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Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Diamant

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DIAMANT

J’ai cru pouvoir avancer et même assurer, quelque temps avant qu’on en eût fait l’épreuve[1], que le diamant était une substance combustible : ma présomption était fondée sur ce qu’il n’y a que les matières inflammables qui donnent une réfraction plus forte que les autres relativement à leur densité respective ; la réfraction de l’eau, du verre et des autres matières transparentes, solides ou liquides, est toujours, et dans toutes, proportionnelle à leur densité, tandis que dans le diamant, les huiles, l’esprit-de-vin et les autres substances solides ou liquides qui sont inflammables ou combustibles, la réfraction est toujours beaucoup plus grande relativement à leur densité. Mon opinion, au sujet de la nature du diamant, quoique fondée sur une analogie aussi démonstrative, a été contredite jusqu’à ce que l’on ait vu le diamant brûler et se consumer en entier au foyer du miroir ardent. La main n’a donc fait ici que confirmer ce que la vue de l’esprit avait aperçu ; et ceux qui ne croient que ce qu’ils voient seront dorénavant convaincus qu’on peut deviner les faits par l’analogie, et que le diamant, comme toutes les autres matières transparentes, solides ou liquides, dont la réfraction est relativement à leur densité plus grande qu’elle ne doit être, sont réellement des substances inflammables ou combustibles.

En considérant ces rapports de la réfraction et de la densité, nous verrons que la réfraction de l’air, qui de toutes est la moindre, ne laisse pas que d’être trop grande relativement à la densité de cet élément, et cet excès ne peut provenir que de la quantité de matière combustible qui s’y trouve mêlée, et à laquelle on a donné dans ces derniers temps la dénomination d’air inflammable ; c’est en effet cette portion de substance inflammable mêlée dans l’air de l’atmosphère qui lui donne cette réfraction plus forte relativement à sa densité : c’est aussi cet air inflammable qui produit souvent dans l’atmosphère des phénomènes de feu. On peut employer cet air inflammable pour rendre nos feux plus actifs, et, quoiqu’il ne réside qu’en très petite quantité dans l’air atmosphérique, cette petite quantité suffit pour que la réfraction en soit plus grande qu’elle ne le serait si l’atmosphère était privée de cette portion de matière combustible.

On a d’abord cru que le diamant, exposé à l’action d’un feu violent, se dissipait et se volatilisait sans souffrir une combustion réelle ; mais des expériences bien faites et très multipliées ont démontré que ce n’est pas en se dispersant ou se volatilisant, mais en brûlant comme toute autre matière inflammable, que le diamant se détruit au feu libre et animé par le contact de l’air[2].

On n’a pas fait sur le rubis, la topaze et le saphir autant d’épreuves que sur les diamants : ces pierres doivent être moins combustibles, puisque leur réfraction est moins forte que celle du diamant, quoique, relativement à leur densité, cette réfraction soit plus grande, comme dans les autres corps inflammables ou combustibles ; et, en effet, on a brûlé le rubis au foyer du miroir ardent : on ne peut guère douter que la topaze et le saphir, qui sont de la même essence, ne soient également combustibles. Ces pierres précieuses sont, comme les diamants, des produits de la terre limoneuse, puisqu’elles ne se trouvent, comme le diamant, que dans les climats chauds, et qu’attendu leur grande densité et leur dureté elles ne peuvent provenir des matières vitreuses, calcaires et métalliques ; que, de plus, elles n’ont de même qu’une simple réfraction trop forte relativement à leur densité, et qu’il faut seulement leur appliquer un feu encore plus violent qu’au diamant pour opérer leur combustion ; car leur force réfractive n’étant que de 15, tandis que celle du diamant est de 30, et leur densité étant plus grande d’environ un septième que celle du diamant, elles doivent contenir proportionnellement moins de parties combustibles, et résister plus longtemps et plus puissamment à l’action du feu, et brûler moins complètement que le diamant qui ne laisse aucun résidu après sa combustion.

On sentira la justesse de ces raisonnements en se souvenant que la puissance réfractive des corps transparents devient d’autant plus grande qu’ils ont plus d’affinité avec la lumière ; et l’on ne doit pas douter que ces corps ne contractent cette plus forte affinité par la plus grande quantité de feu qu’ils contiennent, car ce feu fixe agit sur le feu libre de la lumière et rend la réfraction des substances combustibles d’autant plus forte qu’il réside en plus grande quantité dans ces mêmes substances.

On trouve les diamants dans les contrées les plus chaudes de l’un et l’autre continent ; ils sont également combustibles ; les uns et les autres n’offrent qu’une simple et très forte réfraction : cependant la densité et la dureté du diamant d’Orient surpassent un peu celles du diamant d’Amérique[3]. Sa réfraction paraît aussi plus forte et son éclat plus vif ; il se cristallise en octaèdre, et celui du Brésil en dodécaèdre : ces différences doivent en produire dans leur éclat, et je suis persuadé qu’un œil bien exercé pourrait les distinguer[4].

M. Dufay, savant physicien, de l’Académie des sciences, et mon très digne prédécesseur au Jardin du Roi, ayant fait un grand nombre d’expériences sur des diamants de toutes couleurs, a reconnu que tous n’avaient qu’une simple réfraction à peu près égale ; il a vu que leurs couleurs, quoique produites par une matière métallique, n’étaient pas fixes, mais volatiles, parce que ces couleurs disparaissent en faisant chauffer fortement ces diamants colorés dans une pâte de porcelaine : il s’est aussi assuré sur un grand nombre de diamants que les uns conservaient plus longtemps et rendaient plus vivement que les autres la lumière dont ils s’imbibent, lorsqu’on les expose aux rayons du soleil ou même à la lumière du jour ; ces faits sont certains, mais je me rappelle que, m’ayant communiqué ses observations, il m’assura positivement que les diamants naturels qu’on appelle pointes naïves ou natives, et qui n’ont pas été taillés, sont tous cristallisés en cubes ; je n’imagine pas comment il a pu se tromper sur cela, car personne n’a peut-être manié autant de diamants taillés ou bruts : il avait emprunté les diamants de la couronne et ceux de nos princes pour ses expériences, et, d’après cette assertion de M. Dufay, je doute encore que les diamants de l’ancien continent soient tous octaèdres, et ceux du Brésil tous dodécaèdres ; cette différence de forme n’est probablement pas la seule et semble nous indiquer assez qu’il peut se trouver dans les diamants d’autres formes de cristallisation, dont M. Dufay assurait que la cubique était la plus commune. M. Daubenton, de l’Académie des sciences, et garde du Cabinet du Roi, a bien voulu me communiquer les recherches ingénieuses qu’il a faites sur la structure du diamant : il a reconnu que les huit faces triangulaires du diamant octaèdre brut sont partagées par des arêtes, en sorte que ces faces triangulaires sont convexes à leur surface[5]. Ce savant naturaliste a aussi observé que la précision géométrique de la figure ne se trouve pas plus dans l’octaèdre du diamant que dans les autres cristallisations, et qu’il y a plus de diamants irréguliers que de régulièrement octaèdres, et que non seulement la figure extérieure de la plupart des diamants est sujette à varier, mais qu’il y a aussi des diamants dont la structure intérieure est irrégulière[6].

Les caractères que l’on voudrait tirer des formes de la cristallisation seront donc toujours équivoques, fautifs, et nous devons nous en tenir à ceux de la densité, de la dureté, de l’homogénéité, de la fusibilité et de la combustibilité, qui sont non seulement les vrais caractères, mais même les propriétés essentielles de toute substance, sans négliger néanmoins les qualités accidentelles, comme celles de se cristalliser plus ordinairement sous telle ou telle forme, de s’imbiber de la lumière, de perdre ou d’acquérir la couleur par l’action du feu, etc.

Le diamant, quoique moins dense que le rubis, la topaze et le saphir[7], est néanmoins plus dur ; il agit aussi plus puissamment sur la lumière qu’il reçoit, réfracte et réfléchit beaucoup plus fortement : exposé à la lumière du soleil ou du jour, il s’imbibe de cette lumière et la conserve pendant quelque temps ; il devient aussi lumineux lorsqu’on le chauffe ou qu’on le frotte contre toute autre matière[8] ; il acquiert plus de vertu électrique par le frottement que les autres pierres transparentes ; mais chacune de ces propriétés ou qualités varie du plus au moins, dans les diamants comme dans toutes les autres productions de la nature, dont aucune qualité particulière n’est absolue : il y a des diamants, des rubis, etc., plus durs les uns que les autres ; il s’en trouve de plus ou moins phosphoriques, de plus ou moins électriques, et, quoique le diamant soit la pierre la plus parfaite de toutes, il ne laisse pas d’être sujet, comme les autres, à un grand nombre d’imperfections et même de défauts.

La première de ces imperfections est la couleur ; car, quoique à cause de la rareté on fasse cas des diamants colorés, ils ont tous moins de feu, de dureté, et devraient être d’un moindre prix que les blancs dont l’eau est pure et vive[9] ; ceux néanmoins qui ont une couleur décidée de rose, d’orangé, de jaune, de vert et de bleu, réfléchissent ces couleurs avec plus de vivacité que n’en ont les rubis balais, vermeilles, topazes et saphirs, et sont toujours d’un plus grand prix que ces pierres[10] ; mais ceux dont les couleurs sont brouillées, brunes ou noirâtres, n’ont que peu de valeur : ces diamants de couleur obscure sont sans comparaison plus communs que les autres ; il y en a même de noirs[11] et presque opaques, qui ressemblent au premier coup d’œil à la pyrite martiale[12] : tous ces diamants n’ont de valeur que par la singularité.

Des défauts encore très communs, dans les diamants blancs et colorés, sont les glaces et les points rougeâtres, bruns et noirs ; les glaces proviennent d’un manque de continuité et d’un vide entre les lames dont le diamant est composé, et les points, de quelque couleur qu’ils soient, sont des particules de matière hétérogène qui sont mêlées dans sa substance ; il est difficile de juger des défauts, et encore moins de la beauté des diamants bruts, même après les avoir décroûtés : les Orientaux les examinent à la lumière d’une lampe et prétendent qu’on en juge mieux qu’à celle du jour. La belle eau des diamants consiste dans la netteté de leur transparence et dans la vivacité de la lumière blanche qu’ils renvoient à l’œil ; et dans les diamants bruts, on ne peut connaître cette eau et ce reflet que sur ceux dont les faces extérieures ont été polies par la nature ; et, comme ces diamants à faces polies sont fort rares, il faut en général avoir recours à l’art et les polir pour pouvoir en juger ; lorsque leur eau et leur reflet ne sont pas d’un blanc éclatant et pur et qu’on y aperçoit une nuance de gris ou de bleuâtre, c’est une imperfection qui seule diminue prodigieusement la valeur du diamant, quand même il n’aurait pas d’autres défaut : les Orientaux prétendent encore que ce n’est qu’à l’ombre d’un arbre touffu qu’on peut juger de l’eau des diamants[13] ; enfin ce n’est pas toujours par le volume ou le poids qu’on doit estimer les diamants : il est vrai que les gros sont sans comparaison plus rares et bien plus précieux que les petits ; mais, dans tous, la proportion des dimensions fait plus que le volume, et ils sont d’autant plus chers qu’ils ont plus de hauteur, de fond ou d’épaisseur relativement à leurs dimensions[14].

Pline nous apprend que le diamant était si rare autrefois[15] que son prix excessif ne permettait qu’aux rois les plus puissants d’en avoir : il dit que les anciens se persuadaient qu’il ne s’en trouvait qu’en Éthiopie, mais que de son temps l’on en tirait de l’Inde, de l’Arabie, de la Macédoine et de l’île de Chypre ; néanmoins je dois observer que les habitants de l’île de Chypre, de la Macédoine, de l’Arabie, et même de l’Éthiopie, ne les trouvaient pas dans leur pays, et que ce rapport de Pline ne doit s’entendre que du commerce que ces peuples faisaient dans les Indes orientales, d’où ils tiraient les diamants que l’on portait ensuite en Italie. On doit aussi modifier et même se refuser à croire ce que le naturaliste romain nous dit des vertus sympathiques et antipathiques des diamants, de leur dissolution dans le sang de bouc, et de la propriété qu’ils ont de détruire l’action de l’aimant sur le fer[16].

On employait autrefois les diamants bruts et tels qu’ils sortaient de la terre ; ce n’est que dans le xve siècle qu’on a trouvé en Europe l’art de les tailler, et l’on ne connaissait encore alors que ceux qui nous venaient des Indes orientales : « En 1678, dit un illustre voyageur, il y avait dans le royaume de Golconde vingt mines de diamants ouvertes et quinze dans celui de Visapour ; ils sont très abondants dans ces deux royaumes ; mais les princes qui règnent ne permettent d’ouvrir qu’un certain nombre de mines, et se réservent tous les diamants d’un certain poids ; c’est pour cela qu’ils sont rares, et qu’on en voit très peu de gros. Il y a aussi des diamants dans beaucoup d’autres lieux de l’Inde, et particulièrement dans le royaume de Pégu ; mais le roi se contente des autres pierres précieuses et de diverses productions utiles que fournit son pays, et ne souffre pas qu’on fasse aucune recherche pour y trouver de nouveaux trésors, dans la crainte d’exciter la cupidité de quelque puissance voisine. Dans les royaumes de Golconde et de Visapour, les diamants se trouvent ordinairement épars dans la terre, à une médiocre profondeur, au pied des hautes montagnes, formées en partie par différents lits de roc vif, blanc et très dur ; mais, cependant, dans certaines mines qui dépendent de Golconde, on est obligé de creuser en quelques lieux à la profondeur de quarante ou cinquante brasses, au travers du rocher et d’une sorte de pierre minérale assez semblable à certaines mines de fer, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à une couche de terre dans laquelle se trouvent les diamants : cette terre est rouge comme celle de la plupart des autres mines de diamants ; il y en a cependant quelques-unes dont la terre est jaune ou orangée, et celle de la seule mine de Worthor est noire[17]. » Ce sont là les principaux faits que l’on peut recueillir du Mémoire qui fut présenté, sur la fin du siècle dernier, à la Société royale de Londres par le grand maréchal d’Angleterre, touchant les mines de diamants de l’Inde, qu’il dit avoir vues et examinées.

De tous les autres voyageurs, Tavernier est presque le seul qui nous ait indiqué d’une manière un peu précise les différents lieux où se trouvent les diamants dans l’ancien continent ; il donne aussi le nom de mines de diamants aux endroits dont on les tire, et tous ceux qui ont écrit après lui ont adopté cette expression, tandis que, par leurs propres descriptions, il est évident que non seulement les diamants ne se trouvent pas en mines comme les métaux, mais que même ils ne sont jamais attachés aux rochers comme le sont les cristaux : on en trouve à la vérité dans les fentes plus ou moins étroites de quelques rochers, et quelquefois à d’assez grandes profondeurs, lorsque ces fentes sont remplies de terre limoneuse[18] dans laquelle le diamant se trouve isolé et n’a pas d’autre matrice que cette même terre. Ceux que l’on trouve à cinq journées de Golconde, et à huit ou neuf de Visapour, sont dans des veines de cette terre entre les rochers, et, comme ces veines sont souvent obliques ou tortueuses, les ouvriers sont obligés de casser le rocher afin de suivre la veine dont ils tirent la terre avec un instrument crochu, et c’est en délayant à l’eau cette terre qu’ils en séparent les diamants. On en trouve aussi dans la première couche de la terre de ces mêmes lieux, à très peu de profondeur, et c’est même dans cette couche de terre limoneuse qu’on rencontre les diamants les plus nets et les plus blancs : ceux que l’on tire des fentes des rochers ont souvent des glaces qui ne sont pas des défauts de nature, mais des fêlures qui proviennent des chocs que les ouvriers, avec leurs outils de fer, donnent aux diamants en les recherchant dans ces fentes de rocher[19].

Tavernier cite quelques autres endroits où l’on trouve des diamants : « L’un est situé à sept journées de Golconde, en tirant droit au levant, dans une petite plaine voisine des montagnes et près d’un gros bourg, sur la rivière qui en découle ; on rencontre d’autant plus de diamants qu’on approche de plus près de la montagne, et néanmoins, on n’y en trouve plus aucun dès qu’on monte trop haut ; les diamants se trouvent en ce lieu presqu’à la surface de la terre[20]. » Il dit aussi que le lieu où l’on a le plus anciennement trouvé des diamants est au royaume de Bengale, auprès du bourg de Soonelpour, situé sur la rive de la Gouil, et que c’est dans le limon et les sables de cette rivière que l’on recueille ces pierres précieuses ; on ne fouille ce sable qu’à la profondeur de deux pieds, et néanmoins c’est de cette rivière que viennent les diamants de la plus belle eau ; ils sont assez petits, et il est rare qu’on y en trouve d’un grand volume : il a observé qu’en général les diamants colorés tirent leur teinture du sol qui les produit.

Dans un autre lieu du royaume de Golconde, on a trouvé des diamants en grande quantité ; mais, comme ils étaient tous roux, bruns ou noirs, la recherche en a été négligée, et même défendue : on trouve encore de beaux diamants dans le limon d’une rivière de l’île de Bornéo ; ils ont le même éclat que ceux de la rivière de Gouil, ou des autres qu’on tire de la terre au Bengale et à Golconde[21].

On comptait, en 1678, vingt-trois mines, c’est-à-dire vingt-trois lieux différents d’où l’on tire des diamants au seul royaume de Golconde ; et dans tous, la terre où ils se trouvent est jaunâtre ou rougeâtre comme notre terre limoneuse : les diamants y sont isolés et très rarement groupés deux ou trois ensemble ; ils n’ont point de gangue ou matrice particulière, et sont seulement environnés de cette terre ; il en est de même dans tous les autres lieux où l’on tire des diamants, au Malabar, à Visapour, au Bengale, etc. ; c’est toujours dans les sables des rivières ou dans la première couche du terrain, ainsi que dans les fentes des rochers remplies de terre limoneuse que gisent les diamants, tous isolés et jamais attachés, comme les cristaux, à la surface du rocher ; quelquefois ces veines de terre limoneuse qui remplissent les fentes des rochers descendent à une profondeur de plusieurs toises, comme nous le voyons dans nos rochers calcaires ou même dans ceux de grès, et dans les glaises dont la surface extérieure est couverte de terre végétale : on suit donc ces veines perpendiculaires de terre limoneuse qui produisent des diamants jusqu’à cette profondeur ; et l’on a observé que, dès qu’on trouve l’eau, il n’y a plus de diamants, parce que la veine de terre limoneuse se termine à cette profondeur.

On ne connaissait, jusqu’au commencement de ce siècle, que les diamants qui nous venaient des presqu’îles ou des îles de l’Inde orientale : Golconde, Visapour, Bengale, Pégu, Siam[22], Malabar, Ceylan et Bornéo[23], étaient les seules contrées qui en fournissaient ; mais, en 1728, on en a trouvé dans le sable de deux rivières au Brésil ; ils y sont en si grande quantité, que le gouvernement de Portugal fait garder soigneusement les avenues de ces lieux pour qu’on ne puisse y recueillir de diamants qu’autant que le commerce peut en faire débiter sans diminution de prix[24].

Il est plus que probable que, si l’on faisait des recherches dans les climats les plus chauds de l’Afrique, on y trouverait des diamants comme il s’en trouve dans les climats les plus chauds de l’Asie et de l’Amérique[25] ; quelques relateurs assurent qu’il s’en trouve en Arabie, et même à la Chine ; mais ces faits me semblent très douteux et n’ont été confirmés par aucun de nos voyageurs récents.

Les diamants bruts, quoique bien lavés, n’ont que très peu d’éclat, et ils n’en prennent que par le poli qu’on ne peut leur donner qu’en employant une matière aussi dure, c’est-à-dire de la poudre de diamant : tout autre substance ne fait sur ces pierres aucune impression sensible, et l’art de les tailler est aussi moderne qu’il était difficile[26] ; il y a même des diamants qui, quoique de la même essence que les autres, ne peuvent être polis et taillés que très difficilement : on leur donne le nom de diamants de nature ; leur texture par lames courbes fait qu’ils ne présentent aucun sens dans lequel on puisse les entamer régulièrement[27].


Notes de Buffon
  1. T. II, article de la Lumière, de la Chaleur et du Feu.
  2. J’ai composé, en 1770, le premier volume de mes Suppléments : comme je ne m’occupais pas alors de l’histoire naturelle des pierres, et que je n’avais pas fait de recherches historiques sur cet objet, j’ignorais que, dès le temps de Boyle, on avait fait en Angleterre des expériences sur la combustion du diamant, et qu’ensuite on les avait répétées avec succès en Italie et en Allemagne ; mais MM. Macquer, Darcet et quelques autres savants chimistes, qui doutaient encore du fait, s’en sont convaincus. MM. de Lavoisier, Cadet et Mitouard ont donné sur ce sujet un très bon Mémoire, en 1772, dans lequel on verra que des diamants de toutes couleurs, mis dans un vaisseau parfaitement clos, ne souffrent aucune perte ni diminution de poids, ni par conséquent aucun effet de la combustion, quoique le vaisseau qui les renferme fût exposé à l’action du feu le plus violent (*) : ainsi le diamant ne se décompose ni ne se volatilise en vaisseaux clos, et il faut l’action de l’air libre pour opérer sa combustion.

    (*) Mémoires de MM. Lavoisier et Cadet. Académie des sciences, année 1772.

  3. La pesanteur spécifique du diamant blanc oriental octaèdre est de 35 212 ; celle du diamant oriental couleur de rose, de 35 310 ; et la pesanteur spécifique du diamant dodécaèdre du Brésil n’est que de 34 444. Tables de M. Brisson. — Cette estimation ne s’accorde pas avec celle que M. Ellicot a donnée dans les Transactions philosophiques, année 1745, no 176. La pesanteur spécifique du diamant d’Orient est, selon lui, de 3 517 ; et celle du diamant du Brésil, de 3 513, différence si petite qu’on pouvait la regarder comme nulle ; mais, connaissant l’exactitude de M. Brisson et la précision avec laquelle il fait ses expériences, je crois que nous devons nous en tenir à sa détermination ; cependant on doit croire qu’il y a, tant en Orient qu’au Brésil, des diamants spécifiquement plus pesants les uns que les autres et que, probablement, M. Ellicot aura comparé le poids spécifique d’un des plus pesants du Brésil avec un des moins pesants d’Orient.
  4. Le diamant d’Orient cristallise en octaèdres parfaits, quelquefois tronqués légèrement, soit dans les angles, soit dans leurs bords… Le diamant du Brésil se rapporte beaucoup, par la cristallisation, au grenat dodécaèdre : cette forme semble indiquer que le diamant du Brésil n’est pas combiné aussi parfaitement que celui d’Orient, aussi est-il moins dur, moins pesant, moins parfait. Lettres de M. Demeste, t. Ier, p. 407. — Les diamants orientaux ont plus de dureté, de vivacité et de jeu que ceux du Brésil ; un œil exercé ne s’y méprend presque jamais. (Note communiquée par M. Hoppé, commis d’ambassade de Sa Majesté impériale apostolique, amateur et connaisseur très exercé.)
  5. On aperçoit, sur chacune des huit faces du diamant brut, trois lignes qui sont renflées comme de petites veines, et qui s’étendent chacune depuis l’un des angles du triangle jusqu’au milieu des côtés opposés, ce qui forme six petits triangles dans le grand, en sorte qu’il y a quarante-huit compartiments sur la surface entière du diamant brut, que l’on peut réduire à vingt-quatre, parce que les compartiments qui sont de chaque côté des arêtes du diamant brut ne sont pas séparés l’un de l’autre par une pareille arête, mais simplement par une veine ; ces veines sont les jointures de l’extrémité des lames dont le diamant est composé. Le diamant est en effet formé de lames qui se séparent et s’exfolient par l’action du feu.

    Le fil du diamant est le sens dans lequel il faut le frotter pour le polir ; si on le frottait à contresens, les lames qui sont superposées les unes sur les autres, comme les feuillets d’un livre, se replieraient ou s’égrèneraient, parce qu’elles ne seraient pas frottées dans le sens qu’elles sont couchées les unes sur les autres.

    Pour polir le diamant, il ne suffit pas de suivre le sens des lames superposées les unes sur les autres, en les frottant du haut en bas, mais il faut encore suivre la direction des fibres dont ces mêmes lames sont composées : la direction de ces fibres est parallèle à la base de chaque triangle, en sorte que, lorsqu’on veut polir à la fois deux triangles des quarante-huit dont nous avons parlé, et suivre en même temps le fil du diamant, il faut diriger le frottement en deux sens contraires, et toujours parallèlement à la base de chaque triangle.

    Chaque lame est pliée en deux parties égales pour former une arête de l’octaèdre, et, par la superposition des unes sur les autres, ces lames ne peuvent recevoir le poli que dans le sens où le frottement se fait de haut en bas du triangle, c’est-à-dire en passant successivement d’une lame plus courte à une lame plus longue. (Note communiquée par M. Daubenton.)

  6. Lorsque cette irrégularité est grande, les diamantaires ne peuvent suivre aucune règle pour les polir, et c’est ce qu’ils appellent diamants de nature, qu’ils ne font qu’user et échauffer sans les polir, parce que les lames étant irrégulièrement superposées les unes sur les autres, elles ne présentent aucun sens continu dans lequel on puisse les frotter. — On ne peut juger les diamants que lorsque leurs surfaces sont naturellement brillantes, ou lorsqu’on les a polis par l’art. (Suite de la note communiquée par M. Daubenton.)
  7. La pesanteur spécifique du rubis d’Orient est de 42 833 ; celle de la vermeille est de 42 299 ; celle de la topaze d’Orient, de 40 106 ; celle du saphir d’Orient bleu, de 39 941 ; du saphir blanc, de 39 811 ; et la pesanteur spécifique du diamant oriental n’est que de 25 212.
  8. Si l’on frotte légèrement le diamant dans l’obscurité avec le doigt ou un morceau d’étoffe de laine ou de soie, tout son corps paraît lumineux : bien plus, si, après l’avoir frotté, on le présente à l’œil, il conserve sa lumière pendant quelque temps. Dictionnaire encyclopédique de Chambers, article Diamant,
  9. Les diamants de couleur sont un peu moins durs que les blancs. (Note communiquée par M. Hoppé.)
  10. Les diamants s’imprègnent de toutes les couleurs qui brillent dans les autres pierres précieuses (excepté la violette ou la pourpre), mais ces couleurs sont toujours très claires, c’est-à-dire qu’un diamant rouge est couleur de rose, etc. ; il n’y a que le jaune dont les diamants se chargent assez fortement pour égaler quelquefois et même surpasser une topaze d’Orient.

    C’est la couleur bleue dont le diamant se charge le plus après le jaune ; en général, les diamants colorés purement sont extrêmement rares ; la couleur qu’ils prennent le plus communément est un jaune sale, enfumé ou roussâtre, et alors il diminue beaucoup de leur valeur ; mais, lorsque les couleurs sont franches et nettes, leur prix augmente du double, du triple et souvent même du quadruple.

    Le bleu pur est la couleur la plus rare à rencontrer dans un diamant, car les diamants bleus ont presque toujours un ton d’acier : le roi en possède un de cette couleur d’un volume très considérable ; cette pierre est regardée par les amateurs comme une des productions les plus étonnantes et les plus parfaites de la nature.

    Les diamants rouges, ou plutôt roses, ont rarement de la vivacité et du jeu, ils ont ordinairement un ton savonneux ; les verts sont les plus recherchés des diamants de couleur, parce qu’ils joignent à la rareté et au mérite de la couleur la vivacité et le jeu que n’ont pas toujours les autres diamants colorés. Il y a des diamants très blancs et très purs qui n’ont cependant pas plus de jeu qu’un cristal de roche ; ceux-là viennent ordinairement du Brésil. (Note communiquée par M. Hoppé.)

  11. M. Dutens dit avoir vu un diamant noir dans la collection du prince de Lichtenstein, à Vienne.
  12. Il y a des diamants qui approchent beaucoup des pyrites martiales par leur couleur noire et brillante comme l’acier. Lettres de M. Demeste, t. Ier, p. 409.
  13. Voyez l’article Diamant dans le Dictionnaire encyclopédique de Chambers.
  14. Premièrement, il faut savoir combien pèse le diamant et puis voir s’il est parfait ; si c’est une pierre épaisse, bien carrée et qui ait tous ses coins ; si elle est d’une belle eau blanche et vive, sans points et sans glaces ; si c’est une pierre taillée à facettes et que d’ordinaire on appelle une rose ; il faut prendre garde si la forme est bien ronde ou ovale, si la pierre est de belle étendue, et enfin qu’elle ait la même eau et qu’elle soit sans points et sans glaces, comme j’ai dit de la pierre épaisse. Voyages de Tavernier, t. IV, liv. ii, p. 34 et suiv.
  15. Histoire naturelle, liv. xxxvii, chap. iv.
  16. Idem, ibidem.
  17. Transactions philosophiques, année 1678.
  18. Les hommes fouillent cette terre, les femmes et les enfants la portent dans une place préparée où l’on jette de l’eau par-dessus pour la détremper ; on fait écouler cette eau, ensuite on en jette de la nouvelle jusqu’à ce que toute la terre soit entraînée et qu’il ne reste plus que le sable qu’on laisse sécher et que l’on vanne, comme si c’était du blé, pour faire en aller la poussière : cette terre ou sable étant ainsi vannée, on l’étend avec un râteau pour la rendre unie autant qu’il est possible ; on la bat avec de gros billots ou pilons de bois, puis on l’étend encore, et enfin on se met à un des bords de cette terre et on y cherche le diamant avec la main, en présence de ceux qui sont commis à la garde des ouvriers. Voyages de Tavernier, t. IV, liv. ii, p. 19 et suiv.
  19. C’est ce qui fait qu’on trouve à cette mine quantité de pierres faibles ; car, dès que les mineurs voient une pierre où la glace est un peu grande, ils se mettent à la cliver, c’est-à-dire à la fendre, à quoi ils sont beaucoup plus stylés que nous : ce sont les pierres que nous appelons faibles et qui sont d’une grande montre ; si la pierre est nette, ils ne font que la passer dessus et dessous sur la roue et ne s’amusent point à lui donner de forme, de peur de lui ôter de son poids : que s’il y a quelques petites glaces ou quelques points, ou quelque petit sable noir ou rouge, ils couvrent cela de l’arête de l’une des facettes ; mais il faut remarquer que le marchand aimant mieux un point noir dans une pierre qu’un point rouge, quand il y a un point rouge, on chauffe la pierre et il devient noir. Cette adresse me fut enfin si connue que, lorsque je voyais une partie des pierres qui venaient de la mine et qu’il y avait des facettes à quelques-unes, j’étais assuré qu’il y avait dans la pierre quelque petit point ou quelque petite glace. Voyages de Tavernier, t. IV, liv. ii, p. 2 et suiv.
  20. Il n’y a qu’environ cent ans que cette mine a été découverte, et ce fut par un pauvre homme, qui, bêchant un bout de terre où il voulait semer du millet, trouva une pointe naïve pesant à peu près 25 carats ; cette sorte de pierre lui étant inconnue et lui voyant quelque éclat, il la porta à Golconde, et, par bonheur pour lui, il la porta à une personne qui faisait négoce de diamants. Ce négociant, ayant su du paysan le lieu où il avait trouvé la pierre, fut tout surpris de voir un diamant d’un tel poids, vu qu’auparavant les plus grands que l’on voyait étaient au plus de 10 à 12 carats. Le bruit de cette nouvelle découverte se répandit bientôt dans tout le pays, et quelques-uns du bourg, qui avaient bonne bourse, commencèrent à faire fouiller dans la terre, où ils trouvèrent et où l’on trouve encore de grandes pierres en plus grande quantité que dans aucune autre mine : il se trouve, dis-je, à présent en celle-ci quantité de pierres depuis 10 jusqu’à 40 carats, et même quelquefois de bien plus grandes ; entre autres, le grand diamant qui pesait 90 carats avant que d’être taillé, dont Mirgimola fit présent à Aurang-zeb, comme je l’ai dit ailleurs, avait été tiré de cette mine.

    Mais si cette mine de Couloux est considérable pour la quantité des grandes pierres que l’on y trouve, le mal est que d’ordinaire ces pierres ne sont pas nettes et que leurs eaux tiennent de la qualité du terroir où elles se trouvent ; si ce terroir est marécageux et humide, la pierre tire sur le noir ; s’il est rougeâtre, elle tire sur le rouge, et ainsi des autres endroits, tantôt sur le vert, tantôt sur le jaune, d’autant que du bourg à la montagne il y a diversité de terroirs : sur la plupart de ces pierres, après qu’elles sont taillées, il paraît toujours comme une espèce de graisse qui fait qu’on porte incessamment la main au mouchoir pour l’essuyer. Voyages de Tavernier, t. IV, liv. ii, p. 17 et suiv.

  21. Voyages de Tavernier, t. IV, liv. ii, p. 17 et suiv.
  22. On assura La Loubère que divers particuliers siamois, ayant présenté aux officiers du roi de Siam quelques diamants qu’ils avaient tirés des mines de ce royaume, s’étaient retirés au Pégu dans le chagrin de n’avoir reçu aucune récompense. Histoire générale des voyages, t. IX, p. 308.
  23. Il y a des diamants à Sukkademia, dans l’île de Bornéo. Les diamants que cette ville fournit en abondance, et qui passent pour les meilleurs de l’univers, se pêchent dans la rivière de Lavi, en plongeant comme on fait pour les perles ; on y en trouve dans tous les temps de l’année, mais surtout aux mois de janvier, avril, juillet et octobre : on trouve encore à se procurer des diamants à Benjarmussin dans la même île ; on y en compte de quatre sortes qui sont distinguées par leur eau, que les Indiens appellent verna ; verna ambon est le blanc, verna lond le vert, verna sakkar le jaune et verna bessi une couleur entre le vert et le jaune. Histoire générale des Voyages, t. Ier, p. 563, et t. II, p. 188. — Les plus fins et les meilleurs des diamants viennent en quantité du royaume de Bellagatta ; il s’en trouve bien au Pégu et ailleurs, mais non de tel prix. Voyage de François Pyrard de Laval ; Paris, 1619, t. II, p. 144.
  24. En 1728, on découvrit sur quelques branches de la rivière de Garavelas et à Serro de Frio, dans la province de Minas-Geraes au Brésil, de véritables diamants ; on les prit d’abord pour des cailloux inutiles ; mais, en 1730, ils furent reconnus pour de très beaux diamants, et les Portugais en ramassèrent avec tant de diligence qu’il en vint 1 146 onces par la flotte de Rio-Janeiro : cette abondance en fit baisser le prix considérablement, mais les mesures prises par un ministère attentif les ramenèrent bientôt à leur première valeur… Aujourd’hui, la cour de Portugal jette dans le commerce 60 000 carats de diamants ; c’est un seul négociant qui s’en saisit et qui donne 3 120 000 livres, à raison de 25 livres le carat : si la fraude s’élève à un dixième, comme le pensent tous les gens instruits, ce sera 312 000 livres qu’il faudra ajouter à la somme touchée par le gouvernement… Les diamants du Brésil ne sont pas tirés d’une carrière : il sont la plupart épars dans des rivières dont on détourne plus ou moins souvent le cours…, et on les trouve en plus grand nombre dans la saison des pluies et après de grands orages. Histoire philosophique et politique des deux Indes.
  25. On trouve dans la rivière de Sestos, sur la côte de Malaguette en Afrique, une sorte de cailloux semblables à ceux de Médoc, mais plus durs, plus clairs et d’un plus beau lustre : ils coupent mieux que le diamant et n’ont guère moins d’éclat lorsqu’ils sont bien taillés. Histoire générale des Voyages, t. III, p. 609.
  26. Auparavant qu’on eût jamais pensé de pouvoir tailler les diamants, lassé qu’on était d’avoir essayé plusieurs manières pour en venir à bout, on était contraint de les mettre en œuvre tels qu’on les rencontrait aux Indes ; c’est à savoir, des pointes naïves qui se trouvent au fond des torrents quand les eaux se sont retirées, et dans les sables tout à fait bruts, sans ordre et sans grâce, sinon quelques faces au hasard, irrégulières et mal polies, tels enfin que la nature les produit et qu’ils se voient encore aujourd’hui sur les vieilles châsses et reliquaires de nos églises. Ce fut dans le xve siècle que Louis de Berquen, natif de Bruges, trouva la manière de polir les diamants : d’abord il mit deux diamants sur le ciment, et après les avoir esgruisés l’un contre l’autre, il vit manifestement que par le moyen de la poudre qui en tombait et l’aide du moulin, avec certaines roues de fer qu’il avait inventées, il pourrait venir à bout de les polir parfaitement, même de les tailler en telle manière qu’il voudrait. En effet, il l’exécuta si heureusement depuis, que cette invention, dès sa naissance, eut tout le crédit qu’elle a eu depuis, qui est l’unique que nous ayons aujourd’hui.

    Au même temps, Charles, dernier duc de Bourgogne, à qui on en avait fait récit, lui mit trois gros diamants entre les mains pour les tailler. Il les tailla dès aussitôt, l’un épais, l’autre faible et le troisième en triangle, et il y réussit si bien que le duc, ravi de cette invention, lui donna trois mille ducats de récompense : puis ce prince, comme il les trouvait tout à fait beaux et rares, fit présent de celui qui était faible au pape Sixte IV, et de celui en forme d’un triangle et d’un cœur réduit dans un anneau et tenu de deux mains, pour symbole de foi, au roi Louis XI, duquel il recherchait alors la bonne intelligence ; et quant au troisième qui était de pierre espoisse, il le garda pour soi et le porta toujours au doigt, en sorte qu’il l’y avait encore quand il fut tué devant Nancy, un an après qu’il les eut fait tailler ; savoir, est en l’année 1477. Merveilles des Indes orientales et occidentales, par Robert de Berquen, article Diamant, chap. II, p. 12 et suiv.

  27. On appelle diamants de nature ceux qui sont cristallisés en forme curviligne et presque globuleuse ; leur plus grande dureté se trouve au point d’intersection des lignes circulaires : ces diamants de nature prennent difficilement le poli. Cristallographie de M. Romé de Lisle, t. II, p. 198.