est lui qui, au sein de l’obscurité, fait briller la lumière. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

9. De sa main gauche contenant ses ennemis, il reçoit de la droite nos offrandes. L’hymne sacré sait émouvoir sa générosité. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

10. Il peut aujourd’hui, et chacun le reconnaît, (il peut) donner des villages, des chars, des peuples entiers. Par des actions d’éclat il triomphe de ses vils (adversaires). Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

11. Que ce (dieu), qu’implore notre piété, arrive seul ou avec les (Marouts) ses parents, pour répandre (sur la terre) les trésors de la pluie, c’est pour le bonheur de nos enfants. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

12. Ce (dieu) terrible et effrayant est armé de la foudre ; vainqueur des Dasyous, il possède mille qualités éminentes ; il est grand, il est digne de commander au monde. (Pur) comme le soma, il protège par sa force les cinq classes d’êtres[17]. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

13. Sa foudre retentit au loin, brillant d’un éclat céleste, féconde en bienfaits, aussi efficace que bruyante. Les bienfaits et les dons sont sur ses pas. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

14. Que (le dieu) dont la puissance infinie protège avec gloire le ciel et la terre, qu’il enveloppe de toute part, heureux de nos sacrifices, soit notre défenseur ! Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

15. Que ce (maître) dont les dieux n’égalent pas les qualités divines, dont les mortels et les eaux ne sauraient mesurer la puissance, par sa force souverain de la terre et du ciel, qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours !

16. Pour le bonheur de Ridjrâswa[18] et la joie du peuple de Nahoucha[19], apparaît la forme (du dieu, forme) céleste, resplendissante, azurée. Attelés au timon, (ses coursiers) traînent son char, rempli de ses heureux présents.

17. Ô généreux Indra, accepte cet hommage que t’adresse la voix des enfants de Vrichâgiri[20], de Ridjrâswa assisté des autres (Richis), d’Ambarîcha, de Sahadéva, de Bhayamâna, de Sourâdhas !

18. Appelé par la prière, il vient attaquer les redoutables Dasyous, et les terrasse d’un coup mortel. Aidé de ses brillants auxiliaires, et armé de sa foudre, il délivre la terre, le soleil et les eaux.

19. Qu’Indra soit chaque jour notre protecteur. Puissions-nous, exempts d’infortune, jouir de ses bienfaits ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE VII.

À Indra, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Faites offrande de vos hymnes et de vos libations à ce (dieu), auteur de tout bien, qui, avec Ridjiswan[21], a tué les épouses enceintes de Crichna[22]. Nous avons besoin de ce protecteur généreux, dont la main est armée du tonnerre. C’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

2. Cet Indra qui, enflammé de colère, a brisé Vritra, frappé Sambara et Piprou l’impie, détruit Souchna[23] sous ses propres ondes ; c’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

3. Cet Indra qui, par sa mâle vertu, produit le ciel et la terre, qui commande à Varouna et au Soleil, qui fait à son gré couler les fleuves ; c’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

4. Cet Indra qui est le pasteur souverain des chevaux et des vaches, qui, comblé de nos hommages, s’affermit dans toutes ses œuvres, qui renverse l’impie malgré sa force ; c’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

5. Cet Indra qui est le maître de tous les êtres animés, qui jadis rendit les vaches (célestes) au sage (Vrihaspati)[24], qui vainquit et renversa les Dasyous ; c’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

6. Cet Indra qu’invoquent également les forts et les faibles, l’homme qui fuit et l’homme qui triomphe, que tous les mondes adorent avec respect ; c’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

7. Il vient, brillant et annoncé par les Rendras. La voix (de la prière) et celle de ces Rendras étend et fortifie sa puissance. Cet Indra, dont l’hymne raconte et célèbre les exploits ; c’est lui, accompagné des Marouts, que nous appelons à notre secours.

8. (Ô dieu) allié des Marouts, que tu sois en ce moment heureusement retenu dans ton séjour supérieur, ou dans la partie inférieure (du ciel), viens ici vers notre sacrifice ! toi qui possèdes les véritables richesses, c’est toi que nous désirons, toi pour qui nous offrons cet holocauste.

9. Ô Indra, (dieu) fort et ami de nos hommages, pour toi nous versons ce soma, pour toi nous offrons cet holocauste. (Viens) donc sur ton char brillant, accompagné de la troupe des Marouts, (viens) jouir de nos libations, et assister, sur cette couche de cousa, à notre sacrifice.

10. Oui, viens avec tes coursiers jouir de nos libations, ô Indra ! Que ta bouche, que tes lèvres s’ouvrent (à la douceur de nos offrandes). (Dieu) à la noble face, que tes chevaux t’amènent vers nous, et que nos holocaustes comblent tes désirs !

11. Gardiens d’un sacrifice dans lequel on unit l’éloge des Marouts à celui d’Indra, puissions-nous jouir des bienfaits (de ces dieux) ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE VIII.

À Indra, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. J’offre cette grande prière à toi, (dieu) grand, parce que ton âme se plaît à l’hymne du poëte. Pour développer, pour accroître la force du victorieux Indra, que les Dévas se livrent avec lui aux joies du sacrifice !

2. Les sept fleuves[25] sont les témoins de sa puissance ; le ciel, la terre et l’air, (les témoins) de sa forme merveilleuse. Pour nous donner le bonheur de te voir et d’avoir foi en toi, ô Indra, le soleil et la lune apparaissent tour à tour.

3. Ô Maghavan, dirige vers nous, pour notre satisfaction, ton char victorieux, qui, dans le combat, cause notre félicité. Indra, toi qu’au moment du danger invoque notre prière, ô Maghavan, accorde-nous le bonheur, à nous qui te sommes dévoués !

4. Puissions-nous, avec un auxiliaire tel que toi, remporter la victoire ! Protège notre cause, et conserve-nous en toute occasion. Indra, ouvre-nous le chemin de la prospérité ! Maghavan, détruis les forces de nos ennemis !

5. Ô toi qui possèdes la richesse, tous ces hommes ici présents te célèbrent et implorent ton appui. (Viens) nous apporter tes biens, monte sur ton char victorieux. Indra, tu es ferme et constant dans tes affections.

6. Le bras d’Indra triomphe pour la délivrance des vaches (célestes) ; il est tout puissant, infini, indépendant, incomparable pour sa force. En toute occasion son secours remplace le nombre, et il donne la prospérité. Voilà pourquoi les hommes l’invoquent pour obtenir la richesse.

7. Ô Maghavan, tes bienfaits répandus sur notre peuple suffisent à des centaines, à des milliers de personnes. Notre prière est grande, et essaye de mettre en relief ta grandeur immense. Dieu qui détruis les villes (des Asouras), tu peux bien frapper de mort nos ennemis !

8. Telle qu’un triple cordage, ta force est sans égale ; roi des hommes, tu conserves les trois mondes, les trois feux[26], tout cet univers. Indra, par ta nature tu ne saurais avoir d’ennemis.

9. Nous t’invoquons le premier parmi les dieux. Tu es notre soutien dans les combats. Qu’Indra rende notre char de bataille terrible comme le sien, capable de fendre les rangs de nos ennemis, et de briller à l’attaque avant tous les autres.

10. Tu triomphes, et tu ne nous envies pas les fruits de la victoire, ô Maghavan, quelle que soit l’importance du combat. Tu es redoutable, et nous t’invitons à nous secourir. Indra, viens nous seconder quand nous t’invoquons !

11. Qu’Indra soit chaque jour notre protecteur. Puissions-nous, exempts d’infortune, jouir de ses bienfaits ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE IX.

À Indra, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les sages ont autrefois ressenti les effets de ta puissance souveraine, et redoutable pour tes ennemis. Comme étendard, tu déploies à la fois sur la terre le feu de notre sacrifice, dans le ciel le feu du soleil.

2. C’est Indra qui étend et soutient la terre, lui qui de sa foudre frappe (les Asouras), et répand les ondes ; lui, Maghavan, qui terrasse Ahi, tue Rôhina[27], et brise sous ses coups les membres (de Vritra).

3. Ce (dieu) qui soutient les êtres, plein de confiance en sa force, apparaît pour détruire les villes des Dasyous. maître sage et armé de la foudre, lance ton trait sur le Dasyou, et augmente la force et la gloire de l’Arya[28] !

4. Quand un mortel prodiguant les libations et les hymnes honore Maghavan, alors (le dieu), armé de sa foudre, court frapper le Dasyou, et, pour son serviteur, il va conquérir ce renom mémorable qui doit durer autant que les âges humains.

5. Voyez donc les effets infinis de la puissance de (ce dieu) ; ayez foi en la force d’Indra ; c’est à lui que nous devons les vaches, les chevaux, les plantes, les eaux, les forêts.

6. Versons le soma en l’honneur du (dieu) puissant, libéral et généreux, qui possède la force de la justice, qui, noble héros, sait, tel que le brigand du grand chemin, dresser une embûche à l’impie[29], et distribuer ses dépouilles.

7. Ô Indra, le haut fait dont tu peux te glorifier, c’est d’avoir avec ta foudre réveillé Ahi, qui s’endormait[30]. Tu triomphes, et ta joie est partagée par tous les dieux, par leurs (saintes) épouses[31], et par ceux à qui leur vitesse donne des ailes[32].

8. Quand tu frappais Souchna, Piprou, Couyava, Vritra, ô Indra, tu brisais aussi les villes de Sambara[33]. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE X.

À Indra, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, nous t’avons préparé ton siége au sacrifice ; viens, comme un coursier hennissant, occuper ta place. (Viens) à nos libations, poussant, excitant les chevaux ailés qui te transportent et le jour et la nuit.

2. Ces hommes viennent à Indra, implorant son secours. Qu’il daigne diriger leurs voies ! Que les Dévas (par leurs prières) détournent la colère de l’Asoura ; qu’ils amènent pour notre salut (le dieu) protecteur !

3. Voilà que Couyava, s’emparant du trésor des nuages, réserve pour lui seul l’onde écumante. Ses deux épouses[34] se baignent dans ce lait (céleste). Qu’elles soient frappées, et viennent grossir le cours de la Siprâ[35].

4. Le séjour d’Ayou[36], voisin (de ses ondes), en est submergé. Cependant le héros (céleste) éclate, épuisant le flanc (des nuages). L’Andjasî, la Coulisî et la Vîrapatnî[37] se gonflent, et portent dans leur sein le lait (tombé du ciel).

5. Quand nous apercevons la marche du Dasyou et qu’il se dirige vers notre demeure comme s’il en connaissait le chemin, ô Maghavan, alors défends-nous contre ses attaques. Ne nous dédaigne pas, comme le débauché (dédaigne) les richesses (qu’il prodigue).

6. Ô Indra, permets-nous de jouir du soleil et des eaux ! Donne-nous une vertu que les autres puissent vanter. Conserve le fruit que renferme le sein (de nos épouses). Nous avons foi en ta grande puissance.

7. Oui, je le confesse, j’ai foi dans un (dieu) tel que toi. Que ta libéralité nous comble de biens ! Indra, que nous invoquons avec ferveur, ne nous livre pas à l’indigence, et satisfais largement à notre faim et à notre soif.

8. Garde-toi de nous frapper, ou de nous délaisser. Ne nous enlève pas nos douces jouissances. Maghavan, ô Sacra, ne brise pas l’œuf qui contient (nos espérances) ! ne brise pas ces vases (de nos affections), ces tendres enfants qui se traînent sur leurs genoux !

9. Viens donc vers nous. On dit que tu aimes le soma. Nous t’en avons préparé : bois-en jusqu’à l’ivresse : remplis tes larges entrailles. Nous t’appelons, daigne nous écouter comme un père !


HYMNE XI.

À tous les dieux, par Coutsa.

(Mètres : Trichtoubh, et Mahâvrihatî.)

1. Tchandramas[38], poursuivant son vol à travers les vagues de l’air, s’avance dans le ciel. Ô rayons à la trace dorée, (l’œil)[39] ne peut trouver votre voie. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

2. Qui demande, obtient. La femme a obtenu un mari. Le désir des deux époux s’est enflammé ; et la femme a conçu un germe précieux de cet amour[40]. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

3. Dévas, que l’heureux aliment destiné à ce brillant (nourrisson) n’aille point tomber sans effet ! Ne soyons pas réduits à perdre ce (fils) fortuné, digne de nos libations ! Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

4. Je m’adresse, avant tout, au dieu protecteur du sacrifice. (Agni) notre messager peut bien dire (aux autres dieux) : « Qu’est devenu le fruit de nos sacrifices passés ? Quel est votre nouveau favori ? » Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

5. Ô dieux, qui habitez ces trois mondes qu’enveloppe la lumière céleste, où est pour vous la justice ou l’injustice ? Qu’est devenu le prix de notre ancienne piété ? Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

6. Qu’avons-nous retiré de notre sacrifice ? Où est la forme de Varouna ? Sur quelle route est le grand Aryaman ? Comment pourrons-nous triompher de nos ennemis ? Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

7. C’est moi qui, plus d’une fois, ai versé le soma et chanté des hymnes en votre honneur ; et c’est moi que surprend le malheur, tel que le loup (surprend) la biche altérée. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

8. Des douleurs poignantes[41], pareilles à des rivales jalouses, me déchirent de tout côté. Ô Satacratou, moi qui t’ai célébré, la peine me dévore, de même que les rats se dévorent la queue[42]. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

9. Ma demeure est l’endroit même où brillent les sept rayons lumineux[43]. Tel est l’espoir du fils des Eaux, de Trita[44] : il chante pour obtenir sa délivrance. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

10. Les cinq (dieux) qui donnent l’abondance[45] et qui se tiennent au centre du monde, après être venus, au milieu des autres, briller avec tant de gloire, sont retournés (dans leur séjour). Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

11. Les (rayons) d’Agni aux ailes légères siégent seuls sous cette voûte céleste qui embrasse tout : ils écartent de sa route le loup[46] qui traverse les grandes ondes. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

12. Ô dieux, à vous j’adresse cette prière nouvelle, qui est faite pour vous plaire. Voilà que les ondes (du sacrifice) s’approchent d’Agni ; voilà que le soleil a rempli sa carrière. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

13. Ô Agni, tu es l’allié des Dévas, et cette alliance doit être célébrée par eux. Viens t’asseoir à notre foyer, comme jadis à celui de Manou, et, sage entre tous, fais le sacrifice aux dieux. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

14. Oui, qu’Agni, sage entre tous, vienne, en qualité de sacrificateur, s’asseoir à notre foyer, comme jadis à celui de Manou ; que ce dieu, prudent parmi les autres dieux, les appelle à nos holocaustes. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

15. Ce (dieu) sauveur accomplit l’œuvre sacrée ; nous l’invoquons, lui qui peut nous conduire dans la bonne voie ; il tire du cœur la prière, il est digne de nos louanges. Naisse donc le sacrifice ! Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

16. Cet Aditya qui a été fait pour être avec tant de gloire le voyageur céleste, ô Dévas, n’est pas encore arrivé. Ô mortels, vous ne le voyez pas ! Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

17. Trita, tombé dans un puits, appelait ainsi les dieux à son secours. Vrihaspati[47] l’a entendu, et l’a sauvé généreusement du danger. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

18. Le loup[48] au poil rougeâtre m’a vu sur la route. Aussitôt il s’est levé, comme l’ouvrier dont on frappe le dos. Ciel et Terre, voyez ce que je suis.

19. Par la vertu de cet hymne, puissions-nous, aidés d’Indra et secondés de tous nos guerriers, être vainqueurs dans le combat ! Qu’ils nous protégent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XII.

À tous les dieux, par Coutsa[49].

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Nous appelons à notre secours Indra, Mitra, Varouna, Agni, la cohorte des Marouts, Aditi. (Dieux) généreux, qui êtes notre refuge, sauvez-nous du mal, comme on sauve un char d’un précipice !

2. Ô Adityas, venez au sacrifice qui s’offre pour tous les dieux ! Soyez nos protecteurs, quand il s’agit de frapper nos ennemis. (Dieux) généreux, qui êtes notre refuge, sauvez-nous du mal comme on sauve un char d’un précipice !

3. Soyons aussi protégés des Pitris[50], qui reçoivent nos justes hommages, et de ces deux divinités[51], dont nos sacrifices augmentent la grandeur, et qui ont enfanté les dieux. (Dieux) généreux, qui êtes notre refuge, sauvez-nous du mal, comme on sauve un char du précipice !

4. J’honore par mes offrandes (le dieu surnommé) Narâsansa[52], et riche en présents. Nous invoquons par nos hymnes Poûchan, qui est le recours des héros. (Dieux) généreux, qui êtes notre refuge, sauvez-nous du mal, comme on sauve un char du précipice !

5. Ô Vrihaspati[53], accorde-nous de marcher toujours dans la bonne voie ! Nous te demandons cette part de bonheur qui convient aux enfants de Manou. (Dieux) généreux, qui êtes notre refuge, sauvez-nous du mal, comme on sauve un char du précipice !

6. Le Richi Coutsa[54], tombé dans le malheur, a invoqué le secours d’Indra, le vainqueur de Vritra et l’époux de Satchî. (Dieux) généreux, qui êtes notre refuge, sauvez-nous du mal, comme on sauve un char du précipice !

7. Que la divine Aditi nous défende avec les autres dieux ! Que le dieu[55] infatigable, qui conserve tout, nous conserve aussi ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XIII.

À tous les dieux, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le sacrifice s’accomplit pour le plaisir des dieux. Ô Adityas, soyez-nous favorables ! Que votre bonté se tourne vers nous, (cette bonté) qui comble de biens les malheureux !

2. Que les dieux viennent à notre secours, célébrés par les chants des Angiras ! Pour notre bonheur, qu’Indra nous donne la force, les Marouts le souffle des vents, Aditi les Adityas !

3. Qu’Indra, Varouna, Agni, Aryaman, Savitri, nous accordent les aliments qui nous sont nécessaires ! Qu’ils nous protégent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XIV.

À Indra et à Agni, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra et Agni, sur ce char magnifique du haut duquel vous voyez tous les mondes, venez ensemble, et buvez du soma qui a été préparé.

2. Le soma que je vous offre à boire est aussi abondant que cet univers est large, profond, étendu. Ô Indra et Agni, qu’il suffise à vos désirs !

3. Vous avez avec gloire associé vos noms. Ensemble vous avez tué Vritra. Ensemble, ô Indra et Agni, venez vous asseoir (à notre sacrifice). Dieux généreux, goûtez du soma que vous verse le père de famille.

4. Ainsi les feux sont allumés pour vous ; le beurre, les coupes et le lit de cousa sont préparés en votre honneur ; les libations sont prodiguées ; ô Indra et Agni, venez ici pour notre bonheur.

5. Ô Indra et Agni, ces prouesses, ces manifestations vigoureuses, ces anciens témoignages d’une heureuse amitié, daignez les renouveler pour nous, et buvez du soma qui a été préparé !

6. J’ai déjà dit, en vous honorant avec respect, que ce soma était destiné à ces (dieux) qui sont notre vie[56]. Comptant sur ma parole, venez, et buvez du soma qui a été préparé.

7. Ô vous, dignes de nos sacrifices, Indra et Agni, en quelque demeure que vous soyez en ce moment, retenus par les plaisirs que vous a préparés la prévoyance d’un saint prêtre ou celle d’un prince[57], venez ici, (dieux) généreux, et buvez du soma qui a été préparé.

8. Ô Indra et Agni, que vous soyez chez les enfants d’Yadou, de Tourvasa, de Drouhyou, d’Anou ou bien de Poûrou[58], venez ici, (dieux) généreux, et buvez du soma qui a été préparé !

9. Ô Indra et Agni, que vous soyez dans le monde inférieur, intermédiaire ou supérieur[59], venez ici, (dieux) généreux, et buvez du soma qui a été préparé !

10. Oui, Indra et Agni, que vous soyez dans le monde supérieur, intermédiaire ou inférieur, venez ici, (dieux) généreux, et buvez du soma qui a été préparé !

11. Ô Indra et Agni, que vous soyez dans le ciel ou sur la terre ; que vous soyez dans les nuages, dans les plantes ou dans les ondes, venez ici, (dieux) généreux, et buvez du soma qui a été préparé !

12. Ô Indra et Agni, que vous soyez dans l’enivrement des offrandes qu’on vous présente au lever du soleil, ou bien au milieu du jour, venez ici, (dieux) généreux, et buvez du soma qui vous est préparé !

13. Ô Indra et Agni, buvez de ce soma, et accordez-nous tous les biens ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XV.

À Indra et à Agni, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra et Agni, je désire la fortune, et c’est vous que j’invoque avec la confiance qu’inspirent des parents ou des amis. Je n’ai pas d’autre protecteur que vous : c’est pour vous que j’ai préparé cet hymne et ces offrandes.

2. Je sais que vous êtes plus généreux qu’un amant ou qu’un frère de fiancée. Je vous offre donc ce soma, ô Indra et Agni, et je vous fais l’hommage d’un hymne nouveau.

3. Craignant de voir couper la chaîne (de leur race), et souhaitant de conserver le pouvoir viril de leurs pères, ces chefs de famille veulent, par leurs libations, se concilier la faveur d’Indra et d’Agni. Ces (dieux) terribles (pour leurs ennemis) s’approchent de ceux qui les louent.

4. Pour vous plaire, ô Indra et Agni, la sainte prière vous implore, et vous verse le soma. Entraînés par vos chevaux[60], (dieux) aux bras magnifiques, aux belles mains, accourez ; et, dans nos ondes (sacrées), enivrez-vous de douceurs.

5. Ô Indra et Agni, je sais quelle est votre force quand il s’agit de frapper Vritra, et de distribuer ses trésors. (Dieux) sages, venez donc vous asseoir sur le cousa de notre sacrifice, et savourer le soma.

6. Dans les combats, vous êtes plus forts que tous les hommes ; vous êtes plus étendus que la terre et le ciel, plus grands que les mers et les montagnes. Indra et Agni, vous êtes au-dessus de tous les autres êtres.

7. Ô Indra et Agni, (dieux) armés de la foudre, soyez prodigues de vos présents ; couvrez-nous de votre protection. C’est sous l’influence de ces mêmes rayons du soleil que nos pères sont arrivés au comble de leurs vœux.

8. Ô Indra et Agni, (dieux) qui brisez les villes (des Asouras), et armez vos bras de la foudre, sauvez-nous dans les dangers ! Qu’ils nous protègent également, Aditi, la Mer, Mitra, Varouna, la Terre et le Ciel !

HYMNE XVI.

Aux Ribhous, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. J’ai tout préparé pour l’œuvre (sainte) ; un nouvel hymne est chanté en l’honneur (des êtres divins). Cette mer (de soma) est versée pour tous les dieux. Ô Ribhous[61], réjouissez-vous de nos hommages !

2. Ô fils de Soudhanwan, ô vous qui, comme moi, descendez d’Angiras, vous n’aviez pas votre part aux offrandes[62] ; vous vous êtes rendus, pour vous la procurer, dans la demeure du généreux Savitri : vous comptiez (avec raison) sur vos mérites.

3. Et Savitri vous a donné l’immortalité, quand vous êtes venus vous mettre au service du (dieu) qui ne peut rester caché. C’est alors que la coupe d’Asoura[63], qui contenait les offrandes et qui était unique, vous l’avez divisée en quatre parties[64].

4. Prêtres accomplissant les saintes cérémonies avec diligence, quoique mortels, les Ribhous ont obtenu l’immortalité. Ces fils de Soudhanwan, (établis) dans le disque solaire et brillants comme l’astre du jour, sont invoqués par nos prières.

5. Les Ribhous ont partagé la coupe du sacrifice, comme avec un instrument tranchant on partage la terre. Loués et puissants à l’égal (des autres dieux), ils obtiennent, parmi les mortels, les offrandes qu’ils ont désirées.

6. Ainsi, en l’honneur de ces princes de l’air, nous offrons, par le moyen de la science, la prière, comme, par le moyen de la cuiller (sacrée), on offre le beurre du sacrifice. Les Ribhous, s’unissant aux vives clartés du père (de la nature), s’élèvent dans l’air pour alimenter le soleil.

7. Ribhou est pour nous un maître dont la force est toujours nouvelle : Ribhou nous accorde des aliments et des trésors ; il est notre refuge, notre bienfaiteur. Ô dieux, puissions-nous, avec votre secours et dans un jour favorable, attaquer les armées des impies !

8. Ô Ribhous, vous avez de la peau (d’une vache morte) couvert une vache (nouvelle), et rendu ainsi une mère au jeune veau[65]. Nobles fils de Soudhanwan, dans une pieuse intention vous avez donné la jeunesse à votre père et à votre mère, accablés sous le poids des ans[66].

9. Ô Indra, viens avec les Ribhous ! Donne-nous notre part dans les aliments que tu dispenses (aux hommes), accorde-nous l’abondance de tous les biens divers. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XVII.

Aux Ribhous, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les Ribhous[67], savants ouvriers, ont construit (pour les Aswins) un char dont les roues sont merveilleuses. Ils ont donné pour le char d’Indra des coursiers qui répandent le trésor de l’abondance. Ils ont rendu la jeunesse à leurs parents. Ils ont pour un jeune veau créé une nouvelle mère.

2. En faveur de notre sacrifice, donnez-nous une nourriture abondante ; en faveur de nos hommages et de nos offrandes, accordez-nous une opulence que soutiennent de nombreux enfants. (Faites) que nous soyons entourés d’un peuple de héros. Pour notre bonheur, entourez-nous de force et de puissance.

3. Nobles Ribhous, donnez-nous la richesse, donnez-nous des chars, des chevaux ; donnez-nous la victoire. Que chaque jour on vante notre puissance, et que, seuls ou aidés de nos amis, nous soyons forts dans les combats.

4. J’appelle à notre secours Indra (appelé) Ribhoukchas, les Ribhous, les Vâdjas[68], les Marouts, Mitra et Varouna, les Aswins. Qu’ils viennent boire notre soma, et qu’ils nous donnent la richesse, la piété, la victoire !

5. Que Ribhou, par la force, nous prémunisse contre le danger ; que Vâdja le victorieux nous sauve ! Qu’ils nous protégent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XVIII.

Aux Aswins, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Je chante en premier lieu le Ciel et la Terre[69], et Agni, resplendissant d’un si bel éclat au moment du sacrifice. La puissance avec laquelle vous faites dans le danger triompher un parti, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

2. Pour obtenir vos faveurs, des (serviteurs) dévoués, les mains chargées d’offrandes, s’approchent de votre char, et semblent vouloir entendre votre parole. La puissance avec laquelle vous accueillez la prière au moment du sacrifice, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

3. Par la force de la divine ambroisie, vous exercez sur ce peuple un généreux empire. Nobles protecteurs, la puissance avec laquelle vous avez su donner du lait à une vache stérile[70], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

4. La puissance avec laquelle se distingue entre les êtres rapides et légers celui qui a deux mères[71], et qui, glorieux de la majesté de son fils, parcourt (le monde) ; avec laquelle un sage[72] a été doué d’une triple science, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

5. La puissance avec laquelle vous avez ramené à la lumière du jour et Rébha et Bandana[73] enfermés dans les ténèbres d’un puits ; avec laquelle vous avez sauvé Canwa,[74] qui demandait la guérison de ses maux, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

6. La puissance avec laquelle vous avez protégé Antaca[75] blessé et plongé dans un gouffre, Bhoudjyou[76], Carcandhou et Vayya[77], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

7. La puissance avec laquelle vous avez rendu Soutchanti[78] riche et puissant ; avec laquelle vous avez apaisé en faveur d’Atri[79] le brillant et fortuné (Agni) ; avec laquelle vous avez sauvé Prisnigou et Pouroucoutsa[80], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

8. (Dieux) bienfaisants, la puissance avec laquelle vous avez fait voir et marcher Parâvridj[81] aveugle et boiteux ; avec laquelle vous avez délivré un passereau dévoré[82], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

9. La puissance avec laquelle vous avez rendu l’onde[83] aussi douce que le miel ; avec laquelle, (dieux) toujours jeunes, vous avez sauvé Vasichtha[84], conservé Coutsa[85], Sroutarya et Narya[86], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

10. La puissance avec laquelle vous avez, dans la bataille qui procure mille trésors, soutenu la marche chancelante de l’opulente Vispalâ[87] ; avec laquelle vous avez protégé votre serviteur Vasa, fils d’Aswa[88], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

11. La puissance avec laquelle vous avez, (dieux) généreux, ouvert le doux trésor (de la pluie) au fils d’Ousidj, à Dîrghasravas[89], devenu marchand ; avec laquelle vous avez protégé votre serviteur Cakchîvân[90], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

12. La puissance avec laquelle vous avez rempli la Rasa[91] d’une onde impétueuse ; avec laquelle vous avez poussé à la victoire un char privé de ses chevaux, et rendu à Trisoca[92] ses vaches (enlevées), montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

13. La puissance avec laquelle vous avez, à l’horizon lointain, débarrassé le soleil (des ténèbres) qui l’environnaient ; avec laquelle vous avez augmenté les domaines de Mandhâtri[93], et conservé le sage Bharadwâdja[94], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

14. La puissance avec laquelle vous avez, dans les combats contre Sambara, protégé le grand Atithigwa[95], Divodâsa[96] submergé[97]; avec laquelle vous avez, dans le sac d’une ville, sauvé Trasadasyou[98], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

15. La puissance avec laquelle vous avez apaisé la soif du célèbre Vamra[99], sauvé Cali[100] au moment de son mariage, défendu Prithi[101] privé de son cheval, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

16. La puissance avec laquelle, ô (dieux) vaillants, vous avez arraché au danger Sayou[102], Atri[103] et l’antique Manou ; avec laquelle, en faveur de Syoûmarasmi[104], vous avez su lancer des flèches, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

17. La puissance avec laquelle vous avez, dans le combat, fait briller, comme un feu artistement dressé, Patharvan[105], remarquable par son ventre ; avec laquelle vous avez protégé Saryâta[106] dans la bataille, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

18. La puissance avec laquelle, entrant dans la pensée des Angiras, vous avez marché les premiers pour délivrer les vaches prisonnières[107] ; avec laquelle vous avec comblé de biens l’héroïque Manou, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

19. La puissance avec laquelle vous avec délivré les épouses de Vimada[108] ; avec laquelle vous avez fait largesse (de vaches) rougeâtres, et donné à Soudas[109] une merveilleuse opulence, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

20. La puissance avec laquelle vous avez, ô (dieux) bienfaisants, secondé votre serviteur, protégé Bhoudjyou et Adhrigou[110], et accordé à Ritasthoubh[111] le bonheur et la gloire, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

21. La puissance avec laquelle vous avez soutenu Crisânou[112] dans un combat ; sauvé, en excitant sa vitesse, le cheval d’un jeune (héros)[113], et donné à des abeilles un miel agréable, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

22. La puissance avec laquelle vous avez, dans une rencontre de guerriers, défendu Nara[114] qui combattait pour ses troupeaux de vaches ; avec laquelle, lui accordant et des terres et des enfants, vous avez sauvé ses chars et ses chevaux, montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

23. La puissance avec laquelle vous avez, ô (dieux) dignes de cent sacrifices[115], protégé Coutsa, fils d’Ardjouna[116] Tourvîti[117] et Dabhîti[118], sauvé Dhwasanti[119] et Pourounchati[120], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

24. Ô Aswins, (dieux) secourables et généreux, rendez fécondes en résultats et notre parole et notre pensée. Je vous appelle à notre aide, quand le jour ne luit pas encore. Daignez augmenter notre bonheur, et nous accorder l’abondance !

25. Jour et nuit, ô Aswins, veillez sur nous, et comblez-nous de vos faveurs ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !



  1. Il me semble que, pour expliquer ce passage, il faut croire que ces deux mères de couleurs diverses, ce sont la nuit et l’aurore. Quand la nuit va finir, on allume le feu du sacrifice, qui paraît naître de la nuit même. Bientôt apparaît l’aurore, suivie du soleil : on dirait qu’elle vient de l’enfanter. Ces naissances et généalogies poétiques sont indépendantes de celles que l’imagination des poëtes peut facilement produire ailleurs.
  2. Ce mot offre plusieurs significations ; je le traduis ordinairement par azuré.
  3. Ce mot signifie brillant.
  4. Ces dix ministres, ce sont les dix doigts, qui travaillent à extraire le feu de l’arani.
  5. Twachtri n’est pas ici le nom particulier d’Agni Vêdyouta. (Voy. p. 48, col. 5, note 1 ; et p. 88, col. 2, note 2.) L’acception de ce mot est plus générale pour désigner le dieu Agni, quoiqu’une grande partie des strophes se rapporte à Twachtri.
  6. Nous aurons l’occasion de parler encore de ces trois manières de considérer Agni comme feu du sacrifice, feu solaire, feu aérien. Je prie le lecteur de ne pas oublier ces trois naissances d’Agni.
  7. Cette strophe ne peut se comprendre que par une explication sur les effets du sacrifice. Le feu, né au milieu des libations, est transporté au ciel dans le soleil et dans l’air : il y forme l’eau des nuages, et ainsi l’onde l’a produit, et il produit l’onde. Le commentateur dit : « Du soleil naît la pluie, et de la pluie naît la matière des libations. » De ces libations renaîtra le feu, et cette suite de générations d’un dieu triple est pour l’esprit du poëte une source de pensées ingénieuses, mais passablement obscures et futiles.
  8. C’est-à-dire Agni, tonnant et brillant dans les nuages. Au lieu du ciel et de la terre, ne seraient-ce pas plutôt deux nuages au sein desquels s’enferme Agni Vêdyouta ? J’avais un moment adopté ce sens.
  9. Les prêtres, tournant autour du feu sacré, prennent la droite. Il y a aussi un foyer que l’on place du côté du midi, et qui s’appelle dakchinâgni, feu de droite, parce que le midi, pour le prêtre tourné vers l’orient, est du côté droit.
  10. C’est-à-dire ses feux, ses rayons qui pompent l’eau.
  11. Le costume indien se compose de deux pièces : le vêtement supérieur et le vêtement inférieur. Pour Agni, ce double vêtement, ce sont, selon le commentateur, le ciel et la terre ; on comprendrait encore que ce sont les deux parties du nuage au sein duquel il est renfermé.
  12. Ayou, petit-fils de Manou et fils de Pouroûravas. Ce passage indique bien, je pense, qu’à l’époque où Coutsa composait cet hymne, on n’avait pas encore inventé la fable qui fait descendre les Indiens du Soleil et de la lune. Agni est bien une forme du soleil : il y a même ici le mot vivaswân, qui est devenu une épithète du Soleil, père de Manou Vêvaswata. Mais il me semble qu’Agni, honoré d’un culte particulier, propage, comme protecteur, la race de Manou, mais ne l’engendre pas, comme père. Le mot âyou quelquefois s’emploie pour le mot homme.
  13. Cette idée s’explique par la première strophe de l’hymne précédent, à l’exception que plus haut la Nuit et l’Aurore avaient chacune un nourrisson, et qu’ici elles ont toutes deux le même.
  14. Nom d’Agni, signifiant convenable à tous les hommes.
  15. Voy. p. 41, col. 2, note 1 ; p. 59, col. 2, note 3 ; p. 74, col. 1, note 1.
  16. On donne aux Vents ou Marouts le nom de Roudras.
  17. Voy. p. 45, col. 1, note 1.
  18. Nom d’un Râdjarchi. Voy. plus bas, p. 114, col. 2, note 7.
  19. Voy. p. 59, col. 2, note 3.
  20. Râdjarchi, père des cinq princes qui vont être nommés, et auxquels cet hymne est attribué.
  21. Voy. p. 73, col. 2, note 7.
  22. Le mot Crichna signifie noir : c’est le nom d’un Asoura. Cette allégorie nous représente les nuages, gros et noirs de tempêtes, et percés par la foudre d’Indra.
  23. Noms d’Asouras.
  24. Voy. p. 44, col. 1, note 7.
  25. Voy. p. 61, col. 2, note 3.
  26. Voy. plus haut, p. 99, col. 1, note 6.
  27. Nom d’un Asoura.
  28. Voy. p. 61, col. 1, note 2.
  29. C’est-à-dire Vritra.
  30. Au moment de l’orage, les nuages amoncelés semblent stationnaires : un coup de foudre vient décider la pluie.
  31. C’est-à-dire les prières, comme nous l’avons vu.
  32. Les Marouts légers comme des oiseaux.
  33. Tous ces noms sont des noms d’Asouras, c’est-à-dire des désignations des formes diverses que prennent les nuages. Ces mots ont des sens qui, probablement, indiquent ces formes plus ou moins variées.
  34. L’imagination du chantre sacré nous dépeint l’Asoura comme placé entre deux nues qui sont ses épouses.
  35. C’est le nom d’une rivière : ce mot pourrait bien être un nom commun.
  36. C’est-à-dire de l’homme.
  37. Noms de trois rivières.
  38. Voy. p. 90, col. 2, note 1.
  39. Le commentateur suppose que cet hymne est de Coutsa, ou plutôt d’un certain Richi appelé Trita, fils des Eaux : l’hymne fut composé, dit-il, dans un moment où ce dernier, précipité dans un puits, ne pouvait apercevoir les rayons de la lune. Nous avons déjà vu (voy. p. 74, col. 1, note 4) une légende sur la naissance du personnage connu sous le nom de Trita. Ici, l’on raconte que trois Richis, Ecata, Dwita et Trita, voyageaient ensemble dans une forêt ; ils arrivèrent à un puits. Après s’être rafraîchis, les compagnons de Trita le jetèrent dans ce puits, et s’emparèrent de ses effets. Une autre légende considère Ecata, Dwita et Trita comme un seul et même personnage qui renaît jusqu’à trois fois. Le sens de cet hymne peut être allégorique, car Trita, c’est le soma personnifié ; il est dans le puits, c’est-à-dire dans le bassin qui contient la libation ; il aspire à en sortir, et adresse ses plaintes à tous les dieux. Il me semble même, d’après son nom, que Trita doit être spécialement la troisième libation, ou celle du soir. Après avoir été Ecata ou première libation, Dwita ou deuxième libation, ce personnage aspire à devenir Trita. J’ai entendu dans ce sens les détails de cet hymne du soir. Telle est la position des choses dans la première strophe : la nuit arrive, et la lune brille au ciel. On n’aperçoit plus les rayons du soleil. Le Richi ou plutôt Trita prend la parole.
  40. Le texte est plus expressif. Je pense que cette strophe fait allusion au rapprochement des deux pièces de l’aranî, d’où naît le feu.
  41. Le commentateur dit que ce sont les côtés du puits qui déchirent les chairs de Trita.
  42. Comparaison triviale, sur laquelle le commentateur n’est pas d’accord avec lui-même ; car il doute si le mot sisnâni signifie queue, ou appât ou même nichée.
  43. Trita, étant le soma personnifié, habite le lieu du sacrifice, où brille Agni aux sept rayons.
  44. Trita est fils des Eaux, puisqu’il est la libation elle-même. Il veut être délivré, c’est-à-dire tiré du bassin qui le renferme, pour être jeté dans le foyer.
  45. Les cinq personnages sont : Agni sur la terre, Vâyou dans l’atmosphère, Aditya dans le ciel, Tchandramas dans la région des constellations, et Vidyout (dieu de la foudre) dans les eaux du nuage.
  46. Le texte porte le mot vrica, qui, rendu quelquefois par brigand et ravisseur, signifie aussi loup. Le commentateur, incertain, présente deux sens. Il suppose d’abord que Trita, au fond du puits, a peur que quelque loup ne vienne pour le dévorer, et que le Richi prie les rayons du Jour d’éloigner cet animal affamé. Il donne ensuite un sens trouvé par Yâsca. Le loup, c’est Tchandramas, la lune, car vrica doit se dire d’un astre quelconque soumis à une marche périodique ; les grandes ondes, ce sont les vagues célestes, c’est l’air ; et dans cette hypothèse, Trita dit que les rayons ont la propriété de faire disparaître la lune.
  47. Agni, le maître du sacrifice.
  48. Nous avons vu, p. 105, c. 2, note 3, quel est le sens de ce mot loup. En lisant ce passage, on se rappelle involontairement les vers d’Horace :

    Namque me sylva lupus in Sabina,
    Dum meam canto Lalagen, et ultra
    Terminum curis vagor expeditus,

    Fugit inermem, etc.

    Tel est aussi le premier sens que donne le commentateur ; mais il revient ensuite à l’explication d’Yâsca, qui, dans le vrica, trouve la lune, laquelle, en voyant Trita sorti du puits, poursuit tranquillement son cours.

  49. Coutsa est l’auteur de cet hymne : cependant, comme il fait parler Trita, il est possible qu’on l’ait identifié avec ce personnage. Voy. v. 6.
  50. Ce sont, dit le commentateur, les Pitris Agnichwâttas, ancêtres des dieux, et honorés par des sacrifices spéciaux. Voy. Lois de Manou, liv. III, v. 195.
  51. Le ciel et la terre.
  52. Voy. pag.48, col. 1, note 1.
  53. Nom d’Agni.
  54. Voy. pag. 106, col. 1, note 3.
  55. Savitri ou le soleil.
  56. Traduction du mot Asoura.
  57. Ce n’est pas ici une distinction de caste ; c’est la distinction de deux professions sociales, brahman (l’homme de Dieu), et râdjan (le prince) ; absolument comme, chez les anciens Grecs, le mantis et le basileus, et dans les mêmes rapports.
  58. Noms des princes anciens, fils, tous les cinq, d’Yayâti, cinquième roi de la race lunaire.
  59. C’est-à-dire : la terre, l’air et le ciel.
  60. Le poëte donne ici à Indra et à Agni le surnom d’Aswins, qui appartient à deux autres divinités.
  61. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  62. Les Ribhous ont été élevés à la qualité de dieux, et ont eu dans les sacrifices leur part d’offrandes et d’invocations. On les a identifiés avec les rayons du soleil. C’est avec cette idée qu’il faut entendre cette strophe. Nous avons vu que les poètes du Rig-Véda ont divinisé, sous la dénomination de Déva, les diverses parties du sacrifice et les formules de prières. Les Ribhous ne seraient-ils pas les rites employés pour faire passer les clartés d’Agni dans le soleil ? Ne seraient-ils pas ces ayons du sacrifice partant pour aller illuminer le disque solaire ? On peut concevoir comment les auteurs de cette partie du rituel ont dû laisser leur nom à ces cérémonies, et par quelle confusion d’idées on a dit que des hommes ont reçu le titre de dieux.
  63. Asoura employé ici pour un nom du soleil.
  64. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  65. Voy. p. 51. c. 1, note 1. La légende raconte que la vache d’un Richi vint à mourir, et qu’en voyant le veau privé de sa mère, le saint homme s’adressa aux Ribhous. Ceux-ci firent une autre vache, qu’ils couvrirent de la peau de celle qui était morte.
  66. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  67. Voy. p. 51, c. 1, note 1, et hymne 1 de cette lecture.
  68. Ordinairement on compte trois Ribhous : Ribhou, Vibhwan et Vâdja. Ici, l’auteur semble faire deux classes de ces personnages, appelés les uns les Ribhous, les autres les Vâdjas. Ce dernier mot, qui signifie offrande, semble confirmer les remarques de la page 108, col. 1, note 2.
  69. C’est ici que le commentateur dit que le ciel et la terre sont une même chose que les Aswins.
  70. Miracle opéré en faveur de Samyou. Voy. page 63, col. 1, note 4.
  71. J’entends ce passage comme relatif à Agni, qui passe pour avoir deux mères (voy. p. 59, col. 1, note 2, et p. 99, col. 1, note 1), et dont le Soleil semble devoir être le fils. Le commentateur applique cette idée au dieu du vent, à Vâyou : Ce dieu, dit-il, mesure, parcourt deux mondes ; et il explique ainsi le mot dwimâtri. Il donne encore une autre solution de la difficulté qui résulte d’une double maternité. Les Vents sont fils de la Terre (Prisni) ; mais ils naissent aussi par la vertu du sacrifice, et par conséquent du feu sacré. De là provient cette singulière généalogie : Agni, feu du sacrifice, fait naître le Vent, et le Vent, à son tour, fait naître aussi le Feu par le moyen de son souffle.
  72. Ce sage est Cakchîvân. Voy. p. 50, col. 1, note 2.
  73. Noms de deux Richis jetés dans un puits par les Asouras.
  74. Voy. page 48, col. 2, note 1 ; et page 65, col. 2, note 2.
  75. Râdjarchi submergé par les Asouras.
  76. Bhoudjyou, fils de Tougra, sauvé d’un naufrage.
  77. Carcandhou et Vayya, noms de princes. La famille de Vayya est déjà nommée. Voy. p. 78, col. 2, note 3.
  78. Nom de prince.
  79. Voy. p. 73, col. 1, note 2.
  80. Noms de princes. Le dernier est déjà cité. Voy. p. 81, col. 2, note 1.
  81. Nom d’un Richi. Le commentateur intercale le nom de Ridjrâswa, et dit que celui-ci était aveugle, et Parâvridj, boiteux.
  82. Ce passereau est femelle, et il est dévoré par un loup, vrica. Yâsca (voy. page 105, col. 2, note 3, et page 106, col. 1, note 2) pense que ce loup, c’est la lune, et que le passereau, c’est le jour ou plutôt le crépuscule (pratidivasa) dévoré par cet astre, et délivré par les Aswins.
  83. Sindhou.
  84. Nom d’un Richi.
  85. Voy. p. 62, col. 2, note 2; p. 106. col. 1, note 3. Il est évident qu’il est ici question d’un Coutsa plus ancien que l’auteur de cet hymne.
  86. Noms de Richis. Narya a été nommé plus haut, p. 76, col. 1, note 3.
  87. Vispalâ, femme de Khéla, perdit un pied dans un combat. Par les prières d’Agastya, pourohita de son mari, elle en obtint un autre de fer.
  88. Deux noms de princes.
  89. Le commentaire dit que Dîrghasravas est un fils de Dîrghatamas et d’Ousidj ; que, dans un temps de sécheresse, il se fit marchand pour vivre, et obtint, par la protection des Aswins, une pluie abondante.
  90. Voy. page 50, col. 1, note 2.
  91. Nom de rivière.
  92. Nom d’un Richi.
  93. Prince de la race solaire.
  94. Richi nourri par les Aswins. Il y a une légende qui fait nourrir Bharadwâdja par une alouette. Voyez page 78, col. 2, note, 3.
  95. Voy. page 73, col. 1, note 12.
  96. Le nom de ce prince est fort connu dans les Pourânas. Il y est roi de Câsî, qui est Bénarès.
  97. Traduction incertaine du mot Casodjou, qui a quelque analogie avec le mot Câsi, nom de la capitale du roi Divodâsa.
  98. Trasadyou est fils de Pouroucoutsa, prince de la dynastie lunaire.
  99. Richi cité déjà. Voy. page 73, col. 2, note 1.
  100. Nom d’un Richi.
  101. Le commentateur confond Prithi avec Prithou, fils de Véna.
  102. Sayou est un Richi.
  103. Voy. p. 73, col. 1, note 2.
  104. Nom d’un Richi.
  105. Râdjarchi de ce nom. Un des fils de Manou porte le nom de Vicoukchi, qui présente la même idée que le portrait qu’on fait ici de Parthvan.
  106. Un descendant de Manou, par Saryâti. Voy. p. 73, col. 2, note 3.
  107. Voy. p. 44, col. 1, note 7.
  108. Voy. p. 73, col. 1, note 3. On donne ici à Vimada plusieurs épouses.
  109. Voy. page 71, col. 1, note 1. Il avait épousé une fille de Pouroumitra.
  110. Deux Richis ; le premier est cité p. 109, c. 2, n. 3.
  111. Nom d’une femme.
  112. Nom de prince
  113. Suivant le commentaire, ce jeune prince est Pouroucoutsa.
  114. J’ai pensé que ce mot était un nom propre.
  115. Le poëte donne à ces dieux l’épithète de Satacratou, affectée ordinairement à Indra.
  116. Voy., pour le nom de Coutsa, p. 62, c. 2, note 2 ; page 106, col. 1, note 3, et page 109, col. 2, note 12. Le commentateur dit que le mot Ardjouna est un nom d’Indra.
  117. Voy. p. 65, c. 1, note 2.
  118. Nom de Richi.
  119. Nom de Richi.
  120. Nom de Richi.