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La Source grecque/02/Platon/Sur le Phèdre et le Banquet

La bibliothèque libre.
Gallimard (p. 130-132).

SUR LE PHÈDRE ET LE BANQUET

Sur le Phèdre[1] :

1. Hestia qui reste chez elle. Philolaos : le Un a nom Hestia. Foyer, lieu central et divin de la demeure ; feu. Feu central des Pythagoriciens. « Sentinelle de Zeus. » Zeus qui se nourrit de la réalité : trinité. Hestia qui reste : unité. Métaphores concordantes. Le Feu est l’Esprit, qui est l’union des Personnes.

Cercle : acte dirigé vers soi et immobile. Cercle et pôle. Trinité et unité de Dieu inscrites dans le ciel. Mouvement circulaire uniforme, fondement de la mécanique grecque.

2. Chute. « Une loi d’airain est que… » Le surnaturel est ce qui est contraire à la nécessité naturelle. Mais, ce n’est pas l’arbitraire. Dans les choses surnaturelles il y a aussi une nécessité qui leur est propre. Pas de réalité sans nécessité. La nécessité fournit la discrimination entre l’imaginaire et le réel.

3. L’âme qui ne peut passer de l’autre côté du ciel, faute de pouvoir manger la vérité, se nourrit d’opinion.

Platon a horreur de l’opinion. Hanté par le sentiment qu’on vit en rêve.

4. Il y a un mouvement descendant du ciel sur terre qui n’est pas pesanteur. C’est le mouvement de Dieu qui vient chercher l’homme. C’est Dieu qui va à l’homme, non l’homme à Dieu. La beauté est cette présence de Dieu parmi nous. « La beauté, elle resplendissait alors (de l’autre côté du ciel) … et ici-bas nous la saisissons elle-même dans son éclat si manifeste. » Force du mot elle-même. Présence réelle de Dieu dans le beau. Sacrement. (Vrai mais dangereux.)

5. Réminiscence. Sens de cette comparaison. Ressemblance entre inspiration et souvenir. Le passé est une réalité (n’est nullement imaginaire), mais absente ; et nous n’avons aucun moyen d’aller vers lui. Il faut qu’il vienne à nous. Nous ne pouvons que nous tourner vers lui.


« Eau froide qui jaillit du lac de la Mémoire. »


(Les choses belles sont comme ce qu’on nomme des « souvenirs ». De même les sacrements.)

L’âme une fois tombée, problème du salut. Trois voies : justice, amour, connaissance. Trois médiateurs : le Juste, l’Amour, Prométhée. Trois, ou le même ? Le même.

(Il y en a un quatrième : l’Âme du Monde, et une quatrième voie : microcosme.)


Sur le Banquet.

Dialogue orphique. (N. B. deux amours : divin, démoniaque.)

L’Amour apparaît d’abord comme l’Amour orphique, créateur, ordonnateur, auteur de l’harmonie.

Eryximaque (hippocratique)[2] : « Ce Dieu grand et merveilleux a rapport à tout, dans les choses divines comme dans les choses humaines. »

« Les choses ennemies et contraires, l’Amour y imprime (ἐμποιῆσαι) la concorde. » Ainsi médecine, agriculture, gymnastique, musique viennent de lui. (Prométhée ; cf. Philèbe.) « La musique est la science de l’amour qui concerne l’harmonie et le rythme. »

Héraclite : « Le un, porté en sens contraire, se rejoint dans le même sens, comme l’harmonie de l’arc et de la lyre. »

L’Amour ordonnateur, τοῦ κοσμίου ἔρωτος. Cause de l’harmonie des saisons, des astres, etc.

  1. Développement du fragment précédent.
  2. Banquet, 186 a-b, d-e, 187 c, 188 b-d.