Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/55

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de cet ordre dans les plaines d’Ayacucho, où, en sa qualité de prêtre et de citoyen, mon ami combattit avec la parole et le glaive pour l’émancipation du Pérou. »

Je restai plongé dans un silence admiratif, m’étonnant autant des noms baroques du chanoine que de la réunion de ses dignités.

Le préfet de Calca était radieux.

« Quand voulez-vous que je vous présente ? me demanda-t-il.

— Mais demain même, si cela ne vous dérange pas. »

Le lendemain, à midi, mon introducteur entrait chez moi et me trouvait prêt à le suivre.

Dans une des ruelles montueuses qui entourent l’église de Santo Domingo, le préfet s’arrêta devant une maisonnette blanche à volets peints en vert, à la porte de laquelle il heurta du pommeau de sa canne. Cette porte s’ouvrit et un Indien quechua, vêtu du costume traditionnel, justaucorps bleu à trois basques flottantes, culotte à canons doublés de rouge, les cheveux tressés et les jambes nues, nous introduisit dans un petit vestibule qui communiquait avec le patio, ou cour d’honneur, par un escalier. Cette cour était disposée en parterre. Une haie de myrtes, bizarrement festonnés, s’élevait à hauteur d’homme, ne laissant apercevoir que les têtes de quelques pavots rouges et de grands tournesols. Au centre de la