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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5379

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 549).

5379. — À M. PALISSOT.
À Ferney, 18 auguste.

Je deviens aveugle tout de bon, monsieur ; me voilà comme le bonhomme Tobie, et je n’espère rien du fiel d’un poisson. Je suis bien aise qu’il n’y ait plus de fiel entre M. de Tressan et vous[1] ; et je voudrais que vous pussiez être l’ami de tous les philosophes : car, au bout du compte, puisque vous pensez comme eux sur bien des choses, pourquoi ne pas être uni avec eux ? Il me semble que nous ne devons avoir que les sots pour ennemis. Je voudrais pouvoir vous voir à Ferney avec les Diderot, les d’Alembert, les Hume, les Jean-Jacques. Nous chanterions tous Mlle Corneille et son grand-oncle ; mais Fréron n’en serait pas.

Sans compliments, et à vous de tout mon cœur.

  1. Tressan avait voulu faire chasser Palissot de l’Académie de Nancy.