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L’Indienne/25

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Ch. Vimont (p. 187--).



CHAPITRE XXV.


Le ministère et son parti tenaient au bill plus comme à un moyen que par conviction ; ces membres des communes, si dévoués à la réforme, ne cherchaient au fond qu’à s’attirer l’estime et les voix populaires. M. Bolton se plaignait à Julien de la dépendance où le tenait sa ville, et de l’insolence de cette ville avec lui. C’était l’usage que les électeurs chargeassent leur député de beaucoup d’affaires ; mais M. Bolton en était accablé : chaque jour de nouvelles commissions, de nouvelles demandes, des adresses aux ministres, des pétitions à la Chambre ; M. Bolton avait à peine le temps de répondre à tout, de voir les ministres, de faire les commissions, de présenter les pétitions. Sa fortune passait en présens et en aumônes à tous les arrivans plus ou moins besogneux de sa ville ; il donnait pour le voyage, pour le séjour à Londres : ce fut au point qu’un jour un électeur lui recommanda sa femme et ses enfans qu’il envoyait voir Londres, priant son représentant de promener la mère et la famille.

« Vous sentez bien que c’est trop fort, disait M. Bolton à Julien ; j’aime le peuple et la réforme, mais promener la femme et les enfans de cet électeur, c’est impossible ; il dispose pourtant de plus de cent voix, il faut que je le ménage, je chercherai à le ménager. »