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La france Foutue/Acte 2

La bibliothèque libre.
La France foutue (vers 1796)
en Foutro-manie, l’an des fouteurs (À Barbe-en-Con) (p. 39-63).



ACTE SECOND,




SCÈNE PREMIÈRE,

L’ANGLETERRE, LE DUC D’ORLÉANS.
L’ANGLETERRE.

Tout seconde mes vœux, et je brûle d’apprendre
Comment vous avez pu jusqu’ici vous y prendre :
Racontez-moi, Seigneur, ce que vous avez fait.

D’ORLÉANS.

Madame, en un moment j’ai conçu mon projet :
Et pour mieux assurer sa prompte réussite,
La France a dans sa cour mes amis à sa suite,
De ses femmes d’atours et de celles d’honneur (1),
J’ai gagné le suffrage et j’ai séduit le cœur.
J’ai corrompu sa garde, excepté tous les Suisses (2),
Lafayette créera de nouvelles milices (3).
Le tartuffe Necker, habile à calculer (4),

A pour lui les états qu’il a fait assembler (5) :
Il s’occupe souvent à tripler les dépenses (6),
Et digne protestant renverse les finances (7).
L’imbécile Santerre a pour lui son faubourg (8).
Les deux ingrats Lameth sont à vous sans retour (9).
Lally prétend laver son injure publique (10).
Barnave s’est chargé de perdre l’Amérique (11).
Mirabeau que je paie, et qui veut se venger (12),
À faire des pamphlets est venu s’engager.
L’astronome Bailly, qui met tout en problême (13),
Après de mûrs calculs se résoudra lui-même.
J’ai par-tout des agens, et tout sert mon projet :
Je demande un quart-d’heure encore de secret.
Tout le peuple se livre à des scènes bachiques :
Aux cafés, aux bordels, dans les places publiques (14) ;
J’ai fait avec de l’or nombre de partisans,
Et l’on jure à Paris par le duc d’Orléans.

L’ANGLETERRE.

Avez-vous vu Puisaye ?

D’ORLÉANS.

Avez-vous vu PuisayeAuprès de la Vendée (15)
Je l’ai laissé, Madame. Elle reste attachée

À sa jeune maîtresse, et rien encor n’a pu
La faire décider à lui tourner le cu.

L’ANGLETERRE.

Je connais, cette fille ; elle est jeune, elle est belle,
Et comme sa maîtresse, elle est encor pucelle (16).
Par cet enlèvement les forçant toutes deux,
Le comte seul l’aura, s’il en est amoureux (17).
Je dois la protéger, et notre politique
Est d’en faire à son tour une fille publique (18).
Je connais ses besoins, et voulant y pourvoir,
Je saurai la gagner par quelque faux espoir.
Alimentant son cœur assez sans passer outre,
Lorsqu’il en sera tems je la lui ferai foutre (19).

D’ORLÉANS.

Elle suivra la France, et toutes deux ici,
Je vous projets enfin de les voir aujourd’hui.
Voilà Puisaye : il vient nous donner des nouvelles.

L’ANGLETERRE.

Vous aurez du plaisir à foutre deux pucelles.




SCÈNE II.

Les mêmes, LE COMTE DE PUISAYE.
PUISAYE (20).

Madame, c’en est fait, et la France est à nous :
Tout a bien réussi. Je viens à vos genoux,
Content et glorieux, pour vous rendre l’hommage
Qu’on doit à vos projets de ce maquerellage.
(À d’Orléans.)
Vous, Seigneur, dont le nom retentit dans Paris,
Ayant en tout suivi vos précieux avis,
Je n’ai rien négligé dans cette circonstance,
Et chez vous, en triomphe, on amène la France.

L’ANGLETERRE.

Qui donc ?

PUISAYE.
PUISA(Au Duc.)

Qui doncLe peuple même. Un gros de partisans,
Que votre cause anime, ayant formé des rangs

Dans des groupes épars d’une ivre populace (21),
Jusqu’au palais des rois ont poussé leur audace :
Et perdant le respect qu’ils devaient aux Bourbons,
Ayant cerné leur cour de piques, de canons,
Ils ont tout violé, lois, honneur et décence (22).

D’ORLÉANS.

Qu’importe tout cela, si nous avons la France !

L’ANGLETERRE.

Encore qu’a-t-on fait ?

PUISAYE.

Encore qu’a-t-on faitL’on a pris bien des culs,
Beaux, vieux, grands, petits, on les a tous foutus :
Et le foutre et le vin qu’on versait par rasades,
Enivrait les fouteurs ainsi que leurs menades (23).
Mais comme des moutons, suivant qui les conduit (24),
Fouteuses et fouteurs, tout marche, tout se suit.
Lafayette à leur tête amène la victime,
Et n’a pas craint d’oser se charger d’un tel crime.
Tous viennent en chantant, vive la nation,
Et ne se doutent pas de sa division (25).
Ainsi dans les plaisirs, en se foutant lui-même
Le peuple ivre et cruel porte tout à l’extrême.

L’ANGLETERRE.

Le peuple est un fouteur qui bande toujours bien ;
L’on s’en sert quelquefois, c’est même un bon moyen ;
Mais semblable au laquais qui baise sa maîtresse (26),
À peine en reçoit-il une seule caresse.
L’on fout, l’on se fait foutre, et c’est tempérament :
Quand on bande, fait-on aucun raisonnement ?…
Le tumulte s’accroît, qu’en devons-nous conclure ?
(À Puisaye.)
Voyez.

PUISAYE.

VoyezJ’entends venir ; c’est d’un heureux augure…
(Au Duc.)
Seigneur, je vois la France entrer dans le palais.

D’ORLÉANS.

Elle y sera foutue : ou je veux désormais
Que mon nom soit rayé de la foutromanie.
Dans les fastes puans qu’offre la bougrerie
Je ne veux plus en bougre être immatriculé :
Que loin de foutre en cul, que je sois enculé ;
Que foutu chaque jour par une pine immonde,
Je sois, dans tout pays, foutu par tout le monde.

Je veux, étant haï même de mes amis,
Sans toucher à des cons gamaücher des vits :
Et je veux que le mien, tombant en pourriture,
Soit l’exécration de toute la nature.
Ne pouvant me branler, et n’étant plus foutu,
Je veux qu’on m’avilisse à coups de pieds au cu,
Si la France, en ces lieux étant enfin venue,
Puisque nous triomphons, par moi n’est pas foutue.




SCÈNE III.

Les mêmes, LA FRANCE, LA VENDÉE,
PAGES, CITOYENS.
LA FRANCE, (aux citoyens.)

Retournez, vils ingrats, d’où tous êtes venus :
La France est toujours France, et pour vous ne l’est plus.
En vain dans la fureur d’un civique délire
Voulez-vous la corrompre et perdre son empire.
Vous pouvez un moment balancer son destin,
Mais de vos cruautés quelle sera la fin ?
Allez ; et de vos cœurs si le moment décide,

Craignez des vains remords le poison homicides :
Je vous pardonne.

Je vous pardonne.(Les citoyens s’en vont.)

D’ORLÉANS, (à part.)

Je vous pardonneCiel !

LA FRANCE, (à la Vendée.)

Je vous pardonneCielOù sommes-nous ?…

  (Elle voit l’Angleterre.)

Ô qui que vous soyez, la France devant vous,
Pour la première fois, vaincue, humiliée…
Je ne vous connais point.

L’ANGLETERRE.

Je ne vous connais pointJe suis votre alliée,
Et non votre sujette.

LA FRANCE, (voyant le Duc.)

Et non votre sujetteEt vous, Duc, en ces lieux ?

D’ORLÉANS.

C’est mon palais, princesse.

LA FRANCE.

C’est mon palais, princeHélas ! j’ouvre les yeux (27) !

Et trop certaine alors de votre perfidie,
Je sais d’où part enfin cette trame hardie.
Le peuple, vous, Madame, et tout ce que je vois,
Sur mon sort à venir détermine mon choix.

L’ANGLETERRE.

En vain vous plaignez-vous, le peuple est toujours maître :
Sa force fait sa loi.

LA FRANCE.

Sa force fait sa loiSi chez vous il peut l’être,
Si le mélange impur de monstrueux pouvoirs (28)
Engage les Anglais à trahir leurs devoirs ;
La France souveraine, estimée et chérie,
De son peuple en révolte ignorait la furie (29).

D’ORLÉANS.

Le prudent Anglais pense, et de tout sait jouir (30).

La FRANCE.

Avant que de penser, apprenons à sentir.
Aimer, se faire aimer, voici la jouissance,
Et le bonheur, Monsieur, est dans la bienfaisance

.
L’ANGLETERRE.

Nous allons vous laisser vous livrer au repos.

LA FRANCE.

Il n’en est plus pour moi : dites à tous mes maux.




SCENE IV.

LA FRANCE, LA VENDÉE.
(Les Pages du Duc restent au fond du théâtre, et s’y
promènent.)
LA FRANCE.

Ainsi donc sans espoir du trône descendue,
Fille de tant de rois, me voilà confondue (31).
Le sceptre des Henri n’est donc plus dans mes mains (32) !
L’on ne me compte plus parmi les souverains !
Le sort qui me poursuit en ce péril extrême,
Brise dans un instant et sceptre et diadême.
Comptant quatorze fois des siècles glorieux,
Me voilà donc réduite à l’état malheureux
De ramper sous un maître ou de fuir à sa rage (33).
Dois-je donc lui laisser un si bel apanage !…
Ah ! que sont devenus ces valeureux guerriers
Qui des dames étaient les galans écuyers !

Qui joignaient à l’amour leur amour pour la gloire ;
Qui comptaient leurs plaisirs avec chaque victoire :
Amans dans les boudoirs, dans les camps des Césars !
Qui cueillaient et le myrte et les lauriers de Mars.
Qu’êtes-vous devenus défenseurs de la France,
Chevaliers de l’honneur, soutiens de ma puissance ?
Vainqueurs de Fontenoy, qu’êtes-vous devenus ?
Avez-vous en mourant emporté les vertus ?

LA VENDÉE.

Vous avez des amis, n’en doutez pas, Princesse :
Espérez des secours.

LA FRANCE.

Espérez des secoursJe connais leur faiblesse (34),
Et je ne puis compter sur ce qu’ils m’ont promis (35).
Quand on est malheureux il reste peu d’amis (36) :
L’on ne se souvient plus de l’objet que l’on aime,
Chacun pense pour soi dans ce moment extrême,
Et le malheur commun, loin de nous réunir,
Disperse notre force, et nous fait tous périr.
Ainsi sont la plupart de ceux qui m’entouraient :
Pour eux j’étais la France, et pour eux ils m’aimaient.

LA VENDÉE.

Princesse, il est encor de vertueux français,
Dignes de vous défendre et d’obtenir la paix.
Du Poitou soulevé comptez sur la puissance (37),
Il sacrifîra tout pour votre indépendance.
Gardez de votre rang toute la majesté,
Et moi je vais veiller à votre liberté.

LA FRANCE.

Un reste de héros, que l’honneur encourage,
Pourront par tes bons soins te donner leur suffrage.
Que deviendront, hélas ! ces généreux mortels !
Qu’est-ce que la valeur contre des criminels (38) ?
Le crime mène à tout : sa révoltante audace
Frappé, étonne, confond ; coupable, il nous menace ;
Sa force est sa justice, et ses lois son appui :
Il semble en l’outrageant que le ciel pour lui…

LA VENDÉE.

De venger cet affront, l’espérance m’est chère.

LA FRANCE.

Que fait dans ce palais la perfide Angleterre ?
Et pourquoi donc le Duc l’y tenant en secret…

Je vois bien qu’elle-même a part à ce forfait…
Le besoin de repos me tourmente, m’accable :
Je ne saurais le vaincre, il m’est insupportable.
Veille toujours sur moi, je te laisse un moment.

LA VENDÉE.

Allez vous reposer dans cet appartement.

Allez vous reposer dans(Les Pages la suivent.)




SCÈNE V.

LA VENDÉE. (Seule).

Quel instant ! quel destin ! n’est-ce pas un mensonge ?
De la réalité, n’est-ce point un vain songe ?
La France en ce palais, prisonnière à Paris !
Ah ! que va devenir mon malheureux pays !
À le sauver enfin nous devons tous prétendre :
Dans les camps de l’honneur tout français doit se rendre,
Et doit en combattant avec sa loyauté,
Défendre ses autels, son roi, sa liberté.




SCÈNE VI.

L’ANGLETERRE, LE COMTE DE PUISAYE,
LA VENDÉE.
L’ANGLETERRE.

Je connais vos desseins, et je dois y souscrire :
Je ne viens point ici, Madame, pour vous nuire.
Loin de blâmer en vous des projets aussi beaux,
Je veux de mes pouvoirs me joindre à vos travaux.
Le comte m’a tout dit ; et vos vertus, Madame,
M’ont décidé pour vous, et captivé mon ame.
Je ne puis, vous savez, vous offrir des guerriers (39),
Le français valeureux cueillera ces lauriers ;
Mais je puis soutenir les frais de cette guerre :
Vous pouvez, dès ce jour, compter sur l’Angleterre.

LA VENDÉE.

Si la sincérité préside en votre cœur,
J’accepte ce bienfait, présage du bonheur.
Déjà dans le Poitou le comte de Charette (40)
Rassemble à ses côtés l’épée et la houlette.

Le fidèle breton veut combattre sous lui :
Charette en l’enrôlant s’en déclare l’appui :
Et fier de commander ces phalanges royales,
Sûr d’être secouru par vos forces navales,
Pouvant solder sa troupe, armer ses combattans,
Il viendra dans Paris y vaincre nos tyrans (41).

L’ANGLETERRE.

Unissons notre espoir, nos moyens et nos forces.

LA VENDÉE.

Opposons nos vertus à ces hommes féroces.
Devant elles, je crois, le crime doit pâlir ;
Et l’on doit triompher quand l’honneur fait agir.

L’ANGLETERRE.

De la France aux abois vous êtes, l’héroïne.
(À part à Puisaye.)
J’en veux faire à son tour une autre Messaline. (42)
(Haut.)
Le comte de Puisaye aura le Morbihan (43),
Et fera de ces lieux battre le paysan.

PUISAYE, (à la Vendée.)

Je ne m’attendais pas, jeune et belle duchesse (44),
À voir en vous servant augmenter mon ivresse.

À vivre sous vos lois je mettrai mon bonheur.
Combattre sous vos yeux est sans doute un honneur !
Orléans, dans ses murs, avait une pucelle (45) :
La Vendée, à Poitiers, en est une nouvelle (46),
Qui s’arme pour venger et l’autel et les lys (47),
Et qui doit devenir l’amante de Louis (48).
Comme Louis, hélas ! je n’ai point de couronne,
Vous la méritez bien, mais le droit seul la donne.
Je brûle du desir de vous faire ma cour :
Daignez me l’accorder en faveur de l’amour.

L’ANGLETERRE.

L’on ne peut pas toujours garder son pucelage,
Il faut bien le donner.

LA VENDÉE.

Il faut bien le donnerPeu faite à ce langage,
Je ne saurais répondre à ce ton indécent.

L’ANGLETERRE.

Le cœur bat à votre âge, et n’est plus innocent.

LA VENDÉE.

L’on se doit à soi-même, et l’on doit à sa gloire.

L’ANGLETERRE.

Combattre ses penchans n’est pas une victoire.
Jeanne fut, nous dit-on, l’amante de Dunois (49) :
Elle aimait le héros autant que le grivois.
En courage, en amour, imitez la pucelle.

LA VENDÉE.

Vous la fîtes périr (50).

L’ANGLETERRE.

Vous la fîtes périrContre moi cette belle
Au siége d’Orléans commandait les Français :
Je devais cet exemple au fanatique Anglais (51).

LA VENDÉE.

Comment étant vainqueur n’être pas magnanime !

L’ANGLETERRE.

En politique, il faut sacrifier l’estime
Quand on en a besoin.

LA VENDÉE.

Quand on en a besoinJe vous laisse, et je vais
Auprès de la princesse.




SCÈNE VII.

L’ANGLETERRE, LE COMTE DE PUISAYE.
L’ANGLETERRE.

Auprès de la princesseEnfin, à mes souhaits
Cette prude pucelle acceptant mes services,
Va tomber dans mes lacs. J’attends vos bons offices,
Comte ; et dès aujourd’hui, puisqu’à l’aide du ciel
J’ai fait de ce palais un insigne bordel,
Montrez-vous en fouteur, et foutez la Vendée.
Que de foutre en ce jour elle soit inondée :
Trois fois sans déconer, bandant avec vigueur,
Doublez le mouvement, allez jusqu’à son cœur.
Ne lui cédant en rien, retournant à la charge,
Dans son étroit anus faites une décharge.
Pour reprendre courage, allez sur ses tetons
Voluptueusement châtouiller vos couillons.
Embrâsez-les au feu de sa gorge divine ;
Donnez-lui des baisers en branlant votre pine ;
Et si vous ressentez quelque velléité,
Refoutez-la, Seigneur, avec lubricité.

PUISAYE.

Je ferai tout pour vous, pour moi, pour elle-même, ;
Héros, ou demi-dieu, j’irai jusqu’à l’extrême :
Comptez-y.

L’ANGLETERRE.

Je l’attends de vous, de votre vit.
Que le foutre ruisselle en ce commun coït (52) :
Mais je vois s’avancer les fouteurs de la France.




SCÈNE VIII.

Les précédens, FRÉDÉRIC, FRANÇOIS,
CHARLES, LE DUC D’ORLÉANS.
FRÉDÉRIC.

Madame, nous avons tous les trois l’espérance
Que donne à des amans un amour violent.
La France entre vos mains…

L’ANGLETERRE.

La France entre vos mainsPrinces, dans un moment

À vos pressens desirs la France va paraître,
Et de la foutre, alors chacun sera le maître.

FRANÇOIS.

Une femme à sa suite est, dit-on, en ces lieux ?

L’ANGLETERRE.

Dans cet appartement elles sont toutes deux :
Et la femme d’honneur perdant son pucelage,
Ici sera foutue à la fleur de son âge (53).
Tranquilles partisans de gothiques plaisirs,
Nos ayeux n’éprouvaient que de chastes desirs.
Dans les bras desséchés d’une antique maîtresse,
Ils vengeaient en foutant leur dolente jeunesse :
Mais sans aucun scrupule, et plus libidineux,
Instruits par tous vos sens, vous foutez avant eux.
Cibarites oisifs, et bravant la vérole,
Nous devenons putains toutes à votre école.
Injustes, quelquefois vous nous le reprochez :
Le feriez-vous, ingrats, lorsque vous nous foutez ?…
Puisqu’un siècle éclairé forme votre génie (54),
Puisque le sort nous fit tous pour la fouterie,
Branlez, gamaüchez, allumez vos brandons :
Foutez et refoutez, c’est la fête des cons.

CHARLES.

Dans nos communs desirs, bandant tous pour la France,
Nous desirons tous trois dans cette circonstance
Savoir qui de nous trois le premier foutera ?

L’ANGLETERRE.

Celui qui d’entre vous le premier bandera.

CHARLES.

C’est juste.

FRANÇOIS.

C’est justeJ’y consens.

FRÉDÉRIC.

C’est justeJ’y consensJe l’approuve de même.

D’ORLÉANS.

De vous céder le pas mon regret est extrême,
Mais je vous l’ai promis.

FRÉDÉRIC.

Mais je vous l’ai promisDuc, bandez le premier,
Et mettez avant nous le pied sur l’étrier.

FRANÇOIS.

Sa suivante par qui sera-t-elle baisée ?

PUISAYE.

Je me charge à moi seul de foutre la Vendée.

L’ANGLETERRE.

Les voici toutes deux.




SCÈNE IX.

Les précédens, LA FRANCE, LA VENDÉE
LA FRANCE.

Les voici toutes deuxDans quel étonnement,
Princes, me jetez-vous ?… Ici, dans ce moment !
Quel est donc, en un mot, votre espoir sur la France ?
Pourquoi vous liguez-vous ? est-ce pour ma défense,
Ou pour mieux m’avilir ?

CHARLES.

Ou pour mieux m’avilirNous venons partager
Vos faveurs.

LA FRANCE.

Vos faveursMes faveurs !… Ciel !… puis-je y songer !…

Voilà ce qui vous fait auprès de moi vous rendre !
Sont-ce là les secours que j’avais droit d’attendre ?
Mercenaires amans, déhontés suborneurs (55),
Qui deviez respecter la France et ses malheurs,
Qui deviez lui donner vos états pour retraite,
Vous vous coalisez pour hâter sa défaite.
Je ne puis accorder mon cœur à si vil prix :
Vous êtes des vautours, et non pas des amis.

L’ANGLETERRE.

Comme vous je suis femme, et je me suis rendue.

FRÉDÉRIC, (ardemment.)

De même il faut vous rendre (56).

LA FRANCE.

De même il faut vous rendreHélas ! je suis perdue.

(La France s’évanouit, et tombe dans les bras des trois Princes. Sa couronne tombe aussi ; Frédéric la ramasse, la donne à François, François à Charles, Charles à l’Angleterre, qui l’écrase. Frédéric la conduit sur le lit de repos).

LA VENDÉE, (allant à son secours).

Soutenez sa faiblesse, et secourons-là tous.

PUISAYE, (l’arrêtant).

Laissez-la dans leurs bras, moi je m’attache à vous.

FRÉDÉRIC, (montrant son pénis).

Je bande le premier, c’est à moi la victoire.

L’ANGLETERRE.

Foutez-la, Frédéric, vous en aurez la gloire.

FRANÇOIS.

Tracez-nous le chemin, nous le suivrons après (57).

CHARLES.

Pour la foutre à mon tour, moi je me branle exprès (58).

PUISAYE, (à la Vendée).

Resterons-nous tous deux à regarder les autres ?
Vous voyez mon priape avec ses deux apôtres ;
À prendre un pucelage on m’a dit qu’il est bon :
Voulez-vous le garder pour le vit d’un breton ?
Voulez-vous le garder pour le(Il la baise).

LA VENDÉE.

Vous me faites du mal !

D’ORLÉANS, (à l’Angleterre).

Vous me faites du malTiendrons-nous la chandelle ?

L’ANGLETERRE, (lui donnant, la main).

Vous ne baiserez pas comme eux une pucelle.


FIN DU SECOND ACTE.