Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/53

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vernement présidentiel, après avoir longtemps contesté ses capacités administratives, venait de leur rendre un hommage éclatant en le nommant préfet de Calca, une province située à cinq lieues de Cuzco. Quinze mille francs d’émoluments se rattachaient à cette place ; mais le nouveau préfet, trouvant ce denier trop mesquin, m’assura qu’à partir de l’année suivante il le porterait à trente mille, en pressurant convenablement ses administrés, Indiens pour la plupart.

Je le quittai, non moins émerveillé de ses plans de tutelle que de ses calculs financiers, l’engageant à me venir voir avant son départ, s’il n’avait rien de mieux à faire.

À trois jours de là et comme j’étais en train d’examiner à la loupe les cristallisations d’une Ficoïde, le préfet de Calca entra dans ma chambre, botté, éperonné, cravache en main, et se laissa choir sur le sofa, où, faute d’espace, j’avais étalé quelques plantes sèches. Je m’élançai trop tard pour saisir le fonctionnaire public par les épaules, lui faire faire volte face et le placer dans un fauteuil.

« Je vous gêne peut-être ? me dit-il.

— Au contraire, répliquai-je, en jetant un regard de regret sur mes plantes pulvérisées.

— Le motif qui m’amène ici, poursuivit le préfet, vous est tout personnel. Avant d’aller m’ensevelir dans ma triste province, j’ai voulu vous présenter à