Les Tableaux vivants/16

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Les Tableaux vivants (1870)
Éditions Blanche (p. 105-110).

ÉPILOGUE

J’avais dit.

Ma duchesse se leva comme un ouragan. Elle alla se jeter au bord du lit.

— Tes contes m’ont mise en feu. Je ne peux te dire ce que j’en pense. Je brûle, viens !

Comme elle se troussait elle-même, son noble bijou mignon m’apparut sous sa perruque blonde entre ses cuisses écartées. L’affaire ne fut pas longue, mais on pense bien qu’elle fut chaude. En trois tours de reins le plaisir arriva.

La duchesse revint s’asseoir devant le foyer, pensive et la tête dans ses mains. Au bout d’un instant, je l’entendis soupirer :

— Que je voudrais voir un godemichet !

Je ne répondis point. J’allai tout droit à ma redingote, j’en tirai l’objet demandé.

— Le voilà donc ! s’écria-t-elle.

Elle le mit sur la cheminée devant la pendule ; le miroir lui renvoyait l’image de ce merveilleux instrument, qui était énorme ; de cette façon elle le voyait deux fois.

Cependant elle se déshabillait.

Quand elle fut nue, elle prit de la main droite le godemichet, de la main gauche elle saisit mon membre, qui avait retrouvé sa roideur la plus belle.

— Duchesse de mon cœur, lui dis-je, l’artifice par devant, la nature par derrière !…

— Je le veux bien, dit-elle.

Et ma duchesse se mit à genoux sur le sofa. Le temple de Gomorrhe s’ouvrait devant mes yeux ; ma langue enfila d’abord cette mystérieuse avenue ; puis j’y présentai mon membre. J’introduisis en même temps le godemichet par devant.

— Ah ! disait-elle, tu me déchires de toutes parts ! Ce sont de cruelles délices… les délices de l’enfer !…

Elle jouissait comme une damnée.

Une abondante ablution d’eau fraîche calma le feu qui la dévorait après ce terrible exercice. Nous gagnâmes le lit ; elle s’endormit épuisée dans mes bras. L’éclat du soleil, qui pénétrait dans sa chambre malgré les rideaux et les volets bien fermés, troubla bientôt la tranquillité de ce sommeil réparateur. Les rêves enveloppèrent ma duchesse, et quels rêves ! « Blanche le faisait à la marquise, disait-elle tout haut, car les songes lui rapportaient le souvenir d’une des histoires que je lui avais contées. Oh ! les cochonnes !… Blanche, tu le fais bien… Il n’y a qu’une femme pour faire minette à une autre femme…»

Les visions de Lesbos troublaient ma duchesse. Visiblement elle désirait faire l’expérience de ce plaisir inconnu. Je l’en félicitai à son réveil ; je lui répétai ce qu’elle avait dit en songe.

— Tu veux être tribadée ! lui dis-je.

Elle ne s’en défendit que faiblement…

— Et par qui serais-je tribadée ? me répondit-elle ; je ne me connais point d’amies qui aient ces goûts-là…

— Cherchons ! lui dis-je en l’embrassant. Cherchons et nous trouverons. Duchesse de mon âme, n’as-tu point d’abord tes femmes de service ?…

Elle se frappa le front :

— J’ai Fanny ! s’écria-t-elle.

Fanny était une de ses filles de chambre, une fière gaillarde fraîche comme une cerise sauvage qui, uniquement chargée de la toilette de sa maîtresse, ne faisait aucun ouvrage servile et dégoûtant.

Je m’écriai :

— Appelons Fanny !

Ma duchesse sonna :

— Tu feras le marché ! me dit-elle.

Fanny entra.

— Bonjour, friponne, lui dis-je. Combien gagnes-tu par mois pour habiller ta maîtresse ?

— Cent francs, monsieur…

— En veux-tu trois cents ? Lève cette couverture et viens baiser la motte d’or de la duchesse qui t’attend !

— Ah ! dit Fanny, je le faisais pour bien moins à madame la baronne de Mentroshdorff, que je n’aimais point… et j’aime madame la duchesse !…

Elle s’avançait, elle était au bord du lit, quand la duchesse prit la parole :

— Déshabille-toi, ma petite Fanny, fit elle d’une voix faible.

Et Fanny obéit. Elle était brune et robuste, ferme comme une beauté des champs, bien que lascive comme une coquine des villes. Lorsqu’elle fit tomber la chemise, une motte noire nous apparut recouvrant un con vermeil…

Cependant la duchesse se préparait. Elle ouvrait les cuisses et fermait les yeux ; Fanny s’abattit sur elle comme un vautour sur sa proie, et j’entendis le bruit de deux lèvres savantes baisant et suçant, puis un clapotement de langue, puis des soupirs, puis des mots entrecoupés. La duchesse répétait son rêve :

— Comme elle le fait bien ! disait-elle. Il n’y a qu’une femme pour trouver le bon endroit !… Va… ma chère fille… va, ce n’est pas trois cents francs par mois que je te donnerai… c’est cinq cents !… cinq cents !… cinq cents !… Ah ! cochonne !… Ah !…

Cette mignonne duchesse avait, ma foi, déchargé comme un homme… une perle liquide brillait dans les frisons d’or de sa motte. Elle fit coucher Fanny à ses côtés ; elle lui mania les seins, elle se mit à la branler sournoisement.

— Que cette Fanny est appétissante ! disait-elle… Vois, Richard, comme ses tétons sont durs et quelles fesses rebondies ! Si tu voulais la baiser pendant qu’avec le godemichet, elle me baiserait à son tour !…

Ainsi fut fait. Armé du godemichet attaché autour de ses flancs par une ceinture solide, Fanny enfile ma duchesse. La friponne me présente ces deux fesses rebondies que sa maîtresse vantait tout à l’heure. Je passe sous ce beau pont, je vais foutre Fanny en levrette, j’entre, je pousse… Aïe !… Ciel !… Quelle volupté ! Ce con de fille de chambre était comme une râpe ! Cette soubrette avait ce que n’ont point les duchesses, ce que j’avais en vain cherché dans les marquises, le CASSE-NOISETTE. Cela me serre, cela me pince. Et ces pinces et cet étau agissant comme une pompe aspirante et foudroyante sur mon membre surpris, émerveillé… Je jouis, je décharge, je retombe de tout mon poids sur les reins de Fanny, qui s’aplatit sur sa maîtresse. Dans ce mouvement le godemichet s’élance, notre duchesse est percée jusqu’au cœur. Elle crie, nous crions. Des hurlements furieux remplissent la chambre ; la duchesse veut baiser Fanny avec le godemichet à son tour. Elle va, elle pousse, elle trotte, elle galope. Fanny demande grâce.

— Point de grâce ! crie la duchesse.

Et ce sont de nouveaux cris, des plaintes inarticulées, des hoquets suprêmes. Fanny s’évanouit tout net.

C’est alors que ma duchesse, une main posée sur ce corps inerte qu’elle a vaincu, l’autre bras passé autour de mon cou, me dit :

— Richard, j’ai donc trouvé le moyen de concilier l’amour que j’ai pour toi avec ma curiosité du plaisir. Grâce à ce godemichet et à Fanny, je jouirai tant qu’il me plaira et je te resterai fidèle ! Tu dois être content de moi !

— Ravi, charmé, duchesse de mon cœur, mais qui t’a procuré tout ce que tu viens de sentir ? N’est-ce pas la complaisance d’un amant ? Il veut maintenant sa récompense.

— Parle ! dit-elle.

Fanny s’éveillait. Je commandai à ma duchesse de s’étendre sur elle. Leurs cons enflammés se joignaient ainsi et s’embrassaient. Moi, placé derrière la duchesse, je me mis à les pénétrer alternativement l’une et l’autre. Je quittai l’étui de la servante pour enfiler celui de la maîtresse, et je limai ainsi plus d’une heure, tandis qu’elles se baisaient avec rage.

Après quoi je demandai à mes deux jouisseuses d’achever ce service avec leurs bouches. Les voilà toutes deux agenouillées devant moi, léchant tour à tour le dieu Priape ! Elles me pompaient alternativement. Quand vint le moment suprême, elles se disputèrent les dernières gouttes de la liqueur sacrée, et mêlèrent ensuite leurs lèvres barbouillées de mon sperme !