Histoire d’une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne/05

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Calmann Lévy (1p. 97-113).

IV


Les obédiences. — L’abbatiale. — Les bals à l’Abbaye-aux-Bois La société de madame de Rochechouart.



La retraite qui suivait la première communion étant terminée, on assembla le chapitre pour. savoir à quelle obédience chacune des pensionnaires nouvellement admises à la communion serait envoyée. L’usage établi dans l’Abbaye-aux-Bois était de faire remplir par les pensionnaires le service des obédiences[1] qui étaient au nombre de neuf :

L’abbatiale ;
La sacristie ;
Le parloir ;

L’apothicairerie ;
La lingerie ;
La bibliothèque ;
Le réfectoire ;
La cuisine ;
La communauté.


On leur adjoignait toujours un certain nombre de sœurs converses, et elles n’employaient à ce service qu’un nombre d’heures limité. Il ne nuisait point aux arts d’agrément, mais il formait avec eux un parfait contraste, ainsi qu’avec les noms aristocratiques des jeunes filles. On voyait mesdemoiselles de la Roche-Aymon et de Montbarrey accommoder avec soin les piles de serviettes et de draps dans les armoires. Tandis que mesdemoiselles de Chauvigny et de Nantouillet mettaient le couvert, mesdemoiselles de Beaumont et d’Armaillé additionnaient les livres de compte, mademoiselle d’Aiguillon raccommodait une chasuble, mademoiselle de Barbantanne étail de service à la porte. Mademoiselle de Latour-Maubourg sortait le sucre et le café, mesdemoiselles de Talleyrand et de Duras étaient aux ordres de la communauté. Mademoiselle de Vogüé avait un talent partîculier pour la cuisine et mesdemoiselles d’Uzès et de Boulainvilliers surveillaient le balayage des dortoirs sous la direction de madame de Bussy, irrévérencieusement surnommée par les élèves la mère Graillon. Enfin c’est à mesdemoiselles de Saint-Simon et de Talmont qu’on s’adressait pour avoir des ouvriers, et mesdemoiselles d’Harcourt, de Rohan-Guéménée, de Brassac et de Galaar, allumaient les lampes par les ordres de madame de Royaume qu’elles appelaient : la mère des Lumières.

Hélène, après avoir joué Esther en habit brodé de diamants et de perles valant cent mille écus, rentrait revêtir sa petite robe noire et se rendait à l’apothicairerie préparer des tisanes ou des cataplasmes.

Cette éducation peut nous sembler bizarre ; mais, à coup sûr, elle préparait d’excellentes maîtresses de maison et des femmes du monde accomplies.

« Je désirais beaucoup, dit Hélène, qu’on ne nous séparât point et que l’on nous mit ensemble à l’apothicairerie. Point du tout, on me mit à l’abbatiale, mademoiselle de Choiseul fut au dépôt. Mesdemoiselles de Conflans, qui ne savaient faire œuvre de leurs dix doigts, furent mises à la sacristie. Cela nous donna beaucoup d’humeur.

» Cependant, si j’avais eu mademoiselle de Choiseul, je me serais trouvée fort heureuse à l’abbatiale, où madame l’abbesse[2] régnait avec toute la douceur et la justice imaginables. Elle m’avait prise fort en gré, elle trouvait que je remplissais avec intelligence les commissions qu’elle me donnait. J’étais leste, quand elle sonnait j’arrivais toujours la première ; je connaissais ses livres, ses papiers, son ouvrage ; c’était toujours moi qu’elle envoyait chercher ce dont elle avait besoin dans son bureau, dans sa bibliothèque ou dans sa chiffonnière. »

Les compagnes d’Hélène à l’abbatiale étaient agréables, d’après le portrait qu’elle en a laissé.

« Mademoiselle de Châtillon, suraommée Tatillon, quatorze ans, grave, pédante, fort jolie mais un peu forte ;

» Madame d’Avaux, née de Bourbonne, douze ans, elle venait de se marier, fort petite, un joli visage, bête mais bonne enfant ;

» Mademoiselle de Mura, dite la précieuse, dix-huit ans, jolie, belle même, de l’esprit, aimable : mais un peu prétentieuse ;

» Mademoiselle de Lauraguais, très jolie, tranquille, douce, peu d’esprit, se maria dans l’année ; elle épousa le duc d’Aremberg ;

» Mademoiselle de Manicamp, sa sœur, laide, bonne, avec beaucoup d’esprit, violente, emportée. »

« Je m’étais fort liée avec madame de Sainte-Gertrude et madame Saint-Cyprien ; ces deux dames étaient très folles, aimaient à rire et à s’amuser. Mademoiselle de Manicamp contribuait aussi beaucoup aux plaisirs de la société. Madame d’Avaux nous disait de si bonne foi qu’elle haïssait cordialement son mari, que nous en plaisantions sans cesse, et nous nous en moquions franchement toutes les fois qu’il venait la voir ; car, par malheur pour lui, les fenêtres de l’abbatiale donnaient sur la cour, ainsi il ne pouvait éviter nos regards malins.

» Mademoiselle de Mortemart était aussi de service à l’abbatiale et rien que sa présence aurait fait fuir l’ennui et la tristesse. Nous nous moquions des grands airs de madame de Torcy, nous prétendions qu’elle ne s’était faite religieuse que parce qu’elle n’avait trouvé qu’en Jésus-Christ un époux digne d’elle, et encore n’était-elle pas bien sûre de ne pas avoir fait une mésalliance !

» Madame de Romelin, toute hérissée de grec et de latin, nous amusait aussi ; nous l’appelions la fille aînée d’Aristote ; elle ne s’en fâchait point, car elle était bonne.

» Mais notre grand plaisir était d’établir la précieuse Mura au clavecin, alors elle chantait et madame de Sainte-Gertrude, qui était extrêmement gaie et imitait à ravir, se mettait derrière et contrefaisait toutes ses mines.

» Il venait aussi beaucoup de monde pour demander des permissions ou pour parler à madame de Royer ou à madame l’abbesse.

» Cette dissipation pouvait être du goût de beaucoup de gens ; mais, pour moi, je m’ennuyais un pou de l’obédience de l’abbatiale ; je ne sais pourquoi, mais il me semblait que cette manière du faire antichambre avait quelque chose d’humiliant. »

La coutume était à l’Abbaye-aux-Bois, de donner des bals pendant le carnaval une fois la semaine.

« Ce jour-là, dit la jeune princesse, nous quittions nos uniformes et chaque mère parait sa fille de son mieux, nous avions des habits de bal fort élégants. Il venait ce jour-là beaucoup de femmes du monde et surtout de jeunes 403

femmes qui, n’allant pas seules, préféraient ces bals à ceux du monde, parce qu’elles n’étaient pas toujours obligées d’être assises à côté de leurs belles-mères. »

On voit que les jeunes femmes redoutaient | déjà à cette époque la (yrannie d’une belle-mère. Elles avaient, en effet, sur elles un pouvoir plus absolu que leur mère elle-même. Les belles-mères avaient seules le privilège de conduire leurs jeunes belles-filles dans le monde. Peut-être avec raison, comptait-on moins sur leur indulgence que sur celle d’une mère, et le mari préférait-il cette sauvegarde, empêché qu’il était lui-même, par l’usage, de surveiller sa femme ou même de s’en occuper sous peine de ridicule. Nous allons voir que la surveillance des belles-mères n’eût pas été de trop, dans certains cas, pour de jeunes étourdies.

« Un jour, madame de Luynes[3] et madame de la Roche-Aymon[4] étant au bal renvoyèrent leur voiture et se cachèrent dans l’appartement de mademoiselle d’Aumont[5]. Quand le silence fut sonné, elles se mirent à faire un tapage infernal toute la nuit dans le couvent. Elles cassèrent toutes les cruches que ces dames ont à la porte de leur cellule, elles arrêtèrent toutes les religieuses qu’elles rencontrèrent allant à matines, enfin elles firent un carillon infernal.

» Madame l’abbesse ordonna qu’on ne fit aucune insulte à ces dames, mais qu’on ne leur donnât point à manger et qu’on ne les laissât point sortir. Quand il fut onze heures du matin, elles voulurent avoir à manger, mais on refusa de leur rien donner ; alors elles prièrent qu’on leur ouvrit la porte, mais madame de Saint-Jacques qui était première portière leur dit que les clefs étaient chez madame l’abbesse. Alors elles envoyèrent mademoiselle d’Aumont prier madame l’abbesse de leur faire ouvrir la porte. Madame l’abbesse leur fit dire qu’elles étaient restées sans sa permission et qu’elles ne sortiraient que quand leurs familles les demanderaient ; elles furent au désespoir. Madame de Rochechouart leur fit dire de son côté qu’elles prissent garde de se trouver sur le passage des pensionnaires quand elles iraient ou reviendraient de la messe et du réfectoire, parce qu’elle ne pouvait pas répondre qu’elles ne fussent insultées. La vérité est que nous désirions beaucoup les huer et nous bien moquer d’elles, nous voulions même leur jeter de l’eau.

» Cependant on attendait madame de la Roche-Aymon pour diner chez son oncle, le cardinal de la Roche-Aymon ; madame la duchesse de Chevreuse attendait d’un autre côté madame la duchesse de Luynes sa belle-fille : leurs gens dirent qu’elles étaient restées à l’Abbaye-aux-Bois. On leur envoya donc dire qu’on les attendait, mais madame l’abbesse écrivit à madame de Chevreuse et au cardinal que mesdames de Luynes et de la Roche-Aymon n’avaient pas la tête bien saine, qu’ainsi elle ne voulait les remettre qu’entre les mains de leurs parents. Madame de Chevreuse inquiète vint de suite à l’Abbaye, où elle lava la tête d’importance à sa belle-fille ; on lui rendit les deux prisonnières qui furent fort fâchées de cette aventure.

» Mademoiselle d’Aumont s’excusa en disant qu’elle avait ignoré que ces dames fussent cachées dans sa chambre, mais il y a apparence qu’elle était du complot.

» Il arriva une grande histoire à un autre bal. Mademoiselle de Chevreuse trouva un billet où il y avait un rendez-vous adressé à madame la vicomtesse de Laval qui était venue au bal et qui l’avait laissé Lomber. Il y avait sur ce billet : « Vous êtes adorable, ma chère vicomtesse, comptez sur ma discrétion et ma fidélité. Demain à la même heure et dans la même maison. » Dès que mademoiselle de Chevreuse eût trouvé ce billet, elle le lut et le mit dans sa poche ; après le bal, elle le montra à toute la classe rouge. Nous nous sommes bien imaginées que c’était un monsieur qui lui écrivait comme cela. Les maîtresses, l’ayant su, voulurent l’avoir et nous croyons qu’il a été rendu à madame de Laval, puisqu’elle n’est pas revenue au couvent à nos bals de carnaval. »

On fit grand bruit à Paris d’un refus qu’essuya madame de Laval deux ans après. On lit dans Bachaumont que madame de Laval s’est présentée pour être reçue dame pour accompagner Madame, Cette place lui avait été comme promise, elle ne put l’obtenir parce qu’elle était fille de M. de Boulogne, ancien trésorier de l’extraordinaire des guerres et par conséquent n’était pas de qualité. M. de Laval, son beau-père, premier gentilhomme de Monsieur, donna sa démission. Toute la famille de Montmorency jeta les hauts cris. Madame de Laval était fille de M. de Boulogne, fermier général. D’après l’anecdote racontée par la jeune princesse, et d’après certain récit des Mémoires de Lauzun, le motif allégué pouvait bien n’être qu’un prétexte pour ne pas placer une personne aussi inconsidérée auprès de Madame.


la sacristie


« Au bout de trois mois de service à l’abbatiale, je fus mise à la sacristie, où la société était fort amusante. Quant à l’emploi, il ne me convenait pas du tout, car j’ai toujours eu une aversion incroyable pour l’ouvrage. Il y avait alors à cette obédience des personnes fort aimables, entre autres mademoiselle de Broye et mademoiselle de Paroi, avec qui j’étais fort liée et mademoiselle de Durfort qui était gaie et fort bonne camarade. Mademoiselle de Paroi était jolie, bien faite et jouait de la harpe comme un ange, elle avait douze ans. Mademoiselle de Broye, un peu plus âgée, était assez jolie et pétrie d’esprit.

» On peut bien dire que la sacristie était le répertoire de toutes les histoires et de toutes les nouvelles, tout le monde y abondait toute la sainte journée : avait-on à se chagriner, à se réjouir, à se raconter quelques événements, c’était toujours là.

» Les deux sacristines étaient madame de Granville et madame de Tinel ; madame de Granville voulait m’apprendre à broder, car elle brodait dans une perfection incroyable, jamais elle ne put y réussir. Je ne travaillais donc pas, et mon emploi était de plier les ornements, de les nettoyer et d’aider madame de Saint-Philippe à arranger l’église.

» Tous les soirs, il y avait au moins vingt personnes qui venaient pour raconter ce qui s’était passé dans les coins de la maison, mais je ne restais pas là, car j’allais pour lors chez madame de Rochechouart, où je trouvais toujours madame de Choiseul, mesdemoiselles de Conflans, madame de Sainte-Delphine, madame de Saint-Sulpice, madame de Saint-Édouard et tout ce qu’il y avait de mieux. Madame de Sainte-Delphine, sœur de madame de Rochechouart, était ordinairement allongée avec une chaise sous ses pieds, faisant des commencements de bourse : elle n’en a jamais fini une. Je me divertissais fort à l’écouter, car elle était drôle, et, quoique l’esprit de madame de Rochechouart fût plus apparent et plus saillant et celui de madame de Sainte-Delphine souvent endormi comme sa personne, quand il se réveillait il était fort agréable. Au reste, il est connu que l’esprit est héréditaire dans la maison de Mortemart. Madame de Sainte-Delphine était une des plus jolies personnes que l’on pût voir, elle avait vingt-six ans, grande, les cheveux d’un beau blond, de grands yeux bleus, les plus belles dents du monde, des traits charmants, une belle taille, l’air noble. Elle avait fort mal à la poitrine, elle était d’un caractère indolent et entièrement dominée par sa sœur.

» Madame de Saint-Sulpice était jolie, gaie et aimable. Madame de Saint-Édouard jolie, aimable et fort romanesque. On parlait fort à son aise et, quelque chose que l’on dit, je n’ai jamais vu madame de Rochechouart mettre du feu à combattre une opinion. Tout au plus jetait-elle du ridicule, chose qu’elle faisait mieux que personne et à quoi on avait peine à faire tête. On y lisait les ouvrages nouveaux qui pouvaient être lus par nous sans inconvénient. On causait de tout ce qui se passait dans Paris, car ces dames passaient leur vie au parloir où elles recevaient la meilleure compagnie, et, ces demoiselles sortant beaucoup, on savait tout.

» Rarement on disait du mal du prochain et d’une manière bien moins précise chez madame de Rochechouart que dans toutes les autres sociétés de la maison. Cependant c’était la société qu’on craignait le plus, car l’on savait que tout ce qui y était avait de l’esprit et était supérieur au reste ; ainsi on la regardait comme un tribunal et on craignait d’y passer. Quand je revenais à la sacristie en sortant de chez madame de Rochechouart, madame Saint-Mathieu et madame Sainte-Ursule me disaient : « Eh bien, qu’est-ce que les merveilleuses ont dit de nous ? — Rien, Madame, » disais-je de bonne foi, « on n’en a point parlé. » Alors c’était des étonnements sans fin, car elles coulaient à fond tous les jours toute la maison sans se lasser.

» Je puis dire que madame de Rochechouart, sa sœur, madame de Saint-Sulpice et plusieurs autres dames de cette société avaient une indifférence qui allait jusqu’au mépris pour tout ce qui ne les intéressait pas particulièrement, elles étaient toujours les dernières à savoir les événements du couvent.

» Il me semblait que madame de Rochechouart et sa sœur avaient une manière à elles et un ton que nous prenions toutes, je dis celles qu’elle faisait venir chez elle. Les femmes du monde étaient émerveillées de la manière dont nous nous exprimions. Mademoiselle de Conflans surtout ne disait rien comme les autres, et il y avait du trait dans ses moindres paroles. »

La société de madame de Rochechouart et les conseils plein de tact et de finesse qu’elle donnait à ses jeunes filles, les préparaient merveilleusement au rôle qu’elles étaient destinées à jouer dans le grand monde. À notre époque de sans gêne et d’égalité, nous n’avons pas la plus légère idée de ce qu’était autrefois le bon ton et le bel usage, ni de l’importance qu’on attachait à toutes les nuances de la politesse. « La politesse, le goût, le ton, étaient une espèce de dépôt que chacun gardait avec soin, comme s’il n’eût été confié qu’à lui. Les femmes surtout étaient les premiers soutiens de ces bases de l’agrément de la société[6]. »

« Je noubliera jamais ce qui m’arriva un jour avec madame de Rochechouart ; elle m’avait dit de venir dans sa cellule le soir, jy fus donc ; je la trouvai entourée de papiers et occupée à écrire ; cela ne m’étonna pas, car c’était sa coutume, mais ce qui me frappa, ce fut de la voir déconcertée, rougir prodigieusement à mon arrivée. Elle me dit de prendre un livre et de m’asseoir.

» Je me mis donc à faire semblant de lire et à l’observer ; elle écrivait avec une agitation extrême, se frottait le front, soupirait, regardait autour d’elle avec des yeux fixes et distraits comme si ses pensées eussent été à cent lieues d’elle.

» Il lui arrivait souvent d’écrire comme cela trois heures de suite ; au moindre bruit, elle faisait un sursaut qui prouvait sa préoccupation et elle avait une espèce de colère d’avoir été troublée. Ce jour-là, je vis si distinctement les larmes arriver dans ses yeux que je fis la réflexion qu’elle n’était peut-être point heureuse. Tout en réfléchissant, je la regardais ; elle avait un papier devant elle, sa plume à la main, la bouche entr’ouverte, les yeux fixes vis-à-vis d’elle et ses larmes coulaient. J’en fus si profondément affectée que mes yeux se mouillèrent et que je ne pus m’empêcher de pousser un profond soupir ; cela réveilla madame de Rochechouart, elle leva les yeux sur moi, et, me voyant en pleurs, elle comprit tout de suite que j’avais remarqué l’anxiété où elle était. Elle me tendit la main d’une manière fort expressive et lort touchante : « Mon cœur, qu’avez-vous ? » me dit-elle. Je baisai sa main et je fondis en larmes ; elle me questionna encore ; je lui avouai que l’agitation extrême où je l’avais vue m’avait fait naître l’idée qu’elle souffrait de quelque peine et que cela m’avait attendri à ce point-là. Alors, elle me serra dans ses bras et garda un moment le silence comme quelqu’un qui réfléchit à ce qu’il va dire, puis elle me dit : « Je suis née avec une imagination très vive et pour l’occuper je jette sur le papier tout ce qu’elle produit ; de là vient l’agitation avec laquelle vous me voyez écrire pendant plusieurs heures. Comme, dans le nombre de mes idées, il s’en trouve de sombres et de tristes, elles m’affectent quelquefois assez vivement pour me faire verser des larmes ; la solitude, la vie contemplative entretiennent en moi ce penchant à me livrer à mon imagination. » Le souper sonnait que nous parlions encore. Nous nous séparâmes à regret ; depuis ce temps, la tendresse de madame de Rochechouart pour moi redoubla encore, et rien n’égalait le tendre intérêt qu’elle m’inspirait. »

    et neveu du cardinal de la Roche-Aymon, premier aumônier du roi Louis XV et archevêque de Reims.

  1. Obédience, emploi particulier qu’une religieuse a dans son couvent
  2. Marie-Magdeleine de Chabrillan. Elle avait été d’abord religieuse à l’abbaye de Chelles, puis abbesse du Parc-aux-Dames, enfin abbesse de l’abbaye royale de Notre-Dame-aux-Bois, où elle avait succédé à madame de Richelieu, sœur du célèbre maréchal.
  3. Guyonne de Monimorency-Laval. Elle avait épousé le duc de Chevreuse en 1765 et devint duchesse de Luynes après la mort de son beau-père en 1774. Leur hôtel était rue Saint-Dominique. Elle fut nommée dame du palais de la reine Marie-Antoinette en 1775.
  4. La marquise de la Roche-Aymon fut nommée en 1776 dame pour accompagner la reine. Son mart était maréchal de camp.
  5. Mademoiselle d’Aumont était fille du duc d’Aumont, premier écuyer du roi. L’hôtel d’Aumont était rue de Jouy. On admirait les plafonds peints par Lebrun, l’escalier et l’ordonnaace des bâtiments du côté des jardins.
  6. Les Femmes, par le vicomte de Ségur (t.{{lié}II, Règne de Louis XV).