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Géographie du territoire de la Corse/5

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V. — Curiosités naturelles.


La Corse est un des pays les plus pittoresques de l’Europe ; outre le nombre infini d’aspects variés qu’elle doit à la mer, aux montagnes, aux forêts, aux lacs, elle présente plusieurs curiosités naturelles fort remarquables.

La grotte de Brando, dans le Cap Corse, se compose d’une vaste galerie de stalactites et de stalagmites aux formes bizarres, et de divers corridors sombres et étroits conduisant à de nouvelles galeries jusqu’ici inexplorées. Cette grotte fut pendant longtemps fréquentée par des bandits, car on y a découvert des armes à feu à l’état de pétrification.

« Les grottes marines de Bonifacio, dit M. Charles Raymond, sont la curiosité naturelle la plus remarquable de la Corse. Comme elles ne sont accessibles que du côté de la


Bonifacio.

mer, il faut louer une barque pour une demi-journée On fera bien de ne les visiter que l’après-midi, si l’on veut jouir de beaux effets de lumière. »

Lorsqu’on est sorti du port, si l’on tourne à gauche en regardant la haute mer, on ne tarde pas à atteindre la grotte de Saint-Antoine. C’est une immense excavation ayant la forme d’un quart de sphère régulier ; l’entrée en est large, et de nombreuses stalactites pendent à la voûte ; le fond, d’une limpidité parfaite, offre de nombreuses différences dans la couleur des eaux.

À l’est de cette grotte, se dresse le Monte Pertusato (montagne percée). Ce promontoire, le plus méridional de l’île, est traversé par une galerie largement éclairée dont les parois sont tapissées de stalactites et de capillaires. Les rochers du fond sont recouverts d’une espèce de mousse violette qui donne à l’eau une coloration étrange.

Si, en sortant du port, on tourne à droite, on trouve, à quelques mètres plus loin, une crique arrondie dans laquelle sont creusées plusieurs cavités assez étroites appelées Le Camere (les chambres). Il y en a une un peu plus large dans laquelle on peut aborder ; le fond, espèce de baignoire communiquant par un étroit goulet avec la mer, est tapissé de mousses vertes, violettes et roses, sorte de mosaïque naturelle du plus bel effet. La voûte et les parois présentent mille découpures bizarres.

Un peu plus à droite se trouve la Dragonale, qui est incontestablement plus belle et plus importante que les grottes précédentes. Quand la mer est calme, on y entre librement et l’on pénètre par un étroit passage dans une vaste salle circulaire et voûtée. Une échancrure naturelle, creusée au faîte de la voûte dessine exactement les contours de l’île de Corse. Il règne dans la salle un demi-jour mystérieux venant de la faible lumière qui passe par cette ouverture ; les eaux, fortement éclairées à l’extérieur, prennent des teintes de plus en plus sombres jusqu’au violet foncé. À droite s’ouvre une profonde excavation. En revenant, on trouve à gauche une chambre élevée à laquelle on monte par des gradins naturels ; c’est une espèce de salon dont le plafond est plat et uni, et où les habitants de Bonifacio font souvent de joyeux repas. Bien que la Dragonale soit moins célèbre que la grotte d’azur de Capri, ses beautés ne le cèdent en rien à celles de sa rivale.

Citons encore, parmi les curiosités naturelles de la Corse : le défilé (scala) de Santa Regina ; les gorges de Vizzavona et d’Evisa ; les prairies du Coscione, et la pittoresque montagne de Cagna.