Scènes comiques dans la forêt
— Oui, mon chéri : j’ai été pris par des bohémiens. Ils m’ont mis un anneau dans le nez…
— Ça c’est une bonne affaire. Maintenant je vais pouvoir mener ma femme par le bout du nez !
— Oui, j’ai eu un œil crevé le jour de l’ouverture de la chasse.
— Si tu sommeilles au pied de cet arbre, tu vas te faire crever l’autre !
— Sois tranquille, je ne dors que d’un œil.
— Il est bien fier, notre fils ?
— Dame ! depuis qu’il est dans les grosses légumes !
Le corbeau prend le fromage dans sa patte et se met à chanter.
LE RENARD. — Zut !… Il a lu La Fontaine !!!
— Avec ton morceau de charbon, toi qui sait dessiner, tu vas dessiner un œil sur cette botte et faire quelques taches.
— À merveille… maintenant nos ennemis peuvent rôder près du terrier.
— Comme tu as grandi, mon vieux mille-pieds ?
— Oui, je ne suis plus un bébé… il y a longtemps que je ne marche plus à quatre pattes !
LE CANARD. — Je la tiens…
LE CANARD. — Je ne la vois plus !
LE LAPIN. — Ça, c’est un bon chien : quand il a vu que son maître me visait, il s’est placé entre le fusil et moi et c’est lui qui a reçu les petits plombs !
Quatre braves escargots de Bourgogne improvisent une échelle…
… qui permet à l’imprudent mulot de regagner le logis paternel.
— Ça va ce matin, le ver ?
— Très bien… j’ai toujours bon pied, bon œil !
— Tiens… le courant a emporté les pierres du gué,
— Remplaçons-les pour permettre à maître Renard de passer.
LE CERF. — Je ne cache pas mon âge… c’est sur ma tête que je porte mes cors…
L’OURS. — Mois je suis discret : mes cors, je les porte aux pieds !
LE SANGLIER. — Salut, mon frère au visage pâle !…
Le passage de la rivière à pied sec.
JEANNOT. — Ne cours pas si vite, mon vieux Médor… tu pourrais ramasser une pelle !
— Voilà le furet… ouvre l’éventail ou nous sommes perdus !
!!!
LA TAUPE. — Un peu de silence… il y a un malade au-dessous !
LE LAPIN DOMESTIQUE. — Tu es plus à plaindre que moi, mon pauvre lapin de garenne : l’homme te fait la chasse sans merci ; moi, il me nourrit abondamment.
LE LAPIN DE GARENNE. — En attendant que nous nous retrouvions dans un civet.
LE HIBOU. — Je ne suis pas content de vous, l’écureuil… Vous faites un peu trop la fête, mon ami.
L’ÉCUREUIL. — Aussi j’ai ramassé une lanterne de bicyclette dans la forêt, dans l’intention de vous obliger à fermer les yeux sur mes écarts de conduite !
LE RENARD. — Après toi, la muselière !…
— Pourquoi ne rentres-tu pas les pieds du veau que nous avons mangé hier ?…
— Je ne le connaissais pas assez pour lui permette de mettre les pieds chez moi !
— Ça y est…
—… Mes oreilles sont frappées !…
LE RENARD. — Part à deux, le rat, mon vieux furet !
LE LOUP. — Dis donc, renard, part à deux, le furet !
L’OURS. — Hé le loup ! … part à deux, le renard !!
Travail sur le fil de fer ou idylle acrobatique.
L’OURS. — Maintenant qu’on coupe forêts et bois… il devient presque indispensable que j’apprenne un métier.
— Oui, j’en ai assez… je viens mettre les pieds dans le plat !
— !!!
— Eh bien ! … Tu es satisfait !
— Allons bon ! voilà les pommes qui tombent…
— Cela va me faire une excellente et économique haltère ! …
— Une queue de souris dans la gibelotte que j’ai chippée au « Cheval Blanc » ! Qu’est-ce que cela veut dire ? …
— Cela veut dire que ce lapin digérait bien mal ! …
— L’OURS. — Enfin, te voilà revenue, ma pauvre femme, je te croyais perdue ?…
— L’OURSE. — J’ai été enlevée par des bohémiens… Vois l’instrument qu’ils m’ont ajusté sur le museau : ça me gêne pour manger.
— L’OURS. — Heureusement que ça ne te gêne pas pour parler !
Étant donné que les hommes vendent 2 fr. 25 cet ours, qui pèse 500 grammes, quel serait le prix de ton père dont le poids est de 90 kilos ? …
LE CHAT. — C’est sans doute pour que je lui trouve un lacet que le garde-chasse a déposé cette bottine devant son pavillon.
LE CHAT. — Le voilà satisfait !
La gymnastique sur les barres parallèles.
LE RENARD. — Visons bien, et le poulet rôti est à moi.
LE LAPIN. — Voilà le loup… je vais avoir bien du mal à passer ! …
LE LOUP. — Il avait raison, le petit… Il a bien du mal à passer !
— Si tu veux…
— À la tienne ! …