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L’Église chrétienne (Renan)/XXI. Le piétisme romain

La bibliothèque libre.
Calmann Lévy (p. 401-425).


CHAPITRE XXI.

LE PIÉTISME ROMAIN. — LE PASTEUR D’HERMAS.


Un livre eut en ce genre un succès durable, et servit pendant des siècles d’aliment à la piété chrétienne[1]. Il eut pour auteur un frère de Pius, l’évêque de Rome. Ce personnage, qui sans doute occupait dans l’Église une place considérable, conçut le projet de frapper un grand coup, propre à réveiller les saints. Il feignit une révélation qu’aurait eue, cinquante ou soixante ans auparavant, du temps de la persécution de Domitien, un certain Hermas, ancien de l’Église de Rome[2]. Clément, le garant de toutes les fraudes pieuses de l’ébionisme romain, couvrait le livre de son autorité, et était censé l’avoir adressé aux Églises du monde entier[3].

Hermas, enfant trouvé ou né dans l’esclavage, avait été vendu, par le propriétaire d’esclaves qui l’avait nourri[4], à une dame romaine nommée Rhodé[5]. Il avait sans doute réussi à se racheter et à s’établir ; car, au début de l’ouvrage, il est sous le coup des chagrins que lui causent sa femme, ses enfants et aussi ses affaires, qui, par suite du désarroi de sa famille, vont très-mal[6]. Ses fils avaient même commis le plus grand crime dont un chrétien put se rendre coupable ; ils avaient blasphémé Christ, pour échapper aux poursuites, et dénoncé leurs parents[7]. Au milieu de ces tristesses, le pauvre Hermas retrouve Rhodé, qu’il n’avait pas vue depuis des années. Le peu de consolations qu’il avait dans son intérieur lui rend, à ce qu’il paraît, le cœur sensible ; il se met à aimer son ancienne maîtresse comme une sœur. Un jour, la voyant se baigner dans le Tibre, il lui présente la main, et l’aide à sortir du fleuve : « Que je serais heureux, se dit-il, si j’avais une femme aussi belle et aussi bien élevée ! » Sa pensée n’alla pas au delà[8], et une telle réflexion était d’autant plus excusable que sa femme était acariâtre, désagréable, pleine de défauts. Mais la sévérité des mœurs chrétiennes était si grande, que l’amour tout platonique d’Hermas fut noté dans le ciel par le surveillant jaloux des âmes pures ; il va en être repris comme d’une faute.

Quelque temps après, en effet, comme il se rendait à sa campagne, située près de Cumes, à dix stades de la voie Campanienne[9], et qu’il admirait la beauté des œuvres de Dieu, il s’endormit en marchant. Il traversa en esprit des fleuves, des ravins, des montagnes crevassées, se retrouva en plaine, et là se mit à prier le Seigneur et à confesser ses péchés.


Or, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, et il vit la femme qu’il avait désirée, lui disant : « Bonjour, Hermas. » L’ayant regardée : « Maîtresse, que fais-tu là ? » lui dit-il. Elle lui répondit : « J’ai été transportée ici pour accuser tes péchés devant le Seigneur. — Quoi ! c’est toi qui es mon accusatrice ? — Non ; mais écoute les paroles que je vais te dire. Le Dieu qui demeure dans le ciel, qui a tiré tout ce qui existe du néant et l’a fait grandir pour la sainte Église, est irrité contre toi, parce que tu as péché envers moi. — J’ai péché envers toi ? lui répondit Hermas. Et de quelle manière ? T’ai-je jamais dit une parole inconvenante ? Ne t’ai-je pas toujours traitée comme une maîtresse ? Ne t’ai-je pas toujours respectée comme une sœur ? Pourquoi me reprocher faussement, ô femme, des actes méchants et impurs ? » Elle lui dit en riant : « Pour un homme juste comme toi, le seul désir est un très-grand mal ; mais, prie Dieu, et il pardonnera tes péchés et ceux de toute ta maison et ceux de tous les saints. » Après qu’elle eut proféré ces paroles, les cieux se fermèrent, et Hermas resta effrayé : « Si cela compte pour un péché, se dit-il, comment faire pour être sauvé ? »


Comme il était plongé dans ces réflexions, il voit devant lui un grand fauteuil de laine blanche. Une femme âgée, richement vêtue, ayant un livre en ses mains, vient s’y asseoir et après l’avoir salué par son nom : « Pourquoi es-tu triste, Hermas, toi d’ordinaire si patient, si égal, toi toujours souriant ? — Je suis, lui répondit Hermas, sous le coup des reproches d’une femme très-vertueuse, qui me dit que j’ai péché envers elle. — Ah fi ! me dit-elle, que cela serait mal de la part d’un serviteur de Dieu, d’un homme respectable et déjà éprouvé, du chaste, simple et innocent Hermas ! Peut-être, en effet, est-il monté quelque sentiment dans ton cœur à son sujet. Mais ce n’est pas à cause de cela que Dieu est irrité contre toi… » Le bon Hermas respire quand la vieille femme lui apprend que la vraie cause de la colère de Dieu est sa faiblesse comme père de famille. Il ne tient pas sa femme et ses enfants avec assez de sévérité, il ne les prêche pas assez ; ce sont eux qui sont la cause de la ruine de ses affaires temporelles. La vieille lit ensuite dans le livre des mots terribles, dont Hermas ne se souvient pas, et finit par de bonnes paroles, qui sont à sa portée.

L’année suivante, à pareille époque de l’année, se rendant à sa campagne de Cumes, Hermas revit la même vieille, marchant et lisant un petit livre. La vieille lui explique l’objet du livre, qui est d’exhorter tout le monde à la pénitence, car les temps sont proches et la persécution[10] va venir. Un beau jeune homme apparaît : « Qui, crois-tu, est cette vieille de qui tu as reçu le livre ? — La Sibylle peut-être, dit Hermas, préoccupé du voisinage de Cumes. — Non, c’est l’Église. — Pourquoi donc est-elle vieille ? — Parce qu’elle a été créée la première et que le monde a été fait pour elle[11]. » La vieille enjoint à Hermas de remettre deux exemplaires du livre, l’un à Clément, l’autre à la diaconesse Grapté. « Clément, dit-elle, adressera le livre aux villes du dehors, car c’est là sa fonction. Grapté avertira les veuves et les orphelins, et, toi, tu le liras dans la ville aux anciens qui président l’Église[12]. » Ce petit livre est naturellement l’ouvrage du prétendu Hermas ; l’origine céleste en est ainsi attestée.

La troisième vision est plus mystérieuse. La vieille apparaît encore à Hermas, après des jeûnes et des prières. Ils se donnent un rendez-vous à la campagne ; Hermas arrive le premier ; à son grand étonnement, il se trouve devant un banc d’ivoire ; sur le banc est posé un oreiller de lin, recouvert d’une gaze très-fine. Il se met à prier et à confesser ses péchés. La vieille arrive avec six jeunes gens. Elle fait asseoir Hermas à gauche (la droite est réservée à ceux qui ont souffert pour Dieu le fouet, la prison, les angoisses, la croix, les bêtes). Hermas voit alors les six jeunes hommes bâtir une tour carrée, émergeant du sein des eaux. Des milliers d’hommes les servaient et leur apportaient les pierres. Parmi ces pierres, les unes étaient tirées du fond de l’eau toutes taillées ; c’étaient les plus parfaites, elles se joignaient si bien, que la tour paraissait monolithe. Parmi les autres, les jeunes hommes faisaient un choix ; autour de la tour était un tas de matériaux rebutés, soit parce qu’ils avaient des défauts, soit parce qu’ils n’avaient pas la coupe voulue.


« La tour, dit la vieille, c’est l’Église, c’est moi, qui t’ai apparu et qui t’apparaîtrai encore… Les six jeunes hommes sont les anges, créés les premiers, auxquels le Seigneur a confié le soin de développer et de gouverner la création ; ceux qui apportent les pierres sont des anges inférieurs. Les belles pierres blanches qui s’appareillent bien sont les apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres, vivants ou morts, qui ont été chastes et qui ont vécu en bonne intelligence avec les fidèles. Les pierres qu’on tire du fond de l’eau représentent ceux qui ont souffert la mort pour le nom du Seigneur. Celles que l’on rejette et qui restent près de la tour figurent ceux qui ont péché et qui veulent faire pénitence. S’ils la font tandis que l’on bâtit, ils pourront être employés dans le bâtiment ; mais, quand le bâtiment sera une fois achevé, ils ne trouveront plus d’emploi. Les pierres que l’on casse et que l’on rejette sont les méchants, il n’y a pas de place pour eux. Celles qui sont jetées loin de la tour, qui roulent dans le chemin et de là dans le désert, sont les incertains, qui, après avoir cru, ont quitté la vraie voie. Celles qui tombent près de l’eau et n’y peuvent entrer sont les âmes qui désirent le baptême, mais reculent devant la sainteté de la religion et la nécessité de renoncer à leurs désirs. Quant aux belles pierres blanches mais rondes, et qui, par conséquent, ne peuvent être utilisées dans un édifice carré, ce sont les riches qui ont embrassé la foi. Lorsque la persécution vient, leurs richesses et leurs affaires les font renoncer au Seigneur. Ils ne seront utiles au bâtiment que quand leurs richesses seront retranchées, de même que, pour faire entrer une pierre ronde dans une construction carrée, il en faut ôter une grande partie. Juges-en par toi-même, Hermas : quand, tu étais riche, tu étais inutile ; à présent que tu es ruiné, tu es utile et apte à la vie. »


Hermas interroge son interlocutrice sur la proximité plus ou moins grande de la consommation des temps. « Insensé, lui répond la vieille femme, ne vois-tu pas que la tour est encore en construction ? Quand elle sera terminée, ce sera la fin ; or elle avance vers son achèvement. Ne me demande rien de plus[13]. »

La quatrième vision a lieu encore sur la voie Campanienne. L’Église, qui jusqu’ici est apparue chaque fois en dépouillant les signes de la vieillesse et avec toutes les marques du rajeunissement, se montre maintenant dans l’éclat d’une jeune fille merveilleusement parée. Un monstre effroyable (peut-être Néron) l’eût dévorée, sans le secours de l’ange Thégri, qui préside aux bêtes féroces[14]. Ce monstre est le présage d’une effroyable persécution qui va venir[15]. On traversera des angoisses auxquelles il n’y aura moyen d’échapper que par la pureté du cœur. Le monde périra dans le feu et dans le sang[16].

Ce n’est là qu’une mise en scène, en quelque sorte préliminaire. La partie essentielle du livre commence avec l’apparition d’un personnage vénérable, en costume de berger, vêtu d’une peau de bête blanche, avec une panetière suspendue à ses épaules et une houlette à la main. C’est l’ange gardien d’Hermas, costumé en ange de la pénitence, qui est envoyé par l’Ange vénérable, pour être son compagnon tout le reste de sa vie[17]. Ce « pasteur », qui désormais garde la parole dans la suite du livre[18], récite un petit traité de morale chrétienne, enjolivé de symboles et d’apologues. La chasteté est la vertu préférée de l’auteur. Penser à une autre femme que la sienne est un crime. L’homme doit reprendre sa femme après un premier adultère, expié par la pénitence, non après un deuxième. Les secondes noces sont permises ; mais il est mieux de ne pas y convoler[19]. La bonne conscience d’Hermas[20] éclate dans son goût pour la gaieté[21]. La gaieté est une vertu ; la tristesse afflige le Saint-Esprit, le chasse d’une âme ; car l’Esprit est donné gai à l’homme[22]. La prière de l’homme toujours triste ne monte pas vers Dieu. La tristesse est comme la goutte de vinaigre qui gâte le meilleur vin. Dieu est bon, et les commandements impossibles sans lui deviennent faciles avec lui. Le diable est puissant ; mais il n’a pas de pouvoir sur le vrai croyant[23].

Un ascétisme touchant remplit la vie entière du chrétien. Le souci des affaires empêche de servir Dieu[24] ; il faut s’en éloigner. Le jeûne est recommandé ; or le jeûne consiste à se retirer dès le matin dans la retraite, à purifier sa pensée des souvenirs du monde, à ne manger tout le jour que du pain et de l’eau, à supputer ce qu’on eût dépensé et à le donner aux veuves, aux orphelins, qui prieront pour vous[25]. La pénitence est nécessaire même aux justes, pour leurs fautes vénielles. Des anges sévères sont chargés de les surveiller, de les punir, non-seulement pour leurs péchés, mais encore pour ceux de leur famille. Tous les mécomptes de la vie étaient tenus pour des châtiments infligés par ces anges ou « pasteurs pénitenciers[26] ». Le pénitent doit s’affliger volontairement, s’humilier, chercher les adversités et les peines, ou du moins accepter celles qui lui surviennent comme des expiations[27]. Il semblerait d’après cela que la pénitence s’impose à Dieu, lui force la main. Non, la pénitence est un don de Dieu. Ceux que Dieu prévoit devoir pécher encore, il ne leur accorde pas cette faveur.

Dans les graves questions relatives à la pénitence publique, Hermas évite le rigorisme exagéré[28] ; il a des pitiés qui irriteront Tertullien et lui vaudront, de la part de ce fanatique, le nom « d’ami des adultères ». Il explique le retard de l’apparition du Christ par un décret de la miséricorde de Dieu, qui veut encore laisser aux pécheurs la chance d’un dernier et définitif appel[29]. Celui qui a blasphémé Christ, afin d’échapper aux supplices, ceux qui ont dénoncé leurs frères, sont morts pour toujours ; ils ressemblent à des branches sèches où la sève ne peut plus monter[30]. Et pourtant leur sort est-il irrévocable ? Dans certains cas, au moins, la miséricorde l’emportait dans l’esprit de l’auteur ; car les fils d’Hermas, qui ont été blasphémateurs du Christ et traîtres à l’Église, sont admis au pardon à cause de leur père[31]. Ceux qui ont simplement renié Jésus de bouche peuvent se repentir. « Quant à celui qui a renié de cœur, dit Hermas, je ne sais s’il peut vivre[32] » Il faut aussi distinguer le passé de l’avenir. À ceux qui désormais renieraient Christ, point de pardon ; mais ceux qui ont eu ce malheur autrefois peuvent être admis à la pénitence[33]. Les pécheurs qui n’ont point blasphémé Dieu ni trahi ses serviteurs peuvent venir à résipiscence ; mais qu’ils se hâtent : la mort les menace ; la tour va être finie, et alors les pierres qui n’auront pas été employées seront rejetées irrévocablement. Pour les grands crimes, il n’y a qu’une pénitence ; pour les moindres fautes, on est admis plus d’une fois à se repentir ; mais celui qui tombe sans cesse, après s’être relevé, est un pénitent suspect, et la pénitence ne lui sert de rien[34].

Un parfum de chasteté un peu maladive s’exhale de la vision de la montagne d’Arcadie et des douze vierges[35]. On dirait les fêtes que se donne en rêve l’imagination d’un pauvre abstinent. Douze belles jeunes filles, droites et fortes comme des cariatides, se tiennent à la porte du temple futur, et se passent les pierres de la construction sur leurs bras ouverts[36].


« Ton pasteur ne viendra pas ce soir, me dirent-elles. S’il n’arrive pas, tu resteras avec nous. — Non, leur dis-je ; s’il ne vient pas, je retournerai chez moi, et demain matin je reviendrai. — Tu nous es confié, me dirent-elles, tu ne peux nous quitter. » Et je leur dis : « Où voulez-vous que je reste ? — Tu coucheras avec nous comme un frère, et non comme un homme, me répondirent-elles, car tu es notre frère ; désormais nous demeurerons avec toi, car nous t’aimons beaucoup. » Je rougissais de demeurer en leur compagnie ; or voilà que celle qui paraissait être la première se mit à m’embrasser ; ce que voyant, les autres se prirent à l’imiter, à me faire faire le tour de l’édifice et à jouer avec moi. Et moi, comme si j’étais rajeuni, je me mis aussi à jouer avec elles. Les unes exécutaient des chœurs, les autres dansaient, d’autres chantaient. Quant à moi, je me promenais avec elles en silence autour de l’édifice, et j’étais joyeux avec elles. Quand il fut tard, je voulus retourner à la maison ; mais elles ne me le permirent pas ; elles me retinrent, et je restai avec elles toute la nuit, et je me couchai à côté de la tour. Les vierges avaient étendu leurs tuniques de lin à terre, et me firent coucher au milieu d’elles, et elles ne faisaient que prier. Et moi, je priais sans cesse avec elles, et les vierges se réjouissaient de me voir ainsi prier. Et je restai là jusqu’au lendemain, à la deuxième heure, avec les vierges. Alors le Pasteur arriva et dit aux vierges : « Vous ne lui avez fait aucun mal ? — Interroge-le, dirent-elles. — Seigneur, lui dis-je, je n’ai eu que du plaisir à rester avec elles. — De quoi, dit-il, as-tu mangé ? — J’ai vécu. Seigneur, lui dis-je, des paroles du Seigneur toute la nuit. — Elles t’ont bien reçu ? me dit-il. — Oui, Seigneur, » lui dis-je…

Ces vierges sont les « esprits saints[37] », les dons du Saint-Esprit, les pouvoirs spirituels du Fils de Dieu et aussi les vertus fondamentales du chrétien. L’homme ne peut être sauvé que par elles. L’ange gardien d’Hermas rendant bon témoignage de la pureté de sa maison, les douze vierges, qui veulent autour d’elles une propreté extrême et se révoltent de la moindre souillure, consentent à y habiter. Hermas promet qu’elles auront toujours chez lui une demeure accommodée à leurs goûts[38].

L’auteur d’Hermas est un pur ébion. Le seul bon emploi de la fortune est de racheter des esclaves, des captifs[39]. Le chrétien, pour lui, est essentiellement un pauvre ; pratiquer l’hospitalité envers les pauvres, les serviteurs de Dieu, voilà ce qui efface même les grands crimes[40]. « On ne se figure pas, dit-il, quel tourment est la misère ; c’est pire que la prison ; aussi voit-on des gens se tuer pour y échapper. Quand un tel malheur arrive, celui qui, connaissant le malheureux, ne l’a pas sauvé est coupable de sa mort[41] » L’antipathie d’Hermas contre les gens du monde est extrême. Il n’est à l’aise que dans un cercle de gens simples, ne sachant pas ce que c’est que méchanceté, sans différends entre eux, se surveillant et se reprenant réciproquement[42], se réjouissant des vertus les uns des autres, toujours prêts à partager avec celui qui n’a rien le fruit de leur travail. Dieu, voyant la simplicité et la sainte enfance de ces bons ouvriers, bénit leurs travaux, se plaît à leurs petites charités. L’enfance est pour Hermas, comme pour Jésus, ce qui donne la première place devant Dieu[43].

La christologie de l’auteur d’Hermas rappelle le gnosticisme. Il ne désigne jamais Jésus ni par son nom ni par celui de Christ. Il l’appelle toujours le Fils de Dieu[44], et fait de lui un être antérieur aux créatures, un conseiller sur les dessins duquel Dieu fit la création[45]. En même temps que cet assesseur divin a tout créé, il soutient toute choses[46]. Son nom est hors de comparaison avec tout autre nom[47]. Parfois, à la suite des elkasaïtes, Hermas conçoit le Christ comme un géant[48]. Plus souvent encore, il l’identifie avec le Saint-Esprit[49], source de tous les dons[50]. Comme les gnostiques, Hermas joue avec les abstractions. À d’autres moments, le Fils de Dieu, c’est la loi prêchée dans toute la terre[51]. Les morts reçurent le sceau du Fils de Dieu, le baptême, quand les apôtres et les prédicateurs chrétiens, après leur mort, descendirent aux enfers et baptisèrent les morts[52].

Une parabole explique cette christologie singulière[53], et lui donne beaucoup d’analogie avec celle qui constitua plus tard l’arianisme. Un maître (Dieu) plante, dans un coin de sa propriété (le monde), une vigne (le cercle des élus). Partant pour un voyage, il la confie à un serviteur (Jésus), qui la soigne à merveille, arrache les mauvaises herbes (efface les péchés des fidèles), se donne une peine extrême (allusion aux souffrances de Jésus). Le maître, ravi de joie à son retour (au jour du jugement), convoque son fils unique et ses amis (le Saint-Esprit et les anges), et leur communique l’idée qu’il a d’associer ce serviteur comme fils adoptif aux privilèges du fils unique (le Saint-Esprit). Tous y consentent par acclamation. Jésus est introduit par la résurrection dans le cercle divin ; Dieu lui envoie une part du festin, et lui, se souvenant de ses anciens co-serviteurs, partage avec eux ses dons célestes (les charismes). Le rôle divin de Jésus est ainsi conçu comme une sorte d’adoption et de cooptation, qui le met à côté d’un Fils de Dieu antérieur. Ailleurs, Hermas expose une théologie analogue à celle que nous avons trouvée chez les ébionites. Le Saint-Esprit préexiste à tout et a tout créé. Dieu lui choisit une chair où il puisse habiter en toute pureté, et réalise pour lui une vie humaine accomplie ; c’est la vie de Jésus. Dieu prend conseil de son fils et de ses anges pour que cette chair qui a servi l’esprit sans reproche ait un lieu de repos, pour que ce corps sans tache, dans lequel l’Esprit saint habita, ne paraisse pas rester sans récompense[54].

Toutes les chimères du temps se choquaient, on le voit, sans réussir à se mettre d’accord, dans la tête du pauvre Hermas. Quelques théories bizarres, telles que la descente des apôtres aux enfers[55], lui sont propres. Il est ébionite par sa façon d’entendre le royaume de Dieu et le rôle de Jésus. Il est gnostique par sa tendance à multiplier les êtres et à donner des anges même à ce qui n’a jamais existé[56]. Un ange gardien ne lui suffit pas ; chaque homme a deux anges, dont l’un le porte au bien, l’autre au mal[57]. Enfin, à beaucoup d’égards, il est par avance montaniste. Il n’y a chez lui aucune trace d’épiscopat[58]. Les anciens de l’Église[59] sont à ses yeux tous égaux ; il semble avoir été de ceux qui firent opposition à l’institution naissante qui renversait l’égalité des presbyteri[60]. Hermas est un pneumatique éprouvé[61] ; c’est un encrate, un abstinent[62]. Il se montre sévère pour le clergé[63]. Il se plaint du relâchement général. Le nom de chrétien, selon lui, ne suffit pas pour être sauvé ; l’homme est sauvé avant tout par les dons spirituels[64]. L’Église est un corps de saints, et il faut la débarrasser de tout alliage impur[65]. Le martyre parachève le chrétien[66]. La prophétie est un don individuel, libre, non assujetti à l’Église ; on communique sa révélation aux chefs, quand on l’a reçue ; mais on ne prend pas leur permission[67]. Eldad et Modad furent de vrais prophètes, sans mission et en dehors de l’autorisation des supérieurs. La grande objection que feront les orthodoxes au Pasteur, comme aux révélations montanistes, est qu’il vient trop tard, « que le nombre des prophètes est déjà complet[68] ».

L’intention de pseudo-Hermas avait été, en effet, bel et bien d’insérer un nouveau livre dans le corps des écritures sacrées. Peut-être son frère Pius lui prêtait-il pour cela son appui. La tentative du faux Hermas fut à peu près la dernière de ce genre. Elle ne réussit pas, car l’auteur était connu ; l’origine du livre était trop claire. L’écrit plut par ce qu’il avait d’édifiant ; les meilleurs esprits conseillèrent de le lire en particulier, mais ne permirent pas de le lire dans l’église, ni comme écrit apostolique (il était trop moderne), ni comme écrit prophétique (le nombre de ces écrits était clos)[69]. Rome, en particulier, ne l’admit jamais ; l’Orient fut plus facile, Alexandrie surtout[70]. Plusieurs Églises l’eurent pour canonique[71], et lui accordèrent les honneurs de la lecture en chaire[72]. Des hommes éminents, Irénée, Clément d’Alexandrie[73], lui donnèrent une place dans leur Bible, après les écrits apostoliques. Les plus réservés lui concédaient une révélation angélique et une autorité ecclésiastique de premier ordre. Il y eut cependant toujours des doutes et des protestations[74] ; quelques-uns même allaient jusqu’au dédain[75]. À partir du ive siècle, on ne regarde plus le Pasteur que comme un livre d’édification, très-utile pour l’enseignement élémentaire[76]. La piété[77] et l’art[78] y firent des emprunts considérables. Le concile romain de 494, sous Gélase, le met parmi les apocryphes[79], mais ne le retire pas des mains des fidèles qui y trouvent un entretien pour leur piété.

L’ouvrage a par moments du charme ; mais un certain manque de goût et de talent s’y fait sentir. Le symbolisme, si énergique et si juste dans les anciennes apocalypses, est ici mou, maladroit, sans adaptation précise. La veine du prophétisme chrétien est tout à fait affaiblie. La langue, simple et en quelque sorte aplatie, est presque du grec moderne pour la syntaxe ; le choix de l’expression, au contraire, est assez heureux. C’est l’éloquence d’un curé de campagne, bonasse et grondeur[80], mêlée aux soucis d’un sacristain préoccupé de gazes, de coussins, de tout ce qui sert à endimancher son église. Hermas, malgré ses tentations et ses peccadilles, est sûrement la chasteté même, bien que la façon dont il insiste sur ce point nous fasse un peu sourire. Aux terribles images des anciennes apocalypses, aux sombres visions de Jean, de pseudo-Esdras[81], succèdent les douceâtres imaginations d’un petit roman dévot, à la fois touchant et niais, dont le style enfantin n’est pas exempt de fadeur.

La tentative prophétique de pseudo-Hermas ne fut pas, du reste, un fait isolé. Elle tenait à l’état général de la conscience chrétienne. Dans une quinzaine d’années, les mêmes causes produiront, dans les pays les plus perdus de l’Asie Mineure, des faits du même ordre, contre lesquels la hiérarchie épiscopale déploiera une bien plus grande sévérité[82]

  1. Texte capital dans le fragment de Muratori : Pastorem vero nuperrime temporibus nostris in urbe Roma Herma conscripsit, sedente cathedra urbis Romæ ecclesiæ Pio episcopo fratre ejus. Et ideo legi eum quidem oportet, se publicare vero in ecclesia neque inter profetas, conpleto numero, neque inter apostolos in finem temporum potest. Hesse, Murat. Fragm., p. 263-273, 296-297. Le fragment de Muratori a dû être écrit (en grec) vers 170 ou 175, à Rome. Remarquez nuperrime temporibus nostris. Comp. Liber pontificalis, Pie I ; Pseudo-Pius, Epist. i ; Pseudo-Tertullien, In Marcionem (en vers), c. 3, vers 294-295. Ce récit ne peut être entièrement faux. Cependant, l’intention de l’auteur du Pasteur ayant été de placer son roman du temps de saint Clément, on ne saurait admettre que Hermas soit le vrai nom du frère de Pius.
  2. Vis. ii, 2, 4 ; Sim. x, 4. Voyez cependant Vis. iii, 1. C’est arbitrairement qu’Origène (In Rom., x, 31) et, après lui, Eusèbe (H. E., III, iii, 6) et saint Jérôme (De viris ill., 10) ont identifié notre Hermas avec l’Hermas de Rom., xvi, 14. Ce dernier était un Éphésien, non un Romain (voyez Saint Paul, p. lxv et suiv.). On pouvait l’ignorer vers l’an 150, époque où l’édition de saint Paul était déjà fixée comme nous l’avons ; mais cet Hermas n’avait rien qui le désignât pour le choix de notre pieux romancier. La qualification discipulus B. Pauli apostoli, que porte Hermas dans les manuscrits latins, vient de l’identification adoptée par Origène, Eusèbe et saint Jérôme.
  3. Le Pasteur n’était connu autrefois que par une version latine, que des retouches successives avaient rendue très-infidèle. De nos jours, Dressel a trouvé au Vatican une version latine beaucoup moins altérée ; une traduction éthiopienne a été publiée par M. d’Abbadie (Leipzig, 1860) ; enfin la presque totalité du texte grec a été découverte, d’abord dans les manuscrits sophistiqués de Simonidès, puis dans le Codex Sinaïticus. On peut se servir de l’édition de M. Hilgenfeld (Leipzig, 1866) ou de MM. de Gebhardt et Harnack (Leipzig, 1877).
  4. Ὁ θρέψας με. Sur la condition du θρεπτός ou alumnus, voir Pline, Epist., X, 65 et 66.
  5. Vis. i, 1. La version latine anciennement connue porte un texte en apparence plus satisfaisant, mais devenu insoutenable devant la leçon du Codex Sinaïticus, πέπρακέν με Ρόδῃ τινί, confirmée par la version latine nouvellement découverte, par l’éthiopien (édition d’Abbadie, voir Journ. des Sav., mars 1878, p. 156) et même par la leçon du manuscrit de Simonidès, πέπρακεναι (ainsi accentué) καὶ ὁδόν τινα, facile à ramener paléographiquement à celle du Sinaïticus (AI=M, K=E, I=P). La version latine anciennement connue offre des fautes et des traces de corrections qui lui laissent peu d’autorité contre l’accord du grec, de l’éthiopien et du latin de Dressel. Comparez, par exemple, Vis. ii, 2 : οὐκ ὠφελήθησαν, Dress. : nihil sibi profuerunt, vetus lat. : profecerunt ; Vis., ii, 3 : Μαξίμῳ, Dress. : maxima, Vet. : magna ; Vis., iii, 1 : χρονίζεις, manes, (mavis) vis ; Mand., pr., 1 : δέρμα, pelle, pallio ; Sim. ix, 11 : ἐχόρευον, ducebant choros, psalmos canebant ; Sim. ix, 16 : πνεύματα ταῦτα, spiritus istos, spiritus justos ; Sim. ix, 30 : inventi, juvenes (éth. inventi). Au contraire, Sim. ix, 26 : ἀπεγνώκασι, disponentes, desperantes.
  6. Vis. i, 3 ; iii, 6, 11 ; Simil. viii.
  7. Vis. ii, 2.
  8. Μόνον τοῦτο ἐϐουλευσάμην, ἕτερον δὲ οὐδέν. Vis. i, 1. Épictète traite aussi de péché une pensée toute semblable. Dissert., II, xviii, 15-18.
  9. Vis. i, 1 ; Vis. ii, 1 ; Vis. iii, 1 ; Vis. iv, 1. Voir l’édition de MM. de Gebhardt et Harnack. Cumes, Pouzzoles, Baïa étaient les lieux de villégiature des Romains.
  10. Θλῖψις.
  11. Se rappeler l’éon Ecclesia de Valentin. Comp. II Clem., 14.
  12. Vis. ii, 2, 4. Cf. iii, 8, 9 ; iv, 3 ; Mand., proœm. ; Sim. x, 4.
  13. Vis. iii, 8.
  14. Cf. Talm. de Bab., Cholin, 59 b. Cf. Recogn., I, 45.
  15. Θλῖψις, mot habituel pour désigner la persécution de l’an 68.
  16. Δεῖ τὸν κόσμον τοῦτον δι’ αἵματος καὶ πυρὸς ἀπόλλυσθαι. Vis. iv, 3.
  17. Mand., proœm. Cf. Sim. v, 2, 4, 5, 6 ; vii ; viii, 1, 2, 3 ; ix, 1, 6, 12 ; x, 1, 4 ; Mand., v, 1. « L’Ange vénérable » est peut-être Michel, à qui le soin de tous les fidèles est confié (cf. Sim. viii, 3 ; Ascension d’Isaïe, ix, 23), ou peut-être un second Christ, conformément aux rêveries des elkasaïtes (Philos., X, 20, 29), ou bien le grand archange des ébionites (cf. Sim. ix, 12, et ci-après p. 417 et suiv.). La christologie d’Hermas est extrêmement confuse. Le fils de Dieu, le Saint-Esprit, l’ange Michel, l’ange illustre, l’ange vénérable, l’ange du Seigneur, le prince des archanges, le saint ange sont pour lui à peu près synonymes.
  18. De là le titre ordinaire du livre.
  19. Mand. iv. Cf. Mand. xii, 1, 2.
  20. Ὁ πάντοτε γελῶν. Vis. i, 2.
  21. Mand. x entier.
  22. Λυπεῖ τὸ πνεῦμα τὸ δοθὲν τῷ ἀνθρώπῳ ἱλαρόν. Mand. x, 2.
  23. Mand. xii, 4-6.
  24. Simil. iv.
  25. Simil. v, 1-3. Cela s’appelait στατίων, statio, image tirée des exercices du soldat. Comp. Tertullien, De jej., 1.
  26. Ποιμὴν τιμωρητής, ἄγγελος τιμωρητής. Simil. vii.
  27. Sim. ix, 20.
  28. Comparez Vis. ii, 2 ; iii, 2 ; Mand. iv, 1, 3 ; v, 4 ; viii, xii, 3 ; Sim. ix, 26, à Tertullien, De pudicitia, 10, 20.
  29. Vis. ii, 2 ; Mand. iv, 2, 3.
  30. Simil. viii, 6 ; ix, 19, 26.
  31. Comp. Vis, ii, 2, et Simil., vii.
  32. Simil. ix, 26.
  33. Simil. ix, 26.
  34. Mand. iv, 1, 3.
  35. Simil. ix, surtout 11.
  36. Il y a ici peut-être quelque imitation du Tableau de Cébès § 20, etc.
  37. Ἅγια πνεύματα…… δυνάμεις τοῦ υἱοῦ τοῦ θεοῦ. Sim. ix, 13.
  38. Sim. x, 3, 4.
  39. Sim. i.
  40. Sim. ix, 20.
  41. Sim. x, 4.
  42. Vis., III, 9.
  43. Sim. ix, 24, 29 : ὡς νήπια βρέφη... πάντοτε ἐν νηπιότητι διέμειναν... ἔσεσθε ὡς τὰ βρέφη
  44. Sim. v, 5, 6 ; ix, 12, 13, 15, 16, 17, etc.
  45. Sim. ix, 12.
  46. Sim. ix, 14.
  47. Sim. ix, 14.
  48. Sim. ix, 3, 6, 12. Cf. Sim. viii, 1.
  49. Sim. ix, 1 (cf. v, 5, vers. lat.).
  50. Sim. ix, 13.
  51. Sim. viii, 3.
  52. Sim. ix, 16. Cf. Clém. d’Alex., Strom. I, 44 ; VI, 6.
  53. Sim. v.
  54. Sim. v, 6.
  55. Sim. ix, 16.
  56. Cf. Recognit., I, 45. Cf. saint Jérôme, In Habacuc, i, 14.
  57. Mand. v, 1, 2 ; vi, 1, 2 ; xi. Voir encore Simil. vii. Comp. Barn., 18 ; Testam. de douze patr., Juda, 20 ; Aser, 1 et suiv. ; Ruben, 2 et suiv.
  58. Telle était la largeur d’idées de ce temps, qu’une pareille opinion ne doit pas surprendre chez un frère du pape Pius. L’auteur place d’ailleurs la scène de son roman soixante ans en arrière, à une époque où il n’y avait guère que des presbyteri.
  59. Il les nomme toujours au pluriel πρεσϐύτεροι, προϊστάμενοι, ποιμένες, ἐπίσκοποι, προηγούμενοι. Vis. ii, 2, 4 ; iii, 1, 5, 9, 11 ; Sim. ix, 26, 27, 31. Il est très-opposé à la πρωτοκαθεδρία. Cf. Vis. iii, 9 ; Mand. xi, 12 ; Sim. viii, 7 ; ix, x, 23, 31. Cf. Irénée, IV, xxvi.
  60. Vis. iii, 9 ; Mand. x ; Simil. viii, 7.
  61. Πάνσεμνον πνεῦμα καὶ ἤδη δεδοκιμασμένον. Vis. i, 2.
  62. Vis. i, 2 ; ii, 3.
  63. Simil. viii, 7 ; ix, 26.
  64. Πνεύματα. Sim. xi, 13.
  65. Sim. ix, 18.
  66. Simil. viii, 3, et ci-dessus, p. 355-356.
  67. Vis. ii, 4.
  68. Canon de Muratori (écrit antimontaniste), ligne 78.
  69. Fragm. de Muratori, ligne 78.
  70. Saint Jérôme, De viris ill., 10.
  71. Canon stichométrique du Codex Claromontanus (iiie siècle, Afrique), dans Credner, Gesch. des neut. Canons, p. 177 ; Stich. de Nicéph., Credner, p. 244 ; Nicéph. Calliste, ibid., p. 256 ; Codex Sinaïticus, ad calcem.
  72. Eusèbe, H. E, III, iii, 6 ; saint Jér., De viris ill., 10.
  73. Irénée, IV, 20 ; Clément d’Alex., Strom., 1, 17, 29 ; II, 1, 9, 12 ; VI, 9 ; VI, 15 ; Tertullien (dans sa première période). De orat., 12 ; De alcatoribus, ad calcem Cypriani, p. 348 et suiv., Rig. (Paris, 1666) ; Liber Pontific., Pie I, et Epist. i pseudo-Pii.
  74. Tertullien (2e période), De pudic., 10, 20. Origène cite fréquemment le Pasteur ; il ne tranche pas la question de canonicité, quoiqu’il incline à croire l’ouvrage révélé. Homil. viii In Num., Opp., t. II, p. 294 (Paris, 1733) ; Homil. i In Psalm. XXXVII, t. II, 681 ; Hom. xiii In Ezech., t. III, 404 ; In Matth. comm. series, 53, t. III, 872 ; In Luc., hom. xxv, t. III, 973 ; In Rom., x, 31, t. IV, p. 683. Eusèbe, H. E., III, 3, 25 ; V, 8, hésite également.
  75. Ὑπό τινων καταφρονουμένῳ, De princ., IV, ii, 8, ou Philocalie, c. i ; Prosper, Contra collat., 30 (al. 13).
  76. Eusèbe, H. E, III, iii, 6 ; xxv ; V, viii ; saint Athanase, Opp., t. I, 49, 211, 223-224, 895, 963 (Paris, 1698) ; saint Jér., De viris ill., 10 ; Prol. galeatus in libros Reg. ; In Osee, vii, 9 ; In Habacuc, i, 14 ; Rufin, In Symb. apost., 38 ; Opus imperf. in Matth., homil. 40 (inter Opp. Chrys., t. VI) ; Cassien, Coll., viii, 17 ; xiii, 12.
  77. Vie de sainte Geneviève, iv, 15, dans Acta SS. jan., I, p. 139.
  78. Peinture des catacombes de Naples, dans C. F. Bellermann, Ælt. christ. Begräbnissstäten (Hambourg, 1839), p. 77 ; Garrucci, Storia dell’arte cristiana, pitt., tav. 96, p. 113-114 (Prato, 1873). Victor Schultze, Die Katakomben von San-Gennaro dei poveri in Neapel (Iena, 1877), a opposé à l’explication généralement reçue des objections sans valeur. Autre représentation analogue (du iie siècle, dit-on) au cimetière de Saint-Calixte, d’après Dressel, Patres apost., p. 424 (renseignement douteux). Les représentations du Bon Pasteur en rapport avec les idées de pénitence, les processions de porte-palmes, etc., viennent aussi peut-être de la Similitude viii.
  79. Ch. vi, no 18. La stichométrie de Nicéphore le met aussi parmi les apocryphes. Credner, op. cit., p. 244 (cf. Nicéph. Calliste, ibid., p. 256).
  80. Vis. iii, 9 ; Mand. xii, 2 ; Sim. x, 4.
  81. L’auteur d’Hermas paraît connaître et imiter ces deux Apocalypses.
  82. Il s’agit du montanisme, dont nous parlerons dans notre livre VII.