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Œuvres complètes d’Hippocrate (trad. Littré)/tome 1/01

La bibliothèque libre.
Traduction par Émile Littré.
Baillière (Tome premierp. 3-26).


CHAPITRE PREMIER.

COUP D’ŒIL SUR LA MÉDECINE AVANT LE TEMPS D’HIPPOCRATE.


Séparateur


Lorsqu’on recherche l’histoire de la médecine et les commencements de la science, le premier corps de doctrine que l’on rencontre, est la collection d’écrits connue sous le nom d’œuvres d’Hippocrate. La science remonte directement à cette origine et s’y arrête. Ce n’est pas qu’elle n’eût été cultivée antérieurement, et qu’elle n’eût donné lieu à des productions même nombreuses ; mais tout ce qui avait été fait avant le médecin de Cos a péri. Il ne nous en reste que des fragments épars et sans coordination ; seuls, les ouvrages hippocratiques ont échappé à la destruction ; et, par une circonstance assez singulière, il existe une grande lacune après eux, comme il en existait une avant eux : les travaux des médecins, d’Hippocrate à l’établissement de l’école d’Alexandrie, ceux de cette école même ont péri complètement, à part des citations et des passages conservés dans des écrivains postérieurs ; de telle sorte que les écrits hippocratiques demeurent isolés au milieu des débris de l’antique littérature médicale. Cet isolement les agrandit encore et leur donne un lustre et un intérêt particuliers ; ils en ressortent davantage aux yeux du spectateur qui contemple les ruines de l’intelligence : comparables aux édifices qui restent seuls debout au milieu des cités anéanties, et qui paraissent d’autant plus grands et plus majestueux que les rues et les places qui les entouraient ont disparu.

Quand même les écrits d’Hippocrate n’auraient pas d’autre avantage que d’occuper la première place dans l’ordre chronologique de la médecine, ils exciteraient la curiosité de l’homme qui veut s’instruire dans l’ancienne science des peuples. Mais bien d’autres mérites appellent notre attention. Ils ont été placés trop près de l’origine des choses, pour ne pas avoir un type qui n’a plus dû se reproduire dans le cours du temps ; ils ont exercé une trop grande influence sur les destinées de la médecine pour ne pas receler des sources de savoir qui ne sont pas encore épuisées ; ils ont été trop étudiés pour ne pas mériter d’être étudiés encore. Moins que jamais, il est permis à la médecine d’oublier son passé ; de s’enfermer exclusivement dans le domaine de l’observation contemporaine ; de sacrifier au présent les expériences qui ont été faites, les enseignements qui ont été donnés, les pensées générales qui ont été disséminées dans les œuvres des génies éminents ; de laisser dans l’obscurité tant de faits pathologiques qui, produits une fois, ne doivent plus peut-être se reproduire ; de négliger tant de points de vue que le cours des choses toujours divers a présentés ; enfin, de renoncer à l’intelligence de la loi qui a présidé au développement intérieur d’une science aussi ancienne et aussi vaste.

L’existence isolée de la collection hippocratique au commencement même de l’histoire de la médecine, a fait croire que cette science ne datait réellement que de l’époque et des travaux d’Hippocrate. C’est une erreur : cette collection a été précédée d’une longue période d’efforts et de recherches qui n’ont point été stériles, et elle a recueilli des héritages dont il n’est pas impossible de retrouver la trace. Il importe donc de montrer qu’Hippocrate, son école et leurs livres sont venus dans des temps d’activité scientifique, et qu’il y avait eu avant eux d’autres écoles et d’autres livres.

Les sources de la médecine grecque dans l’âge qui a été immédiatement antérieur au célèbre médecin, sont au nombre de trois. La première est dans les collèges des prêtres-médecins qui desservaient les temples d’Esculape, et que l’on désignait sous le nom d’Asclépiades ; la seconde, dans les philosophes ou physiologistes qui s’occupaient de l’étude de la nature, et qui avaient fait entrer dans le cadre de leurs recherches l’organisation des corps et l’origine des maladies ; la troisième est dans les gymnases où les chefs de ces établissements avaient donné une grande attention aux effets, sur la santé, des exercices et des aliments. Il faut examiner successivement ces trois éléments du développement médical dans l’ancienne Grèce.

La médecine égyptienne était exercée par des prêtres ; elle appartenait à une certaine fraction de la classe sacerdotale. Il en fut de même dans l’organisation primitive de la Grèce, qui reçut de ses premiers instituteurs, les Égyptiens, un établissement social long-temps marqué du sceau de sa première origine ; et là, comme sur les bords du Nil, les prêtres se chargèrent du soin de la santé des hommes. Des deux côtés l’art s’enferma dans les temples, se communiqua aux initiés, fut caché au vulgaire, et se lia par sa position même à une série d’idées et de pratiques plus ou moins superstitieuses.

Le dieu de la médecine était Esculape, venu, comme tous les dieux de l’Olympe grec, des régions de l’Orient. La mythologie le faisait fils du Soleil. Cette généalogie, sans doute, n’est pas moins symbolique que la personne même du dieu, et Pausanias[1] raconte qu’un Sidonien, qu’il rencontra dans le temple d’Esculape à Ægium, lui dit que ce dieu est la personnification de l’air nécessaire à l’entretien de la santé de tous les êtres, et qu’Apollon, qui représente de son côté le soleil, est dit, avec raison, le père d’Esculape, puisque son cours détermine les différentes saisons et communique à l’atmosphère sa salubrité. Le culte d’Esculape remonte dans la Grèce à une haute antiquité ; ses fils Podalire et Machaon sont comptés, par Homère, parmi les héros qui assiégèrent la ville de Troie ; et c’est à ces deux personnages qu’on attribuait l’introduction du culte d’Esculape dans la Grèce. Les mythologues prétendent que Machaon le porta dans le Péloponèse, et Podalire dans l’Asie-Mineure. Le plus ancien temple passait pour être celui de Titane près de Sicyone, et Xénophon[2] rapporte que, selon un antique usage, des médecins suivaient l’armée lacédémonienne en campagne, et se tenaient auprès du roi sur le champ de bataille. Ces médecins ne pouvaient être que des serviteurs d’un des temples d’Esculape[3] que possédait Lacédémone.

Dès la plus haute antiquité, il se fonda dans la Grèce un grand nombre de ces Asclépions[4] qui s’ouvrirent pour le service du dieu et le service des malades, et qui disséminèrent, avec son culte, la pratique de l’art. Ces temples étaient en même temps des écoles où l’on s’instruisait dans la science médicale, et les plus connus à cet égard, dans les temps qui précédèrent immédiatement Hippocrate, furent ceux de Cyrène, de Rhodes, de Cnide et de Cos. Les écoles de Rhodes et de Cyrène s’éclipsèrent de bonne heure, et il ne reste aucun monument médical que l’on puisse y rapporter. Mais celles de Cos et de Cnide acquirent beaucoup d’illustration, et elles ont joué un grand rôle dans la médecine.

L’école de Cnide doit être nommée d’abord ; car c’est d’elle qu’est sorti le premier livre que nous puissions attribuer avec quelque sûreté aux Asclépiades ; et l’un des plus importants écrits d’Hippocrate est dirigé contre ce livre, intitulé : Sentences cnidiennes[5].

Le plus ancien des Asclépiades cnidiens que l’on connaisse est Euryphon, contemporain d’Hippocrate, mais plus âgé que lui. Regardé comme l’auteur des Sentences cnidiennes, il est cité par Platon le Comique ; ce poète, introduisant Cinésias au sortir d’une pleurésie, le représente maigre comme un squelette ; la poitrine pleine de pus, les jambes comme un roseau, et tout le corps chargé des eschares qu’Euryphon lui avait faites en le brûlant[6]. Cette mention d’Euryphon par un poète contemporain, est la preuve qu’il jouissait alors d’une réputation populaire. Il est encore cité par Rufus, par Cœlius Aurélianus et par Galien[7], qui dit même qu’on lui attribuait quelques-uns des traités compris dans la collection hippocratique[8].

Dès le temps d’Hippocrate il y avait eu deux éditions des Sentences cnidiennes ; ce qui prouve les méditations de l’auteur et le progrès du travail. Le fond du livre avait été conservé, mais il y avait eu des retranchements, des additions et des changements. « Les médecins cnidiens avaient publié, dit Galien, de secondes Sentences cnidiennes, et c’est de ce livre qu’Hippocrate dit qu’il avait un caractère plus médical[9]. » Cet écrit, actuellement perdu, a subsisté long-temps, et Galien l’avait encore sous les yeux. Les Cnidiens divisaient les maladies en un très-grand nombre d’espèces ; ainsi ils admettaient sept maladies de la bile, douze maladies de la vessie, quatre maladies des reins, de plus quatre stranguries, trois tétanos, quatre ictères, trois phthisies ; car ils considéraient les différences des corps, différences variables suivant une foule de circonstances, et ils laissaient de côté la ressemblance des diathèses observée par Hippocrate 3[10].

L’école de Cos n’était pas, à cette époque, élevée au-dessus de sa rivale ; car elle n’avait point encore produit Hippocrate. À part les aïeux de ce médecin que l’on dit avoir pratiqué la médecine dans l’île, on ne rencontre mentionné que le nom d’un médecin de Cos ; il s’appelait Apollonidès. Cet Apollonidès se trouvait à la cour du roi de Perse, Artaxerce Ier. Mégabyze, un des grands seigneurs de cette cour, ayant été grièvement blessé dans un combat, fut sauvé à force de soins par ce médecin[11]. Apollonidès eut une fin tragique ; il lia une intrigue amoureuse avec une princesse persane, sous prétexte de la guérir ; celle-ci, sur le point de mourir, révéla tout à Amistris, sa mère, et mère d’Artaxerce, laquelle, après avoir tourmenté Apollonidès pendant deux mois, le fit enterrer vivant le jour où sa fille expira.

Autant donc que nous en pouvons juger, l’école de Cos entra plus tard que l’école de Cnide dans la carrière des publications. Les malades qui venaient se faire traiter dans les temples avaient l’habitude d’y laisser quelques mots qui exprimaient leur reconnaissance envers le dieu, et qui caractérisaient la maladie dont ils avaient été délivrés. « Le temple d’Épidaure, dit Strabon[12], est toujours plein de malades et de tableaux qui y sont suspendus, et dans lesquels le traitement est consigné. Il en est de même à Cos et à Tricca. » Les prêtres recueillaient ces notes ; du moins nous pouvons le croire pour ceux de Cos ; car les Prénotions Coaques de la collection hippocratique ne sont sans doute qu’un recueil de pareilles notes.

On y voit que l’école de Cos attachait une importance particulière à reconnaître les caractères communs des maladies, c’est-à-dire les symptômes qui annoncent les efforts de la nature, et à distinguer les crises (le mot lui appartient peut-être) et les jours critiques. Telle était la direction où l’école de Cos était placée au moment où Hippocrate y commence son noviciat médical.

Le malade qui venait chercher du soulagement dans les Asclépions était d’abord soumis à quelques préliminaires qui, sous un appareil religieux, l’obligeaient à des jeûnes prolongés, à des purifications, à des ablutions et à des onctions de toutes sortes. Ainsi préparé, il entrait dans le temple, et il y passait la nuit ; c’est ce qu’on appelait l’incubation. Aristophane, dans sa comédie de Plutus, en fait une description très plaisante. Mais pour les malades c’était quelque chose de sérieux. Pendant la nuit le dieu leur apparaissait et leur prescrivait les remèdes nécessaires. Le lendemain le malade racontait sa vision, et était soumis en conséquence au traitement ordonné. Les Asclépions étaient généralement placés dans une contrée saine, dans un site riant ; un bois sacré les entourait toujours, de sorte que toutes les conditions de salubrité et d’agrément s’y rencontraient. Ces bois, du moins pour l’île de Cos, étaient formés d’arbres de haute futaie ; car Turullius, lieutenant d’Antoine, coupa celui de Cos pour en construire une flotte[13].

Les prêtres médecins allaient-ils exercer leur ministère en dehors des temples ? Schulze admet la négative ; mais cet excellent historien de la médecine me paraît n’avoir pas donné autant d’attention qu’il en donne ordinairement aux faits consignés dans les livres : l’exemple d’Hippocrate est décisif dans cette question ; il appartenait, dans le sacerdoce médical, à une famille illustre qui se disait descendue d’Esculape ; nul n’était donc plus que lui lié par tous les usages, par toutes les règles qui dirigeaient la pratique de l’art parmi les prêtres-médecins. Néanmoins il parcourut comme médecin périodeute ou ambulant différentes parties de la Grèce, et il y exerça la médecine ; il ne peut donc y avoir aucun doute sur ce point : les prêtres des Asclépions, qui traitaient les malades dans leurs temples, allaient aussi les traiter au-dehors. Ils ne faisaient, au reste, que ce que faisaient de leur côté les prêtres-médecins de l’Égypte. Hérodote nous montre ces médecins égyptiens établis à la cour du roi de Perse, Darius, fils d’Hystaspe. Il y avait des asclépiades à Rhodes, à Cnide, à Cos ; il y en avait à Athènes ; au milieu de leur temple se trouvait une source thermale. Platon parle souvent des asclépiades athéniens, et il le fait en termes qui prouvent qu’ils s’étaient acquis une réputation d’élégance et de bon goût dans la ville de Minerve[14] En un mot, il y avait des asclépiades partout où un temple d’Esculape avait été fondé. Que faut-il entendre par cette dénomination ? Formaient-ils une famille réelle, ou simplement une corporation qui se recrutait par voie d’initiation ? Il est certain que quelques-uns d’entr’eux, en se donnant ce nom, prétendaient indiquer leur généalogie, et ils se disaient descendants d’Esculape par Podalire ou Machaon. Galien[15] nous apprend que Ctésias, asclépiade de Cnide, était parent d’Hippocrate, et il nous dit ailleurs[16] que, la branche des asclépiades de Rhodes s’étant éteinte, l’école de cette île tomba avec eux. Ces remarques pourraient faire croire à l’existence d’une famille réelle, mais dans le fond il n’en est rien. Il se peut que parmi les prêtres qui desservaient les Asclépions quelques-uns se transmissent en effet de père en fils la science médicale, et, formant ainsi dans le sein de la corporation une vraie famille, prétendissent reporter leur origine aux temps mythologiques. La famille d’Hippocrate était sans doute dans ce cas ; mais c’était une prétention particulière des Nébrides (nom qu’on lui donnait aussi en raison d’un de ses aïeux). Le reste des asclépiades avait été recruté par voie d’association et d’initiation ; on en a une preuve manifeste dans le Protagoras de Platon[17]. Socrate demande à un des interlocuteurs de ce dialogue ce qu’il se proposerait s’il allait étudier la médecine sous Hippocrate de Cos ; l’autre répond que ce serait pour se faire médecin. On devenait donc médecin dans les écoles des asclépiades, sans tenir à aucune famille sacerdotale. D’ailleurs, comment aurait-il pu se faire que le nombre très considérable d’Asclépions répandus dans tous les pays de langue grecque fussent desservis par les membres d’une seule famille ?

Les asclépiades formaient donc une corporation qui, dans un temps reculé, avait eu le privilège exclusif de la pratique médicale, mais qui, vers le temps d’Hippocrate, commençait à le partager avec une foule d’autres concurrents ; il est probable que pendant le long espace de temps où ils existèrent seuls, ils en avaient été fort jaloux, Isidore[18] dit : « Esculape ayant été tué d’un coup de foudre, on rapporte que la médecine fut interdite, l’enseignement en cessa avec son auteur, et elle resta cachée pendant près de 500 ans, jusqu’au temps d’Artaxerce, roi des Perses. Alors elle fut remise en lumière par Hippocrate descendu d’Esculape, et né dans l’île de Cos. ». Schulze[19] donne une explication ingénieuse du récit mythologique où l’on représente Esculape foudroyé pour avoir enseigné la médecine aux hommes, et il pense que les prêtres qui desservaient ces temples exprimaient par ce symbole l’obligation de renfermer la science dans l’enceinte sacrée, et de ne pas la jeter dans les mains profanes du vulgaire.

Ainsi, dans le siècle qui a précédé immédiatement Hippocrate, on peut se faire une idée de l’activité médicale qui régnait dans les Asclépions et parmi les asclépiades : traitement des malades dans les temples et hors des temples ; relation, sur des tablettes, des principaux accidents et des moyens de traitement ; recueil de ces notes ; publication de livres {Sentences cnidiennes) ; et déjà traces d’un double système, l’un qui consistait à noter tous les symptômes, et à en faire presque autant de maladies distinctes ; l’autre qui recherchait ce que les symptômes avaient de commun comme indices de l’état des forces et du cours de la maladie. Mais le temps approchait où rien ne devait empêcher la médecine de sortir du fond des temples, et de prendre un développement plus vaste au milieu d’une société qui, de tous côtés, se précipitait vers la science. En dehors du sacerdoce médical il s’opérait le plus notable des changements, et une science, créée par d’autres mains que les siennes, l’entourait de toutes parts et le débordait. Il s’agit des premiers philosophes grecs et de leurs travaux.

C’est là, en effet, la seconde source de la médecine grecque au temps d’Hippocrate, et immédiatement avant lui. Ces anciens philosophes avaient pris la nature pour objet de leurs études ; et presque tous avaient composé des livres sous ce titre ; tels sont Mélissus, Parménide, Empédocle, Alcméon, Gorgias et bien d’autres[20]. Ces livres ont péri ; il n’en reste que de courts fragments ; néanmoins on peut apprécier les questions qui ont été traitées et les recherches qui ont été entreprises. Les philosophes de cette époque faisaient entrer dans le cercle de leurs spéculations l’organisation des animaux et les maladies qui affligent l’espèce humaine. C’est seulement de leurs travaux dans ce genre qu’il peut être ici question.

La plus importante des écoles philosophiques pour la médecine est celle de la Grande-Grèce. Alcméon, de Crotone, s’était livré à la dissection des animaux. Suivant lui, ce n’est pas le blanc de l’œuf, c’est le jaune qui nourrit le poulet ; ceux qui ont pensé le contraire se sont laissé induire en erreur[21]. Il admet que la santé est maintenue par l’équilibre des qualités, telles que le chaud, l’humide, le sec, le froid, l’amer, le doux ; et la domination d’une de ces qualités engendre la maladie[22]. Sprengel[23] pense que cette théorie ne peut appartenir à Alcméon, attendu que la considération des qualités élémentaires est d’une philosophie postérieure. Or il est certain que plusieurs des philosophes antérieurs à Hippocrate, ou ses contemporains, ont admis ces qualités. Suivant Philolaüs, pythagoricien qui a composé un Traité sur la nature, il est quatre organes principaux : le cerveau, le cœur, l’ombilic et les parties génitales. A la tête appartient l'intelligence, au cœur l’âme sensible, à l’ombilic l’enracinement et la germination, aux parties génitales l’émission de la semence et la génération. Le cerveau est le principe de l’homme, le cœur celui de l’animal, le nombril celui du végétal, les parties génitales celui de toutes choses[24]. Cette opinion est remarquable parce qu’elle admet certains degrés dans la vie des êtres : d’abord l’existence commune à tous, et qui consiste dans la procréation ; ensuite l’existence des plantes ; puis celle des animaux qui se distinguent par une âme sensible ; enfin la vie de l'homme caractérisée par la raison. Tous ces degrés de l’existence vivante sont tellement ordonnés, que le plus élevé contient tout ce qui constitue les degrés inférieurs. Il serait facile de voir dans ce fragment de Philolaüs un germe de la grande idée des anatomistes modernes qui cherchent à démontrer l’uniformité d’un plan dans le règne animal.

A l’école philosophique des Pythagoriciens se rattache l’école médicale de Crotone en Italie. On ne voit nulle part qu’il y ait eu dans cette ville un Asclépion, ni par conséquent des asclépiades. Hérodote, qui, exilé dans la Grande Grèce, composa son histoire à Thurium, dans le voisinage de Crotone, nous apprend que, de son temps, l’école médicale de cette ville était la plus célèbre. Il place au second rang celle de Cyrène, en Afrique, de laquelle nous ne savons rien autre chose, et qui n’a rien produit ou dont il n’est rien resté. À cette époque la réputation des écoles de Cos et de Cnide n’avait pas attiré l’attention de l’historien, et Hérodote n’en dit pas un mot. Les Pythagoriciens avaient eu pendant longtemps leur principal siége à Crotone ; ils s’étaient livrés avec beaucoup de succès à l’étude de la nature, et ils sont probablement les premiers qui aient cultivé l’anatomie en disséquant les animaux ; il n’est pas étonnant qu’il se soit formé parmi eux, et sous l’influence de leurs doctrines, une école médicale qui a jeté un vif éclat. Celle de Crotone est donc tout à fait en-dehors de la médecine sacerdotale des Asclépions, et elle eut à ce titre une grande influence sur le développement de la science. À un autre titre encore elle mérite d’être notée ici : c’est que ses doctrines ont été une source où Hippocrate a puisé abondamment, et que, par lui, elles ont exercé un grand empire dans le monde médical. C’est ce que je ferai voir quand j’aurai montré ce qui, dans la collection hippocratique, appartient réellement à Hippocrate. De l’école de Crotone était sorti le médecin Démocède, qui, pris par les Perses à Samos, guérit Darius d’une entorse dangereuse, et se concilia la faveur de ce prince, inutilement traité par les médecins égyptiens.

Galien[25], qui donne le nom d’école d’Italie à celle qui s’était formée à Crotone et parmi les Pythagoriciens, y comprend les travaux qui sortirent de la Sicile et d’Agrigente.

Empédocle, qui était de cette ville, naquit l’an 504 avant J.-C. Il a joui parmi ses contemporains d’une grande réputation. Il avait écrit un poëme sur la nature, dont il reste un assez grand nombre de fragments, et qui contenait des explications physiologiques sur la formation des animaux. Un autre poëme, intitulé : Discours médical (ἰατρικὸς λόγος), avait été composé par lui. Malheureusement ses écrits n’existent plus. Il se livra aussi à l’étude de l’anatomie ; il découvrit vrit le labyrinthe[26] de l’oreille qu’il regarde comme l’organe essentiel de l’audition. Il attribuait la différence des sexes à la prédominance du froid ou du chaud dans les parents ; la ressemblance des enfants avec l’un ou avec l’autre, à la plus grande quantité de fluide séminal que fournissait le père ou la mère. Suivant lui, la diminution de chaleur produisait le sommeil, l’extinction causait la mort. Il faut remarquer qu’Empédocle connaît déjà les qualités élémentaires, le doux, l’amer, l’acide, le chaud, et qu’il les fait intervenir dans sa physique[27]. Il est cité dans le Traité de l’ancienne médecine. Cette citation manque dans toutes les éditions. Je l’ai restituée, en comblant une lacune de plusieurs lignes, à l’aide d’un manuscrit non consulté.

Au nombre des contemporains d’Empédocle est un médecin nommé Acron, duquel on raconte qu’il chassa une peste d’Athènes, en faisant allumer de grands feux dans cette ville. La même fable a été répétée pour Hippocrate. Les livres d’Acron se sont perdus de très bonne heure. Il paraît qu’il s’était tenu plus que les autres à l’observation pure et simple des phénomènes. C’était peut-être ce qui l’avait mis peu en renom auprès des philosophes, qui aimaient tant à donner et à recevoir des explications. La secte empirique, née long-temps après Hippocrate, a voulu se rattacher à Acron. Suivant Suidas, il avait composé en dialecte dorien un livre sur la nourriture salubre[28].

Une philosophie, dont Anaximène de Milet est l’auteur, place la cause de toutes choses dans l’air. Cette opinion a été soutenue par Diogène, né à Apollonie en Crète. On le dit contemporain d’Anaxagore, par conséquent un peu antérieur à Hippocrate. Cette considération est importante ; car elle détruit des préjugés sur l’état des connaissances anatomiques au temps d’Hippocrate : Diogène avait cultivé l’anatomie, et Aristote nous a conservé un long fragment de son Traité de la nature[29], dans lequel on trouve une description de l’origine et de la distribution des veines. Diogène commence sa description en les suivant par le ventre jusqu’à la colonne vertébrale, et il dit positivement que deux des plus grosses appartiennent au cœur. De là il les conduit par le col jusque dans la tête. Il connaissait en outre les ventricules du cœur ; il plaçait dans le ventricule gauche le principe directeur de l’âme ; l’on peut admettre (je le montrerai dans le chapitre X) que Plutarque a rapporté textuellement ses paroles : il avait donc une certaine notion des artères ; car il appelle ce ventricule artériaque[30]. Un point non moins important des doctrines de Diogène pour l’histoire de la médecine à cette époque, c’est l’influence qu’il attribue à l’air dans sa théorie sur les êtres animés. Suivant lui, c’est l’air qui est la cause de l’intelligence chez l’homme, en se répandant dans le sang par les veines de tout le corps[31], suivant lui encore, il est nécessaire à l’existence de tous les animaux, et les poissons même le respirent avec l’eau ; idée fort juste, et qu’Aristote combat à tort. Toutes ces opinions sur l’air se retrouvent dans le livre hippocratique qui porte le titre des Airs[32].

Anaxagore de Clazomène, qui fut le maître de Périclès, est un philosophe dont les doctrines ont laissé des traces dans la collection hippocratique ; il supposait que le fœtus mâle est toujours du côté droit de la matrice, et le fœtus femelle du côté gauche. Cette opinion a été admise par Hippocrate dans les Aphorismes. Anaxagore plaçait la cause des maladies aiguës dans la bile. Voici ce qu’en dit Aristote[33] : « Anaxagore se trompe en supposant que la bile est la cause des maladies aiguës, et qu’elle se jette, lorsqu’elle est en excès, sur le poumon, les veines et les plèvres. » On voit que la théorie de la bile dans les maladies est antérieure à Hippocrate ; on distinguait même déjà la bile noire de la bile jaune. Il est aisé de prouver par le langage vulgaire combien ces idées étaient répandues, et qu’elles tenaient à une bien vieille médecine. Ainsi le poète Euripide dit : Est-ce que le froid de la bile lui tourmente la poitrine[34] ? La bile noire et la folie qui s’y rattachent sont dans Aristophane[35]. Ces mots étaient donc familiers à l’oreille des auditeurs, et ils appartenaient à des théories tombées dans le domaine public. Il ne faut pas s’étonner que toutes ces théories et tous les termes qui en dépendent se trouvent dans la collection hippocratique.

Démocrite fut le plus savant des Grecs avant Aristote, et universel comme lui. Il avait, ainsi que l’on voit par le catalogue de ses ouvrages, porté son attention sur les points les plus importants. L’anatomie, la physiologie, la diététique, les épidémies, la fièvre, peut-être la rage et les maladies convulsives, tout cela avait été traité par lui. Si nous possédions ses livres, nous nous ferions une idée très exacte de ce que fut la médecine du temps et en dehors d’Hippocrate. Quelques termes médicaux qu’il employait sont venus jusqu’à nous. Le nom d’ulcère phagédénique se trouvait dans ses écrits[36]. Il a reconnu très vaguement, comme Hippocrate, les pulsations des artères ; il les appelait battements des veines[37]. Il avait beaucoup écrit ; et Cicéron[38], le comparant à Héraclite, dit : Héraclite fut très obscur, mais Démocrite ne l’est nullement. Il y en a qui trouvaient à son style quelque chose d’élevé et de poétique comme à celui de Platon ; Sextus Empiricus le compare à la voix de Jupiter ; Aristote donne les plus grands éloges à sa profonde science. Il avait employé des mots qui lui étaient propres, et qui trouvèrent des interprètes dans Hegesianax et Callimachus. Il avait composé différents ouvrages sur la physiologie et la médecine. En voici la liste :

1o De la nature de l’homme ou de la chair, 2 livres ;

2o Des humeurs ;

3o Des pestes ou des maux pestilentiels, 3 livres. La perte de cet ouvrage est très regrettable ; car les anciens ne nous ont laissé que bien peu de choses sur ce sujet, pour lequel nous devons plus aux historiens qu’aux médecins. Démocrite attribuait ces grandes épidémies à une cause singulière, la destruction des corps célestes et la chute des atomes qui les composaient, et qui étaient ennemis de la nature humaine. Cette hypothèse n’a rien de fondé en soi ; mais elle prouve que Démocrite avait conçu dans toute leur importance les grands phénomènes morbides auxquels il avait consacré un ouvrage. On sait que beaucoup de modernes les ont attribués à des mouvements intestins du globe terrestre.

4o Des causes touchant les animaux, 3 livres. Démocrite, dit Ammien Marcellin, 27,4, a examiné avec les anatomistes les entrailles des animaux ouverts, pour enseigner de quelle manière la postérité pourrait remédier aux douleurs internes.

5o Le pronostic ;

6o De la diète, ou le livre diététique, ou la sentence médicale ;

7o Sur la fièvre et sur ceux qui toussent par cause de maladie ;

8o Un livre sur l’Éléphantiasis, et un autre sur les maladies convulsives. Ces ouvrages lui sont attribués par Cœlius Aurelianus.

La revue rapide que je viens de faire du peu que nous savons sur les travaux médicaux des anciens philosophes montre qu’ils se sont occupés de la dissection des animaux, de la recherche des causes des maladies, et qu’ils ont essayé d’importer, dans cette étude, des doctrines correspondantes à celles qu’ils admettaient dans leurs philosophies. Ils ont plus cultivé le côté général que le côté particulier de la médecine. Mais c’est cette invasion même de la philosophie dans tous les arts qui forma le premier fonds de l’esprit scientifique parmi les Grecs ; et puis, il est aisé de voir que les philosophes ne s’étaient pas bornés à de pures théories, et qu’ils avaient porté, aussi loin qu’il était possible alors, le soin de l’observation directe et de la recherche des faits. Leurs écrits avaient déjà popularisé une foule de notions médicales ; et l'on pourrait montrer, le livre d’Hérodote à la main, historien et tout-à-fait étranger à l’art de la médecine, que la nomenclature des maladies existait avant Hippocrate et ses disciples, que lui et eux n’y ont rien innové, et qu’ils se sont servis d’une langue faite par d’autres que par eux.

Le troisième élément de la médecine grecque à cette époque est dans les gymnases et dans les travaux de ceux qui dirigeaient ces établissements. Les Égyptiens avaient défendu la gymnastique de la palestre ; ils pensaient que des exercices quotidiens de ce genre procuraient aux jeunes gens, non pas la santé, mais une force peu durable et qui les laissait très exposés aux maladies[39]. Les Grecs, au contraire, se livrèrent avec passion à la gymnastique. Des établissements étaient ouverts où l’on enseignait les divers exercices. Les hommes qui y étaient préposés agrandirent insensiblement le cercle de leurs connaissances et de leurs pratiques. Ils s’habituèrent à traiter les fractures et les luxations qui survenaient fréquemment dans les palestres. Iccus de Tarente donna une attention particulière au régime alimentaire ; et cette partie, étudiée avec soin, prit un grand développement. On rechercha quels étaient les aliments qui contribuaient le plus à l’acquisition des forces ; on distingua les modifications qu’il fallait apporter dans la nourriture suivant l’âge et la constitution ; on s’habitua à reconnaître les changements qu’amène dans l’apparence extérieure un écart du régime habituel. En un mot, l’état de santé fut l’objet d’une observation minutieuse qui, on peut le dire, ne contribua pas peu à enrichir la médecine grecque et à lui donner le caractère d’unité et de généralité qui la distingue.

Ce n’est pas tout : Herodicus de Selymbria (on ne sait si c’est le même que Herodicus, frère de Gorgias) appliqua la gymnastique au traitement des maladies. Jusque-là cet art n’avait été cultivé que pour former des militaires ou des athlètes. Herodicus, qui était lui-même maître de gymnastique et d’une constitution maladive, entreprit de se fortifier par l’application régulière des exercices. Il faisait faire de très longues courses à ses malades ; par exemple, il les faisait aller d’Athènes à Mégare et revenir sans se reposer. C’était surtout au traitement des maladies chroniques qu'il se consacra. Il paraît que les asclépiades ne traitaient guère que les plaies et les maladies aiguës. C’est du moins ce que dit Platon ; et en reprochant à Herodicus de prolonger la vie des gens valétudinaires et de leur faire ainsi une longue maladie, au lieu de les laisser à la nature qui les délivrerait promptement de leurs maux par la mort[40], il lui adressa un blâme là où nous ne pouvons voir qu’un éloge. Cette application de la gymnastique au traitement des maladies eut une grande influence sur la médecine antique. Beaucoup de malades désertèrent les Asclépions et allèrent se faire soigner dans les gymnases et les médecins grecs prirent l’habitude d’étudier les effets des exercices, de les admettre dans le cercle de leur thérapeutique, et de les prescrire d’une manière conforme à l’art dans une foule de cas.

Telles sont les trois sources (temples d’Esculape, écoles philosophiques et gymnases) qui alimentèrent la médecine dans le courant du 5e siècle avant J.-C. Dès cette époque, on le voit, il existait une masse considérable de notions et de travaux très divers ; travaux et notions qui concouraient pour fournir à la fois l’étude de la maladie dans les Asclépions, l’étude de la santé dans les palestres, et l’esprit de généralisation dans les livres des philosophes. Dans ce concours est tout le fond de la médecine telle qu’elle se développa sous Hippocrate, ses contemporains et ses disciples. Cnide note les symptômes, et y attache tant d’importance que de chacun, pour ainsi dire, elle fait une affection à part ; Cos les examine sous le point de vue particulier des indications qu’ils dorment sur le progrès de la maladie, et sur les efforts de la nature ; Crotone et Agrigente dissèquent les animaux. Les philosophes introduisent dans la médecine les systèmes variés qu’ils se sont faits sur l’ensemble des choses. L’eau, l’air, le feu, la terre, servent à expliquer la composition du corps, comme celle du monde. Les qualités élémentaires prennent place à côté des éléments ; et l’heureux mélange des uns ou des autres constitue la santé. Ces conceptions se lient avec une facilité merveilleuse aux considérations sur l’influence des saisons ; et l’étude de la gymnastique, notant l’action, sur le corps humain, de l’alimentation et des exercices, fournit des données positives qui unissent la santé à la maladie. Ainsi venait à maturité un grand système de médecine où toutes les parties se tiennent par une connexion intérieure, où toute la science de la maladie est comprise dans la considération simultanée des influences générales du monde extérieur, des influences particulières du régime, et des lois qui régissent les efforts et les crises de la nature, système qui est dominé lui-même par les idées générales que les philosophes avaient mises dans le domaine commun. J’ai fait d’avance une esquisse de la doctrine d’Hippocrate ; car son mérite dans la science, la raison du haut rang qu’il y occupe, la cause de la puissance qu’il y a exercée, tout cela est dans la force des anciennes doctrines qu’il embrassa, développa, soutint avec talent, employa avec bonheur et transmit pleines de vie, de force et de profondeur à la postérité. Une illusion, causée par l’éloignement des temps, a fait souvent regarder Hippocrate comme le fondateur de la médecine ; il n’en a été que le continuateur, comme on le voit par ce qui précède, mais un continuateur capable de féconder ce qui existait avant lui. En lisant ses écrits on reconnaît que les doctrines qu’il y expose ne sont point de sa création, et partout on sent qu’il pose le pied sur un terrain ancien et solide.

Cette vieille médecine, plus vieille qu’Hippocrate, s’était donc constituée à la fois par l’empirisme des prêtres-médecins et des gymnastes, et par les doctrines des philosophes qui avaient commencé l’étude de la nature. C’est là ce qui en fit, dans ce temps reculé, la force et l’originalité ; c’est là ce qui, tout en l’attachant à l’expérience et à la réalité, la pénétra de ce souffle scientifique qui porta les Grecs si loin et si haut. Sans doute l’empirisme des Asclépions et la philosophie des sages venaient d’une source commune et sortaient l’un et l’autre de l’antique Orient ; mais ces deux éléments ne s’étaient pas encore rencontrés de la même façon. Sans doute les doctrines primitives des plus anciens philosophes grecs tiraient leur origine des mêmes temples qui avaient donné le modèle de la médecine sacerdotale des asclépiades ; mais en Égypte tout était resté séparé et immobile, en Grèce tout se mêla et devint vivant. Les vieilles doctrines cosmologiques entrèrent dans l’étude empirique des faits et y portèrent le sceau de la recherche scientifique ; les faits à leur tour et l’empirisme entrèrent dans ces doctrines, en déplacèrent incessamment l’horizon, et leur donnèrent peu à peu des assises devenues ainsi inébranlables. L’intervalle où cette métamorphose s’opéra est important non seulement dans l’histoire de la médecine, mais aussi dans l’histoire de l’humanité tout entière ; car, à vrai dire c’est là que le temps antique finit, et que le temps moderne commence ; l’ère de l’antiquité se ferme quand les choses sortent des castes et des temples.

  1. Liv. VII, Achaïe chap. 22, t. 4, p. 192, Ed. de Clavier.
  2. De republ. Laced. cap. 13.
  3. Τοῦ Θεοῦ δοῦλοι, comme les appelle Pausanias.
  4. Ἀσκλεπεῖον, temple d’Esculape.
  5. Αἰ Κνίδιαι γνῶμαι.
  6. Μετὰ ταῦτα δὲ Εὐαγόρου ὁ παῖς ἐκ πλευρίτιδος Κινησίας σκελετὸς, (ἔμπυος ?) καλάμινα σκέλη φορῶν, φθόης προφήτης, ἐσχάρας κεκαυμένος πλείστας ὑπ’ Εὐρυφῶντος. Gal. t. v, p. 322, Basil.
  7. Tom. v, p. 43, Basil.
  8. Οὐδ’ὄσα δοκεῖ μὲν Εὐρυφῶντος εἶναι, φέρεται δὲ ἐν τοῖς Ἱπποκράτους. Gal. t. 16, p. 3, Ed. Kühn.
  9. T. v, p. 38, Basil.
  10. Gal. t. v, p. 39, Basil.
  11. Καὶ μόλις πολλῇ ἐπιμελείᾳ περισώζεται Ἀπολλωνίδου ἰατροῦ τοῦ Κῴου. Ctesias ἑκ τῶν Περσικῶν, p. 11, Ed. Henr. Steph. 1557.
  12. Lib. viii, p. 360, Basil. 1549.
  13. Præfectus M. Antonii, Turullius, cum apud Coos everso Esculapii luco classem fecisset, eodem postea loco a militibus Cæsaris est interfectus. Lact., de Orig. err. lib. 2.
  14. Τοὺς κόμψους Ἀσκληπιάδας. De republ. lib. i. t. 5. p. 108. Ed. Tauchn.
  15. T. v, p. 652, Basil.
  16. T. iv, p. 35, Basil.
  17. T. 2, p. 159, Ed. Tauchn.
  18. De origin., iv, cap. 3.
  19. Historia medicinæ, p. 252.
  20. Τὰ γὰρ τῶν παλαιῶν ἅπαντα περὶ φύσεος ἐπιγέγραπται, τὰ Μελίσσου, τὰ Παρμενίδου, τὰ Ἐμπεδοκλέους, Ἀλκμαίωνός τε καὶ Γοργίου, καὶ Προδίκου, καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων. Gal. t. 1, p. 56. Ed. Basil. Tous ces écrits sont antérieurs à Hippocrate ; quelques-uns, par exemple, ceux, de Mélissus, de Gorgias et de Prodicus, étaient en prose. Je consigne ici cette remarque pour réfuter Sprengel, qui, dans son Apologie d’Hippocrate, dit que ce médecin, élève seulement de la nature, n’avait rien pu apprendre dans une littérature beaucoup trop pauvre. Sprengel se sert de cet argument, qui, comme on voit, n’a point de base, pour discuter l’authenticité de quelques écrits hippocratiques. Avant de donner une date récente aux propositions philosophico-médicales que la collection hippocratique renferme, il faut étudier attentivement les fragments des monuments antérieurs.
  21. Aristote, de la générat, des anim., liv. iii, chap. 2.
  22. Plutarch. Phys. Phil. decret. liv. v, chap. 30. Stobée, discours 99, p. 542.
  23. Histoire de la médecine, t. 1, p. 250.
  24. Theologumena arithmetices 4, p. 22.
  25. T. IV, p. 55, Basil.
  26. Κοχλιώδης χόνδρος. Plut. de plac. phil. liv. 4, chap. 16.
  27. Ὡς γλυκὺ μὲν γλυκὺ μάρπτε, πικρὸν δ’ ἐπὶ πικρὸν ὄρουσεν, Ὀξὺ δ’ ἐπ’ ὀξὺ ἔβη, θερμὸν δ’ ἐποχεύετο θερμῷ
  28. Περὶ τροφῆς ὑγιεινῶν.
  29. Aristote (Histoire des animaux liv. III,) ne dit pas que le fragment de Diogène ait été pris dans le livre de la nature, mais cela résulte d’un passage de Simplicius (Phys. p. 33, Ed. Ald.) qui dit que dans ce livre Diogène a donné une anatomie exacte des veines : ἀνατομὴν ἀχριβῆ τῶν φλεβῶν παραδίδωσιν. Cela ne peut s’entendre que du morceau conservé par Aristote.
  30. Διογένης (τὸ τῆς ψυχῆς ἡγεμονικὸν τίθησιν) ἐν τῇ ἀρτηριακῇ κοιλίᾳ τῆς καρδίας, ἥτις ἐστὶ καὶ πνευματική. Plut. de plac. phil. IV, 5.
  31. Simplicius, Phys. p. 33, Ed. Ald.
  32. Περὶ πνευμάτων.
  33. Des parties des animaux, liv. IV. chap. 2.
  34. Μῶν κρυμὸς αὐτῆς πλευρὰ γυμνάζει χολῆς ; Excerpt. vet. trag. et com. p. 431, Ed. Hugo Grotius.
  35. Μελαγχολῶντ’ άπέπεμψε μου τὸν δεσπότην. Aristoph. Plut. v. 12.
  36. 'Ώσπερ ἐν τοῖς ἕλκεσι φαγέδαιναι κάκιστον νόσημα.
  37. Φλεβοπαλίη. Érotien.
  38. De Divin. 2, 64.
  39. Diod. Sicul., lib. 1, p. 75, Ed. Wechel.
  40. De la républiq., liv. III, p. 406. Éd. Henr. Steph.