Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4832

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 36-37).

4832. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
8 février.

Non, mes anges, non, jamais monsieur l’ambassadeur Chauvelin ne réussira dans sa négociation auprès du roi Cassandre mon maître. Il veut que Cassandre ignore qui est Olympie. Alors ressemblance avec Zaïre, alors plus de ce mélange heureux et terrible de remords et d’amour, alors le coup de théâtre du mariage est affaibli, etc., etc. Je ne proposerai jamais ce traité au roi mon maître ; il me répondrait qu’on le prendrait pour un imbécile s’il ignorait la naissance de sa captive, tandis qu’un étranger en est informé. Monsieur l’ambassadeur doit savoir qu’il n’en est pas de sa cour comme de la mienne ; que nous serrons nos filles ; que les étrangers les aperçoivent rarement, et que ce n’est qu’en qualité d’ami de la maison qu’Antigone a pu se douter de quelque chose.

N. B. Quiconque lit Cassandre frémit et pleure.

Mais, quand je la lis, je transporte, je fais fondre.

Il faut se donner le plaisir de faire jouer trois pièces nouvelles en trois mois.

Vraiment Mme Scaliger ne borne pas son goût au théâtre ; son vaisseau pour les verres[1] est malheureusement le plus beau vaisseau qui soit en France.

Les Espagnols ne se pressent pas, à ce que je vois. Ah ! quels lambins !

Je baise le bout de vos ailes.

  1. Il est encore question de ce cadeau à Tronchin dans les lettres 4968, 5009, 5034.