Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4985

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 188-189).

4985. — À M. DEBRUS[1].

Je remercie Dieu, qui a rendu la santé au généreux M. Debrus. Je prie encore une fois Mme Calas de rester tranquille ; Mme de Pompadour, toute la cour sera pour elle ; elle sera bien servie. Qu’elle voie seulement ses amis, et surtout M. Héron, premier commis du conseil, et M. Tronchin. Qu’elle ne craigne point les prêtres de Toulouse ; on n’a que faire à présent de sa servante ; on sait assez que cette servante a déposé en faveur de son maître[2]. On n’a besoin de personne. Il ne s’agira que de faire valoir la loi qui ordonne que le témoignage des témoins nécessaires soit reçu en faveur des accusés, quoique ces témoins aient été accusés eux-mêmes.

Il ne tiendra donc qu’à impliquer dans une accusation tous les témoins favorables pour perdre un innocent ! Cela est affreux et absurde.

C’est aux avocats à faire triompher ces raisons, et c’est à Mme Calas, qui a tout le public pour elle, j’ose dire toute l’Europe, à conserver son repos et sa fermeté.

Au dos :29 juillet.

  1. Éditeur, A. Coquerel, d’après la copie de Debrus.
  2. Jeanne Viguier, comme Lavaysse, fut en butte à des obsessions et à des calomnies de toute espèce. On fit courir plus d’une fois le bruit qu’elle avait avoué le meurtre de Marc-Anloine. Longtemps même après l’arrêt définitif de réhabilitation, en 1767, elle fut encore obligée de faire publier une déclaration par laquelle elle persistait dans ses précédents témoignages.

    Au moment où Voltaire écrivit ce billet, elle était éloignée de Mme Calas, qu’on avait inquiétée par de faux rapports au sujet de l’empire que le clergé avait pris sur Jeanne, qui était, comme on le sait, fervente catholique. (Note du premier éditeur.)