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Histoire abrégée de l'île Bourbon/Préface

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Anonyme
Imprimerie de Gabriel & Gaston Lahuppe (p. 1-3).

PRÉFACE

Ce petit travail, destiné à la jeunesse du pays, n’a pus le caractère d’une rédaction spéciale ni le mérite d’un recueil de documents inconnus.

Grouper des faits puisés dans les auteurs et les présenter d’une manière succincte, accessible à l’intelligence des élèves, former des divisions qui leur permettent de saisir du même coup d’œil, les phases diverses à travers lesquelles Bourbon s’est développé au double point de vue moral et politique : tel est le but que nous avons essayé d’atteindre.

Aujourd’hui l’histoire de la Réunion n’est plus à composer ; cette œuvre intéressante au premier chef a été accomplie par des historiographes qui semblent s’être disputé l’honneur d’y consacrer leurs talents. D’autres, parfois au prix des plus durs labeurs, les avaient devancés dans cette voie, et nous ont laissé le récit émouvant de leurs excursions et de leurs découvertes. Ils ont suivi, pour ainsi dire, pas à pas cette Colonie naissante ; ils l’ont vue se développer et grandir, ils ont observé ou guidé sa marche politique et sociale pendant l’espace d’un siècle et demi, ils ont constaté les péripéties qu’elle a dû traverser, les revers et les succès qui ont affaibli ou augmenté sa fortune.

Parmi ces hommes qui ont droit au souvenir de la postérité, on trouve, au dix-septième siècle, de Flacourt, Carpeau, Dubois, de Ricou, Legouat, Duquesne ; au dix-huitième, de Feuilly, de Parat, de Labourdonnais, l’abbé de Lacaille, de Lozier, plusieurs prêtres Lazaristes, Legentil, Poivre et l’abbé Davelu.

Mais il était réservé aux écrivains de notre époque de compléter l’œuvre, en classant ces mémoires épars d’après les données officielles, en les assimilant aux actes administratifs, pour former un seul tout. C’est dans la réalisation de ce plan, composé d’éléments les plus disparates, que se sont distingués le vicomte de Rosamel, la comtesse de Drohojowska, Roy, Carayon, Billiard, Crestien, Voïart, le frère Hiéronimo, Azéma, Focard, E. Trouette, Maillard, Lacaze, et Élie Pajot, le plus complet, le plus instructif de tous.

Nous ne saurions omettre l’anonyme des Mélanges, ni l’Album de la Réunion, qui contient l’abrégé de faits contemporains, et dans lequel les historiens à venir pourront puiser d’utiles renseignements.

L’histoire d’un pays s’apprend dans les écoles ; or il faut l’avouer, celle de la Réunion n’est pas enseignée. De tous les auteurs précités, le frère Hiéronimo seul a rédigé un livre classique. La religion, l’ethnographie, l’industrie, la géographie de l’île et des pays circonvoisins y sont convenablement traités, mais l’insertion des actes concernant l’administration civile est insuffisante.

Notre tâche était donc naturellement tracée : il s’agissait de combler une lacune, en mettant à la portée de tous une série de faits qui n’auraient été connus que d’un petit nombre. Voilà pourquoi nous avons emprunté aux uns des citations textuelles, aux autres des idées qui ont dû être modifiées selon notre sujet, mais dont nous leur en laissons le mérite.

La plupart des hommes honorables mentionnés dans cette courte préface travaillent encore au bien-être de l’humanité ; ils voudront bien excuser la liberté que nous avons prise de les citer.

En faisant ressortir le mérite de leurs écrits, nous n’avons eu d’autre dessein que de cultiver dans le cœur des enfants une vertu que l’on aime à retrouver partout, la reconnaissance.