Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 8/Lecture 7

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 590-599).

LECTURE SEPTIÈME.
HYMNE I.
À Indra, par Vrihaddiva, fils d’Atharwan.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ce fut un grand bonheur pour les mondes que la naissance de ce dieu fort et redoutable. À peine est-il né qu’il détruit ses ennemis, et qu’il fait la joie des (saints personnages) qui l’assistent.

2. Il croît en force et en puissance, et se montre l’adversaire terrible du Dasyou. Il purifie les êtres animés et inanimés. (Ô Dieu), les offrandes et les libations enivrantes viennent vers toi.

3. Les deux[1] maîtres (du sacrifice), secondés par ces pieux ministres, augmentent ta vigueur. Pour prix de nos douces (offrandes), donne-nous la douce (richesse), et la (paternité) plus douce encore. Prends le miel (de nos libations), et, charmé (de nos breuvages), va combattre.

4. Les sages t’enivrent de leurs agréables boissons, ô toi qui sais conquérir l’opulence. (Ô Dieu) vainqueur, développe, consolide tes forces. Que les génies malfaisants ne triomphent point de toi.

5. Qu’avec toi nous frappions (l’ennemi) dans les combats ; que l’on nous voie couverts de ses dépouilles. Par la prière j’appelle tes coups ; par le sacrifice j’aiguise (tes traits qui donnent) l’abondance.

6. (Je chante) la gloire de ce maître souverain qui revêt des formes (brillantes), et qui est le premier des biens. Il attaque avec vigueur les sept (Asouras) qui gardent (les ondes), et soumet à ses lois l’armée des nuages.

7. Ainsi, tu es d’un puissant secours pour la maison que tu daignes visiter. Tu affermis nos deux (antiques) parents, pressés de suivre leur marche. Tu te distingues par de nombreux exploits.

8. À la tête (des Richis), Vrihaddiva, qui donne le bonheur, chante sur divers tons en l’honneur d’Indra. Il étend son empire sur la famille brillante (des nuages), et ouvre toutes les portes (du ciel).

9. Ainsi le grand Vrihaddiva, enfant d’Atharwan, développe pour Indra la riche parure (de la poésie). Les sœurs (aériennes), poussées par le Vent, viennent de leurs (ondes) pures charmer (le dieu), et accroître ses forces.


HYMNE II.
Au Créateur (Pradjâpati). — Richi : Hiranyagarbha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le (Dieu) au germe d’or[2] apparaît. Il vient de naître, et déjà il est le seul maître du monde. Il remplit la terre et le ciel. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

2. Il donne la vie et la force. Tous les êtres, les Dieux (eux-mêmes), sont soumis à sa loi. L’immortalité et la mort ne sont que son ombre. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

3. Il est par sa grandeur le seul roi de tout ce monde qui voit et qui respire. Il est le maître de tous (les animaux), bipèdes et quadrupèdes. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

4. Sa grandeur, ce sont ces (montagnes) couvertes de frimas[3], cet Océan avec ses flots, ces régions (célestes), ces deux bras (qu’il étend). À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

5. Par lui ont été solidement établis le ciel, la terre, l’espace, le firmament. C’est lui qui dans l’air a répandu les ondes. À quel (autre) Dieu offririons-nous l’holocauste ?

6. Le Ciel et la Terre affermis par ses soins ont frémi du désir de le voir, alors que le soleil brille à l’orient. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

7. Quand les grandes Ondes sont venues, portant dans leur sein le germe universel et enfantant Agni, alors s’est développée l’âme unique des Dieux. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

8. Avec grandeur il voit autour de lui ces Ondes qui contiennent la Force et enfantent le Sacrifice. Parmi les Dieux il est le Dieu incomparable. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

9. Qu’il nous protége, celui qui, accomplissant sa pieuse fonction, a engendré le Ciel et la Terre, celui qui est le père des grandes et belles Ondes. À quel (autre) dieu offririons-nous l’holocauste ?

10. Ô Pradjâpati, ce n’est point un autre que toi qui a donné naissance à tous ces êtres. Accorde-nous les biens pour lesquels nous t’offrons le sacrifice. Puissions-nous être les maîtres de la richesse !


HYMNE III.
À Agni, par Tchitramahas, fils de Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Je chante ce (Dieu) bon et fortuné, cet hôte droit et simple, qui brille comme un Vasou puissant. Agni, sacrificateur et maître de la maison, nous dispense la force ; (il nous donne) ces (Vaches) bienfaisantes qui sont le soutien du monde.

2. Ô sage et puissant Agni, sois touché de mes prières, et accueille nos offrandes. Le ghrita forme ton corps. Ouvre la voie au sacrifice. Les Dévas ont enfanté ton culte.

3. Environné de tes sept rayons, ô immortel Agni, comble de tes biens le serviteur qui t’apporte ses présents. Accorde la richesse et la vigueur à celui qui vient allumer tes feux.

4. Les sept (ministres) chargés d’holocaustes chantent ce Dieu fort, qui est l’étendard du sacrifice et le premier des pontifes, cet Agni qui écoute (nos prières), ce taureau puissant dont le dos est arrosé de ghrita, ce maître qui donne la force à son serviteur.

5. Messager brillant, je t’invoque avant tous ; viens t’enivrer à (la coupe) d’immortalité. Les Marouts forment ta parure, et dans la maison du sacrificateur les Bhrigous t’excitent par leurs louanges.

6. Ô puissant Agni, répands sur l’ami qui t’honore par le sacrifice cette heureuse abondance qui est le soutien du monde. Entouré de splendeur, arrosé de ghrita, tu visites trois fois nos foyers, notre maison, notre sacrifice, et tu déploies ta magnificence.

7. Au lever de l’Aurore, les enfants de Manou célèbrent le sacrifice et te prennent pour messager. Ô Agni, les Dévas travaillent à ta grandeur, et dans leurs cérémonies ils joignent du beurre (sacré).

8. Ô robuste Agni, les sages, fils de Vasichtha, t’invoquent dans leurs chants au milieu des sacrifices. Conserve parmi nos enfants la brillante richesse. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions[4].


HYMNE IV.
Aux nuages, sous le nom de Véna[5], par Véna, fils de Bhrigou.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. L’amant (des Ondes) presse ces (épouses) nées au sein de Prisni[6] ; il éteint la lumière dans les espaces de l’air. Les sages semblent caresser de leurs prières ce nourrisson du Soleil[7], enveloppé des Ondes.

2. L’amoureux Véna, enfant de l’Air, tire ses flots des fleuves de la mer (céleste). Il présente son (large) dos à notre vue. Il brille au séjour supérieur de Rita[8], et ses compagnes font retentir de leurs clameurs le sein qui les renferme toutes.

3. Dans ce sein qui les renferme, ces (Vaches) fécondes mugissent près du veau qu’elles ont produit[9] ; et, dans ce séjour élevé de Rita, elles vont, en grondant, le couvrir, avec leur langue caressante, d’une douce ambroisie.

4. Les sages, en voyant cette (grande) forme, ont fait entendre leurs chants. Ils sont accourus à la voix du sauvage sanglier (des cieux). Ils ont avec Rita fait couler les ondes (du sacrifice), et le Gandharwa[10] a reçu les honneurs immortels.

5. La (brillante) Apsarâ (qui glisse sur les ondes)[11] s’approche de son amant, et le porte jusqu’au haut du ciel. Elle pénètre dans la demeure de son ami, et Yéna s’assied sur son aile d’or.

6. Quand ceux qui te désirent te voient voler dans le ciel sur ton aile d’or, ils (reconnaissent) le messager de Varouna, l’oiseau qui porte (la pluie) au sein d’Yama[12].

7. Le Gandharwa s’élève dans le ciel, et se présente, couvert de sa brillante armure. Il a, comme un soleil, revêtu une forme resplendissante, et mérité nos plus chers hommages.

8. Cependant l’astre du jour, entouré de vapeurs, entre dans l’océan (céleste). Son œil de vautour pénètre cette profonde épaisseur (de l’air) ; il rappelle ses pures splendeurs, et accomplit sa mission dans (le ciel), le troisième des mondes.


HYMNE V.
À Agni. — Richi : Agni.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Le poëte parle.) Ô Agni, viens à notre sacrifice, dont le char a cinq[13] coursiers, trois[14] roues, sept[15] guides. Marche devant nous ; reçois les holocaustes dans ta bouche, et dissipe les épaisses ténèbres.

2. (Agni parle.) J’ai vu les projets de l’impie : je me rends dans le foyer, et j’aspire à l’immortalité. Quand, pour être tourmenté, je quitte mon repos bienheureux, quand j’entre au sein de l’Aranî, c’est par amitié pour toi.

3. En voyant cet (oiseau) qui hante un autre arbre que moi, je prépare les nombreuses demeures de Rita. Je chante la gloire de ce père céleste) qui répand la vie ; je viens réclamer contre l’impie la part d’hommages qui m’est due.

4. Longtemps j’habite ce foyer en honorant Indra. Quand je renonce à (la vue) du père (céleste), Agni, Soma, Varouna sont renversés de leur trône. Je reviens, et ce royaume m’est rendu.

5. Les Asouras ont été dépouillés de leur magie. Et toi, Varouna, tu me désires. Ô roi. sépare le juste d’avec l’injuste, et viens prendre les rênes de mon empire.

6. La clarté, le bonheur, la lumière sont revenus. L’air s’est agrandi. Viens, ô Soma, allons tuer Vritra. Honorons par l’holocauste un (Dieu) tel que toi, qui est l’holocauste même.

7. Le sage (Mitra) a lancé son corps dans le ciel. Varouna a délivré les Ondes qui avaient tari. Et ces Ondes, toujours pures, telles que des épouses obéissantes, ont pris la couleur de ce (dieu).

8. Elles honorent sa force suprême. (Varouna) s’approche de ces (Ondes) heureusement gonflées. Et elles, telles que des sujets qui respectent leur roi, se sont avec révérence séparées de Vritra.

9. Les poëtes ont chanté le cygne[16] céleste, ami et compagnon de ces Ondes tremblantes. Ils ont adressé leur prière à Indra, que charme l’Anouchtoubh[17].


HYMNE VI.
La sainte Parole (Vâk). — Richi : Vâk, fille d’Abhrina.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. (Vâk parle.) Je marche avec les Roudras, les Vasous, les Adityas, les Viswadévas. Je porte Mitra et Varouna, Indra et Agni, les deux Aswins.

2. Je porte le redoutable Soma, Twachtri, Poûchan, Bhaga. J’accorde l’opulence à celui qui honore (les Dieux) par l’holocauste, la libation, le sacrifice.

3. Je suis reine, et maîtresse des richesses ; je suis sage ; je suis la première de celles qu’honore le sacrifice. Ainsi me connaissent les Dévas, qui m’ont donné un grand nombre de demeures et de sanctuaires.

4. Celui qui voit, qui respire, qui entend, mange avec moi les mets (sacrés). Les ignorants me détruisent. Ami, écoute-moi ; je dis une chose digne de foi.

5. Je dis une chose bonne pour les Dieux et les enfants de Manou. Celui que j’aime, je le fais terrible, pieux, sage, éclairé.

6. Pour tuer un malfaisant ennemi, je tends l’arc de Roudra. Je fais la guerre à l’impie ; je parcours le ciel et la terre.

7. J’enfante le père (du sacrifice). Ma demeure est sur sa tête même, au milieu des ondes, dans le (saint) Samoudra[18]. J’existe dans tous les mondes, et je m’étends jusqu’au ciel.

8. Telle que le vent, je respire dans tous les mondes. Ma grandeur s’élève au-dessus de cette terre, au-dessus du ciel même.


HYMNE VII.
Aux Viswadévas, par Coulmalavakhicha, fils de Siloucha, oui Ahnoman, fils de Vamadéva.
(Mètres : Vrihatî et Trichtoubh.)

1. Ô Dieux, le mal ni le péché ne peuvent atteindre le mortel qu’Aryaman, Mitra et Varouna, unis par le culte, conduisent à travers les ennemis.

2. Ainsi nous vous honorons, ô Varouna, Mitra, Aryaman. Sauvez-nous du mal, et conduisez le mortel à travers les ennemis.

3. Que Varouna, Mitra, Aryaman nous accordent leur secours. Qu’ils soient nos guides fidèles, et qu’ils nous fassent passer à travers les ennemis.

4. Vous conservez le monde, ô Varouna, Mitra, Aryaman. Nous nous mettons sous votre protection. Dirigez-nous heureusement à travers les ennemis.

5. Que dans les combats les Adityas Varouna, Mitra, Aryaman nous (défendent). Invoquons le terrible Roudra avec les Marouts, Indra et Agni ; qu’ils nous sauvent à travers les ennemis.

6. Que Varouna, Mitra, Aryaman, ces rois des hommes, nous conduisent heureusement à travers tous les maux, à travers les ennemis.

7. Que Varouna, Mitra, Aryaman, nous donnent un utile secours. Que les Adityas, que nous invoquons, étendent sur nous leur protection à travers les ennemis.

8. Ô Vasous, (dieux) adorables, vous avez jadis délivré une vache attachée par le pied. Délivrez-nous aussi du mal. Agni que notre vie soit prolongée !


HYMNE VIII.
À la Nuit, par Cousica, fils de Sobhari, ou Soutara, fils de Bharadwadja.
(Mètre : Gâyatrî[19].)

1. La Nuit divine arrive ; elle jette ses yeux de tous côtés, et dévoile toutes ses richesses.

2. L’immortelle déesse a rempli les régions supérieure[20] et inférieure de l’air ; la Lumière tue les Ténèbres.

3. La déesse en arrivant appelle l’Aurore sa sœur. Les Ténèbres se sont dissipées.

4. C’est elle aujourd’hui qui nous fournit un abri, comme l’arbre (fournit) un refuge à l’oiseau.

5. Les hommes, les animaux, les oiseaux, les éperviers, les chevaux, ont trouvé en elle cet abri.

6. Ô Nuit éloigne le loup et sa compagne. Éloigne le brigand. Fais-nous traverser heureusement (la vie).

7. D’épaisses et noires ténèbres se sont étendues autour de moi. Aurore, que ton bienfait soit de les dissiper.

8. Ô Nuit, fille du Ciel, j’ai immolé en ton honneur les Vaches (de la louange). Accueille ma prière comme (un holocauste), et donne-moi la victoire.


HYMNE IX.
Aux Viswadévas. — Richi : Havya, fils d’Angiras.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. (Havya, ou l’Holocauste personnifié, parle.) Ô Agni, nous voulons au milieu de nos invocations faire briller ta splendeur. Nous voulons allumer tes feux et orner ton corps. Que les quatre régions du ciel s’inclinent devant moi. Sous ton commandement, que nous vainquions les armées.

2. Qu’à mon appel arrivent tous les dieux, Indra avec les Marouts, Vichnou, Agni. Que pour moi l’Air s’étende. Que le Vent souffle pour remplir mon vœu.

3. Qu’en moi les Dieux donnent la richesse. Qu’en moi soit leur bénédiction et l’accomplissement des vœux qu’on leur adresse. Que les divins et antiques sacrificateurs se montrent généreux. Que nos corps soient vigoureux ; que nos enfants soient des héros.

4. Que par moi les prêtres offrent l’holocauste. Que mon intention soit bonne. Que le péché ne me souille jamais. Ô Dieux, accordez-nous votre suffrage.

5. Ô grandes Déesses, que nous adorons au nombre de six[21], donnez-nous la force. Ô Dieux, faites de nous des héros. Que nos enfants soient sains et saufs ; que nos corps soient bien portants, ô royal Soma !

6. Ô Agni, invincible gardien qui déjoues la colère de nos adversaires, conserve-nous. Qu’ils s’avancent en menaçant, et que par toi leur haine soit confondue.

7. (J’honore) le Dieu sauveur et victorieux qui est le maître puissant des maîtres du monde. Que les deux Aswins, que Vrihaspati et tous les Dieux défendent contre la misère le serviteur qui leur présente ce sacrifice.

8. Que le (Dieu) grand et magnifique que tous (les mortels) implorent, et qui étend au loin (son empire), accorde sa protection à notre prière. Indra, (surnommé) Haryaswa, sauve nos enfants. Ne nous fais aucun mal ; ne nous livre point (à l’ennemi).

9. Que nos adversaires soient dissipés. Ô Indra et Agni, frappez-les. Que les Vasous, les Roudras, les Adityas, fassent de moi un maître redoutable, un chef vigilant et invincible[22].


HYMNE X.
L’Âme suprême (Parâtma)[23]. — Richi : Pradjapati.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Rien n’existait alors, ni visible, ni invisible[24]. Point de région supérieure ; point d’air ; point de ciel. Où était cette enveloppe (du monde) ? dans quel lit se trouvait contenue l’onde ? Où étaient ces profondeurs impénétrables (de l’air) ?

2. Il n’y avait point de mort, point d’immortalité. Rien n’annonçait le jour ni la nuit. Lui seul respirait, ne formant aucun souffle, renfermé en lui-même. Il n’existait que lui.

3. Au commencement les ténèbres étaient enveloppées de ténèbres ; l’eau se trouvait sans impulsion. Tout était confondu. L’Être reposait au sein de ce chaos, et ce grand Tout naquit par la force de sa piété[25].

4. Au commencement l’Amour[26] fut en lui, et de son esprit[27] jaillit la première semence. Les sages (de la création), par le travail de l’intelligence, parvinrent à former l’union de l’être réel et de l’être apparent[28].

5. Le rayon de ces (sages) partit en s’étendant en haut comme en bas. Ils étaient grands, (ces sages) ; ils étaient pleins d’une semence féconde, (tels qu’un feu dont la flamme) s’élève au-dessus du foyer qui l’alimente.

6. Qui connaît ces choses ? Qui peut les dire ? D’où viennent les êtres ? Quelle est cette création ? Les Dieux ont été aussi produits par lui. Mais lui, qui sait comment il existe ?

7. Celui qui est le premier auteur de cette création, la soutient. Et quel autre que lui pourrait le faire ? Celui qui du haut du ciel a les yeux sur tout ce monde, le connaît seul. Quel autre aurait cette science ?


HYMNE XI.
La Création[29]. — Richi : Yadjna, fils de Pradjapati.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. La toile du Sacrifice[30] s’étend, formée de cent et un fils fournis par les Dévas. Les Pères (des saintes cérémonies) viennent s’asseoir pour tisser cette toile, la monter et la démonter.

2. (Pouroucha, le grand) Mâle[31], développe, découpe, étend cette (toile) dans le ciel. Près de lui sont placés les (Richis) lumineux ; les Chants entrelacent les fils.

3. Quelles furent l’ordonnance et la disposition de ce (sacrifice) ? Quels en furent les ministres, les offrandes ? Comment était faite l’enceinte (sacrée) ? Quel mètre fut employé ? Quel fut le chant préparatoire, et l’hymne que tous les Dieux adressèrent au (grand) Dieu ?

4. Agni vint avec la Gâyatrî ; Savitri avec l’Ouchnih. Soma, aux chants magnifiques, se présenta avec l’Anouchtoubh. Vrihaspati prit la voix de la Vrihatî.

5. La Virât accompagna Mitra et Varouna. La Trichtoubh, qui (célèbre la libation) de midi, (suivit) Indra. Les Viswadévas employèrent la Djagatî. C’est ainsi que prièrent les Richis, enfants de Manou.

6. Oui, c’est ainsi que prièrent les Richis, enfants de Manou et nos pères, à la naissance de l’antique Sacrifice. Avec l’œil de l’esprit je contemple ceux qui les premiers célébrèrent ce Sacrifice.

7. Environnés des hymnes, des mètres, des ordonnances (sacrées), les sept Richis divins ont, tels que d’(habiles) conducteurs de chars, suivi avec fermeté les rayons qui éclairent les voies antiques.


HYMNE XII.
À Indra et aux Aswins, par Soukirti, fils de Cakchivan.
(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô puissant Indra, repousse tous nos ennemis du côté de l’orient et de l’occident. (Repousse-les), noble héros, du côté du midi et du septentrion. Sous ta large protection, que nous connaissions le bonheur.

2. De même que les laboureurs placent successivement l’orge qu’ils ont battue, donne aussi tes biens à ceux qui t’honorent en venant s’asseoir sur le gazon (sacré).

3. Notre char ne part plus dans la saison ; l’abondance ne règne pas dans nos marchés. Et cependant les sages, qui demandent à Indra des vaches et des chevaux, cultivent par leurs offrandes l’amitié de ce (dieu) généreux.

4. Ô Aswins, maîtres de la splendeur, vous avez soif de nos libations, et vous secondez Indra dans ses attaques contre l’Asoura Namoutchi.

5. Comme un père (soutient) son fils, les deux Aswins, ô Indra, t’ont protégé par leurs admirables secours. Ô Maghavan, quand tu as bu la libation, Saraswatî te donne sa puissance.

6. Qu’Indra, possesseur de tous les biens, (dieu) sauveur et opulent, nous protége dans sa bonté. Qu’il nous rassure, et détruise nos ennemis. Puissions-nous être les maîtres d’une forte famille !

7. Puissions-nous ressentir les effets de la bienveillance et de l’heureux intérêt de ce (maître) adorable ! Qu’Indra, (dieu) sauveur et opulent, éloigne de nous l’ennemi qui menace.


HYMNE XIII.
À Mitra et Varouna, par Sacapouta, fils de Nrimédha.
(Mètres : Vrihatî, Nyankousârinî, Pankti et Virât.)

1. Que le Ciel opulent, que la Terre comblent de leurs présents le sacrificateur. Que les divins Aswins fassent le bonheur de (l’homme) pieux.

2. Ô Mitra et Varouna, ô vous qui soutenez (les mortels) et leur dispensez la fortune, nous vous honorons par la libation. Forts de votre amitié, puissions-nous vaincre les Rakchasas !

3. Nous vous présentons nos offrandes pour obtenir vos faveurs ; pour prix de nos sacrifices, vous nous accordez le bonheur. Que personne ne nous enlève cette félicité.

4. Ô (Mitra), ô toi qui donnes la vie[32], tu apparais comme un autre soleil. Ô Varouna, tu es le roi du monde. Celui qui conduit le char[33] (du sacrifice) vous attend. Avec l’arme qu’il vous présente, (comment) l’ennemi ne serait-il pas vaincu ?

5. Cette arme, dans la main de Sacapoûta votre ami, donne la mort aux combattants, quand sur vos corps adorables, ô (Dieux) sauveurs, il vient verser l’holocauste.

6. Ô (Dieux) sages, Aditi votre mère, le Ciel comme la Terre, sont purifiés par le lait (céleste). Vous développez vos trésors ; vous remplissez (le monde) des rayons du soleil.

7. Tout brillants de nos feux[34], placez-vous près de ce (dieu) assis sur le char du (sacrifice), et couché sur le bûcher. Notre (peuple) vous invoque : (rappelez-vous qu’autrefois) Nrimédha l’a défendu contre le mal, que Soumédha (aussi) l’a défendu contre le mal.


HYMNE XIV.
À Indra, par Soudasa, fils de Pidjivana.
(Mètres : Mahâpankti et Trichtoubh.)

1. Devant ce char fortuné, chantez Indra. Dans les fêtes comme dans les combats, que ce (dieu), créateur du monde et vainqueur de Vritra, s’approche de nous ; qu’il aime à provoquer et à recevoir nos hommages. Soit brisée la corde de l’arc de nos ennemis !

2. Tu as précipité les Ondes ; tu as frappé Ahi. Ô Indra, par ta nature tu n’as point de rival. Tu jouis de tous les biens. Nous t’adorons. Soit brisée la corde de l’arc de nos ennemis !

3. Que tous les chefs de ces ennemis périssent ! C’est à toi que s’adressent nos prières. Ô Indra, lance ta flèche contre le cruel qui veut notre mort. Que ta bienfaisance nous comble de richesses. Soit brisée la corde de l’arc de nos ennemis !

4. Ô Indra, que la tribu barbare qui nous attaque soit écrasée sous ton pied. Tu sais frapper, tu sais vaincre. Soit brisée la corde de l’arc de nos ennemis !

5. Ô Indra, cette (race) dégradée ose nous livrer de perpétuels combats. Que sa force, qui semble aussi étendue que le ciel, se trouve abattue par toi. Soit brisée la corde de l’arc de nos ennemis !

6. Ô Indra, unis à toi, nous recueillons les fruits de ton amitié. Conduis-nous, par la voie de Rita, à travers tous les maux. Soit brisée la corde de l’arc de nos ennemis !

7. Ô Indra, donne-nous cette grande vache qui fournit à ton chantre le meilleur lait. Que sa mamelle toujours pleine nous dispense par mille torrents son abondant breuvage.


HYMNE XV.
À Indra, par Mandhatri, fils d’Youvanaswa.
(Mètres : Mahâpankti et Trichtoubh.)

1. Ô Indra, de même que l’Aurore, tu as développé le Ciel et la Terre. Tu es le grand roi des grandes nations. Une mère divine t’a enfanté, oui, une mère fortunée t’a enfanté.

2. Brise la force du mortel qui nous persécute. Écrase sous ton pied celui qui veut être notre maître. Une mère divine t’a enfanté, oui, une mère fortunée t’a enfanté.

3. Ô puissant Indra, noble vainqueur, envoie nous, avec le secours de ta protection, une large et brillante abondance. Une mère divine t’a enfanté, oui, une mère fortunée t’a enfanté.

4. Indra, ô Satacratou, tu verses sur nous tous les biens. Tu doues celui qui t’honore par la libation des mille trésors de l’opulence. Une mère divine t’a enfanté, oui, une mère fortunée t’a enfanté.

5. Que tes rayons viennent vers nous, aussi pressés que les gouttes de pluie, que les tiges de la doûrwâ[35]. Que l’impie ose nous attaquer ! Une mère divine t’a enfanté, oui, une mère fortunée t’a enfanté.

6. Ô prudent Maghavan, tu portes pour arme un long croc. Sous ton pied tu foules (ton ennemi), comme on écrase la branche qu’on arrache. Une mère divine t’a enfanté, oui, une mère fortunée t’a enfanté.

7. Ô Dieux, nous ne faisons point le mal : nous ne connaissons point la violence. Nous nous conformons aux règles et aux préceptes. Nous employons ici ce qui forme les ailes et les bras (du sacrifice)[36].


HYMNE XVI.
À Yama, par Coumara, fils d’Yama.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Dans cet arbre merveilleux[37], où les Dévas laissent reposer Yama, le père (du sacrifice), le maître des nations nous attend, nous, vieux (ministres de ses autels).

2. Oui, il nous attend ; il nous accuse. Je l’ai vu aller de compagnie avec la méchante (déesse). J’ai osé lui adresser la parole.

3. « Ô Coumâra, on a vu le char nouveau qu’a formé ta pensée, ce (char) qui n’a qu’un timon, qui est sans roue, et accessible de tous côtés. Tu peux y monter. »

4. « Ô Coumâra, tu le fais rouler avec les sages qui l’entourent. Les Chants lui servent de roues. Il se dresse tel qu’un vaisseau. »

5. Qui a enfanté Coumâra ? qui a fait marcher son char ? qui nous dira aujourd’hui par quel moyen on l’obtient (d’Yama) ?

6. Dès qu’il est obtenu (d’Yama), il naît à la face (de tous). Son berceau touche à l’orient ; il va s’évanouir à l’occident.

7. Telle est la demeure d’Yama, fondée par les Dévas[38]. Tel est le chant que le souffle du poëte fait résonner en son honneur.


HYMNE XVII.
À Agni, Vayou et Sourya. — Richis : les Djoutis.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. L’être couronné de rayons[39] (a trois formes) ; il porte le feu, il porte l’onde, il porte le ciel et la terre. Il est toute clarté qui frappe nos yeux ; il est l’astre que vous voyez.

2. Les divins Mounis[40], dont les rayons servent de guides à Vâyou, se revêtent d’une noire enveloppe. Ils pénètrent (au sein du nuage), et suivent la direction du vent.

3. (Ils s’écrient) dans leurs pieux transports : « Nous sommes les Mounis attachés aux vents. Ô mortels, vous voyez nos corps. »

4. Le Mouni (des Vents) devenu l’ami des Dieux, et empressé de seconder leurs œuvres, marche avec l’Air, jetant son éclat sur tous les corps.

5. Ce Mouni est le coursier du rapide Vâyou, et l’ami dépêché par ce dieu. Il visite les deux mers, celle de l’Orient et celle de l’Occident.

6. L’être Rayonnant[41] est celui qui voyage sur la route des Apsarâs, des Gandharwas, des rapides sangliers (de l’air)[42]. C’est (aussi) le sage ami de la maison, l’auteur des sucs les plus enivrants.

7. L’être Rayonnant est (encore) Vâyou qui avec Roudra boit à la coupe remplie de l’eau (céleste), qui pour lui agite (l’air) et brise ce qui ne veut pas plier.


HYMNE XVIII.
Aux Viswadévas.


1. Ô Dieux, (l’homme) chancelle ; ô Dieux, vous le dirigez. Ô Dieux, (l’homme) commet des fautes ; ô Dieux, vous le rendez à la vie.

2. Deux Vents soufflent, l’un de la mer, l’autre du continent lointain. Que le souffle de l’un te donne la force ; que le souffle de l’autre emporte le mal.

3. Ô Vent, apporte-nous le remède. Ô Vent, dissipe le mal. Tu possèdes tous les médicaments ; tu es l’envoyé des Dieux.

4. (Le Vent parle). « Je viens à toi avec le bonheur et la santé. Je t’apporte la force et la beauté ; j’emporte la maladie. »

5. Que les Dieux, que les Marouts nous protégent. Que tous les êtres conservent ce (mortel) à l’abri de tout mal.

6. Les Ondes sont salutaires ; les Ondes repoussent la maladie. Elles renferment toute espèce de remèdes. Qu’elles te donnent la guérison.

7. Nous étendons vers toi nos mains qui sont comme ornées de dix rameaux. Notre langue exprime nos paroles ; nous t’adressons une prière[43].


HYMNE XIX.
À Indra, par Angakhya, fils d’Ourounaman.
(Mètre : Djagatî.)

1. Ô Indra, ces (Angiras) tes amis, qui portent (l’holocauste) et honorent Rita, ont déchiré (le sein de) Bala. À la prière de Coutsa, ils ont amené les Aurores, délivré les Eaux, et (détruit) l’œuvre d’Ahi.

2. Tu as donné la liberté aux Vaches fécondes (du ciel), tu as fendu les montagnes (aériennes), tu as pris le miel (de la libation). Tu as fait pousser les arbres. À la voix de Rita, par l’œuvre d’Indra, le Soleil a brillé.

3. Au milieu du ciel le Soleil a lancé son char. L’Arya a pu se mesurer avec le Dasyou. Indra, allié de Ridjiswan, a brisé les villes de Piprou, cet Asoura magicien.

4. Invincible, inébranlable, il a rompu la force et détruit les trésors de l’impie. Tel que le Soleil qui (saisit) les mois, excité par nos chants, il s’est emparé des richesses de la ville (céleste), et de son arme éblouissante a frappé ses ennemis.

5. Le vainqueur de Vritra, n’ayant plus d’armée à combattre, distribue les dépouilles que sa foudre a conquises. L’ennemi a fui, effrayé par le tonnerre d’Indra ; le Soleil accourt purifier (le monde), et l’Aurore a laissé son char.

6. Voilà tes exploits que l’on célèbre. Seul, tu as déchiré l’impie qui se faisait ton rival. Tu as soutenu dans les airs (l’astre) qui forme les mois. Par toi le (Ciel) père (du monde), retrouve le cercle de sa roue que (Vritra) avait fendu.


HYMNE XX.
Au Soleil. — Richi : Viswavasou.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Savitri, aux cheveux brillants, couronné des rayons du Soleil, a élevé à l’orient sa lumière immortelle. À sa vue Poûchan, sage gardien de tous les mondes, commence sa course.

2. Le (Soleil), qui jette son regard sur les hommes, se place au milieu des airs, remplissant le ciel, la terre, l’atmosphère. Ami de notre ghrita, il éclaire toutes les régions, de l’orient à l’occident.

3. Source de richesses, maître de l’opulence, il répand sa splendeur sur tous les corps. (Sotîrya), tel que le divin Savitri, ou tel que le juste Indra, distribue ses bienfaits.

4. Ô Soma, les Ondes, avides de voir le Gandharwa Viswâvasou[44], sont sorties avec Rita. Indra les accompagne et les excite. Il les voit environner et escorter le Soleil.

5. Que Viswâvasou, le céleste Gandharwa qui mesure les airs, nous indique ce qui est bon et que nous ignorons. Qu’il reçoive nos prières et daigne les exaucer.

6. Qu’Indra, dans ses fonctions de Gandharwa[45], trouve sur la route le Nuage ; qu’il ouvre aux Ondes les portes de pierre qui les retiennent. Qu’il proclame leur vertu immortelle, et reconnaisse la force de ces élèves d’Ahi.


HYMNE XXI.
À Agni. — Richi : Agni.
(Mètres : Vichtâra, Pankti, Vrihatî, Djyotich et Trichtoubh.)

1. Ô Agni, trésor de lumière, tu es pourvu d’holocaustes magnifiques ; tes rayons sont resplendissants. Ô (Dieu) brillant et sage, tu possèdes pour ton serviteur une abondance renommée.

2. Ton éclat est pur et purifiant, plein et ardent. Tu t’étends sur le corps de tes deux grands parents ; tu remplis le Ciel et la Terre.

3. Enfant de la Force, possesseur de tous les biens, au milieu de nos œuvres (saintes), réjouis-toi de nos hommages. (Les prêtres) t’ont prodigué les offrandes les plus variées, les plus agréables, les plus flatteuses.

4. Règne, ô immortel Agni, et augmente notre race et nos richesses. Tu développes tes formes magnifiques ; tu montres ta puissante bienfaisance.

5. (Nous célébrons) un (Dieu) sage qui orne le sacrifice et est le maître de l’opulence. Tu possèdes et tu donnes la fortune, l’abondance, la richesse, la magnificence.

6. Pour leur bonheur, les hommes ont établi (dans leur demeure) le juste, le grand, le superbe Agni. Ô Dieu qui prêtes l’oreille à nos prières, la voix des enfants de Manou invoque ta vaste protection.


HYMNE XXII.
Aux Viswadévas. — Richi : Agni.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Agni, viens nous faire entendre ta voix. Sois bon pour nous. Sois généreux, ô maître du peuple ! Tu es pour nous un bienfaiteur.

2. Qu’Aryaman, Bhaga, Vrihaspati soient magnifiques envers nous. Que les Dieux, que la divine Soûnritâ[46] nous donne la richesse.

3. Nos chants appellent à notre secours le royal Soma, Agni, les Adityas, Vichnou, le Soleil, Brahman, Vrihaspati.

4. Nous invoquons Vrihaspati avec Indra et Vâyou, tous deux également adorables. Que toute la race (divine) s’accorde pour nous secourir.

5. (Ô Agni), excite à la bienfaisance Aryaman, Vrihaspati, Indra, le Vent, Vichnou, Saraswatî, le robuste Savitri.

6. Ô Agni, que les feux augmentent la grandeur de nos rites et de notre sacrifice. Pour prix de notre piété, excite (les Dieux) à la générosité.


HYMNE XXIII.
À Agni, par Sarnga.
(Mètres : Djagatî, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô Agni, enfant de la Force, ton chantre est tout à toi ; il n’a point d’autre refuge. Tu nous offres une heureuse et triple[47] protection. Éloigne de nous le flambeau qui brûle.

2. Tu désires nos libations, ô Agni. Et, en effet, ta naissance est illustre ; tel qu’un témoin (brillant), tu ornes tous les mondes. Nos prières s’empressent pour t’honorer. Elles vont devant (nous), de même que le pasteur devant son troupeau.

3. Quand tu t’élances en haut et en bas, tu dévores tout autour de toi, comme un corps d’avant garde. Lorsque le vent pousse ta flamme, tu tonds la terre, comme le barbier rase la barbe.

4. Voyez les rangs de son armée ; voyez ces chars innombrables, qui marchent tous ensemble. Ô Agni, tu étends tes bras, et serpentes sur la terre.

5. Ô Agni, que tes rayons, que ta flamme, que tes ardeurs s’élancent en bondissant. Fais entendre ton souffle ; grandis et courbe tes feux. Tous les Vasous sont aujourd’hui autour de toi.

6. Mais voici les Ondes qui s’avancent ; voici le Samoudra[48] qui déborde. Prends une autre route, et suis le chemin que tu voudras.

7. Qu’à ton approche, que sur ton passage se lèvent les doûrvâs[49] fleuris. Que le lit du Samoudra devienne un lac rempli de lotus.

  1. Ce sont ou les deux époux, ou le père de famille et le prêtre. On peut entendre encore : par le double moyen des libations et des hymnes.
  2. Hiranyagarbha. C’est Agni, qui dans le sacrifice porte le nom du Brahman.
  3. L’auteur désigne sans doute l’Himâlaya.
  4. Refrain final des hymnes de Vasichtha. Voy. section V, lecture i, hymne xv, st. 25, et alibi.
  5. Ce mot signifie amant. Le Nuage est l’amant des Ondes.
  6. Le commentaire dit que Prisni est le Soleil. Je crois que c’est la mère des Marouts, c’est-à-dire le nuage sous une forme féminine.
  7. Le Soleil, avec les eaux qu’il pompe, semble nourrir le nuage.
  8. Le commentaire donne à ce mot Rita le sens d’eau. Je pense que Rita est plutôt le feu Twachtri, qui habite l’air.
  9. C’est Agni Vêdyouta, ou Twachtri.
  10. C’est-à-dire : le Nuage.
  11. Ces mots sont la traduction du mot Apsarâ ou Apsaras. Le poëte donne ici ce nom à la Lueur de l’éclair.
  12. Dans cet Yama le commentaire reconnaît le personnage d’Agni Vêdyouta. Je maintiendrais à Yama son caractère : c’est la Mort, au sein de laquelle le Nuage envoie la pluie, pour revivifier la nature.
  13. Le poëte fait allusion, dit le commentaire, ou à cinq espèces de prêtres, ou à cinq espèces d’offrandes, ou plutôt aux cinq espèces d’êtres animés.
  14. Les trois savanas, ou les trois espèces d’offrandes, paka, havis, soma.
  15. Les sept prêtres, ou les sept espèces de mètres.
  16. Hansa ; c’est le Soleil.
  17. Un des sept mètres poétiques, mentionné ici d’une manière générale.
  18. J’ai pensé que le mot samoudra désignait ici le vase qui renferme le soma. En effet, la demeure de la Prière est dans ce vase, aussi bien que dans celui de libations et dans le foyer, ou est la tête d’Agni.
  19. Le manuscrit du texte renferme ici un long passage interpolé.
  20. Le poëte célèbre la Nuit, qui finit aux lueurs de l’Aurore.
  21. Le commentaire dit que ce sont le Ciel, la Terre, le Jour, la Nuit, les Eaux, les Plantes.
  22. Le manuscrit du texte ajoute à cet hymne un distique de plus.
  23. Ce titre est donné par le commentaire.
  24. Il n’y avait ni sat, ni asat. Plus bas, je rendrai cette idée par l’être apparent et l’être réel.
  25. Idée exprimée par le mot tapas.
  26. Câma.
  27. Manas.
  28. Autrement, de l’asat et du sat.
  29. Le sacrifice journalier est le symbole du grand sacrifice de la création.
  30. Appelé Yadjna. Voy. page 570, col. 1, note 2.
  31. Asoura.
  32. Le texte dit : la tête du char, c’est-à-dire Soma.
  33. Apnarâdjâ ; cette épithète renferme le mot apnan, dont il a été question plus haut page 570, col. 2, note 3.
  34. Dûb (panicum dactylon).
  35. L’aile du sacrifice, c’est l’hymne ; le bras, c’est l’holocauste.
  36. Je pense qu’il est question de l’Aranî, où dort Agni sous le nom d’Yama. Voy. plus haut, page 515, col. 2, note 4. Destiné à la royauté du sacrifice, Agni aura tout à l’heure le nom de Coumâra, et deviendra aussi le Soleil. Cependant, pour le mot arbre, voyez section V, lecture iii, hymne xiv, stance 9.
  37. La déesse du mal et de la mort, Pâpadévatâ ou Nirriti.
  38. Le poëte désigne l’Aranî.
  39. Késî, nom d’Agni-Vâyou-Soûrya.
  40. Sous ce titre religieux sont personnifiés les rayons qui vivifient et illuminent les nuages ; ce sont des enfants de Vâyou, dans sa condition d’Agni-Twachtri. Cette ancienne coutume de symboliser la nature sous le nom de personnages religieux s’est perpétuée dans l’Orient, où les poëtes modernes représentent le Jour, la Nuit, l’Aurore même, comme de saints derviches.
  41. Késî.
  42. C’est le mot Mriga employé, je crois, pour désigner le nuage.
  43. Littéralement : nous te touchons. Car les mains élevées en l’air semblent toucher le vent.
  44. Wiswâvasou est un nom du Soleil, qui ailleurs s’appelle Vibhâvasou. Voy. page 564, col. 2, note 2.
  45. Un Gandharwa est un habitant du ciel, un voyageur à travers les plaines de l’air.
  46. Nom de Saraswatî.
  47. Agni est triple, et sa protection s’étend au ciel, dans l’air et sur la terre.
  48. Ce mot signifie mer ; mais ici c’est la mer ou le vase des libations.
  49. Voy. page 596, col. 1, note 3.