Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 7/Lecture 5

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 504-513).

LECTURE CINQUIÈME.
HYMNE I.
À Soma, par Andhigou, fils de Syavaswa, Yayati, fils de Nahoucha le radjarchi, fils de Manou, Manou fils de Samvarana, Pradjâpati, fils de Vismamitra.
(Mètres : Anouchtoubh et Gâyatrî.)

1. Pour vous assurer la possession de ce breuvage enivrant, amis, frappez le chien qui allonge la langue[1].

2. Indou, tel qu’un coursier impétueux, se présente pour l’œuvre (sainte), et répand ses ondes pures.

3. Les prêtres tirent des mortiers le brûlant Soma, et l’honorent par une prière toute-puissante.

4. Que ces douces et enivrantes liqueurs coulent pour Indra du vase des lustrations ; que vos agréables libations s’élèvent vers les dieux.

5. « Indou coule pour Indra, » ont dit les Dévas ; le maître de la prière, le souverain du monde arrive avec force à nos sacrifices.

6. Soma vient ; il est entouré des Ondes, et s’échappe par mille torrents ; il donne l’essor aux chants ; il est le maître de la richesse, et chaque jour il se montre l’ami d’Indra.

7. Le pur Soma vient ; c’est pour nous Poûchan, c’est le riche Bhaga. Souverain de tous les êtres, il éclaire le ciel et la terre.

8. Les Vaches (de la louange) unissent leurs chants pour échauffer la (sainte) ivresse. L’onde purifiée de Soma s’ouvre (mille) voies.

9. Ô (Dieu) pur, apporte-nous ta forte et glorieuse liqueur, cette riche (liqueur) qui mérite nos hommages et soutient les cinq espèces d’êtres.

10. Elles coulent vers nous, ces limpides boissons qui connaissent la voie (du sacrifice) ; bonnes, innocentes, généreuses, elles donnent la félicité.

11. Elles sont versées du mortier sur la peau de vache. Elles possèdent la richesse, et nous apportent l’abondance.

12. Ces sages et pures Libations se mêlent au caillé ; elles s’épaississent au sein des ondes, et dans leur marche rapide brillent comme les rayons du soleil.

13. Aucun mortel ne saurait étouffer la voix de la Libation. Comme les Bhrigous firent autrefois pour Makha[2], battez le chien avare de présents.

14. L’ami (des hommes) s’épanche sur le filtre, tel qu’un enfant né pour le bonheur de ses parents. Il vient au vase des libations, qui contient (les ondes), pareil à l’amant, au fiancé d’une femme.

15. Héros qui donne la force, il consolide le ciel et la terre. (Dieu) brillant, il s’étend dans le vase des lustrations, et s’asseoit au foyer ainsi qu’Agni[3].

16. Soma est purifié sur la laine de la brebis et la peau de la vache. Généreux et brillant, il arrive en murmurant dans la coupe d’Indra.


HYMNE II.
À Soma, par Trita Aptya.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Auteur (du sacrifice), nourrisson des grandes (Ondes), il allume les feux de Rita. Il rassemble autour de lui tous les biens du ciel et de la terre.

2. Lorsqu’en faveur de Trita[4] il descend du pressoir pour aller prendre place au foyer, les (prêtres) célèbrent par leurs sept chants l’ami du sacrifice.

3. Envoie trois fois les trésors de la rosée sur le dos[5] de Trita. Le prêtre poursuit le cours de son œuvre pieuse.

4. Le (dieu surnommé) Védhas[6] vient de naître. Les (Ondes), ses sept mères, président à sa parure. Et lui, prenant de la force, pense déjà aux biens (qu’il versera sur ses serviteurs).

5. Tous les Dévas, remplis d’une innocente joie, s’empressent de concourir à l’œuvre de Soma, et se font un plaisir des honneurs qu’ils lui rendent.

6. Ainsi les (Ondes), pour la gloire du sacrifice, ont produit ce bel enfant qui charme notre vue, qui, sage et magnifique, est pour tous un objet d’envie au milieu de nos cérémonies.

7. Les deux grands parents de Rita arrivent ensemble, quand les (prêtres), suivant les voies du sacrifice, font passer (Soma) par ses diverses purifications.

8. Par la puissance de tes purs rayons ouvre-nous le pâturage céleste, et fais briller dans nos cérémonies la splendeur de Rita.


HYMNE III.
À Soma, par Dwita Aptya.
(Mètre : Ouchnih.)

1. En l’honneur du pur Soma qui fait notre bonheur, et (que l’on surnomme) Védhas, élève ta voix, et apporte-lui ta prière comme un tribut.

2. Il coule sur la laine de la brebis, et se mêle au (lait) de la vache. Brillant et pur, il se dispose trois demeures.

3. Il couvre le filtre de laine de son doux trésor. Les sept voix des Richis chantent sa louange.

4. Il conduit la Prière ; il plaît à tous les dieux. Pur, invincible et brillant, Soma coule sous le pressoir.

5. Viens sur le même char qu’Indra à ces offrandes que nous destinons aux dieux. Pur, immortel et sage, (apparais) avec les sages.

6. Tel qu’un coursier vigoureux, ce dieu pur coule pour les dieux ; il s’étend, et suit les voies diverses qui lui sont ouvertes.


HYMNE IV.
À Soma, par Parwata et Narada, fils de Canwa, ou deux des Sikandins, enfants de Casyapa, ou deux Apsaras.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Amis, en l’honneur du pur (Soma), placez-vous sur le gazon (sacré), et chantez. Soignez-le comme votre nourrisson, et ornez-le par vos sacrifices.

2. Qu’il soit avec les (Ondes) ses mères, comme le veau avec la vache. Honneur de notre maison, gardien des Dévas, il inspire une forte ivresse aux hommes et aux dieux.

3. Purifiez ce (dieu) qui apporte la vigueur. Qu’il nous donne la force, qu’il soit l’honneur du sacrifice, et le bonheur de Mitra et de Varouna.

4. Nos voix t’appellent, ô toi qui possèdes la richesse. Nous enveloppons tes formes de la couleur du lait.

5. Ô Indou, ô maître des (saintes) ivresses, tu revêts un corps brillant. Sois pour nous un ami qui connaisse les plus heureuses voies.

6. Que tes bontés n’aient point de terme. Chasse le Rakchasa avide, impie, frauduleux. Éloigne de nous le mal.


HYMNE V.
À Soma, par Parwata et Narada.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Amis, célébrez le pur et enivrant (Soma). Qu’il soit comme un nourrisson que vous charmiez par vos sacrifices et vos chants.

2. De même que le veau (est allaité par la vache), Indou est nourri par les (Ondes), ses mères. Ami des dieux, il leur inspire une douce ivresse, et se trouve orné par la prière.

3. Que cette douce liqueur coule pour nous donner la vigueur et la force, pour être l’honneur du sacrifice et le bonheur des dieux.

4. Ô puissant Indou, accorde-nous des vaches et des chevaux. Je veux à ton onde pure mêler le lait de la vache.

5. Ô Indou, maître des coursiers azurés[7], tu revêts le corps le plus brillant. Sois pour nous un ami qui nous prête un éclatant appui.

6. Que tes bontés n’aient point de terme. Ô Indou, triomphe de l’impie Rakchasa. Éloigne de nous un (ennemi) frauduleux.


HYMNE VI.
À Soma, par Agni, fils de Tchakchous, Tchakchous, fils de Manou, Manou, fils d’Apsounaman.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Que ces flots salutaires, brillants, impétueux, naissent promptement, et coulent vers le généreux Indra.

2. Soma vient pour donner son secours à Indra au milieu de la lutte. À peine l’a-t-il vu, que déjà il lui assure la victoire.

3. Dans le transport de son ivresse, qu’Indra saisisse son arc triomphant ; et pour vaincre les Eaux, qu’il lance sa foudre généreuse.

4. Parais, ô vigilant Soma ! Ô Indou, coule pour Indra. Apporte ta force brillante et salutaire.

5. Inspire à Indra ta généreuse ivresse, ô (Dieu) prudent, qui étends partout tes rayons, et qui pour t’échapper sais t’ouvrir mille voies.

6. Plein de miel pour les dieux, tu connais surtout la route (de notre sacrifice). Coule avec bruit par tes mille torrents.

7. Ô Indou, répands avec force ta rosée pour honorer les dieux. Ô Soma aussi doux que le miel, viens t’asseoir au vase (du sacrifice).

8. Tes flots rapides ont enivré Indra. Les dieux ont bu tes ondes, qui donnent l’immortalité.

9. Apportez-nous la richesse, ô pures Libations ! Brillez dans la pluie, coulez sur la terre, et donnez-nous le salut.

10. Soma, pur et limpide, précipite ses flots sur le filtre de laine, et répond par son murmure à la voix de l’Hymne.

11. L’Œuvre (sainte) donne l’essor au rapide (Soma), qui vient en se jouant sur le filtre de laine et dans nos (coupes) de bois. La Prière applaudit à ce (dieu), qui trois fois (arrose) le dos (d’Agni)[8].

12. Il s’élance dans les vases (du sacrifice), comme le rapide coursier au milieu des combats. Il accourt, ce (dieu) pur qui donne naissance à la Prière.

13. Beau et brillant, il coule avec impétuosité dans les différents bassins, et apporte à ses chantres la gloire que fondent les héros.

14. Va donc t’unir aux dieux. Répands ta rosée de miel. Avec un bruit harmonieux tu remplis le vase des lustrations.


HYMNE VII.
À Soma, par les sept richis.
(Mètres : Vrihatî, Akcharâ, Dwipadâ et Virât.)

1. Versez la liqueur de Soma, qui est la première des offrandes, qui coule pour le bonheur des hommes du sein des mortiers, et passe au milieu des Ondes.

2. (Dieu) invincible, répands sur le (filtre) de laine ton onde pure et odorante. Nous aimons à te confondre avec les offrandes et le (lait) de la vache, et à te verser au sein des eaux.

3. Le sage et puissant Indou coule à nos regards pour le bonheur des dieux.

4. Tu viens, ô pur Soma ; tu mêles aux Ondes ta rosée. Source divine d’or et de richesses, tu t’assieds au trône de Rita.

5. Il suce la mamelle céleste pour former son miel délicieux. Il va se placer sur le siége antique (du sacrifice. Dieu) rapide et sage, lancé par les prêtres, il se précipite dans le réservoir des ondes que nous honorons.

6. Ô pur et vigilant Soma, tu remplis le filtre de laine. En notre faveur tu deviens prêtre, tu es le premier des Angiras[9]. Répands ton miel sur notre sacrifice.

7. Soma épanche ses ondes, et connaît la route (de la demeure sacrée). Tu es Richi, prêtre et sage. Prophète dévoué au service des dieux, tu as fait monter le Soleil dans le ciel.

8. Répandu par les ministres du sacrifice sur la laine des brebis, il précipite son onde fortunée, qui ressemble à une cavale brillante.

9. Que Soma descende dans le vase des libations et s’unisse au lait des vaches. Ses ondes vont au Samoudra, comme (les eaux à la mer). Il est tourmenté pour donner son suc enivrant.

10. Ô Soma, tu sors des mortiers pour passer sur la laine des brebis. De même qu’un mortel entre dans la ville, (Dieu) brillant, tu t’avances du pressoir vers les (coupes) de bois où tu vas siéger.

11. Il se purifie sur le filtre de laine ; il se fortifie comme le coursier qui se dispose au combat. Le pur Soma devient le héros de hymnes chantés par les sages.

12. L’onde de Soma, pour le sacrifice, grossit comme un fleuve. Sa liqueur vive et enivrante, formée du lait de sa plante, se jette dans le trésor où repose le miel de la libation.

13. Tel qu’un aimable et cher enfant que l’on a purifié, (Soma) est enveloppé d’un vêtement blanc. De même que les ouvriers lancent un char, les (prêtres) avec leurs mains (précipitent le dieu) au milieu des ondes.

14. La boisson de Soma, vive et pénétrante, va dans le Samoudra[10] inspirant la joyeuse ivresse, et répandant avec sagesse le bonheur et le plaisir.

15. Le roi pur et divin a traversé le Samoudra avec son flot, pour arriver à la demeure du grand Sacrifice. Pour rendre hommage à Mitra et Varouna, il a été lancé dans la demeure du grand Sacrifice.

16. Le roi divin, aimable et sage, a été dirigé par les prêtres à travers le Samoudra.

17. L’enivrant Soma est versé en l’honneur d’Indra, l’allié des Marouts. Il s’échappe en mille torrents, et vient sur le (filtre) de laine, où les enfants d’Ayou le purifient.

18. Le sage Soma, purifié sous le pressoir, enfante la Prière, et joue au milieu des Dévas. Il se revêt de l’enveloppe que lui forment les ondes et le (lait) des vaches, et va siéger dans les (coupes) de bois.

19. Ô Soma, ô Indou, je me plais chaque jour à (chanter) ton amitié. Ô (Dieu surnommé) Babhrou[11], de nombreux (ennemis) m’obsèdent. Viens les disperser.

20. Ô Soma, ô Babhrou, nuit et jour ton amitié est pour moi une mamelle (abondante). Nous venons à toi, comme les oiseaux (viennent) vers le soleil, qui d’en haut les échauffe par sa lumière.

21. Ô (Dieu) pur, distingué par la beauté de tes bras[12], plongé dans le Samoudra, tu fais entendre ta voix. Tu nous apportes de vastes et opulentes richesses, objet d’envie parmi les hommes.

22. Ô (Dieu) pur et généreux, tu es versé sur la laine de la brebis ; tu résonnes dans le bois (de nos vases). Ô pur Soma, mêlé au (lait) des vaches, tu viens dans la coupe des dieux.

23. Assiste aux œuvres de nos sages, et prends part à nos offrandes. Ô Soma, accours le premier, et pour les dieux remplis le Samoudra de ta liqueur enivrante.

24. Ô sage et brillant Soma, viens soutenir les mondes et terrestre et céleste ; les sages, par leurs prières et leurs œuvres, précipitent ta course.

25. Ces pures Libations versent leur onde dans le vase qui la purifie. Unies aux Marouts, chères à Indra, apportant le bonheur, elles accourent à nos prières et à nos offrandes.

26. Indou, lancé par les prêtres, se revêt des ondes et entre dans le trésor (des libations). Il est le père de la lumière, et, pour se donner une forme, il s’unit au (lait) des vaches, et se laisse charmer par les louanges.


HYMNE VIII.
À Soma, par Goriviti, fille de Sakti, Sakti, fils de Vasichtha, Ourou, fils d’Angiras, Ridjiswan, fils de Bharadwadja, Ourdhwasaptri, fils d’Angiras, Critayasas, fils d’Angiras et le radjarchi Rinantchaya.
(Mètres : Cacoubh, Vrihatî et Gâyatrî.)

1. Coule en l’honneur d’Indra, ô Soma aussi doux que le miel, ô (Dieu) plein de puissance et d’ivresse, ô (Dieu) plein de splendeur et d’ivresse !

2. Dès que le généreux (Indra) a bu de ton breuvage qui donne le bonheur ; il s’agite comme un taureau puissant ; et ce maître prudent accourt à nos offrandes, de même que le coursier s’élance au combat.

3. Ô (Dieu) pur et brillant, tu (connais) les naissances divines, et ta voix appelle les dieux à l’immortalité.

4. C’est avec Soma que le Navagwa[13] Dadhyantch[14] a ouvert (les portes du ciel), que les sages ont obtenu les Vaches (divines)[15], que, pour le bonheur des dieux, ils ont formé le doux aliment de l’ambroisie (sacrée).

5. Source féconde de félicité, Soma, tel qu’un flot abondant, vient en se jouant s’épancher sur le filtre de laine.

6. Ô (Dieu) vainqueur, tu as avec force retiré du sein de leur caverne (ténébreuse) les génisses qui amènent les eaux. Tu as ouvert pour nous un pâturage où abondent les vaches et les chevaux. Tel qu’un (guerrier) couvert d’une cuirasse, abats (nos ennemis).

7. Lancez donc comme un coursier, répandez le flot de ce (dieu) renommé, qui court avec les ondes, se précipite en torrents, s’écoule en ruisseaux, et remplit les (coupes) de bois.

8. (Répandez ce maître) généreux et cher à la race divine, qui a mille courants d’un lait abondant, ce dieu roi qui, né de Rita, augmente avec Rita la grandeur du sacrifice.

9. Ô Dieu, ami des dieux et maître de l’offrande, apporte-nous la force et l’abondance. Envoie-nous les trésors du ciel.

10. Ô (Dieu) fort, qui gouvernes et sembles porter les peuples, coule avec bruit sous le pressoir. Fais tomber du ciel des pluies fécondes. Exauce les prières du (serviteur) qui te demande les Vaches (divines).

11. Les (prêtres) ont fait descendre du ciel ce (dieu) généreux qui a mille torrents, qui donne une (douce) ivresse, qui apporte tous les biens.

12. Le (dieu) immortel et libéral est né ; il enfante la lumière et dissipe les ténèbres. Célébré par les sages, il se donne une forme qui se compose d’une triple essence.

13. Il coule, ce Soma qui nous apporte la richesse, la fortune, l’abondance, la magnificence des demeures.

14. C’est la boisson de Soma que prennent Indra, les Marouts, Aryaman, Bhaga ; qui nous procure la protection de Mitra et Varouna, et les secours puissants d’Indra.

15. Ô Soma, deviens le breuvage d’Indra ; et, lancé par les prêtres, coule, (ô Dieu) rempli de la douceur du miel, (Dieu) pourvu de belles armes et suivi du plaisir.

16. Indra est capable de te contenir : pénètre dans son cœur, comme les fleuves dans la mer. Tu plais à Mitra, à Varouna, à Vâyou ; tu es le soutien du Ciel.


HYMNE IX.
À Soma. — Richis : les Agnis[16], enfants d’Iswara.
(Mètres : Cacoubh, Vrihatî et Gâyatrî.)

1. Ô Soma, coule avec douceur pour Indra, Mitra, Poûchan, Bhaga.

2. Ô Soma, qu’Indra, que tous les dieux prennent ta boisson pour augmenter leur force et leur puissance !

3. (Dieu) brillant et céleste, viens, et que ton breuvage nous donne l’immortalité et une grande habitation.

4. Ô grand Soma, père des Dieux, ami des Ondes, remplis tous les corps.

5. Ô brillant Soma, fais le bonheur des Dieux, du Ciel, de la Terre, et de tous leurs enfants.

6. Ô brillant breuvage, tu es le soutien du Ciel. Viens promptement remplir ta sainte fonction.

7. Ô robuste et antique Soma, fais descendre tes nobles ondes sur le filtre de laine.

8. À peine né, que le (dieu) purifié, qui veut notre bonheur et notre salut, suive toutes les (voies) où le dirigent les prêtres.

9. Qu’Indou purifié étende notre race, et nous comble de tous les biens.

10. Tel qu’un rapide coursier qui vient d’être baigné, coule, ô Soma, pour être puissant, fort, bienfaisant !

11. Les prêtres purifient ton jus enivrant, ô Soma, et augmentent ta vigueur.

12. En l’honneur des dieux ils disposent dans le vase des purifications le brillant Soma, cet Indou qui vient de naître et qui est leur nourrisson.

13. Que le sage et bel Indou s’unisse aux Ondes, source de bonheur et d’ivresse.

14. Il apporte à Indra cette arme superbe avec laquelle il frappe tous ses ennemis.

15. Tous les dieux boivent de cette liqueur, mêlée avec le (lait) de la vache et versée par les prêtres.

16. Le (dieu) qui s’échappe en mille torrents, extrait (des mortiers), coule sur la laine des brebis et dans le vase des lustrations.

17. Disséminé en mille (ruisseaux), il va rapidement se plonger dans les ondes, et se mêler au (lait) de la vache.

18. Ô Soma, lancé par les prêtres, extrait des mortiers, passe dans le sein d’Indra.

19. En l’honneur d’Indra, l’impétueux Soma fait couler ses mille torrents du mortier dans le vase des purifications.

20. Pour enivrer le généreux Indra, les (prêtres) mêlent un (lait) doux et onctueux avec le jus d’Indou.

21. En l’honneur des dieux et pour augmenter ta force, ô (Soma) brillant, ils te plongent dans les ondes qui forment ton vêtement.

22. Pour Indra le terrible Indou est frappé, est tourmenté ; il se mêle avec les ondes et le caillé.


HYMNE X.
À Soma, par Trasadasyou et Trayarouna.
(Mètres : Anouchtoubh, Vrihatî et Virât.)

1. Accours à nos offrandes, ô (Dieu) qui triomphes de tes ennemis, et qui connais la dette (de la reconnaissance). Tu viens vers nous pour frapper nos adversaires.

2. Ô Soma, nous aimons à te voir dominer sur ton trône mortel. Ô (Dieu) pur, tu fais couler tes ondes à la vue de nos offrandes.

3. Ô (Dieu) pur et puissant, tu as enfanté le Soleil ; tu as au sein (des airs formé) le lait (de la pluie). Ta sagesse nous envoie les vaches légères qui couvrent rapidement (le ciel).

4. Oui, immortel au milieu des mortels, tu as au sein du beau Rita[17], immortel (comme toi), enfanté (ce soleil). Tu viens toujours pour nous donner des forces au moment du combat.

5. De même qu’on ouvre une source utile pour tout un peuple, ainsi les doigts expriment (de ta plante) un flot inépuisable et nourricier.

6. En te voyant, les (Richis), tes célestes parents, connus sous le nom de Vasouroutchas[18], se sont écriés avec admiration : « Il repousse les ténèbres comme le divin Savitri. »

7. Ô noble Soma, les (sages) antiques, assis sur le gazon (sacré), t’ont jadis adressé leurs prières pour obtenir la force et l’abondance. Daigne aujourd’hui relever aussi notre vigueur.

8. Ces brillants (Richis) ont fait descendre de la grande demeure céleste ce breuvage antique et renommé. Ils ont ensemble célébré la naissance d’Indra.

9. Ô (Dieu) pur, quand ta puissance apparaît dans le ciel, sur la terre, dans tous ces mondes, tu ressembles alors au taureau qui domine au milieu du troupeau.

10. Soma, purifié sur le filtre de laine, vient à nous comme un nourrisson qui se joue. Indou a pour nous mille torrents, cent mets fortifiants.

11. Pur et juste, Indou apporte à Indra ses flots aussi doux que le miel. Il donne l’abondance ; il possède tous les biens ; il amène la fécondité.

12. Coule donc, ô Soma, ô toi qui renverses les armées, qui repousses les indomptables Rakchasas, qui avec tes armes brillantes triomphes de tes ennemis.


HYMNE XI.
À Soma, par Ananata, fils de Paroutchhépa.
(Mètre : Atyachti.)

1. Avec ses ondes pures et brillantes, il terrasse tous ses ennemis, (porté) sur un char magnifique, oui, comme le Soleil sur un char magnifique. Son flot limpide lance des rayons étincelants, quand il revêt toutes ses formes, devant ses chantres, oui, devant ses chantres qui ont sept voix (pour le célébrer)[19].

2. Tu as reconquis le trésor (qui est la vie) des êtres. Tu te purifies avec les Ondes, tes mères, dans la maison même de Rita, oui, avec les Œuvres (saintes) dans la maison de Rita. Dans le lieu où s’accomplit le travail des Œuvres (sacrées), on entend comme un écho de ta voix. De trois substances[20] innocentes se compose le breuvage, oui, se compose le breuvage de ce (dieu) brillant.

3. Plein d’une noble pensée, il se dirige vers l’Orient. Tout rayonnant s’avance son char remarquable, oui, son char divin et remarquable. Les Hymnes se présentent ; ils exaltent le courage d’Indra, ils préparent son triomphe. Sa foudre et toi, voilà deux armes qui ne peuvent faillir, oui, qui ne peuvent faillir dans les combats.


HYMNE XII.
À Soma, par Sisou, fils d’Angiras.
(Mètre : Pankti.)

1. Nos vœux sont variés ; les œuvres des hommes sont diverses. Le charron veut du bois ; le médecin, une maladie ; le prêtre, la libation. Ô Indou, coule pour Indra !

2. L’ouvrier qui fait (un arc) veut du bois, des plumes d’oiseau, de l’or, des pierres précieuses. Ô Indou, coule pour Indra !

3. À l’égard de Soma, je suis[21] comme le charron, le médecin, le (prêtre) qui dans la pierre prépare l’offrande, comme tous les autres. Nous désirons la richesse, et nous sommes au milieu de toutes les œuvres (saintes), tels que (le pasteur) au milieu de ses vaches. Ô Indou, coule pour Indra !

4. Le cheval aime un bon char ; des compagnons de plaisir (aiment) le rire ; l’époux (recherche) l’épouse[22] et la grenouille l’eau. Ô Indou, coule pour Indra !


HYMNE XIII.
À Soma, par Casyapa, fils de Maritchi.
(Mètre : Pankti.)

1. Sur les bords du Saryanâvân[23] qu’Indra, vainqueur de Vritra, boive la liqueur de Soma. Soma possède la force, et donne la vigueur. Ô Indou, coule pour Indra !

2. Ô maître des régions (célestes), ô généreux Soma, viens à nous du pays des Ardjîcas[24]. Répandu avec droiture, justice, piété, dévotion, ô Indou, coule pour Indra !

3. La fille du Soleil a apporté le grand Soma[25] ; il s’est gonflé (de l’onde) de Pardjanya. Les Gandharwas[26] l’ont recueilli, et ont pris soin de former son suc. Ô Indou, coule pour Indra !

4. Ô royal Soma, (Dieu) juste et fort, ta voix est celle de la vérité, de la foi, de la droiture. Ô bienveillant Soma, le sacrificateur t’honore. Ô Indou, coule pour Indra !

5. Ô (Dieu) brillant, terrible et juste, tes larges torrents se rassemblent ; tes sucs purifiés par le prêtre s’échappent avec limpidité. Ô Indou, coule pour Indra !

6. Dans ces lieux, où le prêtre élève sa voix cadencée sur (sept) mesures, ô pur Soma, il fait pour sa propre gloire résonner le mortier, il enfante le bonheur. Ô Indou, coule pour Indra !

7. Dans ces lieux où siége la lumière éternelle, la félicité (suprême), dans ces lieux d’immortelle durée, place-moi, ô (Dieu) pur. Ô Indou, coule pour Indra !

8. Dans ces lieux où règne Vêvaswata[27], où est le palais du (dieu) lumineux, où (coulent) les grandes Eaux, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !

9. Dans ces lieux où s’ouvre à nos désirs la triple demeure, le triple ciel du (dieu) lumineux, où brillent les mondes radieux, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !

10. Dans ces lieux où les désirs sont satisfaits, où repose la base (de tout), où se trouvent la Swadhâ et le plaisir, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !

11. Dans ces lieux où siégent le bonheur, la joie, la félicité, la jouissance, où la satisfaction naît avec le désir, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !


HYMNE XIV.
À Soma, par Casyapa.
(Mètre : Pankti[28].)

1. Ô Soma, celui qui accourt aux rayons du pur Indou, qui vers toi dirige sa pensée, est reconnu pour un homme qui possède une belle famille. Ô Indou, coule pour Indra !

2. Ô Richi Casyapa, qui unis ensemble la voix de la prière et celle de l’hymne, honore le royal Soma qui vient de naître ! c’est le maître des plantes. Ô Indou, coule pour Indra !

3. Voici les sept ministres des sacrifices, brillants comme des soleils, sept prêtres divins qui sont comme sept Adityas : par leur intercession, ô Soma, sauve-nous ! ô Indou, coule pour Indra !

4. Ô royal Soma, par cet holocauste, par ces offrandes qui t’appartiennent, sauve-nous ! Qu’aucun ennemi ne puisse nous vaincre ni nous blesser. Ô Indou, coule pour Indra.


HYMNE XV.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, large et droit, s’est levé devant les Aurores. Il sort des ténèbres et s’avance avec la lumière. Il vient de naître, et de ses membres resplendissants il remplit toutes les demeures.

2. Tu nais, bel enfant du Ciel et de la Terre. Tu sors du bois (de l’Aranî). Nourrisson charmant, tu apparais, en criant, au sein de tes mères, et tu repousses les Ténèbres et les Nuits.

3. Il naît : grand et sage, (sous le nom de) Vichnou, il part, marque son (pas) suprême, et va occuper sa troisième (station). Sa bouche boit le lait (du sacrifice), que lui présentent les (prêtres) empressés à l’honorer tous d’un seul cœur.

4. Les (Plantes) sont aussi tes mères. Elles t’apportent le bois qui fait ta nourriture et ta force. Tu embrasses (tes mères), qui sous tes atteintes changent de forme. Tu es sacrificateur au milieu de la race de Manou.

5. (Honorons) Agni le pontife et le héraut brillant du sacrifice. Dans nos cérémonies il monte un char magnifique ; par sa grandeur et sa richesse il fait l’orgueil des dieux ; il est l’hôte des humains.

6. Placé sur le foyer de terre[29], Agni se pare de superbes vêtements. Élevé sur le sein d’Ilâ où tu reçois une (autre) naissance, ô roi clément, fais le sacrifice aux dieux.

7. Ô puissant Agni, comme un fils (soutient) ses (vieux) parents, tu as constamment supporté le Ciel et la Terre. Viens donc, ô (maître) toujours jeune, amène ici les dieux avides (de nos offrandes).


HYMNE XVI.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni toujours jeune, ô maître des saisons, dont tu connais les retours, honore ici les dieux ornés (de nos holocaustes), et fais leur bonheur. Parmi les prêtres divins et les sacrificateurs tu es le plus digne de nos hommages.

2. Tu es le ministre chargé des sacrifices et des libations. Tu es pour les peuples un prophète, un bienfaiteur juste et opulent. Nous faisons la Swâhâ. Toi, divin Agni, honore les dieux, et porte-leur les holocaustes.

3. Suivons la route des dieux, et portons ce qu’il nous est possible de porter. Que le sage Agni soit le sacrificateur et le prêtre. Qu’il ordonne nos cérémonies et observe les saisons.

4. Quand, pour vous, nous entreprenons l’œuvre (sainte), les plus illustres d’entre les sages ne sont que des ignorants. Agni (seul) est sage : qu’il remplisse toutes ces fonctions ; qu’il honore les dieux dans les saisons convenables.

5. Tels que des pauvres infirmes, les mortels s’occupent d’holocaustes, d’offrandes, de prières. Agni (seul) se connaît en science divine ; il est le premier des sacrificateurs et des pontifes. Qu’il honore les dieux suivant les saisons.

6. Un père (prévoyant) t’a engendré pour être la tête de tous les sacrifices, le héraut de nos diverses (cérémonies). Donne-nous des terres fécondes en hommes de cœur ; (donne-nous) une abondance digne d’envie, dont parle la renommée, et qui n’exclut aucun bien.

7. Ô sage Agni, ô toi qui es né (successivement) du Ciel et de la Terre, des Ondes, de Twachtri, fier de t’avoir pour fils, allume tes feux, et éclaire la route que nos pères ont suivie.


HYMNE XVII.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Maître brillant et rapide, le terrible (Agni) allume ses feux et développe ses forces. Il apparaît au milieu des libations. Il s’anime, il étend sa large lumière ; il s’approche d’Asiknî[30], amenant l’éclatante (Aurore).

2. Sa splendeur a triomphé des noires Ténèbres. Il enfante une fille[31], digne de son généreux père ; il la donne pour épouse au Soleil, dont il élève et affermit la lumière, et brille ainsi dans toutes les magnificences du ciel.

3. Le beau (Soûrya) s’avance vers la belle (Aurore) ; il devient l’amant de sa sœur, et s’unit avec elle. Agni, déployant ses vives lumières, jette sur les Ténèbres ses éclatantes couleurs.

4. Agni est un ami grand, généreux et bon. Il mérite nos louanges. Ses rayons s’allument et s’étendent, à la voix (de nos hymnes). De sa bouche brillante ils s’élancent avec vivacité, et les Jours repoussent la Nuit.

5. Ses flammes éblouissantes s’élargissent ; elles éclatent avec un bruit sonore, et de ses traits aigus, allongés, rayonnants, qui semblent se jouer avec puissance, il va toucher le ciel.

6. Il s’agite avec force ; il redresse ses feux étincelants ; il attelle ses bruyants coursiers. De ses lueurs antiques et resplendissantes le plus grand des dieux vient en grondant éclairer le monde.

7. Amène-nous ce qu’il y a de plus distingué. Viens t’asseoir entre le Ciel et la Terre, encore brillants de jeunesse. Que le robuste et rapide Agni arrive en ces lieux avec ses rapides et robustes coursiers.


HYMNE XVIII.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. C’est toi que je veux honorer. Je t’adresse ma prière ; sois toujours le digne objet de nos invocations. Ô roi antique, ô Agni, sois pour Poûrou[32], qui t’offre le sacrifice, comme celui qui dans le désert nous présente un breuvage.

2. Ô (maître) toujours jeune, les peuples viennent vers toi, ainsi que les vaches (se rendent) dans une étable chaude. Tu es le messager des dieux et des hommes. Tu marches grandement avec la lumière entre (la terre et le ciel).

3. Tendre nourrisson qui tends à l’accroître, ta mère te soutient et t’embrasse. Par ses soins tu grandis, et déjà tu bondis avec empressement, comme l’animal délivré de sa chaîne ; tu t’élances jusque sur le dos de l’arc (céleste).

4. Nous sommes des ignorants, ô sage et prudent Agni ; nous ne connaissons point ta grandeur, dont toi seul as le secret. (Agni) dort débile et sans force ; puis il marche ; de sa langue il caresse la jeune (Libation) ; il est le maître des nations.

5. Le jeune (Agni), dans les divers foyers où il est né, s’élève sur le bois, au sein des (Libations) éternelles. C’est un souverain qui a la fumée pour étendard. Inhabile à nager, tel qu’un taureau, il entre au milieu des ondes, conduit par les mortels, tous unis de cœur (pour l’honorer).

6. Pareils à deux brigands de la forêt, les deux bras te saisissent, et te mènent avec leurs dix courroies. Ô Agni, cette prière nouvelle est pour toi. Attelle ton char, et couvre-le de tes rayons brillants.

7. Ô (dieu appelé) Djâtavédas, que nos cérémonies, nos hommages, nos prières augmentent sans cesse ta grandeur. Ô Agni, sauve nos enfants et nos petits-enfants ; veille toujours pour nous sauver nous-mêmes.


HYMNE XIX.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le (dieu) incomparable, qui est entouré des Ondes[33] et qui renferme la richesse, (ce dieu), sujet à plusieurs naissances, connaît nos cœurs. Le matin et le soir, il s’attache à la mamelle (des libations) ; il vient à la source des ondes, sur le siége qui lui est préparé.

2. Nos seigneurs, riches en offrandes, ont pris leurs rapides montures, et se sont assemblés dans la même demeure, unissant ensemble leurs vœux. Les sages gardent le trône de Rita, et entourent son foyer des plus grands honneurs.

3. Deux puissants et justes parents, au moment prévu, ont produit cet enfant, qui par leurs soins a grandi. Les (prêtres) abordent avec la prière celui qui est la source des êtres animés et inanimés, celui qui est le fil que le sage prend (pour se diriger).

4. Les brillantes Libations, qui suivent la voie de Rita, s’attachent à ce nourrisson et augmentent sa force. Le Ciel et la Terre l’enveloppent de leurs larges membres, et lui donnent pour aliments leurs mets, le beurre, le miel (du sacrifice).

5. Le (dieu) sage et antique prend de ce miel, et fait briller à nos yeux les sept sœurs[34]. Il s’avance au milieu des airs, et, cédant aux vœux (de ses serviteurs), il donne à la nature sa forme et sa beauté.

6. Les sages ont établi sept règles de conduite[35]. En franchir une seule, c’est se rendre pécheur. Agni soutient l’homme suivant son mérite ; pour lui il est dans le foyer, dans le trésor des rayons (solaires), dans les ondes (aériennes).

7. Agni existe, même lorsqu’il ne paraît pas[36], dans la suprême demeure, dans le séjour de Dakcha[37], sur le sein d’Aditi. Il est votre premier-né[38], dans le sacrifice du matin : il y est encore et le taureau (qui féconde) et la vache (qui donne le lait).

  1. Le commentaire dit que ce chien, c’est le Rackchasa qui veut prendre la libation. Je croirais plutôt que c’est le mortier retentissant, ou peut-être la Prière, qui, comme on le sait, sous le nom de Saramâ, est représentée avec la forme d’une chienne.
  2. Makha signifie sacrifice ; les Bhrigous, célébrant le sacrifice, se donnèrent de la peine pour en accomplir les cérémonies. Ce passage me confirme dans l’explication que je donne dans la note 1, page 504 : le chien avare (arâdhas) me semble être le mortier qui n’a pas encore rendu tout le jus de soma qu’on attend.
  3. Le nom donné à Agni ici est Védhas. Voyez page 125, col. 2.
  4. Trita est le nom du Richi auquel cet hymne est attribué. Je pense que le mot Trita doit se rapporter à Agni, considéré au moment des trois libations. Voyez page 74, col. 1, note 4.
  5. Ce vers renferme le mot prichtha, et me rappelle l’épithète triprichtha donnée ailleurs à Soma.
  6. Voy. ci-contre la note 2.
  7. Le texte porte le mot hari, qui est un des noms de la liqueur de Soma. Ces coursiers ne sont autre chose que les flots mêmes de la libation.
  8. Traduction de l’épithète triprichtha.
  9. C’est ainsi que l’on désigne Agni.
  10. Le commentaire veut toujours que ce mot signifie l’air (antarikcha). Cependant il reconnaît qu’il a aussi le sens de calasa (bassin).
  11. Le mot Babhrou est une épithète du dieu Agni.
  12. On se rappelle que les bras et les mains, en style symbolique, représentent les rayons.
  13. Voy. page 80, col. 1, note 6.
  14. Voy. p. 92, col. 1, note 1.
  15. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  16. Il a déjà été remarqué que les Richis, auxquels on attribuait les hymnes, portaient plutôt des noms symboliques que des noms réels ; que c’étaient plutôt des êtres imaginaires représentant les Rites, que des personnages historiques. Voy. page 272, col. 1, note 1. Cette observation a pu avoir plusieurs fois son application, sans que j’aie cru devoir le faire remarquer : elle est ici trop frappante, pour que je néglige d’en parler.
  17. Le commentaire croit qu’il est ici question de l’air. Je pense que c’est le sacrifice : le soleil naît d’Agni.
  18. C’est le commentaire qui donne ce mot comme un nom propre. Je suppose que l’on personnifie sous ce nom les rayons du soleil.
  19. Le commentaire indique un sens tout différent, et qui m’a paru bien peu naturel. J’ai pensé que l’auteur, par l’épithète saptâsya, faisait allusion aux sept espèces de mètres.
  20. Le commentaire cherche dans les éléments des trois mondes le sens de cette phrase, qui est l’idée bien souvent exprimée des trois substances qui composent le Soma.
  21. Le commentaire adopte un sens bien différent du mien pour tous les détails de cette phrase.
  22. Le texte est ici d’une crudité indécente : sépo romanvatô bhédô.
  23. Voy. page 92, col. 1, et pag. 404, col. 1.
  24. Ridjîca ou Ardjica, nom de peuple ou de province. Voy. page 404, col. 1.
  25. La fille du Soleil, c’est l’Aurore, dont les rayons ont fait naître la plante de Soma, laquelle a reçu l’eau fécondante du nuage appelé Pardjanya.
  26. Les Gandharwas semblent devoir être les rayons personnifiés : ce sont les esprits aériens. Voy. p. 215, col. 1, note 2.
  27. Le commentateur ne dit pas quel est ce personnage de Vévaswata ; c’est un nom que les Pourânas donnent à Yama, ou bien au septième Manou, les regardant comme fils de Vivaswân ou du Soleil, Voyez page 310, col. 2, note 2. Il me semble que la légende de Vivaswân, dans le Rig-Véda, n’est pas la même que celle des Pourânas ; que celle-ci est astronomique, et que l’autre est hiératique. Je ne serais pas étonné que Vévaswata, fils de Vivaswân, c’est-à-dire du Dieu brillant ou du sacrificateur, peut-être du sacrifice, ne fût Agni lui-même, ou l’une de ses formes (Yama).
  28. Ici se termine le neuvième Mandala.
  29. Autrement l’ombilic de la terre, qui est le foyer formé de terre cuite. Ce foyer s’appelle encore Ilâ ou Aditi, personnifié sous ces deux noms, qui sont aussi ceux de la terre.
  30. Asikni signifie noire ; c’est le nom que l’on donne à la libation du matin, faite au moment où la nuit règne encore. Voy. page 241, col. 1, note 2.
  31. C’est-à-dire l’Aurore. Le texte est assez obscur pour que le commentateur ait cru devoir dire que l’Aurore était fille du Soleil.
  32. Nom par lequel l’homme est désigné.
  33. Samoudra.
  34. C’est ce que l’on appelle les sept langues d’Agni, ou les sept rayons du feu. On les distingue par des noms particuliers ; j’en recueille trois dans le commentaire, Câli, Carali, Tchédi, etc.
  35. Ces règles ne sont pas données par les commentateurs d’une manière uniforme. La défense la plus ancienne me semble être celle-ci : la boisson, la gourmandise, les femmes, la chasse, la brutalité en action (danda), en paroles (pârouchyam), le viol. Une autre liste est donnée, qui doit appartenir à une civilisation plus moderne : le vol, l’audace de monter sur le lit du maître spirituel, le meurtre d’un brahmane, la fréquentation des gens vicieux, les deux péchés, le meurtre d’un homme.
  36. C’est la fameuse formule de tat asat.
  37. Il me semble que Dakcha est le même personnage que Twachtri, qui habite le nuage orageux ; ce nuage orageux est aussi le séjour de Vâyou. Voy. page 205, col. 2, note 1. Dakcha est d’ailleurs un nom d’Agni. On doit se souvenir ici qu’une triade composée d’Agni, de Soûrya, de Vâyou, représente le feu dans ses trois états sur la terre, dans le soleil, dans l’air.
  38. Le commentaire indique un tout autre sens : il dit que dans la création Agni est né avant les hommes. Je me suis rappelé que le sacrificateur est appelé pitâ, père d’Agni, et il peut bien dire que ce dieu est son premier-né.