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Histoire des églises et des chapelles de Lyon/II/09

La bibliothèque libre.
H. Lardanchet (vol. IIp. 307-348).
Procession des Rogations à la Chana (d’après une ancienne gravure).

CHAPITRE IX

LA CHANA ET SAINT-ÉLOI. — PÉNITENTS DE LA MISÉRICORDE. — SŒURS SAINT-JOSEPH DE CLUNY. — LA DÉSERTE. — NOTRE-DAME DES MISSIONS. — LA PROVIDENCE. — NOTRE-DAME-DE-CHARITÉ DITE REFUGE SAINT-MICHEL. — SAINTE-MARTHE. — ANNONCIADES. MAISON DE LA PROPAGATION DE LA FOI. — CAMILLIENS. — FRANCISCAINES DE CALAIS. — SAINT-MAURICE DE MONPLAISIR. NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION. — SAINT-ALBAN. — GRANDS-CAPUCINS ET CAPUCINS DU PETIT FOREST. — LE SAINT-ENFANT-JÉSUS — L’ESPÉRANCE ET BETHLÉEM


C es confréries de pénitents sont étudiées dans ce chapitre d’après des documents inédits tirés des archives. Plusieurs des églises paroissiales dont il sera question : Monplaisir, Notre-Dame de l’Assomption sont d’origine récente, mais les communautés sont en général beaucoup plus anciennes, telles : la Déserte, les Annonciades et les Capucins. On fera un rapprochement curieux avec les communautés modernes comme : Saint-Joseph de Cluny, Notre-Dame des Missions, l’Espérance et Bethléem.

LA CHANA ET SAINT-ÉLOI

Hôpital de la Chana en 1550 (d’après le plan scénographique).

La Chana, située près de la montée de ce nom, fut d’abord un monastère où on recueillait les filles pénitentes ; il existait déjà aux environs de l’an mil et dura jusqu’en 1377. À ce premier couvent en succéda un autre appartenant aux religieuses Bénédictines, monastère qui périclita au point que le cardinal de Boui’bon, archevêque de Lyon, fut obligé de le supprimer en 1482. Dans la suite, fut fondé en ce lieu un hôpital qui ne devait prendre fin qu’en 1846. Au xvie siècle, celui-ci était malheureusement si mal tenu que de toute part s’élevaient des plaintes. Plus tard, la Chana fut donnée à l’Aumône générale que nous appelons aujourd’hui la Charité. On y mit des enfants rachitiques. « Ceux-ci, dit un ancien document, sont nourris, entretenus, chauffés et vêtus à la discrétion des dits recteurs et instruits par leur maître d’école. Ce dernier est tenu d’apprendre et enseigner les pauvres orphelins à lire, écrire, et toutes les autres bonnes mœurs qu’on peut et doit enseigner aux jeunes enfants, et il se doit trouver chaque dimanche après dîner au bureau pour avertir messieurs les recteurs des enfants qui sont d’âge et prêts pour mettre en service. »

Lorsque Saint-Paul céda la Chana, rien n’était préparé pour les enfants. « En effet, dit M. Drivon, le rez-de-chaussée de l’hôpital, peu considérable cependant, leur servait à la fois de réfectoire, de dortoir, de salle d’étude et de récréation ; il servait encore — une note nous renseigne à cet égard — d’étendage pour le linge. La cuisine et le logement du magister et de sa femme s’y trouvaient aussi, et dans cet espace restreint et à multiples attributions devaient vivre environ quarante enfants. À leur entrée, il semble que le local était vide ; l’Aumône générale n’avait aucune ressource assurée et ne pouvait compter que sur le produit des quêtes, il fallut cependant tout acheter, aussi bien les ustensiles de cuisine que la literie, les chaussures et les vêtements. »

Quelle était l’occupation des enfants ? M. Drivon va nous l’apprendre : « On les fait
La Chana au xviiie siècle (d’après une gravure du temps).

certainement étudier, car on trouve mention d’achat de plumes, encres, heures, etc., mais le magister est si souvent accusé de négliger son devoir qu’on peut supposer qu’il n’y a pas de surmenage. Bien plus tard, seulement, on installera des ateliers. En attendant, les dimanches et jours de fête on les distribue, deux par deux, dans chaque église, pour se tenir auprès des troncs de l’aumône ou des bassins des quêteurs afin d’exciter la charité. Comme distraction, ils ont encore l’assistance aux enterrements. Dès qu’ils ont l’âge et la force suffisante, on les met en apprentissage. »

Saint-Éloi, en 1550 (d’après le plan scénographique).

La chapelle Saint-Éloi se trouvait paroisse Saint-Paul, sur la place de l’ancienne Douane. Elle a disparu depuis longtemps, et tout ce quartier lui-même a été, il y a quelques années, complètement remanié. La chapelle était fréquentée surtout par des étrangers qui habitaient cette région, en particulier des Suisses et des Italiens. Tout proche de là, en effet, se trouvait la Douane, curieuse institution sur laquelle MM. Girau et Duplain vont nous renseigner. « Le nom de l’Ancienne-Douane ne présente à l’esprit de la plupart des Lyonnais que l’image de notre petite place irrégulière, entourée de vieilles maisons et placée au centre d’un dédale de ruelles étroites et malpropres. La Douane joua un grand rôle dans le passé de notre cité. Elle était une institution à peu près unique en France et n’avait de similaire que la douane de Valence, bien moins importante. On en connaît l’histoire depuis l’édit de François Ier de 1540 jusqu’au décret de 1790 qui la supprima. Des édits successifs des rois de France obligèrent de faire passer à Lyon et de soumettre à la douane les marchandises transportées sur le territoire français. Aussi les droits de la Douane de Lyon, vers le milieu du xviiie siècle, rapportaient, par an, près de 1.200.000 livres au trésor public. Seuls les Suisses et les Allemands des villes libres impériales, par le traité de paix de Fribourg, avaient été exonérés de ce tribut. Ce privilège attira de nombreux Suisses à Lyon, et leur souvenir s’y est conservé avec les noms des rues de l’Arbalète et des Treize-Cantons. Là, étaient situés, au centre du quartier commerçant, leurs comptoirs et leurs demeures. Pernetti ne compte pas moins de soixante-cinq familles suisses établies à Lyon, depuis 1543 jusqu’au xviiie siècle. L’hôtel de la Douane occupait les maisons situées au fond de la place et qui, avant les dernières démolitions, portaient les numéros 3 et 4. »

PÉNITENTS DE LA MISÉRICORDE

Il reste peu de documents sur les confréries de Pénitents lyonnais qui s’employaient à des travaux de charité. Mais la société des Pénitents de la Miséricorde, dont nous sommes plus instruits et qui fut une des plus puissantes, peut donner une juste idée des autres dont elle se présente comme le résumé.

L’état des prisonniers et des criminels pauvres de Lyon était, au xviie siècle, digne de pitié. Un projet de supplique au pape, conçu par les premières personnes qui s’appliquèrent au soulagement de cette détresse, montre tout le bien qu’une confrérie pouvait espérer. « Il faut, écrivent les rédacteurs de cette pièce, exposer en la supplique qu’on enverra à Sa Sainteté, que les pauvres prisonniers qui sont confinés en grand nombre dans diverses prisons, souffrent de grandes misères et nécessités, soit pour n’être pas nourris d’aliments ou pour n’avoir aucun linge pour blanchir et nettoyer, comme encore pour n’avoir pas seulement de paillasse à se coucher, et de plus, que les pauvres criminels qui étaient condamnés à la roue, n’étaient assistés que d’un seul religieux confesseur qui avait grand’peine à pouvoir satisfaire à ce devoir charitable d’ailleurs, qu’après l’exécution et mort des condamnés, leurs corps étaient délaissés, abandonnés et enterrés par l’exécuteur de justice en lieux profanes et publics où se faisaient mille saletés et avanies ; même qu’il était arrivé que des corps avaient été déterrés et mangés par les chiens. Nous avons établi à Lyon la confrérie de la Miséricorde à l’honneur de Dieu et de la bienheureuse Vierge sous les vocable et protection du bienheureux Jean-Baptiste ». Il avait manqué jusque-là plusieurs choses à la canonicité de l’établissement : les règles n’étaient pas assez nettes pour qu’où pût les observer en commun. La suite de ce texte précieux montre qu’on vint enfin à bout de cette difficulté ; c’est pourquoi nous le citons à défaut des statuts primitifs qui ont été perdus, mais qu’ils reproduisent sans doute du moins quant à la substance. On ne possède pas la réponse que fit le pape Urbain VIII à la supplique : on sait toutefois par une délibération plus récente de la compagnie qu’elle fut très favorable et que Sa Sainteté accorda aux pénitents les privilèges et indulgences demandés, avec des encouragements paternels. Voici la suite du document en question : « Pour cet effet, nous avons fait bâtir et construire une chapelle avec une grande cave et tombeau pour les corps des suppliciés et nous avons reçu quelques confrères, lesquels se sont obligés aux choses suivantes pour leurs règles de réception : 1" donner l’aumône de pain et vin deux fois la semaine à tous les pauvres prisonniers en quelque nombre qu’ils soient, savoir, le lundi et jeudi ; ce qu’ils ont fait et font encore ponctuellement ; ils ont fourni des paillasses et chemises aux plus nécessiteux et retiré plusieurs de ceux qui étaient détenus en prison pour dettes en les rachetant et payant pour eux. De plus, ils se sont obligés par leurs règles d’assister les criminels qui sont condamnés à la mort, depuis la prononciation de l’arrêt jusqu’à ce qu’ils soient morts, y ayant toujours deux d’iceux avec le patient pour le consoler en Dieu et assister spirituellement ; tous les autres confrères venant avec le crucifix en procession et accompagnant le condamné depuis la prison jusqu’au lieu du supplice, chantant et priant pour lui. Après l’exécution, le condamné est par eux pris et emporté solennellement avec lumière, disant les suffrages et prières accoutumées pour les trépassés, jusque dans la chapelle où il est conservé, après quoi est chanté l’office des trépassés ; le lendemain la messe est célébrée dans la dite chapelle, puis plusieurs grandes messes aux autels privilégiés des églises de Lyon. En outre, les confrères sont obligés de se rassembler les lundis de chaque semaine dans leur chapelle pour réciter l’office des morts et entendre la sainte messe pour le remède des âmes tant des confrères que des suppliciés, comme aussi tous les quatrièmes dimanches du mois et fêtes solennelles de l’année, avec autres exercices et actes de piété et charité qui se doivent par eux exercer comme on peut voir par les règles et ordonnances de la dite confrérie. » À la suite, on a noté en quatorze articles le détail des indulgences sollicitées par les confrères.

Mgr de Richelieu, cardinal archevêque de Lyon, qui se trouvait alors à Rome, s’empressa, le 2 mars 1636, de satisfaire le juste désir des confrères : « Nous déclarons, dit-il, que nous avons institué et érigé une confrérie sous le vocable de la décollation de Saint-Jean-Baptiste, dans la chapelle ou oratoire que César Laure, seigneur de Crussol, a déjà fait construire par notre permission, et ce à l’exemple de celle qui est établie dans la ville de Rome, qui sera soumise en tout à notre autorité, correction, visite et juridiction. Nous permettons à tous ceux qui s’associeront dans la suite à la confrérie, de faire les mêmes offices et fonctions, d’exercer la même charité que celle qui est exercée et pratiquée par la confrérie érigée en la ville de Rome. Nous consentons aussi qu’ils se règlent et se conduisent sur les mêmes statuts et règlements, et qu’ils s’y fassent agréger, à la condition néanmoins qu’ils ne pourront sortir de leur chapelle et oratoire pour aller en procession qu’après en avoir obtenu la permission de nous ou de nos successeurs archevêques. En cas qu’elle soit accordée pour accompagner les condamnés, ils se comporteront avec modestie et ne marcheront que la tête couverte et voilée. Le 22 août 1636, les registres du secrétariat de l’archevêché de Lyon insérèrent la permission donnée aux recteurs et vice-recteurs de la confrérie de la Miséricorde de donner l’habit aux confrères et publièrent les statuts de la compagnie avec le consentement du vicaire général. Quatre jours plus tard, M. d’Halincourt, gouverneur, accordait permission sur supplique du sieur Laure, marchand bourgeois qui fut le premier recteur.

Chapelle des Pénitents de la Miséricorde (d’après un fusain du xixe siècle).

La confrérie ne tarda pas à prospérer ; elle se recrutait en nombre, montrait beaucoup de zèle, et les personnes de qualité faisaient volontiers des fondations pour elle. En 1639, on rédigea le second règlement empreint d’une réelle piété : il y est notamment question de la récitation de l’office des trépassés le lundi de chaque semaine, de l’office de la décollation de saint Jean-Baptiste le quatrième dimanche de chaque mois, des jours d’assemblées, prières et suffrages pour les confrères malades absents ou voyageurs ; au vestiaire, on doit observer une modestie parfaite, s’agenouiller devant l’image du saint patron ; on y traite des assemblées familières dans le chœur, de la psalmodie régulière, de la défense expresse de se montrer dans le chœur sans le sac et le voile ; on donne avis au recteur et vice-recteur de conclure en tout à la pluralité des voix ; l’accès de la confrérie est défendu à tout homme déjà agrégé à une autre confrérie voilée ; on fera lecture de la règle dans la sacristie et la tribune de la chapelle deux fois l’année, savoir à la première assemblée après l’élection des officiers, puis six mois après. Parmi les signataires de ce règlement, auquel s’ajoutent des dispositions particulières pour les officiers et pour le trésorier, citons, avec Laure recteur, les noms de Pierre Bernard, HoUet, Bergier, Roussier, Bergerèle.

Ce qui nous est parvenu des registres des délibérations et des aumônes montre que les confrères de la Miséricorde se soutinrent dans leur ferveur, allèrent même au-delà de leurs obligations rigoureuses, chaque fois qu’ils le purent. Ils étaient scrupuleux à se rappeler la lettre de leurs règles ; peut-être même croyaient-ils un peu trop à la vertu des règlements, puisque trois fois au moins en vingt années ils prirent soin de remanier la deuxième formule et d’y ajouter la prévision des moindres cas. En 1639, par exemple, ils spécifient que les aumônes des confrères seront retirées du tronc ou de la grande boîte placée dans la tribune par le confrère trésorier, que toutes les quêtes à la chapelle ou à la tribune seront pour le soulagement des pauvres prisonniers et que le bassin avec les fers sera exposé à la chapelle les lundis seulement.

Entre temps, leur tranquillité avait été troublée par de menues contestations avec leurs propriétaires, les Carmes du grand couvent, vulgairement appelés Grands-Carmes. Propriétaires est une façon de parler ; dès 1623, tandis qu’ils n’étaient encore qu’en période de formation, ces religieux, sur la demande du sieur Laure, avaient obtenu du consulat et de la sénéchaussée l’autorisation de construire, dans la cour de leur couvent, une chapelle et un tombeau sous le vocable de Notre-Dame de la Miséricorde, à l’usage de la future compagnie qui allait devenir ainsi sa locataire, mais qui avait dû acheter l’emplacement nécessaire à cette construction. Or, posséder une chapelle dans l’enceinte d’un monastère n’était pas une mince affaire, malgré qu’elle fût d’espace réduit, puisque le sanctuaire n’avait que trente-six pieds de longueur sur autant de largeur.

Des difficultés étaient à prévoir parce que la convention relative aux engagements que prennent les confrères en retour de la permission canonique de s’établir, flotte dans une vague rédaction qu’on s’étonne de trouver dans un acte dressé par M. Gajan, notaire, le 1er mai 1632. Les confrères s’engagent à donner une pension et à faire du bien au couvent. Sur la première chapelle et le tombeau indiqués dans l’acte notarié comme dans le projet de supplique et dans la lettre de fondation archiépiscopale déjà cités, on ne possède que de maigres renseignements, par exemple ces lignes du mémoire d’un tabellion royal : « La chapelle construite aux frais des confrères de la Miséricorde est percée d’un portail à la muraille du malin. » Elle ne tarda pas à être insuffisante ; un acte du 31 janvier 1642, conclu entre les mêmes contractants, constate que l’on ne peut plus différer de la reconstruire parce qu’elle est devenue trop petite pour le nombre sans cesse croissant des confrères et des personnes qui y vont par dévotion ; les Carmes accordent donc aux confrères la permission de l’agrandir à leurs risques, et leur rappellent qu’ils ont une clef pour y rentrer par le clos du monastère. Neuf ans après, le 9 avril 1651, le notaire Roger enregistre un traité par lequel les moines acceptent le projet que leur a proposé la Compagnie de faire avancer la chapelle du côté nord, et de commencer à reconstruire la muraille ; l’acte est signé des profès « personnellement constitués et capitulairement réunis », savoir : Régnant Devaux, docteur de Sorbonne et prieur ; Étienne Moulins aussi docteur de Sorbonne ; Claude Perier, docteur ; Guillaume Poiniot, sous-prieur ; Louis Queron ; Antoine Marot ; François Régnaut ; Antoine Verdier ; Pierre Aubernier ; Pierre Rousselle ; Louis Jacques de Saint-Charles et Anselme de l’Assomption. Tous promettent de faire ratifier la présente convention au chapitre provincial. Les pénitents qui signent l’engagement sont Antoine Margat, docteur es droit, chantre de la collégiale Saint-Nizier ; Claude Laure, recteur de la confrérie, pour la présente année et les confrères Pierre-Eustache-François Voinet, François Juge, François Lard, députés et commis par l’assemblée générale tenue dans la chapelle de la Miséricorde. Les points principaux de l’accord sont les suivants : « Les Pères Carmes permettent aux confrères d’avancer leur chapelle de vingt pieds de longueur du côté de l’est et autant en largeur, près la muraille de la porte située au nord jusque aux maisons voisines du côté du midi ; les religieux remettent aux confrères tous les droits soit pour boucher les jours qui ont vue de ce côté, sans néanmoins être tenus à aucune maintenue ou restitution de deniers, attendu que ce qu’ils en font n’est qu’à la prière et sollicitation des confrères, lesquels n’entendent pas déroger aux pactes qu’ils ont faits avec les religieux pour la porte qu’ils peuvent faire. De plus les religieux seront tenus de fournir un de leurs prêtres pour célébrer une messe basse en la chapelle à l’issue de leurs offices, tous les lundis de l’année, chaque quatrième dimanche du mois, les cinq fêtes principales de Notre-Dame, le dimanche de Pentecôte, la fête de Toussaint, trois messes la veille de Noël à minuit, une grand’ messe à diacre et sous-diacre le jour de la décollation de saint Jean-Baptiste et le jour de la fête des trépassés, le lendemain de la fête de Toussaint, auxquelles fêtes les religieux seront obligés fournir un ou deux de leurs prêtres pour confesser les confrères et communier à la messe qui se dira après l’office. » Les moines s’engagent en outre à fournir deux de leurs prêtres pour accompagner les confrères le Jeudi-Saint et la fête de saint Jean-Baptiste dans des endroits où ils feront leurs stations et aller dire les oraisons à la fin des prières ; à célébrer une grand’messe pour chaque confrère, le jour de son décès et de même pour chacun des pauvres suppliciés ; enfin de fournir un prêtre pour réciter les prières lorsque les pénitents enterreront les suppliciés. Ces divers services seront rétribués par une pension annuelle, perpétuelle et foncière de cent livres tournois, payable par les confrères au couvent, à chaque fête de la décollation de saint Jean-Baptiste. Les autres conditions ne sont pas moins nettes. Si quelque confrère fonde une messe ou un service pour les trépassés, cette messe ou ce service ne pourra être célébré que par les Carmes ; pour les exhortations, les confrères choisiront tel ecclésiastique qu’il leur plaira, mais ils n’en pourront avoir que du couvent pour les sermons publics ou solennels comme aussi pendant le carême et l’octave à moins d’y être autorisés par le prieur.

Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon.

Entre temps, des procès avaient surgi entre confrères et Carmes sur le droit de passage par la cour derrière les bâtiments et par l’allée de la maison faisant face sur la place de la Boucherie des Terreaux. Une reconnaissance par le prieur, en 1653, de l’alignement des nouveaux bâtiments de la compagnie arrêta cette fâcheuse discussion.

Les pénitents d’ailleurs s’augmentaient d’année en année, par leurs propres ressources ou par des dons, enfin par la protection ^des autorités ecclésiastiques, en particulier de Mgr de Saint-Georges, archevêque de Lyon. En 1704 ils étaient à leur apogée au spirituel comme au temporel, après avoir été déchargés des impôts d’amortissement pour reconnaître le bien qu’ils accomplissaient. D’autre part, ils se voyaient accorder de riches indulgences et des privilèges par les papes Innocent X, le 23 juin 1652 ; Alexandre VII, le 1er octobre 1658, le 12 juillet 1661, le 31 mars et le o avril 1666 ; Clément X, le 2 juin 1673 et le 13 septembre 1676 ; Innocent XI, le 11 avril 1680 ; enfin Clément XI, le 12 décembre 1701. Le plus intéressant de ces brefs pontificaux est celui de Clément X qui, le 13 septembre 1676, donne aux pénitents le droit de délivrer un prisonnier condamné à mort, chaque année, le jour de la décollation de saint Jean-Baptiste ; Clément XI, le 20 avril 1716 et le 23 avril 1723, confirma ce droit et ajouta de nouvelles indulgences. D’autre part, la chapelle fut réparée et même augmentée d’une aile dont malheureusement nulle description n’accompagne la mention sur le registre.

On reprocha aux pénitents d’être intolérants, parce qu’ils avaient remis en vigueur une délibération prise en conseil le 28 mars 1688, dont l’extrait suivant fut affiché le même jour dans les prisons :

« La compagnie de la Miséricorde ayant été informée par MM. les custodes de la paroisse de Sainte-Croix qu’il y a très souvent dans les prisons de cette ville des prisonniers qui passent des années entières sans s’approcher des sacrements, et voulant remédier à cet abus en ce qui dépend d’elle, a résolu d’arrêter qu’à l’avenir l’aumône de pain et de vin qu’elle a coutume de distribuer trois fois la semaine, ne sera donnée qu’à ceux qui auront satisfait au commandement de l’Église qui enjoint à tous les fidèles de se confesser au moins une fois l’an, ce qu’ils seront tenus de faire dans la quinzaine de Pâques, et d’en rapporter une attestation ou certificat à la première distribution après le dimanche de Quasimodo. »

Notons que les administrateurs des prisons ne se prétendirent pas scandalisés de cet acte ; ils préféraient veiller à ce que les guichetiers et geôliers ne rançonnent pas les prisonniers par force, ainsi que le prouve le règlement de 1751, réédité trois fois jusqu’en 1780, et qui n’est que la répétition de ceux du 12 janvier 1667 et du 30 mars 1680, conforme également aux règles royales promulguées quelques années auparavant par le parlement et dont le second fut publié par M. de Sève, lieutenant en la sénéchaussée de Lyon et juge de police des prisons. Il y aurait profit, même de nos jours, à citer des articles comme ceux-ci : « Il est fait défense aux geôliers et guichetiers du ressort de la sénéchaussée de Lyon, de rien recevoir des prisonniers pour leur entrée et sortie ; ils ne pourront recevoir non plus aucune avance de deniers pour les gîtes et geôlages, même des prisonniers qui coucheront au lit dans la grande salle. Ceux qui seront au petit Dambe, aux chambres noires des Anges et du cachot, coucheront sur des paillasses et payeront un sol par jour. Le geôlier ne pourra rien retenir des prisonniers qui sont à sa table ; il sera tenu de donner quittance de ce qu’il recevra en argent.

Les confrères de la Miséricorde étaient les auteurs de plusieurs de ces adoucissements ; ils les obtinrent dès le début, y ajoutèrent beaucoup durant un siècle et demi ; ils s’appliquèrent principalement à tempérer, selon la justice, la condition des prisonniers les plus pauvres, ceux pour qui, d’après une requête du xviie siècle au contrôleur des finances, il n’y avait pas même, comme en d’autres villes, des ressources pour leur procurer du pain. Les pénitents renchérirent même sur ce programme : ils ne se contentèrent pas de visiter les condamnés, de les préparer aux sacrements de pénitence et de communion, de les assister dans les châtiments, d’ensevelir chrétiennement leurs corps ; une délibération de 1730 montre qu’ils avaient institué aux prisons des conférences pieuses, des catéchismes et des exhortations que présidaient tour à tour le recteur et les officiers ; ce pieux usage se maintint jusqu’aux extrêmes limites de la confrérie en 1789 et ne périt qu’avec elle. Il n’y a que peu à dire de la fin de la compagnie de la Miséricorde qui ne cessa d’être digne de son nom. Elle vivait à peine en mai 1790, et est nommée une dernière fois dans l’acte de vente du couvent des Grands-Carmes, le 7 juin 1793.

Avant de terminer, défendons sa mémoire d’un reproche ridicule que les historiens fantaisistes lui ont adressé ainsi qu’à d’autres confréries de l’ancien régime : celui d’avoir vendu des cervelles d’exécutés à des médecins ou à des empiriques accusés de magie et de sorcellerie, qui en faisaient des remèdes propres à guérir les épileptiques, les lunatiques, les gigoteux de la danse de Saint-Guy, en les leur appliquant, et même en les leur donnant à manger. Il est à peine besoin de réfuter une pareille fable à l’égard d’une association aussi respectueuse de l’âme et du corps que l’était celle-ci. Les pénitents de la Miséricorde ne vendaient ni cervelle, ni crâne, ni aucun membre des prisonniers exécutés, par la simple raison qu’ils n’en possédaient rien. Le corps du supplicié ne pouvait être abandonné ou prêté aux chirurgiens que par les autorités criminelles, sur l’avis des confrères que l’homme de l’art méritait confiance, qu’il n’était suspect d’aucune velléité de profanation et qu’il ne cédait dans sa demande qu’au désir de disséquer, de découper, comme on disait alors, pour se perfectionner dans son art. De même, quand la charitable compagnie avait été invitée par la justice à relever les cadavres des soldats exécutés, ces cadavres restaient sous sa sauvegarde. On possède quelques-uns de ces billets d’invitation, et, de 1676 à 1692, plusieurs demandes de livraison de corps à étudier, adressées soit au contrôleur général de la sénéchaussée, soit au lieutenant-criminel : elles sont signées J.-B. Gaultier, aspirant à la maistrance de chirurgie, Jean-Aimé Monderot, Simon-Pierre Chastagner, Michel Sales, Honoré Cadout, J.-B. Lermittème, maîtres chirurgiens jurés, Pierre Briant, lieutenant du premier chirurgien du roi à Lyon. La demande d’Honoré Cadout nomme le supplicié Fleuri Allier, un bandit célèbre du temps et que l’habile opérateur souhaite d’étudier ; celle de Pierre Briant, du 12 janvier 1692, convoite un cadavre non moins fameux, celui de Latour, le rival de Cartouche.

SŒURS SAINT-JOSEPH DE CLUNY

Parmi les communautés françaises épanouies au début du xixe siècle et qui prirent promptement une réelle extension, il faut mentionner la congrégation Saint-Joseph de Cluny qui possède aujourd’hui des établissements dans le monde entier. Elle dut son origine à une personne douée de qualités extraordinaires et dont il importe de rappeler, en quelques lignes, l’intéressante biographie.

Anne-Marie Javouhey naquit, le 10 novembre 1779, d’une famille de riches laboureurs. Nanette, comme on l’appelait, était la cinquième des dix enfants de la famille, mais, par l’influence, elle fut bientôt comme l’aînée. Elle apprit à lire, à écrire, un peu à calculer dans l’école de Chamblanc (Côte-d’Or) et en 1789, elle fit sa première communion. Quand la Révolution ferma les églises et condamna les prêtres à la déportation et à la mort, Anne-Marie se trouva prête à confesser sa foi avec l’intrépidité de son caractère. Elle procura des asiles aux prêtres poursuivis ; les patriotes disaient d’elle : « Cette Nanette nous berne et se joue de nous ; il n’y a pas moyen de mettre la main sur son curé. » Le dévouement d’Anne Javouhey fut récompensé de Dieu ; elle-même le dira plus tard : « Le Seigneur me fit connaître, d’une manière tout à fait extraordinaire mais sûre, qu’il m’appelait à l’état que j’ai embrassé, pour instruire les pauvres et élever des orphelines. »

Même à l’époque de la persécution, elle instruisait des enfants et des adultes et prépara ainsi deux premières communions fort nombreuses qu’on célébra durant la nuit. Sous le Directoire, Anne se consacra à Dieu ; c’était le 11 novembre 1798, au dix-neuvième anniversaire de son baptême. Elle ouvrit ensuite une école dans la maison de son frère aîné, non sans l’opposition de son père. L’ancien curé de Chamblanc, émigré pendant la Révolution, obtint de M. Javouhey l’autorisation pour sa fille d’entrer à Besançon dans une communauté, mais une voix intérieure avertit Anne qu’elle n’était point dans sa voie. De Besançon elle se rendit, en 1802, chez les Trappistines de la Val-Sainte en Suisse. Le matin même du jour de la cérémonie de la prise d’habit, le Père abbé lui dit : « Vous ne prendrez pas le costume religieux ; allez simplement assister à la messe, vous y ferez la communion ; puis, après, vous serez libre de suivre l’attrait de Dieu, et vous irez fonder votre congrégation. » Anne, sortie de la Trappe, se mit à faire l’école dans de petits villages.

En 1804, elle rentra dans la maison paternelle. M. Javouhey s’engageait à construire un bâtiment suffisant pour les classes. Ce père devint chrétien au point de consacrer au service de Dieu les quatre filles que la Providence lui avait données : Anne-Marie, Claudine, Pierrette et Marie.

Sur ces entrefaites le pape Pie VII revenant de Paris, où il avait sacré l’empereur Napoléon, passa à Chalon ; Anne et ses sœurs assistèrent à sa messe et communièrent de sa main ; il les bénit avec tendresse. Anne fonda, peu de temps après, deux écoles à Chalon sur l’invitation du curé de Saint-Pierre. La ville les reconnut pour ses écoles primaires officielles, et même, à la demande de la municipalité, Napoléon Ier signa à Posen (Pologne), le 12 décembre 1806, un décret d’autorisation de la petite communauté. Le 20 août 1806 eut lieu la bénédiction de l’association qui prit le nom de Saint-Joseph. Quelques années plus tard le noviciat fut établi à Cluny ; de là le vocable : Saint-Joseph de Cluny. Le 12 mai 1807 on fit la cérémonie des vœux et de vêture des premières sœurs. Les religieuses, novices et postulantes étaient au nombre de neuf ; c’était bien le petit troupeau de l’Évangile. L’évêque les réunit en chapitre pour procédera l’élection de la supérieure générale : Anne-Marie Javouhey obtint tous les suffrages.

La révérende mère multiplia rapidement les maisons et les œuvres du nouvel institut : elle réussit à s’établir à Paris en 1814 : la ville lui confia une de ses écoles. M. Desbassyns, intendant de l’île de la Réunion, demanda à la digne supérieure des sœurs pour son île ; quatre religieuses y débarquèrent le 28 juin 1817.

Vers la même époque, Laine, ministre de l’Intérieur, proposa à mère Javouhey la direction des hôpitaux et des écoles de toutes les colonies françaises. Bientôt le Sénégal, les Antilles, la Guyane, Madagascar et Pondichéry réclamèrent le zèle de la digne fondatrice. Elle-même, au commencement de 1822, débarqua au Sénégal, organisa les écoles et les hôpitaux de Saint-Louis et de Corée, et établit des sœurs à Sainte-Marie de Gambie et à Sierra-Leone. Mais ses forces succombèrent, les fièvres la saisirent, on la ramena à Saint-Louis d’où on la dirigea vers la France.

Chapelle des sœurs Saint-Joseph de Cluny.

Mère Javouhey avait déjà soixante-quinze de ses filles dans les colonies, et en France les œuvres se développaient merveilleusement. On lui proposa l’hospice d’aliénés de Saint-Yon, puis celui d’Alençon. Le gouvernement pour reconnaître les services de la congrégation Saint-Joseph accorda l’autorisation définitive, le 17 janvier 1827, et les évêques d’Autun et de Beau vais approuvèrent les nouveaux statuts qui remplaçaient ceux de 1806. Le gouvernement fit encore appel à son dévouement pour la colonisation de la Guyane, puis il lui confia la libération de 500 nègres esclaves. Mère Javouhey n’était cependant pas sans épreuve ; elle en eut à subir de la part des évêques d’Autun et de Paris ; enfin tout s’aplanit, et elle expira le 15 juillet 1851 dans sa 72e année. À la mort de la fondatrice, la congrégation Saint-Joseph de Cluny comprenait 900 religieuses ; elle en compte aujourd’hui près de 4000, réparties dans 129 maisons en France et 187 à l’étranger.

Dom Babin, biographe de la mère Javouhey, résume ainsi son caractère : « Cette sainte femme a été une des premières fondatrices qui ont mis au service de l’apostolat catholique des légions de vierges consacrées à Dieu. Aucune de ses imitatrices ne l’a surpassée ni peut-être égalée dans la générosité du sacrifice, l’éclat et la variété des œuvres, la force et l’originalité de l’esprit, et, pour tout dire, la sainteté. »

La congrégation Saint-Joseph de Cluny possédait à Lyon, en 1900, deux communautés, l’une pour l’éducation de la jeunesse, l’autre vouée au soin des malades. La première, établie à la Croix-Rousse, datait de 1869 : elle comprenait, en 1900, vingt-trois sœurs. La seconde est une maison chirurgicale fondée à la Guillotière en 1889, et compte sept religieuses. Les élèves sorties du pensionnat Saint-Joseph de Cluny se distinguent par leur zèle pour l’enseignement chrétien et, dans ce quartier populeux, remplissent volontiers le rôle de catéchistes. La communauté de la Croix-Rousse a disparu depuis quelques années et a été remplacée par l’œuvre Saint-Augustin, dirigée avec dévouement par Mme Payen pour le bien moral des jeunes filles sortant de prison ou en danger d’y entrer.

La chapelle de la communauté de Lyon est de bon style, l’autel de marbre blanc est décoré au-devant du monogramme du Christ et le tabernacle est fermé d’une belle porte dorée. Tout autour du chœur se rangent les statues du Sacré-Cœur, entre deux anges, de sainte Philomène et de saint Louis de Gonzague ; par côté, dans deux niches sculptées, se trouvent les statues à gauche de la Sainte Vierge et adroite de saint Joseph. Au bas de la chapelle, au-dessus de deux colonnettes, on voit la représentation de la sainte face et les instruments de la passion, et de l’autre côté le saint enfant Jésus de Prague ; au bas de la chapelle on a placé la statue de saint Augustin. La tribune est ornée d’un grand christ, et au-dessous un groupe représente sainte Anne enseignant la Vierge Marie. Huit verrières, formées de grisailles, deux dans le chœur et six dans la nef, éclairent la chapelle. Le long du mur se trouve un chemin de croix, en relief et peint.

NOTRE-DAME-DE-CHARITÉ DIT REFUGE SAINT-MICHEL

En 1641, un religieux Oratorien, le vénérable père Eudes, frère de l’historien Mézeray, fondait, dans la ville de Caen, l’institut Notre-Dame de Charité qui devait être confirmé plus tard par une bulle du pape Alexandre VII, datée de 1666. Le but de cet ordre est de se dévouer au salut des âmes ; aussi les religieuses Notre-Dame de Charité ajoutent-elles aux trois vœux ordinaires de religion, celui de travailler à la conversion des personnes, qui se mettent sous leur conduite. L’institut possédait déjà plusieurs maisons avant la Révolution ; il en compte aujourd’hui trente-quatre.

Le Refuge de Lyon, appelé, comme celui de Paris, Saint-Michel, fut créé en 1811. Le cardinal Fesch, ayant obtenu de Napoléon, son neveu, un décret autorisant cette fondation, quelques religieuses de Paris vinrent inaugurer l’œuvre du refuge à Lyon. La supérieure était Mme de Bois-Jouan, née de Chevigné, d’une illustre famille de Nantes. Sous sa conduite, la communauté vint occuper d’abord l’ancien monastère des Carmes-Déchaussés. M. l’abbé Goulard, curé de Saint-Louis-Saint-Vincent, fit à cette époque un don considérable pour la nouvelle fondation, tout en priant la supérieure de se charger d’un orphelinat dont il avait la direction. La proposition fut agréée et l’orphelinat installé à côté du refuge. En même temps, M. Goulard intéressait à cette belle œuvre une réunion de dames charitables qui devinrent les premiers membres de l’association connue sous le nom de Saint-Michel. Les ressources étaient trouvées et par là même le refuge fondé ; depuis il n’a fait que grandir et prospérer.

Chapelle du Refuge Saint-Michel.

L’année suivante, le cardinal Fesch qui affectionnait cette maison dont il se regardait, à bon droit, comme le fondateur, conseilla aux religieuses de faire l’acquisition de l’ancien couvent des Génovéfains situé sur la colline Saint-Irénée. En 1814, les réparations étaient terminées et les religieuses s’installaient dans cette nouvelle résidence qu’elles ont toujours occupée depuis. En dehors de l’orphelinat dont il a été parlé, se trouvent trois sections distinctes, la maison de Préservation, où les parents peuvent envoyer leurs enfants exposées aux séductions du monde, le refuge proprement dit, port de salut pour les naufragées de la vie ; enfin l’œuvre des Madeleines pour les pénitentes qui, après une longue probation, désirent finir leurs jours dans la pénitence et la vie religieuse.

Le couvent fut construit, vers 1750, pour les Génovéfains, par l’architecte Soufflot ; autrefois tout le haut était surmonté d’une terrasse avec balustrades de pierre, celles-ci furent démolies en 1811, sauf sur les pavillons, pour élever un étage de plus. La chapelle fut édifiée, en 1825, sur les plans de M. Loras, et bénite, ainsi que les chœurs intérieurs des religieuses et des Madeleines, le 10 avril 1829, par Mgr de Pins, administrateur apostolique du diocèse de Lyon. En 1859 et 1860, M. Pierre Bossan construisit le chœur des enfants. Il offre l’aspect d’une chapelle, prolonge l’église en droite ligne et forme avec elle une croix parfaite. Le chœur des religieuses occupe le bras droit et celui des Madeleines le bras gauche.

La chapelle extérieure n’a qu’une seule nef avec deux petits autels de chaque côté, l’un dédié au Cœur de Marie, l’autre au Sacré-Cœur de Jésus. Elle mesure 20 mètres de longueur sur 8 de largeur. L’église est dédiée à Notre-Dame des Martyrs. Le maître-autel, de marbre blanc et à face double, du dessin de Fabisch, offre des bas-reliefs représentant des grappes de raisins. Dans le sanctuaire, un beau Christ de grande dimension fut donné par le cardinal Fesch. À droite du Christ, un tableau représente le baptême de Notre-Seigneur par Doré, peintre de Nantes (1834 ou 1836) ; à gauche, l’Adoration des Muges, toile ancienne, don du cardinal Fesch.

Inlérieur de la Chapelle du Refuge Saint-Michel.

Du côté de l’autel du Cœur de Jésus, se trouve un tableau : Saint-Michel, non signé, donné également par le cardinal Fesch. Du côté du Cœur de Marie, tableau de Florentin Servant, représentant Notre-Dame des Martyrs. Au fronton extérieur de l’église, statue de la Sainte Vierge.

Si, de la chapelle extérieure, on passe à l’oratoire intérieur, on voit la petite chapelle des enfants, qui, malgré sa simplicité, porte ce cachet d’élégance qu’a su imprimer à toutes ses œuvres Pierre Bossan. Six colonnes de marbre la divisent en trois nefs ; les deux chapelles latérales aboutissent à deux autels dont les statues sont dues à Fabisch, l’une représente Marie-Immaculée, l’autre saint Joseph ; les autels de marbre blanc sont du même style ; la rosace qui domine le sanctuaire de la chapelle extérieure sort des ateliers de M. Bégule.

La communauté possède une relique notable : un os du bras de saint Gébouin, vulgairement saint Jubin, archevêque de Lyon (1077-1082), donné, le 25 octobre 1823, jour de la reconnaissance du tombeau de ce prélat. D’autres reliques proviennent des Génovéfains. Enfin, comme souvenir, un beau portrait du cardinal Fesch donné par lui-même, et dont la bienveillance pour le monastère Noire-Dame de Charité se révèle dans la lettre suivante, datée du 9 octobre 1814 :

M. Baron, ancien vicaire général de Lyon.

« Monsieur d’Albon m’écrit pour la seconde fois sur votre maison, et je vois avec plaisir qu’il vous seconde avec beaucoup de zèle. Il me demande du mobilier de mon palais pour orner votre appartement ; il n’est pas obligé de savoir que la pauvreté est votre plus belle tenture, et que le simple et pur nécessaire d’une religieuse ne mettrait pas en grand frais un archevêque quelque pauvre qu’il fût. Néanmoins je veux bien orner votre parloir intérieur ou votre salle de communauté de deux bons tableaux et de la copie du plus beau Christ qui ait été fait. Monsieur Alibert vous remettra ces objets ; il vous remettra aussi 1.000 francs dont vous ferez l’usage que vous jugerez à propos… J’ai appris avec satisfaction les protections puissantes que vous vous êtes attirées. Cependant, je me confie plus pour l’extinction des dettes que vous avez été obligées de contracter, dans l’obole de la veuve et dans les actes d’amour de Dieu que vous ferez faire à vos filles, et qui vous ouvriront les trésors inépuisables de la providence. Je vous remercie des prières que l’on fait pour moi. Continuez à m’écrire aussi souvent que vous voudrez et soyez convaincue de l’inviolable attachement que j’ai voué à votre communauté et des vœux que je fais pour votre conservation. »

Antoine Recorbet, ancien vicaire général de Lyon.

Cette bienveillance de Mgr Fesch a été continuée par ses successeurs et par les vicaires généraux de Lyon qui se sont occupés du Refuge, en particulier le digne M. Barou et le vaillant M. Recorbet.

LA DÉSERTE

La règle bénédictine fleurit abondamment à Lyon : Saint-Pierre, Saint-Benoît, Notre-Dame de Chazeaux et Notre-Dame de la Déserte sont la preuve que ce tronc ne pouvait s’appauvrir par la multitude des rameaux et des branches. Mais encore ces abbayes eurent-elles des fortunes assez diverses : Noire-Dame de la Déserte, pourtant aussi aristocratique que les autres, connut moins de prospérité matérielle et éprouva même des secousses pénibles. Les premières pièces de ses archives sont assez anciennes ; l’époque où elles parurent est celle que des historiens du moyen âge ont classée comme remuée du pressentiment de la renaissance païenne.

La Déserte en 1550 (d’après le plan scénographique).

L’acte de fondation de la Déserte est daté du 1er janvier 1304. Conçu dans une latinité soignée qui emprunte plus au style ecclésiastique qu’au style de la basoche, il couvre un beau parchemin de plein format, scellé du sceau de cire couvert dit sigillum opertum et porte au dos cette note de rappel qui nous assure qu’il n’y a pas confusion entre l’acte de vente des biens primitifs et l’acte de fondation proprement dite : « L’on peut faire voir ce contracta ceux qui veulent voir notre fondation pour nous mettre dans l’histoire de Lyon ; nous sommes fondées le 1er janvier 1304. » Au-dessus de ce visa, on lit encore : « Premier contract de la fondation, articles de rante de cinq maisons en la rue de l’Herberie et trois en la rue Écorchebœuf et une récente en Bresse. » Et cette seconde note toujours au verso : « Donation faite par dame Blanche de Châlon à la Déserte des fonds qu’elle y avait et des biens qui lui étaient deubz. » Une troisième annotation enfin, et celle-là d’un second copiste, est plus explicite : « Premier contract de fondation par dame Blanche de Chalon et de Belleville, par lequel l’on voit qu’elle a donné des fonds au monastère à Lyon dans les rues de l’Écorchebœuf et de l’Herberie, laquelle rue de l’Écorchebœuf est celle que l’on appelle rue Teste-de-Mort, près les haies de la Pescherie et que les articles de directe sont encore sans aucun seigneur et que la rente de saint Pierre laisse vide des deux côtés, qui sont les maisons que (sic) furent de M. de Chaponnay et partie de celles des pilliers des Vignes et le demeurant de celle de M. Geoffroi Lemedeci. » Une surcharge, au-dessous de cette dernière note, la donne pour écrite en 1721.

Les pièces subséquentes consistent en une donation faite, en 1304, par Barthélémy Cheurier à dame Blanche de Châlon « de douze feux apignés sur une pièce de vigne située au lieu appelé Bourbon » ; deux échanges de biens entre la Déserte el les chapitres de Saint-Paul et de Saint-Jean, un échange de cens et services avec ce dernier chapitre ; une copie de donation et transaction, le 3 février 1304, entre l’abbesse de la Déserte et Pierre d’Eschalone, chanoine de Saint-Just ; un abandon consenti par monseigneur l’archevêque de neuf florins sur la Maison-Rouge vers Pierre Scize en 1364 ; un contract de statut, un autre d’une aura (ora) ou prière dans l’église de la Déserte fait par maître Benoît Dugarter, prêtre habitué en l’église de Lyon, gagée par Philibert Trongniard, sur une maison, rue Tramassac.

Marguerite de Quibly, abbesse de la Désert.

En résumé, l’abbaye paraît, par ces documents et d’autres que nous négligeons, n’avoir pas cessé de maintenir et de développer ses biens durant les xive et xve siècles et le premier tiers du xvie. Elle n’en souffrit que plus du vandalisme huguenot en 1552, c’est de quoi témoigne, en date du 10 mars 1566, une supplique au roi Charles IX « par les pauvres abbesses et religieuses du couvent de la Déserte appauvries : 1° parce que les troubles de 1562 ont ruiné bonne partie de leur couvent ; 2° parce que du fait de la construction d’une citadelle près de l’abbaye d’Ainay, elles ont perdu 530 livres par an et d’autres revenus de droits seigneuriaux notamment une bicherée de blé et deux sols pour cent sur le tènement de jardins et sur les vignes qui leur étaient dus sur ladite abbaye ». La réponse à cette supplique tarda un peu. Ce fut Henri III qui la fit en 1579 et en 1580. Les religieuses ne perdirent rien d’ailleurs pour avoir attendu : sur enquête royale, elles obtinrent un considérable allégement d’impôts, le replantement et la clôture de leur propriété, dévastée par le pillage. En 1579 déjà, un mois avant la première des lettres d’Henri III, d’où sortirent ces heureux effets, les religieuses avaient recouvré, par sentence, une pension sur un vieux fonds datant de 1296, et qui avait passé de l’héritage de Jean Mollin à celui de leur fondatrice, dame Blanche de Chalon. Peu après, elles furent confirmées aussi dans la pension que leur avait reconnue, en 1516, Pierre Masson, sur la maison de Jean Burlel située à la Croix-Rousse.

Tel est le résumé des pièces relatives au temporel de l’abbaye. On y trouve pourtant quelques détails sur le spirituel. Plusieurs pièces font mention de la dévotion populaire en l’église du couvent ; en 1640, on trouve une marque décisive de cette dévotion dans le contrat de fondation et de dotation « de la première messe appelée de la Croix, chacun dimanche et festes solennelles, en l’église du monastère royal de la Déserte par maistre Jean Claudin de Belle-Croix, conseiller et aumônier du roy, chevalier et promoteur de l’église de Lyon, chanoine et maître de chœur en l’église collégiale de Saint-Just et chanoine en l’église de Saint-Thomas de Fourvière, lequel, de son gré et franche volonté et par sa dévotion à l’augmentation du service divin, a donné le revenu d’une prébende pour cet objet ». L’abbesse était alors la distinguée dame Marguerite de Quibly. Cette famille de Quibly donna plusieurs abbesses de mérite à la Déserte, comme la famille d’Albon à l’insigne abbaye Saint-Pierre, celle d’Amanzé à l’abbaye de Chazeaux, et celle de Giguet des supérieures habiles aux Bernardines de la côte Saint-Sébastien.

Les documents du xve siècle disent que l’église du couvent était fort belle, sans la décrire autrement. On sait qu’elle fut restaurée dès la fin du xvie siècle ; mais, ou cette restauration ne tint pas, ou elle ne s’acheva pas, car une lettre de Louis XIV, datée de 1639, accorde dix minois de sels par an « à l’abbaye de Notre-Dame de la Déserte de fondation royale, pour l’entretien et réparation de leur église ». Or, à cette époque, le mot réparation était entendu dans son sens étymologique et ne signifiait pas de simples embellissements.

Cette lettre de Louis XIV rapporte les termes de la demande des religieuses et nous apprend que celles-ci avaient augmenté en personnel mais non en ressources. « Nos bien aimées religieuses de la Déserte nous ont fait remontrer qu’elles sont quatre-vingt religieuses, sans compter les sœurs laïques et outre les domestiques de leur maison, qu’elles n’ont qu’un médiocre revenu avec lequel ont peine à subsister et à subvenir à l’entretènement et réparation de leur église et nous requèrent très humblement qu’il nous plaise, pour les aider à soutenir les dites charges, leur vouloir donner à perpétuité la quantité de sel nécessaire pour la provision de leur maison. » La chapelle, on le sait, était située rue Saint-Marcel, paroisse Notre-Dame de la Platière.

Les pièces du même temps ne présentent aucun intérêt, sauf une convention avec les Carmélites qui montre le bon état des finances de ces religieuses. Au xviiie siècle, les archives fournissent une abondante paperasserie administrative et processive, sans intérêt ; on sent que la Révolution est proche.

NOTRE-DAME DES MISSIONS

La fondatrice de l’institut Notre-Dame des Missions, Euphrasie Barbier, naquit à Caen, le 4 janvier 1829. Les sœurs de la Providence furent chargées de bonne heure de son éducation, et, non contentes de développer en elle les heureuses dispositions dont elle était douée, elles lui donnèrent, avec les éléments de la science humaine, une connaissance sérieuse et un grand amour de la religion. L’attrait de la grâce s’étant fait sentir à son cœur, elle se crut appelée à la vie religieuse apostolique, dans les contrées lointaines. Guidée par son directeur. Mlle Barbier fut agréée à Cuves, diocèse de Langres, dans l’institut du Verbe-Divin. C’était en 1847 ; elle avait alors dix-huit ans. Par sa régularité, son énergie, son intelligence droite et sûre, son esprit plein de sel et d’humour, son cœur ardent et sa grande piété, elle eut bientôt conquis l’estime et l’affection de sa supérieure et de ses compagnes.

Chapelle Notre-Dame des Missions.

Après sa profession, sœur Marie fut envoyée à Londres avec une autre religieuse afin d’y commencer un essai de vie apostolique et d’y préparer la création de quelques œuvres. Le Père Faber, supérieur de la congrégation de l’Oratoire, leur confia un orphelinat de petites filles, ramassées dans les plus misérables quartiers de Londres. La congrégation du Verbe-Divin, qui bientôt s’y réunit tout entière, changea alors de nom ; elle devint l’institut de Notre-Dame de Compassion. Les œuvres se développèrent, et plus de sept cents jeunes filles recevaient, dans des orphelinats ou des écoles, les bienfaits de l’éducation chrétienne. Sœur Marie du Cœur de Jésus, l’âme de la communauté et de ses œuvres, fut nommée assistante et maîtresse des novices.

L’institut Notre-Dame de la Compassion avait été fondé dans le but d’envoyer des sujets dans les pays étrangers. En se transportant à Londres et en acceptant la bienveillante tutelle des pères de l’Oratoire, on s’était vu obligé, par déférence pour les nouveaux directeurs, de renoncer aux missions lointaines pour se vouer exclusivement aux œuvres catholiques d’Angleterre. Néanmoins, quand les supérieurs de la Société de Marie demandèrent des religieuses pour leurs établissements d’Océanie, mère Saint-Jean, supérieure de l’institut de la Compassion qui connaissait depuis longtemps l’attrait de sœur Marie pour la vie apostolique et qui, mieux que personne, appréciait ses hautes qualités et ses vertus, s’empressa de la proposer pour la fondation projetée. Ces propositions furent acceptées et mère Marie dit adieu à ses compagnes de Londres.

Le 15 août 1861, sous la conduite du Père Favre, supérieur général des Maristes, elle arrivait à Lyon en compagnie d’une jeune sœur anglaise, et le jour de Noël, ce zélé religieux donnait l’habit aux deux sœurs Marie du Cœur de Jésus et Marie-Saint-Wilfrid. L’institut Notre-Dame-des-Missions était fondé.

On se chargea de l’éducation de jeunes orphelines, mais on se trouva bientôt à l’étroit dans la maison provisoire ; il fallut songer à une autre demeure. Un établissement assez vaste s’offrit sur les flancs de la colline de Fourvière, à quelques pas de la Saône et en regard de la ville de Lyon ; la congrégation s’empressa de l’acheter et d’élever près des anciens bâtiments une vaste construction qui devint la maison-mère, chemin de Montauban, 14.

La congrégation prospère ouvrit successivement des monastères en Nouvelle-Zélande, en Angleterre, en France, au Bengale oriental, dans la Suisse, l’Australie et l’Amérique. On fonda en Nouvelle-Zélande, à Christ-Church, un second noviciat qui rivalisa de zèle avec celui de Lyon. La courageuse et vaillante supérieure ne craignit pas de faire deux fois le tour du monde, pour aller porter à ses filles des antipodes ses conseils maternels et ses encouragements. Dans les derniers jours d’octobre 1892, elle se rendit en Angleterre. Elle souffrait encore d’une maladie opiniâtre qui avait mis plusieurs fois sa vie en péril ; mais esclave du devoir jusqu’à la fin, et sans tenir compte des approches de l’hiver, elle avait entrepris ce pénible voyage. Religieuse missionnaire, elle mourut loin de sa patrie, le 18 janvier 1893, dans cette protestante Angleterre, à la conversion de laquelle elle avait tant travaillé.

Les filles de Notre-Dame des Missions ont pour but d’aider de tout leur pouvoir l’extension du règne divin dans les âmes, en se dévouant à l’instruction et à l’éducation chrétienne des enfants et des femmes dans les pays infidèles et hérétiques. Elles possèdent également, d’autres œuvres de charité, comme ouvroirs, providences et refuges, sous la direction des évêques. Leur costume est simple : elles portent une tunique et un scapulaire noirs ; le scapulaire et les manches de la tunique sont bordés de bleu ; elles ont une coiffe avec une bande double, un bandeau et un col, le tout blanc, un voile noir, un chapelet noir au côté, une ceinture de cuir ; une croix sur la poitrine et un anneau d’argent au doigt. Pour les sorties, et les cérémonies elles portent un long manteau noir. Les sœurs suivent la règle de saint Augustin avec des constitutions qui leur sont propres. Pie IX accorda un bref laudatif au jeune institut le 9 juin 1869 ; dans un autre décret, daté du 1er octobre 1877, il l’approuva et le confirma. Les constitutions, examinées de nouveau, ont reçu l’approbation de Léon XIII. La chapelle, construite vers 1900, est l’œuvre de M. Gaillard, architecte.

SAINTE-MARTHE

Les sœurs hospitalières Sainte-Marthe ont été établies sous le patronage de Notre-Dame de Pitié ; leur but principal est le service des malades pauvres admis dans leurs hôpitaux. Voici quelques détails sur leur commencement.

Les hospitalières de Villefranche furent fondées en 1666 par celles de Chalon-sur-Saône lesquelles l’avaient été par les hospitalières de Beaiine qui sont les premières religieuses Sainte-Marthe établies en France en 1452. Ces hospitalières de Beaune venaient d’une communauté de Valenciennes dont les premiers sujets avaient été fournis par les béguines de Flandre. Les hospitalières de Beaujeu furent établies en 1704 par celles de Villefranche qui fondèrent elles-mêmes successivement celles de Belleville en 1733, celles d’Anse en 1882, celles de Grandris en 1884 ; les sœurs de Charlieu en 1693 par celles de Cluny pour succéder aux pieuses filles qui avaient desservi l’hôpital depuis sa fondation datant, dit-on, de 872.

Chapelle des religieuses Sainte-Marthe.

À ces détails statistiques, il ne sera pas inutile d’ajouter le nombre des sujets de chaque maison : à Villefranche, vingt-deux sœurs hospitalières ; à Beaujeu quinze ; à Belleville douze ; à l’hôpital d’Anse trois ; à celui de Grandris trois ; à celui de Charlieu dix ; au total soixante-cinq sœurs hospitalières. Les résidences sont au nombre de six, mais chaque maison est indépendante. Ces hospitalières suivent la même règle approuvée en 1668, par Mgr Camille de Neuville, archevêque de Lyon ; elles font des vœux pour le temps qu’elles doivent rester en communauté. Elles ont pu garder leur poste pendant la Révolution en revêtant le costume laïque.

Les sœurs Sainte-Marthe sont établies au bas du Chemin-Neuf ; leur maison est bien connue des malades riches qui vont s’y faire soigner, et des pauvres qui en fréquentent la pharmacie et les consultations. Leur chapelle est à l’intérieur de la maison et ne présente pas de caractère architectural.

LA PROVIDENCE

Dans le premier volume, nous avons parlé abondamment des religieuses Trinitaires et de leur orphelinat de la Croix-Rousse. Il ne sera pas sans intérêt de faire connaître les origines de ce qu’on appelle les providences destinées à recueillir les enfants orphelins ou abandonnés.

En 1711 seulement fut fondée à Lyon la première providence. Le procès-verbal d’érection, conservé aux archives départementales, indique que plusieurs suppliques furent adressées en même temps à Mgr l’archevêque, au consulat, enfin au roi, pour autoriser, chacun en ce qui le concernait, la nouvelle œuvre. Les dames directrices appartenaient à la meilleure société ; elles se nommaient Jeanne Durand, épouse de François Hugues de Siry, chevalier baron de Couche, Marie Pianello de La Valette, Marie Ressort et Jeanne Galliat.

Dans leur supplique à l’archevêque de Lyon, elles s’expriment ainsi : « Elles ont vu depuis longtemps avec douleur une infinité de jeunes filles pauvres et sans secours, se perdre dès l’âge de dix à douze ans, faute d’éducation ; leurs parents n’en ayant pas reçu ne peuvent leur en donner. Quelques enfants ont leur père sans mère, ou leur mère sans père. Ceux-ci n’ayant pas de quoi les nourrir, ne pouvant les faire recevoir à l’hôpital ni à la Charité, et ne sachant pas les occuper, les obligent à mendier, ce qui les expose à tomber dans les derniers désordres ; parfois les parents les y portent par leurs exemples et sollicitations, d’où il est très difficile de les tirer lorsqu’elles ont eu le malheur d’y tomber, quelque soin qu’on prenne de les former. Il suit de là des maux infinis, qui intéressent également la religion et l’état, même les deux hôpitaux de cette ville qui sont obligés de recevoir et d’élever les enfants qui naissent de ces mauvais commerces. »

Mgr Mioland, missionnaire diocésain, ensuite évêque d’Amiens puis archevêque de Toulouse.

Les personnes charitables ci-dessus nommées voulant donc prévenir ces désordres, commencèrent par recueillir plusieurs de ces jeunes filles qui paraissaient le plus en danger de se perdre, et les retirèrent dans une maison appelée la Providence, où elles étaient nourries et élevées sous la conduite d’une sage maîtresse « qui les instruisait dans la piété et les bonnes mœurs, leur enseignait à travailler habilement en couture, tapisserie, tricot, mesme aux exercices du ménage et autres ouvrages convenables à leur estat. Il y en avait trente ou quarante qu’on gardait jusques à l’âge de dix-huit à vingt ans ou ayant de la maturité pour lors et reçu de bons principes, elles étaient en état de se soutenir et être de bonnes ouvrières et de sages servantes » .

L’autorisation de Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon, est datée du 15 juin 1711. Les fondatrices avaient compris « qu’elles ne pouvaient seules rendre fixe et permanent un établissement si nécessaire, ni continuer l’éducation de ces filles à leurs frais, ni recevoir des aumônes par testament ou fondations, quoiqu’on leur eût déjà fait espérer une maison et des sommes considérables pour une si bonne œuvre ». Aussi l’archevêque érigea-t-il l’établissement en communauté séculière sous le vocable de l’Immaculée-Conception.

Mgr Cœur, évêque de Troyes.

Le consulat ne voulut pas demeurer en retard ; il accorda, le 10 décembre 1711, l’autorisation demandée par la communauté dite des Pauvres filles, toutefois aux conditions suivantes. Les directrices indiqueront au consulat « le lieu qu’elles destinent pour ledit établissement ; elles ne pourront faire bâtir que sur les alignemens qui leur seront donnés à la manière accoutumée ; elles seront soumises pour le temporel à l’autorité de nosseigneurs les gouverneurs, et à ceux qui commanderont en leur absence ; elles ne seront point à charge à la ville, et elles donneront communication au consulat des règlemens qui seront faits dans la suite pour la communauté avant de les mettre à exécution. Les eschevins donnent leur consentement, d’autant plus volontiers qu’ils sont persuadés que cet establissement sera très avantageux à la ville, utile au service de Dieu et à la religion et que la piété des personnes qui donnent charitablement leurs soins au succez d’un si louable dessein, mérite une particulière distinction ».

L’approbation royale ne devait venir que plus tard. En effet, dans une lettre dont le brouillon sans date a été conservé, Mgr François-Paul de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon, écrivait au roi qu’en arrivant dans son diocèse, il avait trouvé à Lyon une maison appelée la Providence, que Mgr de Saint-Georges, son prédécesseur, y avait établie ; il ajoutait que les dames directrices « pour continuer cette bonne œuvre avaient jette les yeux sur des filles sages, touttes personnes choisies, assemblées depuis quelques années, avec beaucoup d’édification, pour la conduite de cette maison, sous le nom des filles de la Trinité, sans autre engagement que celui de leur zèle et de leur bonne volonté. L’archevêque connaissait trop combien elles sont capables de cette conduite, pour ne pas les ayder de sa protection, d’autant plus qu’elles étaient choisies par les dites dames ; et les unes et les autres en tout soumises à son autorité et à ses règlemens. Mais comme cet établissement ne saurait subsister, le prélat priait Sa Majesté de l’autoriser par lettres patentes, sous le titre de maison ou hôpital de la Providence ou de communauté de Pauvres filles. Par là, le roi imiterait l’exemple de son bisaïeul Louis XIV, qui, par sa déclaration du 13 décembre 1698, avait ordonné que toutes les lettres patentes qui avaient pour but l’instruction et l’éducation des jeunes personnes, fussent expédiées, ce qui fut accordé à Marseille puis à Grenoble, enfin, en octobre 1709, à Rive-de-Gier ».

L’autorisation royale octroyée, la Providence fit de rapides progrès, et jusqu’à la Révolution, éleva et instruisit dans le bien les nombreuses enfants confiées aux religieuses Trinitaires. Après la tourmente révolutionnaire, l’œuvre fut rétablie et subsiste encore, comme on l’a dit dans le tome premier, article des religieuses Trinitaires. Ajoutons que la prospérité actuelle de la maison est due à la bonne gestion du comité des dames directrices et à la bienveillance d’amis dévoués de la maison, parmi lesquels il faut citer M. l’abbé Cœur, plus tard évêque de Troyes, et les missionnaires diocésains, en particulier un de leurs supérieurs M. Mioland, devenu évêque d’Amiens, puis archevêque de Toulouse.

ANNONCIADES

Premier monastère.

L’an 1624, la ville de Lyon ouvrait ses portes aux premières religieuses Annonciades Célestes qui venaient y établir un monastère ; elles y avaient été appelées par Gabrielle de Gadagne, comtesse de Chevrières, demeurée veuve, et dont l’unique fils lui fut enlevé au siège de Turin sous les yeux de Louis XIII, auquel ce jeune gentilhomme était particulièrement cher. La comtesse, femme de grande piété, résolut alors de consacrer au Seigneur les biens qu’elle en avait reçus ; ces dispositions l’inclinèrent à ériger à Lyon, sa ville natale, un monastère de religieuses où la parfaite observance fût en vigueur. Pour l’exécution de son dessein, elle eut recours aux sages conseils d’un Jésuite son directeur ; le Père Lejeune la confirma dans sa pieuse pensée et comme, durant quelque temps, il avait fait sa résidence à Pontarlier où se trouvait le premier monastère de l’ordre de l’Annonciade, en deçà des monts, il lui parla avantageusement de ces religieuses et de l’excellence de leur institut entièrement consacré à honorer le mystère de l’Incarnation du Verbe et de la maternité de la Vierge Marie. Pleinement satisfaite de ces premiers renseignements, la comtesse s’adressa à M. de Meschatin La Paye, chanoine comte de Lyon et vicaire général de Denis de Marquemont, archevêque de Lyon, alors à Home, pour obtenir la permission d’établir un monastère. Elle écrivit d’autre part aux religieuses de Pontarlier, les priant de lui envoyer un nombre suffisant de sœurs pour commencer la fondation.

Les permissions d’usage ayant été accordées par les ordinaires des lieux et les magistrats, le 8 octobre 1624, quatre religieuses professes : Jeanne-Baptiste-Angèle Régis, Marie-Françoise Sauget, Marie-Bernardine Gilbert et Marie-Dorothée de Rincour, ainsi que trois novices de la maison de Pontarlierse mirent en route pour Lyon, où elles arrivèrent le 16 octobre. Madame de Chevrières les accueillit avec une joie extrême : elle leur avait fait préparer, dans la maison de feu M. de La Chassagne, au quartier de Bellecour, un logement où on comptait quinze cellules ; elle leur avait fait aussi disposer la chapelle que sa piété s’était plu non seulement à fournir du nécessaire, mais encore à orner et à enrichir de vases précieux et de décorations. Peu de temps après, la chapelle fut bénite ; dès lors on y célébra la messe et les religieuses y récitèrent l’office en chœur. L’année suivante, les Annonciades achetèrent à mi-côte de la Croix-Rousse, montée actuelle des Carmélites, de Mme Loubat, veuve de M. Guérin, bourgeois de Lyon, une maison avec jardin pour la somme de douze mille livres ; elles firent encore l’acquisition d’une maison voisine appartenant à M. Lenoir, et purent ainsi disposer peu à peu un monastère régulier, où elles entrèrent le 1er novembre 1625. On procéda ensuite à la bénédiction de l’église et d’une grande croix bleue et blanche ; celle-ci fut plantée sur une petite éminence devant le portail de l’église, ce qui excita la curiosité du peuple venu pour voir ce nouvel établissement.

En 1627, les Annonciades agrandirent leur habitation par l’achat d’une maison nommée Château-Gaillard, et d’un jardin attenant, le tout appartenant à M. Ganière. Le monastère progressait rapidement, soutenu au temporel par la bonne comtesse, au spirituel par le zèle et la prudence de Mgr de Marquemont, et enfin par la mère Jeanne-Baptiste-Angèle, dont on peut se dispenser de faire l’éloge en passant. « Douée d’un esprit élevé, d’un jugement solide, elle avait, disent les mémoires manuscrits du temps, une adresse merveilleuse pour mener à bonne fin les grandes entreprises » ; à ces qualités venaient se joindre un courage supérieur à toute difficulté et une rare égalité d’âme dans les circonstances les plus pénibles. Ces talents, que la grâce avait perfectionnés en elle, la firent choisir par ses supérieurs pour être la première prieure du monastère de Lyon, et elle justifia les espérances que l’on avait conçues d’elle ; car, sans rien omettre de tous les devoirs d’une parfaite religieuse, elle conduisait les travaux du bâtiment, gouvernait la communauté naissante et traduisait même en français le livre des règles de l’institut que l’on n’avait alors qu’en italien.

Les sœurs qui lui avaient été adjointes ne lui cédaient guère en mérite. Toutes menèrent une vie exemplaire et furent fort regrettées de leurs sœurs de Lyon lorsqu’elles retournèrent en leur monastère de Pontarlier. Il n’est pas hors de propos de citer ici les noms des premières professes de la maison de Lyon : ce furent d’abord les nobles demoiselles Gabrielle de Gadagne ou de Beauregard et Marthe de Monlaizon, l’une et l’autre nièces de la fondatrice ; leurs vertus, plus encore que leur noblesse, rendra à jamais leur souvenir impérissable dans les annales de l’ordre. Elles furent bientôt suivies dans le cloître par d’autres jeunes filles de qualité dont les mémoires ont conservé avec les noms les actions vertueuses ; ce sont : Marie-Antoinette de Saillan, de la Frasse, Mauret, Scarron, de Rontallon, et de Saint-Joire. Madame de Chevrières, mue par sa piété et son affection pour les Annonciades, obtint des chanoines de Saint-Jean une partie assez considérable du corps de saint Anastase, pape et martyr, que possédait le trésor de l’église primatiale. Pour recevoir ces reliques, la comtesse fit travailler un beau reliquaire d’argent. « Il était, dit l’annaliste, en forme d’église : quinze piliers d’argent en soutenaient la voûte sur laquelle se voyait un crucifix de même métal et l’entre-deux des piliers était fermé avec des cristaux de Venise. » Le 17 août 1628, MM. de Chalmazel et de Meschatin La Faye, chanoines de Lyon, se présentèrent à la porte du monastère où ce précieux dépôt fut reçu par la prieure et la sous-prieure qui offrirent à ces messieurs leurs actions de grâces pour cette insigne faveur. La communauté vint ensuite processionnellement avec des flambeaux à la rencontre des reliques. Les Annonciades célébraient la fête de ce saint le 27 avril ; elles l’avaient en singulière vénération et recouraient à son intercession dans leurs besoins ; elles éprouvèrent souvent les heureux effets de sa protection, surtout dans les nécessités publiques.

Vers 1628, lorsque la peste faisait de terribles ravages à Lyon, une Annonciade, sœur Marie-Agnès, en fut atteinte avec une telle violence que sa mort paraissait imminente. Le prieure eut alors l’inspiration de vouer sa malade à leur fondatrice, la bienheureuse Marie-Victoire Fornari, et d’étendre ce vœu non seulement à la sœur infirme et au monastère, mais encore à toute la ville ; avec le consentement de sa communauté, elle s’engagea, si la religieuse guérissait et si la ville était délivrée, à solenniser chaque année à perpétuité l’anniversaire de la mort de cette sainte mère. Peu de jours après cette promesse, la malade était hors de danger et le fléau diminuait visiblement dans la ville.

Cependant la chapelle du monastère s’élevait lentement. « On ne saurait croire, rapportent les annales, la quantité d’argent qui fut employée pour la construction de l’église, les seuls fondements coûtèrent des sommes immenses, à cause qu’il fallait élever l’église à la hauteur du chœur avec des terres transportées. » Faute de ressources on dut cesser les travaux à diverses reprises ; les dons mêmes de la généreuse comtesse ne suffisaient pas à l’achèvement de l’édifice ; les secours manquèrent même tout à fait lorsque mourut la fondatrice le 7 novembre 1635. Les religieuses ressentirent vivement sa perte et la pleurèrent comme leur mère, car non seulement elle leur fut d’un grand secours pour le temporel, mais, outre l’assistance spirituelle qu’elle leur procurait, l’exemple de ses vertus était pour la communauté un sujet d’édification. Les religieuses, et surtout les deux nièces de la fondatrice, eussent bien désiré posséder sa dépouille mortelle, mais les héritiers de la défunte en ordonnèrent autrement.

En 1637 seulement, la construction de l’église fut enfin achevée, à la grande satisfaction des religieuses qui, par leurs travaux intelligents, pourvurent bientôt à tous les ornements nécessaires au culte. Elles furent aidées en cela par bon nombre de personnes pieuses, surtout des parents des religieuses, qui contribuèrent à orner la maison du Seigneur.

À l’exemple de Mgr de Marquemont, son digne successeur le cardinal Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon, visita plusieurs fois en personne le monastère qu’il daignait honorer d’une particulière affection. Au nombre des bienfaits dont il gratifia la communauté des Annonciades, on doit mettre en premier lieu la bulle qu’il obtint d’Urbain VIII en 1628, bulle qui autorisait les monastères de l’institut, présents et à venir, en quelques lieux qu’ils s’établissent. « Aussi, lit-on dans les mémoires, nous avons reçu des bienfaits si considérables de son éminence que ce serai ! une ingratitude impardonnable de les oublier. » Camille de Neuville, qui lui succéda sur le siège de Lyon, voulut bien visiter, à diverses reprises, les Annonciades ; son grand vicaire tenait aussi le monastère en vénération et plus d’une fois il lui donna des preuves sensibles de son dévouement.

Paul de Cohade, vicaire général de Lyon.

En 1684, les religieuses furent inquiétées par un sieur Lolive qui voulait leur intenter procès relativement à la décharge des eaux de source ; comme c’était le jardin qui faisait l’objet de la contestation, les sœurs en firent l’acquisition pour la somme de 500 livres. Peu de temps après sa nomination à l’archevêché de Lyon, en 1693, Claude de Saint-Georges se transporta à l’Annonciade et eut la condescendance d’entretenir chacune des religieuses en particulier ; ce qu’il fit avec tant de patience et de bonté que toutes en demeurèrent édifiées. On cite aussi comme un de leurs bienfaiteurs M. Cohade, vicaire général de Lyon.

Le premier monastère de l’Annonciade a subsisté jusqu’à la Révolution. Dans son enceinte, pendant près de deux siècles sont venues s’abriter un grand nombre de nobles personnes heureuses d’ensevelir dans le cloître, sous le blanc costume de la Vierge Marie, les grâces et les charmes qui leur attiraient l’estime de tous, pour vivre dans cette solitude pauvres, humbles et mortifiées. Les annales sont riches en fait de ce genre ; il suffit de citer quelque noms pris çà et là et dont les familles étaient bien connues à Lyon : mesdemoiselles de Coindrieu, Faure, de Chalanson, Chausse, Jalibert, de Merle, Bonnet, Lafond, Madiny, Guignard, Quélan, Gautier, Arlin, Guibon, Demouchy, Favier de la Tourette, Baujan, Milliet, Durret, Michalliard, Toscan, AUard, et Muguet. Il est aisé de constater que cette maison se conserva dans la ferveur primitive jusqu’à sa dispersion, car, à la Révolution, aucune des Annonciades ne voulut prêter le serment à la constitution civile du clergé. L’une d’elles, Jeanne Bauquis, sœur Marie de l’Assomption, paya même de sa vie son attachement à la foi et mourut sur l’échafaud. Le dernier aumônier de la communauté, l’abbé Gabriel Daniel Dupleix, ancien Jésuite, eut le même sort ; l’historien Guillon rapporte que la sainteté, la dignité de sa personne et sa fermeté dans la foi excitèrent l’admiration des juges eux-mêmes.

Second monastère.

L’an 1637, le duc de Longueville s’étant emparé de la ville de Saint-Amour, les religieuses Annonciades Célestes se virent contraintes d’abandonner leur monastère, et, sous la protection de l’évêque de Mâcon, gagnèrent, non sans de grandes fatigues et privations, la ville de Lyon où elles désiraient se réfugier. Cette ville ne voulut leur donner asile qu’après en avoir obtenu la permission du roi, ce qui obligea les exilées à demeurer deux mois dans un village des environs. Après ce temps, elles firent leur entrée en ville, et s’installèrent dans un ancien hôpital très malpropre, où quatre d’entre elles moururent bientôt. La maladie et les privations supportées dans le voyage réduisirent la petite communauté à seize religieuses, de trente-deux qu’elle se composait à la sortie de Saint-Amour. Elles vivaient dans une grande pauvreté, les dames de la ville ayant cessé de leur faire l’aumône lorsque la clôture fut établie.

Cependant, quoique dépourvues de ressources, les sœurs louèrent une maison, et cette habitation, bien qu’étroite et fort modeste, leur paraissait délicieuse parce qu’elles pouvaient y vivre dans l’exacte observance de leur règle et garder la clôture. Le cardinal de Richelieu, archevêque de Lyon, leur donna de nombreux témoignages de sa paternelle bonté : à l’époque de la peste quelques religieuses en ayant été atteintes, il les fit sortir de la maison et leur en procura une autre. Durant les quinze années qu’il survécut, il leur fit des aumônes dont le chiffre monta jusqu’à 22.000 livres. Quand la peste eut cessé, le cardinal pourvut les Annonciades d’un logement plus spacieux, situé en meilleur air et si proche du premier monastère du même ordre que, du jardin, les sœurs pouvaient se voir les unes les autres.

Le deuxième couvent ne devait guère survivre plus d’un siècle à sa fondation ; en 1750, à la suite d’enquêtes qu’on va rappeler, il fut supprimé par l’autorité religieuse. M. Navarre, promoteur diocésain, donnait, à cette époque les renseignements suivants :

« Le second monastère de l’Annonciade composé actuellement de vingt-sept religieuses professes, d’une novice et de six sœurs converses, jouit, suivant l’état qu’il a présenté, de 4.000 livres de rentes environ que produisent une maison et un jardin loués 690 livres, des contrats sur la ville de Lyon, sur les tailles, sur l’hôtel-Dieu et quelques particulières. La dépense annuelle de cette maison pour la subsistance des professes et des dites sœurs monte à la somme de 6 à 7.000 livres, ce qui présente d’abord un vuide qui s’augmente encore par la somme de 1.600 livres environ, que la maison est tenue de payer annuellement pour le capital de 31.400 livres dues à différents créanciers. » Le promoteur ne voit qu’un remède à cette situation financière inquiétante, c’est de << pourvoir à la subsistance des religieuses du second monastère transférées au premier ou dispersées dans d’autres communautés, d’acquitter les dettes de cette maison, et, ses dettes acquittées, de vider le surplus des biens au premier monastère ».

Mgr de Guérin de Tencin, archevêque de Lyon, rendit, à Versailles, le 2 mai 1751, un décret dont voici les passages principaux.

« Nous supprimons, écrivait-il, le second monastère de l’Annonciade, dit de Saint-Amour, et réunissons à perpétuité les biens, meubles et immeubles qu’il possédait, au premier monastère, aux conditions suivantes : 1° de payer à chacune des religieuses de chœur du monastère supprimé et qui demeureront dans d’autres couvents que le premier, trois cents livres de pension annuelle, et deux cents livres à chacune des sœurs converses ; 2° d’acquitter dans le premier monastère les fondations, obits et messes dont le second monastère pouvait être tenu ; 3° de payer les dettes légitimes du monastère supprimé ; Nous permettons que les meubles et effets du second monastère, même les bâtiments et lieux réguliers puissent être vendus et le prix être employé à acquitter les dettes ; approuvons l’aliénation de l’emplacement et des bâtiments situés rue Neyret vis-à-vis le monastère des religieuses, aliénation faite au sieur Dominique Arnaud pour sa femme, par acte passé le 19 octobre 1750 par-devant Patrin et Pachol, notaires à Lyon, pour le prix de 16.000 livres ; 4° Nous ordonnons qu’avant de vendre la maison conventuelle, les corps ou ossements des religieuses décédées, soient exhumés et transportés dans l’église du premier monastère et qu’en présence du curé, le terrain de l’église supprimée où il y avait des sépultures, soit défoncé dans toute sa superficie à la profondeur de quatre pieds, et que les terres qui en seront tirées soient transportées dans le cimetière de la paroisse. »

La sentence de Mgr de Tencin fut approuvée par Louis XV en mai 1751.

Il ne sera pas inutile d’indiquer ce que devinrent les bâtiments du monastère ; la plus grande partie en fut cédée à la communauté du Bon-Pasteur comme on l’apprend du procès-verbal suivant.

« Dames Saint-Augustin Morel prieure, Marie Angélique Victoire Valeton, sous-prieure, du Saint-Esprit Mainard, discrète, Anne Victoire Clunet, Cécile Guignard, Bonaventure Chauvin, Suzanne Bonnafond, Hélène Denervo, Françoise Paul Gantillon, Marie Madiny, Scolastique Madiny, Marie Mage, Marie Pelein, Marie Payot, Marie Marnay, Charlotte Guignard, Marie Bonnard, Gertrude Jonard, Pierrette Dui’et, Catherine Girard, Élisabeth Dagnion, Eléonore Arlin, Rose Perraud, Philiberte Duret, Françoise Daujan, Madeleine Michalliat, Anne Navarre, Bonne Gauthier, Jeanne Françoise Rostaing, Françoise Ponchon, Louise Toscault, Jeanne Danquis, religieuses du premier monastère de l’Annonciade de Lyon. À ce couvent ont été unis par décret du cardinal de Tencin, du 2 mai 1751, confirmé par lettres patentes du même mois, enregistrées au parlement le 15 mai dernier, les biens du second monastère de l’Annonciade dit Saint-Amour à Lyon, supprimé par le même décret. En conséquence des lettres patentes du roi de juillet dernier, enregistrées au parlement le 15 mai suivant, les religieuses Annonciades vendent les bâtiments de l’ancien couvent de Saint-Amour, aux religieuses et administrateurs de la communauté du Bon-Pasteur dont les noms suivent : Antoinette Izaac, supérieure, Louise Marguerite Galletier, assistante, secrétaire, Jeanne Marie Champron, Jeanne Marie Laval, Andrée Trossier, Magdeleine Desmarais, Claudine Livet, Liduvine Néron, Marie Anne Laroche, Marie Françoise Bergerat et Louise Varenard ; ces religieuses se sont assemblées au son du timbre ; acceptent l’achat, avec le consentement de Mgr Nicolas de Navarre, évêque de Cydon, suffragant et vicaire général du diocèse de Lyon, supérieur de la communauté ; de Mre Antoine de Regnauld, chevalier, seigneur de Parcieu, doyen de messieurs les conseillers en la cour des monnaies, sénécliaussée et siège présidial de Lyon ; François Deschampt, écuyer, avocat en parlement de Lyon, ancien échevin de cette ville ; Jean Claude Fay, écuyer, conseiller, secrétaire du roi, ancien échevin de Lyon, et sieur Fleurie Dian, négociant, trésorier, tous directeurs et administrateurs du temporel de la communauté du Bon-Pasteur.

De la chapelle il reste une description détaillée dont il paraît bon d’extraire les détails suivants.

« Le chœur éclairé du côté du midi par une croisée double, pierre de taille, garnie de ses châssis à verres et ses volets brisés en menuiserie, est encore éclairé, du côté de matin, par deux croisées simples avec leurs châssis à verres et leurs volets brisés. Le chœur parqueté avec des ais simples, bois chêne, qui vient d’être fait nouvellement de môme que la voutte. » Autour du chœur se trouvent les stalles. « Au mur du côté de septentrion est une grande ouverture à plein cintre garnie d’une grille en bois peint en noir et qui donne dans l’église. » Celle-ci « est éclairée des côtés de matin et soir par quatre vitraux garnis de leurs cadres de fer, dans lesquels sont des panneaux à verres et à plomb ; au mur, du côté de septentrion, est l’autel avec sa hauteur d’appui pour la communion, en bois noyer, formé par des pilastres et des balustres. Dans la chapelle est une chaire à prêcher plaquée contre le mur du côté de soir ; les autel, hauteur d’appui de communion et chaire appartiennent aux dames religieuses du Bon-Pasteur », qui les avaient prêtés aux Annonciades.

« La chapelle est carrelée nouvellement en carriche rouge. Au mur du côté de matin est une grande ouverture de pierre de taille portant pilastre avec leurs bases et chapiteaux, la coiffe au-dessus, pierre de taille, à anse de panier, par laquelle ouverture l’on entre dans un petit vestibule pour des confessionnaux, dans lequel vestibule et au mur du côté de septentrion est une porte pierre de taille garnie de sa fermeture bois noyer en menuiserie ayant pour ferrures deux paumettes, un loquet à poignée, un hurtoir et une tarjette. Par la porte l’on entre dans la sacristie éclairée du côté de septentrion par un larmier pierre de taille garni de deux châssis à verres et défendu par quatre barreaux de fer. »

MAISON DE LA PROPAGATION DE LA FOI

Ceux qui ont étudié à fond l’histoire de France, savent l’état malheureux de notre pays au xvie et au xviie siècle par suite des guerres de religion : batailles de la Ligue, massacre de la Saint-Barthélemy, siège de La Rochelle, révocation de l’édit de Nantes, excès des dragonades et des Camisards. Louis XIV s’avisa enfin que les voies de la douceur aideraient mieux sa politique, et il se prit à favoriser la fondation des maisons dites de la Propagation de la foi où on recueillait les enfants protestants et les nouveaux convertis pour les élever dans la religion catholique. Voici comment un ancien document manuscrit raconte la fondation de la maison de Lyon.

Le chanoine Chervet (d’après un tableau conservé à l’institution des Minimes).

Louis XIV étant à Lyon au commencement de janvier 1659, la reine sa mère fit savoir à l’archevêque par M. l’abbé de Saint-Jean, l’un de ses aumôniers, que sa majesté désirait en cette ville l’établissement d’une compagnie ou congrégation de la Propagation de la foi pour travailler à la conversion des hérétiques et au secours de ceux qui se convertiraient. L’archevêque « accueillit avec joie une occasion si favorable pour employer son zèle et pour procurer le salut de ceux qui sont dans l’erreur ». Il établit la congrégation de la Propagation de la foi par son ordonnance du 3 février de la même année, et en confia l’administration à M. l’abbé de Saint-Just, son vicaire général. Celui-ci aidé de personnes zélées de toute condition travailla avec tant de succès que, jusqu’à la fin de l’année 1675, il procura la conversion à la religion catholique de près de quatre cents personnes. La société faisait de grands frais pour les études des jeunes gens et pour élever les jeunes filles dans la piété ; plusieurs de celles-ci furent mariées et dotées à la charge de la compagnie. « On s’employa aussi à empêcher la perte d’un grand nombre de catholiques que les huguenots entreprenaient continuellement de pervertir. Mgr l’archevêque employant son crédit à la cour, obtint du roi, en janvier 1676, des lettres patentes « portant permission d’établir à Lyon deux maisons : l’une pour les hommes et garçons, l’autre pour les femmes et filles convertis de la religion protestante. La compagnie commença par la maison des filles. N’ayant pas de quoi acheter et étant affaiblie par le décès de plusieurs des plus zélés et des plus considérables, elle loua la maison de la Chana appartenant à l’hôpital de la Charité. Puis elle pria la supérieure de la maison des nouvelles catholiques de Paris d’envoyer à Lyon trois de ses sœurs, ce qui ayant été favorablement accordé, les sœurs Foucault, Cheron et Bargedi vinrent et prirent possession de ladite maison au mois de septembre 1676. » La bénédiction de Dieu accompagna les œuvres de ces bonnes filles « qui avaient un talent merveilleux pour la conversion des huguenots. Dans l’espace de treize mois, elles reçurent dans leur maison, nourrirent et instruisirent de nombreuses personnes dont les unes avaient déjà fait abjuration, les autres venues pour se faire instruire en la religion catholique et renoncer à la religion protestante ».

Inutile de dire que la maison de la Propagation de la foi a disparu à la Révolution avec tant d’autres œuvres. Son utilité d’ailleurs était devenue moins urgente qu’au xviie siècle. Les écrits apologétiques des théologiens comme le chanoine Chervet, et les œuvres d’apostolat font actuellement à la cause catholique autant peut-être de recrues que l’ancienne maison de la Propagation de la foi.

CAMILLIENS

La congrégation des religieux Camilliens fut fondée à Rome par saint Camille de Lellis. Celui-ci, après avoir été capucin, comprit que la Providence lui destinait une autre vocation. Il s’engagea dans l’hôpital de Rome établi pour le soin des incurables et en devint même le directeur. À l’âge de trente-deux ans, sentant l’insuffisance de ses études, il ne craignit pas de se remettre aux premiers éléments des sciences. Lorsqu’il fut prêtre, il fonda l’ordre des Ministres des infirmes. Les religieux s’engageaient par vœux à soigner les malades et même les pestiférés. Il mourut en 1614 après avoir répandu sa congrégation dans de très nombreux hôpitaux. La maison de Lyon, située chemin de Francheville, fut établie en 1873. La chapelle est de style roman, à une seule nef, avec, au fond, une chapelle annexe. Dans le chœur se trouvent trois statues : au milieu la Sainte Vierge, à droite saint Camille et à gauche saint Joseph. Le chœur est également orné de deux tableaux : à droite, saint Camille soignant un malade, à gauche, le digne fondateur dans la gloire. Dans la nef on a placé deux statues : sainte Thérèse et le Sacré-Cœur. Au fond de l’église, dans la chapelle annexe dont on a parlé, se voient deux tableaux : l’un ancien et poussé au noir représente une scène de martyre ; le second rappelle une scène de la vie de saint Camille, lorsque, étant jeune, il fut fait prisonnier par des ennemis et miraculeusement délivré par la Vierge Marie.

FRANCISCAINES DE CALAIS

Les Franciscaines dites de Calais datent de plusieurs siècles, certains de leurs couvents ont été fondés au xive et au xve siècle. De tout temps, les sœurs se sont dévouées au soulagement des misères dans les hôpitaux, en temps d’épidémie, et sur le champ de bataille.

En 1867, on leur dépeignit la misère qui régnait dans le quartier des Brotteaux, à Lyon. On leur fit vivement sentir le besoin qu’il y avait de religieuses dévouées pour secourir les pauvres Allemandes, qui, venues de loin pour se placer, se perdaient parfois avant d’avoir pu trouver un travail convenable. Quatre sœurs arrivèrent à Lyon avec la permission de Mgr de Bonald, archevêque de Lyon, et de l’évêque d’Arras. Elles trouvèrent bientôt des aumônes pour soulager de grandes misères. Aux uns on payait le loyer, aux autres on donnait du pain, de la viande, du linge à domicile ; les malades abandonnés étaient soignés. Dans la communauté on logeait et on nourrissait des jeunes filles qu’on cherchait à placer ; quand ces personnes se trouvaient de nouveau sans place, elles revenaient à la maison. Un grand nombre d’elles s’y réunissaient le dimanche pour recevoir de bons avis. On fit aussi un commencement d’hôpital de vieillards, hommes et femmes et d’enfants abandonnés ; mais le local était fort restreint. On était à la recherche d’une plus grande maison quand la guerre éclata.

Pendant les mauvais jours, les sœurs furent respectées des communards à cause des services qu’elles rendaient dans le quartier ; ils voulurent même assister à l’enterrement d’une religieuse décédée en mai 1871. Après la guerre, les sœurs cherchèrent à agrandir leur œuvre ; elles désirèrent louer une partie des bâtiments des Capucins ou Monument des Brotteaux, sans pouvoir y parvenir. Aujourd’hui elles possèdent une maison de famille rue Pierre-Corneille et un orphelinat à Cuire.

MONPLAISIR

Saint-Maurice de Monplaisir (partiellement reconstruite).

À mesure que la ville de Lyon s’étendait sur la rive gauche, il devenait de plus en plus nécessaire de créer de nouvelles paroisses. Mgr de Bonald, soucieux des intérêts religieux de ce quartier qui prenait de plus en plus d’importance, décida la création d’une nouvelle paroisse à laquelle il donna son nom : Saint-Maurice de Monplaisir. Depuis l’époque déjà lointaine de sa fondation, cette paroisse a pris une grande extension, au point que, comme on le verra, on a choisi, en grande partie sur elle, l’emplacement d’une nouvelle paroisse.

L’église de Monplaisir se compose de deux parties bien distinctes : la partie ancienne, qui est l’église primitive, comprenant la nef, et la partie moderne qui se compose de l’abside et du transept. La façade est en forme de temple grec ; elle est surmontée d’un fronton, puis plus haut d’un modeste clocher. Le porche est roman et décoré lui-même d’un fronton qui supporte la croix. Par côté du porche, on a creusé deux niches fermées par une grille, dans lesquelles on a représenté deux saints. La partie neuve se compose, comme on l’a dit, du transept et de l’abside ; c’est l’œuvre de notre éminent collaborateur M. Sainte-Marie Perrin. Les pierres d’attente qui se voient du dehors indiquent suffisamment que le monument est destiné à être continué et achevé ; en tout cas, ce qui existe déjà montre que l’édifice sera d’une architecture uniforme et que le monument n’aura rien à envier aux églises voisines.

Intérieur de Saint-Maurice (partie définitive).

Le maître-autel est provisoire, il est de bois, et porte sur le devant, sculpté en bas-relief, l’image du Bon-Pasteur ; de chaque côté de cette scène se trouvent deux statuettes. Au-dessus du chœur, s’élève une vaste coupole qui attend sa décoration définitive. Elle est supportée par quatre piliers et des trompes la font passer du carré à l’hexagone. Elle est éclairée par des ouvertures en forme d’étoiles, et au bas de la coupole l’architecture simule des tribunes. Derrière l’autel s’ouvre une vaste abside abondamment éclairée par cinq baies non encore pourvues de leurs vitraux.

Les arcs qui soutiennent l’abside et la grande nef sont de style roman et agréablement ornés d’une décoration qui simule des alternances de pierres noires et blanches. A droite, dans le transept, s’ouvre la chapelle du Sacré-Cœur ; l’autel de pierre blanche est décoré de deux colonnettes encadrant une croix. La chapelle est éclairée en haut par une rosace formant étoile et de côté par une baie. Dans le transept de gauche, se voit la chapelle de la Sainte Vierge, dont l’autel de marbre blanc est décoré, en bas-relief, d’un agneau entouré de lis et de roses, et surmonté d’une statue de Notre-Dame de Lourdes. Tout à côté, on a placé un tableau représentant Notre-Dame du Rosaire. Le transept est éclairé par une verrière en forme de croisillon et la grande nef, encore provisoire, par trois vitraux de chaque côté. Au bas de la petite nef de droite se trouve le baptistère et contre le premier pilier, la chaire qui, contre l’habitude ordinaire, est placée à droite et non à gauche. Au bas de la nef de gauche se voit une statue de saint Antoine de Padoue, et près de là un tableau représentant saint Michel terrassant le dragon. Au fond de la grande nef est une tribune et devant le maître-autel une table de communion en marbre blanc avec colonnettes sculptées.

NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION

Église provisoire N.-D. de l’Assomption à Monplaisir-la-Plaine. (d’après un dessin de M. Paulet, architecte).

Le cardinal Coullié, préoccupé des intérêts religieux des habitants de Monplaisir-la-Plaine, vient de fonder dans ce quartier ouvrier une nouvelle paroisse sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption. L’érection canonique faite par Son Éminence le 16 décembre 1907, a été promulguée le dimanche suivant dans les églises Saint-Maurice de Monplaisir, Saint-Vincent de Paul et dans la chapelle des religieuses ranciscaines de la route d’Heyrieux, qui sert provisoirement d’église paroissiale. La sollicitude de cette œuvre importante a été confiée à un prêtre de l’œuvre du Père Chevrier, M. l’abbé Planus, en dernier lieu curé de Saint-Antoine d’Ouroux.

La paroisse de l’Assomption est formée d’une partie prise sur Saint-Vincent de Paul et d’une autre plus considérable empruntée à Saint-Maurice de Monplaisir. Sa population est approximativement de 3.500 âmes. Pour la formation de la paroisse de l’Assomption, un bel emplacement donnant sur la route d’Heyrieux a été généreusement donné et soigneusement réservé ; mais sur ce vaste champ tout se construit : église, cure et maisons d’œuvres. Voici que déjà s’élève une chapelle provisoire, ouverte le 15 août 1908, jour de la fête patronale.

SAINT-ALBAN

Aux confins de Monplaisir et de Bron se trouve une chapelle dédiée à saint Alban. Son origine serait des plus anciennes. « Tout me porte à croire, raconte l’historien Cochard, qu’il existait du temps des Romains, sur l’emplacement qu’occupe la chapelle rurale de Saint-Alban, un temple ou du moins un Sacellum, dédié à quelqu’une de leurs divinités. On remarque, en effet, dans les murs de cette chapelle, des débris de marbres sculptés, des matériaux provenant d’anciennes constructions et sur la petite porte, au nord, une pierre de choin qui contient des fragments d’une inscription en lettres onciales, annonçant la douleur d’un fils, militaire à Lyon, qui avait perdu sa mère. » Aujourd’hui on y voit établie une œuvre bien touchante confiée aux sœurs Saint-Vincent de Paul : elles soignent avec dévouement des enfants et jeunes gens incurables.

GRANDS-CAPUCINS — CAPUCINS DU PETIT-FOREST

L’ordre des Capucins se rattache à celui des Frères Mineurs, fondés par saint François d’Assise, né dans cette ville, en 1182, mort à Sainte-Marie-des-Anges, en 1216. « Mathieu de Bassi, frère Mineur du couvent de Monte-Falco, ayant vu dans un tableau saint François représenté avec un capuce pointu, en fit confectionner un semblable en 1525. La même année, il commença à se couvrir la tête de cette coiffure et à marcher pieds nus. Ses compagnons furent désignés sous le nom de Capucins et approuvés par les papes Clément VII et Paul III. Grégoire XIII envoya des Capucins en France, sur la demande de Charles IX et le cardinal de Lorraine leur fit construire un monastère à Meudon.

Au xviiie siècle, cet ordre avait pris une extension si considérable qu’il possédait 1.600 monastères habités par 25.000 religieux. En 1574, le frère Jérôme de Milan, Capucin, se rendit à Lyon, où il logea chez Pompée Porro, riche banquier et son compatriote. Il décida Porro et quelques-uns de ses amis à construire un monastère pour les religieux. Dans ce but, ces bienfaiteurs achetèrent la propriété du sieur de Gadagne, banquier florentin, située au lieu dit de Thunes, paroisse Saint-Paul, sur le coteau de Montauban. Le 15 juin 1573, nouveau contrat, par lequel Nicolas de Lanchisa, marchand florentin, vend à Jacomini Bruno une maison et jardin appelés de Confort, moyennant la somme de 1.600 livres, en faveur des religieux Capucins pour y faire le service divin.

Les Grands-Capucins au xviie siècle (d’après le plan de Simon Maupin).

« Dans l’endroit qui se nomme Thunes, raconte l’historien Saint-Aubin, se voit le premier couvent que les Capucins possédèrent à Lyon et qui fut le second en France. Ces pères furent appelés d’Italie par Charles IX. La reine-mère les recommanda aux échevins qui les reçurent favorablement. Les banquiers les protégèrent de tout leur pouvoir et leur achetèrent l’emplacement de leur couvent. La croix y fut plantée solennellement le 14 septembre 1575, et cette nouvelle communauté fut dédiée à saint François, l’instituteur des Capucins. De nombreux bienfaits suffirent pour réduire à leur usage tout le bâtiment acheté, jusqu’au temps où l’on eut le moyen de le mettre en l’état où on le voit aujourd’hui. Le côté qui regarde la rivière et sa plate-forme au-dessus d’un précipice très escarpé, bordé de murailles fort épaisses, repose sur des rochers : c’est le soutien de la plateforme. L’air y est très bon et l’aspect agréable ; l’eau de deux fontaines très pure et très bonne coule sur ce terrain. »

Le P. Archange, capucin.}}

A l’époque du choléra de 1628, qui ravagea Lyon, les Grands-Capucins et ceux du Petit-Forest, établis depuis 1622, se dévouèrent à soigner les pestiférés et plusieurs de ces religieux furent victimes de leur charité.

Le 18 décembre 1702, les chanoines de la collégiale Saint-Paul vendirent à Laurent Pianello du Besset, chevalier, seigneur de La Valette, père temporel du couvent des Grands-Capucins, une maison haute et basse, une cour close de murailles, un réservoir d’eau surmonté d’un étage servant de porte au couvent, avec parloir et jardin potager.

Au moment de la Révolution, on dressa un inventaire des biens ; on y lit ces lignes : « Le clos des Capucins peut contenir environ six bicherées de terrain dans lequel il y a un grand bâtiment carré pour le logement des religieux, auquel est adossée l’église avec le chœur sur lequel est la bibliothèque qui contient environ 6.000 volumes en différents formats ; une petite maison à l’extérieur, près la porte dudit couvent ; un étage avec son rez-de-chaussée ; dans le clos, une tonne en fer de 152 pas de longueur, une allée de tilleuls ; le restant divisé en trois jardins potagers et un parterre au milieu des bâtiments. » Dans la sacristie se trouvaient 74 aubes ; 12 surplis ; 34 nappes d’autel ; 14 nappes avec dentelle ou mousseline ; 36 corporaux ; 300 purificatoires ; 2 chappes ; 46 chasubles de différentes couleurs ; 30 chandeliers argentés ou arqueminés ; 4 missels ; 8 calices argent ; 1 ostensoir d’argent ; 1 ciboire argent ; 1 custode argent ; enfin 1 petite croix d’argent contenant du bois de la vraie croix. »

Nicolas de Dijon, célèbre capucin de la province de Lyon.

Il reste peu de souvenirs archéologiques du couvent des Capucins, la gare Saint-Paul ayant fait disparaître la majeure partie des bâtiments du monastère.

Près des Oratoriens, aujourd’hui Saint-Polycarpe, se trouvait un second couvent de Capucins, appelé du Petit-Forest, dont une place a conservé le nom. Ce couvent fut établi en l’année 1622, sous la protection de saint André, apôtre. Catherine de Médicis, reine de France, posa la première pierre du bâtiment en passant à Lyon, en 1632. Comme leurs frères plus anciens, les religieux occupaient leur temps à la prédication. Lorsqu’éclata le choléra, en 1628, les Capucins du Petit-Forest s’offrirent pour soigner les pestiférés : un chiffre, qui a son éloquence, indique que vingt-trois d’entre eux moururent du fléau, cette même année. Les uns périrent à Lyon, les autres en servant les malades aux environs de la ville : ainsi, à Vaulx-en-Velin près Lyon, moururent les frères Mathieu d’Arnay-le-Duc, Mathieu de la Chaise-Dieu et Jean-Baptiste de Vienne. À la Révolution, la municipalité fit inventorier les objets qui se trouvaient dans le couvent. Parmi les choses précieuses, on remarqua trois calices de vermeil, quatre calices d’argent, un ciboire de vermeil, un autre en argent, un ostensoir en vermeil, douze grands chandeliers et vingt-sept petits.

LE SAINT-ENFANT-JÉSUS

L’œuvre du Saint-Enfant-Jésus a pour but de distribuer aux enfants pauvres des écoles libres de Lyon des livres classiques et des vêtements. Elle a reçu un grand développement grâce au zèle de deux personnes dont les noms méritent d’être conservés dans les annales du bien : Mlle de Boissieu et sa sœur Mme de Nolhac. D’autre part, elle a été précieusement encouragée par le pape Pie IX qui, le 18 mars 1864, lui accorda de nombreuses indulgences.

L’œuvre du Saint-Enfant-Jésus est maintenant abritée à Ainay, rue Bourgelat, sous le même toit que l’œuvre des Messieurs. À certains jours de modestes ouvrières se réunissent dans une vaste salle et reçoivent, de la part des dames de l’œuvre, moyennant rémunération, des vêtements à confectionner pour les enfants pauvres des écoles. C’est ainsi une double bonne œuvre qui est accomplie. La maison de la rue Bourgelat compte deux chapelles : la plus ancienne, réservée aux sœurs Saint-Vincent de Paul, l’autre à l’usage des orphelines. La première possède un autel de marbre blanc, ouvert par devant en forme d’arcades, sous lequel repose les restes de sainte Candide la jeune, vierge et martyre, enfermés dans une châsse. Derrière l’autel un beau tableau représente saint Vincent de Paul et saint François de Sales. À droite, une autre toile montre la vierge Marie accueillant une âme qui se confie à elle. À gauche, un saint Sébastien peint par un artiste lyonnais, Mondan, et un Ecce Homo d’assez bon effet. Enfin, au bas, deux peintures représentent sainte Chantal et sainte Thérèse. Plusieurs de ces tableaux non signés sont l’œuvre de Claudius Lavergne. La chapelle est riche en reliques : outre celles qui sont exposées sur l’autel, on a artistement placé dans un tableau des parcelles de reliques, se montant à plus de six cents.

La chapelle des enfants s’ouvre perpendiculairement à gauche de celle des sœurs. Au-dessus de l’autel, dans une niche, se voit la statue de la Vierge immaculée, et, par côté, les statues de saint Vincent de Paul et du bienheureux Vianney, curé d’Ars. Plusieurs tableaux décorent l’oratoire ; ce sont, à droite : le Sacré-Cœur, œuvre de Mondan, et une Vierge qui paraît ancienne ; à gauche, saint Joseph et sainte Madeleine.

L’ESPÉRANCE ET BETHLÉEM

Chapelle de l’orphelinat de Bethléem.

Les sœurs de l’Espérance, fondées à Bordeaux, possèdent une modeste chapelle située 14, montée des Carmes-Déchaussés, dans l’ancien couvent des Grands-Capucins. Elle fut commencée en mars 1877 et achevée la même année. M. Sainte-Mairie Perrin en fut l’architecte, et le cardinal Caverot la bénit en 1878. L’autel unique est dédié à Notre-Dame de l’Espérance. La chapelle possède quatre modestes reliquaires renfermant chacun douze précieuses reliques, dont quelques-unes des martyrs lyonnais, disciples de saint Pothin.

La congrégation de l’Espérance, vouée aux soins des malades, possède une branche appelée sœurs de Bethléem ; celles-ci s’occupent plus particulièrement d’enseignement et d’orphelinats. La maison de Lyon est située montée des Carmes-Déchaussés, 10, il s’y trouve une trentaine d’orphelines auxquelles on apprend les choses les plus importantes de la vie pratique. La chapelle est modeste, un petit autel au milieu du chœur, avec, de chaque côté, des statues de la Sainte Vierge et de saint Joseph.

BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE IX

SAINT-MARTIN DE LA CHANA ET SAINT-ÉLOI

Règlements, indulgences et exercices de la confrérie de la Bonne-Mort, érigée dans la chapelle de Saint-Martin-de-la-Chanal, paroisse de Saint-Paul. Lyon, 1758, in-8.

Bibliothèque historique du Lyonnais, mémoires, notes et documents pour servir à l’histoire de cette ancienne province et des provinces circonvoisines de Forez, Beaujolais, Bresse. Dombes et Bugey, publics par M.-C. et Georges Guigue, anciens élèves de l’école des chartes ; t. I, Lyon, Vitte et Perrussel ; Henri Georg, 1886, in-8, vii-471 p. — P. 142, suppression de la Chana.

Les abbés L. Duplain et J. Giraud, vicaires à Saint-Paul, Saint-Paul de Lyon, étude d’histoire lyonnaise, Lyon, Rey, 1899,in-8,296 p., grav. — Concerne aussi la Chana et Saint-Éloi.

Les anciens hôpitaux de Lyon, l’hôpital de la Chanal ; par M. J. Drivon, dans : Lyon médical, 6 et 20 septembre 1908, etc., p. 397-107, 176-87, etc.

PÉNITENTS DE LA MISÉRICORDE DE LA CROIX, DE LORETTE.

Règlemens de la confrérie de la Miséricorde, érigée à Lyon l’an 1636. Lyon, Valfray, 1749, in-12.

Boitel (L.), La chapelle des pénitents de la Miséricorde, dans : Revue du Lyonnais, 1837), série I, t. VI, p. 3. — Tirage à part : Lyon, Boitel, 1837, in-8o, 48 p.

Statuts de la compagnie des Pénitents de la Croix, érigée dans la ville de Lyon. Lyon, Laurens, 1716, in-12.

Ordre des offices et exercices spirituels qui se feront dans la chapelle des pénitents du Saint-Crucifix pendant la semaine sainte de 1788. Lyon, 1788, in-8.

Statuts et règlements de la dévote compagnie des pénitents pèlerins de Notre-Dame de Lorette, établie à Lyon. Lyon, 1684, in-12.

SŒURS SAINT-JOSEPH DE CLUNY

La r. m. Javouhey, fondatrice de la congrégation de Saint-Joseph de Cluny, histoire de sa vie, des œuvres et missions de la congrégation ; par le r. p. Delaplace, de la congrégation du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de Marie. Paris, Victor Lecoffre, 1886, in-8o, 2 vol., xi-595 p., 2 f.-679p., portr.

DÉSERTE

Statvts et constitvtions sur la reigle dv glorievx pere S. Benoist, povr le monastère royal de Nostre Dame de la Déserte de Lyon ; seconde édition. À Lyon, chez Vincent de Cœursillis, rue Tupin, à la fleur de lys, 164», in-12, 382 p.-4f.

Le portrait sacré des filles illustres de saint Benoist, avec les entretiens curieux sur la conduite de leur vie ; par F. Bachelard. Lyon, Gayet, 1669-70. in-4o, 2 tomes, grav. — Autre édition : Lyon, Girin et B. Rivière, 1670, in-4o, 2 tomes.

NOTRE-DAME-DES-MISSIONS

Constitutions des filles de Notre-Dame-des-Missions. Lyon et Paris, Delhomme et Briguet, 1900, in-16, 206 p.

Inauguration de la nouvelle chapelle de Notre-Dame-des-Missions de Lyon, chemin de Montauban, 14. Lyon, Vitte, 1901, in-8, 13 p.

Oraison funèbre de la t. r. mère Marie du Cœur de Jésus, fondatrice de l’institut des religieuses de Notre-Dame-des-Missions, Lyon ; par M. l’abbé Collomb, vice-doyen, curé d’Aniche (Nord). Lyon, A. Waltener, 1893, in-8, 24 p.

Vie de la très-révérende mère Marie du Cœur de Jésus, née Euphrasie Barbier, fondatrice et première supérieure générale de l’institut des filles de Notre-Dame-des-Missions ; par l’abbé A. Coulomb, vice-doyen honoraire, ancien aumônier du couvent des Saints-Anges à Armentières (Nord) et du couvent de Saint-Ethelburga à Deal (Kent). Paris, Vic et Amat, 1902, in-8, xvi-787 p., grav.

NOTRE-DAME DE CHARITÉ DIT REFUGE — SAINT-MICHEL

Trouillet (L.-F.), médecin du refuge Saint-Michel, Notice historique de la vie de madame de Méneust du Bois-Jouan, supérieure de la maison de Notre-Dame de Charité du Refuge de Saint-Michel à Lyon. Lyon, Ballanche, sans date (1816), in-8o, 8 p.

Règlement pour l’œuvre de Saint-Michel. Lyon, 1827, in-18.

Œuvre du refuge de Notre-Dame-Saint-Michel ; assemblée générale du 15 mars 1860. Lyon, imp. Périsse, 1860, in-8o, 15 p. — Compte rendu annuel 1860-1908.

ANNONCIADES

Constitvtions des religiecses de l’ordre de l’Annonciade, satis la reigle de s. Avgvstin, fondées à Gennes, l’an de nostre salut 1601, traduittes d’italien en françois. Lyon, Clavde Cayde, 1620. in-12, 10 f.-222 p.-3 f.

Règles et adresses povr les officières des monastères de l’Annonciade, fondés à Gennes, l’an de notre saint 1601, et nouuellement r’imprimées & conformes à la practique de l’obseruance des constitutions pour les monastères du mesme ordre, l’an M.DC.XXIV, traduit d’italien en français. À Lyon, par Clavde Cayne, ruë Raisin, au grand Harenc, M.DC.XXVIII, in-12, 111 p.-3 f.

Cérémonial des religievses de l’ordre de l’Annonciation Rostre Dame, tiré dv rituel Romain & des coustumes du mesme ordre. À Lyon, par Claude Cayne, en rue Raisin, au grand Harenc, M.DC.XXIX, avec permission. [Autre titre :] Ceremonies pour recevoir des filles ov femmes à la religion, dans les monastères de l’ordre de l’Annonciation nostre Dame, sous la reigle de saint Augustin, docteur de l’église, imprimé seulement pour servir aux religieuses du susdit ordre. À Lyon, chez Clavde Cayne, rue Raisin, au grand Harenc, M.DC.XXIX, avec permission. In-8°, 2 parties, 190 p.-l f., 78 p.-1 f.

Chausse (R.-M. Marie-Hiéronyme), Histoire de l’établissement et du progrès du premier monastère des religieuses Annonciades célestes de la ville de Lyon, fondé [par Mme Gabrielle de Gadagne. Lyon, 1699, in-4.

Collombet, Monastère des Annonciades, dites Bleu-Célestes, dans : Revue du Lyonnais, (1843), 1re série, t. XVIII, p. 268.

PROPAGATION DE LA FOI

Instruction familière en faveur des confrères de l’un et l’autre sexe de la congrégation de la Propagation de la foy, établie à Lyon. Lyon, 1661, in-18.

SAINT-ALBAN

Notice historique et topographique sur la ville de la Guillotière, projet d’embellissement : par Christophe Crépet, ancien élève de l’école royale des beaux-arts de Paris, architecte voyer de la ville de la Guillotière. Lyon, Marie, 1845, in-4o, 40 p. -2 f., grav.

Histoire de la Guillotière et des Brotteaux, depuis sa fondation jusqu’à nos jours, 1846 ; par F. Meifreid. Lyon, Giraud, 1846, in-8o, viij-112 p.

M.-C. Guigue, L’hôtel et la prison de Roanne, le prieuré de Saint-Alban et le palais de justice actuel de Lyon, notice historique. Lyon, Mougin-Rusand, 1880, in-8o, 19 p.

GRANDS-CAPUCINS ET PETIT-FOREST

Saint-Olive, Les Grands Capucins, dans : Revue du Lyonnais, (1874), série III. tome XVII. p. 151.

[Tisseur (C.)], Marie-Lucrèce et le grand couvent de la Monnaye ; par Nizier du Puitspelu ; avec un plan en couleurs, par M. Vermorel. Lyon, Meton. 1880, in-8o, 2 f.-188-vii p. — Concerne aussi les Capucins du Petit-Forest.

Steyert (A.), Topographie historique, l’ancien quartier des Capucins, lettre à M. Vermorel, dans : Revue lyonnaise, juin 1881. — Tirage à part : Lyon, Pitrat, 1881, in-8o, 14 p., grav.

[Bergeron (abbé)], Manuel de Saint-Polycarpe, recueil de prières, de chants liturgiques et de cantiques. Lyon, Paquet, 1896, in-32, liv-391 p. — Avec notice sur le Petit-Forest.

Les abbés L. Duplain et J. Giraud, vicaires à Saint-Paul de Lyon. Saint-Paul de Lyon, étude d’histoire lyonnaise Lyon, Rey, 1899, in-8o, 296 p., grav, — Avec notice sur le Grands Capucins.