La france Foutue/Notes Acte 2

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La France foutue (vers 1796)
en Foutro-manie, l’an des fouteurs (À Barbe-en-Con) (p. 109-131).


ACTE SECOND.

SCÈNE PREMIÈRE.

D’ORLÉANS.

(1) De ses femmes d’atours et de celles d’honneur… Allusion aux diverses provinces de France, il y en a douze.

(2) J’ai corrompu sa garde, excepté tous les Suisses… les Gardes-Françaises se sont comportés comme des scélérats. Les Suisses, au contraire, se sont fait égorger pour défendre la famille royale, à laquelle ils sont toujours resté fidèles.

M. Marquis, capitaine dans le régiment de Halwil, suisse, et suisse lui-même, ci-devant au service de la marine et des colonies françaises, fut fusillé à la prise de la Louisiane, prise le 18 août 1769, par les Espagnols, commandés par M. d’O-Reilly. Il ne voulut jamais qu’on lui bandât les yeux, disant qu’ayant tant de fois bravé la mort pour le service du roi de France, son maître, il ne les avait jamais fermés ni détournés devant ses ennemis. À l’imitation des Américains, il fit une courte harangue. Mourons, dit-il à ses compagnons d’infortune (ils étaient six), puisqu’il faut mourir ; mais mourons en hommes. La mort n’a rien d’effrayant pour moi. Après avoir demandé une prise de tabac avec un sang-froid qui n’a point d’exemple : Messieurs les Espagnols, continua-t-il, soyez témoins que vous mourons pour avoir voulu toujours être Français ; oui, sachez-le, quoiqu’étranger, mon cœur est Français ; il a toujours été pour Louis le Rien-Aimé, au service duquel j’ai sacrifié trente et quelques années ; et je me fais une gloire que mon amour pour lui soit cause de ma mort. Il déchira sa chemise, montra son estomac cicatrisé de blessures reçues, en disant : Tirez, bourreaux.

L’on observe que, depuis ce tems, la colonie n’offre que des campagnes désertes.

Les Suisses sont comme les Cariens. C’était une nation de guerriers, qui s’enrôlaient indifféremment dans les armées de quiconque pouvait les payer : de-là est venu ce proverbe : point d’argent, point de suisse.

(3) Lafayette créera de nouvelles milices… La garde parisienne.

Lorsqu’il faisait la guerre en Amérique, et que l’on recevait à la cour des nouvelles officielles, la reine allait elle-même chez madame de Lafayette lui en donner de son mari. Les têtes couronnées ont toujours fait des ingrats, témoins les Versaillais, etc. etc. etc. etc.

Pendant la traversée de Boston, d’où M. de Lafayette était parti le 15 janvier 1779, pour se rendre à Paris, où il est arrivé le 12 février, quarante anglais, qu’il avait pris pour aider à la manœuvre de son bâtiment, avaient résolu de le conduire à Londres, après avoir assassiné son équipage.

Que ne l’ont-ils coulé bas ! il n’eût point trahi ses bienfaiteurs. L’homme vit quelquefois un jour de trop.

Je voudrais ne savoir point écrire, disait Néron en signant la condamnation d’un criminel : que n’est-il mort après cette signature.

M. le maréchal de Villars mourut à Turin, âgé de 84 ans, le 17 juin 1734, dans la même maison où il était né. Voici son épitaphe :


   « Ci-gît Villars,
» Que n’est-il mort au mois de mars ».


La dernière bataille qu’il donna, au mois de mai, fut la première qu’il perdit.

(4) Le tartuffe Necker… Contrôleur, général des finances. Homme faux, et qui a fait le malheur du roi et de la France.

Guillaume, surnommé le Bon, comte de Hollande, avait pour trésorier de ses finances, Guillaume Duvenhoorde. Les richesses de cet administrateur excitèrent l’envie, et donnèrent lieu à ses ennemis de rendre sa fidélité suspecte au souverain. En effet, ce prince lui demanda ses comptes, et le menaça d’une punition exemplaire.

Au jour marqué, le trésorier se présente vêtu fort simplement, avec des clefs à la main. Je viens, dit-il, monseigneur, vous rendre les comptes que vous m’avez demandé. Épargnons-nous l’ennui et les fatigues du calcul ; vous serez content. J’ai fait bâtir tel château ; il est à vous, en voici la clef. J’ai fait construire tel palais ; il est à vous, en voici la clef. Je vous ai acquis telle terre ; le contrat d’acquisition se trouve dans telle armoire de vos archives. Il y a dans votre trésor 20,000 écus en argent comptant. Du reste, j’avais un habit en entrant à votre service, je l’emporte en sortant. Il fut maintenu dans sa place.

Necker pourrait-il en dire autant ?

(5) A pour lui les états qu’il a fait assembler… C’est Necker qui a demandé au roi les états-généraux. Le scélérat en connaissait les conséquences et en avait calculé les suites. Pour ne pas manquer son projet, il convoqua le double du tiers-état.

Henri IV avait fait faire un endroit d’où madame la comtesse d’Estrée pouvait entendre son discours alix états-généraux. À son retour, il demanda à sa belle Gabrielle ce qu’elle en pensait. Sire, beaucoup de bien, excepté le passage où vous vous mettez sous la tutelle de vos sujets. — Ventre-saint-gris, dit le roi, ne savez-vous pas que le pupile a son épée au côté ?

Sous Louis XV, monsieur de Maurepas offrit à sa majesté de faire assembler les états généraux Si je ne connaissais pas votre cœur et votre amitié pour moi, dit Louis XV, je vous exilerais : le premier qui m’en parlera je le ferai pendre. Louis XVI eût dû faire pendre le parlement, le cardinal de Loménie qui promit les états, Necker et sa suite.

Avant Philippe-le-Bel, on avait déjà vu le corps de la nation réuni dans ces assemblées auxquelles on a donné le nom d’états-généraux, et délibérant, sous les yeux du prince, sur les affaires les plus importantes ; mais ce fut sous le règne de ce roi, en 1303, que la classe des bourgeois, appelée le tiers-état, y fut admise.

(6) Il s’occupe souvent à tripler les dépenses… Ce Necker faisait exporter notre argent par la Flandre, et d’accord avec le duc d’Orléans, faisait courir les bruits que c’était la reine qui l’envoyait à son frère. Il le faisait rentrer par la Suisse, disant au roi que c’était un emprunt qu’il faisait à cette république, mais dont il fallait payer l’intérêt, qui l’enrichissait. Il n’en était pas de même, lorsque, comme Beaumarchais, dont

Le petit jardin fut planté
L’an premier de la liberté,

Necker était un petit commis à 600 liv. par an.

(7) Et digne protestant… Dévot dans le protestantisme, Necker voulait venger l’édit de Nantes et la Saint-Barthelemi. L’édit de Nantes fit émigrer quatre-vingt-mille personnes en 1685.

(8) L’imbécile Santerre a pour lui son faubourg… Marchand de bierre, qui souleva le faubourg Saint-Antoine. Il survit à ses crimes et aux remords ; mais sans doute le ciel l’a réservé. Une anecdote singulière, c’est que ce fut Acloque, brasseur, qui sauva le roi le 20 juin, et ce fut Santerre, brasseur, qui le fit assassiner le 21 janvier. Opprobre à celui-ci ! honneur à celui-là !

(9) Les deux ingrats Lameth… La reine les combla de bienfaits. Elle donna, sur sa cassette, soixante mille livres à leur mère pour leur éducation, et maria Charles à une riche héritière américaine. Ils sont tous les deux anglomanes, et veulent les trois chambres.

Il y a le vulgaire des grands, et le vulgaire du peuple.

(10) Lally… Le comte de Lally-Tollendal. Son père fut décapité par la main du bourreau. Il était général, et commandait pour le roi à Pondichéry. Cette affaire fut plaidée à Rouen, et il eut M. d’Eprémesnil pour adversaire. Il fut réhabilité, et ce fut la reine qui le lui annonça.

(11) Barnave s’est chargé de perdre l’Amérique… Il était payé par le cabinet de Saint-James.

(12) Mirabeau que je paie et qui veut se venger… Le comte de Mirabeau, que les Lameth ont empoisonné, était orléaniste. Il ne faisait rien que pour de l’argent, et faisait tout pour de l’or.

L’on ne peut acheter que les hommes qui peuvent se vendre : Mirabeau était de ces hommes qui se donnent pour du pain comme pour de l’argent.

Mœlius aspire dans Rome à la royauté, il gagne la moitié du peuple avec des bleds qu’il distribue ; et sans l’activité du sénat, qui découvrit le projet de Mœlius, les Romains, si jaloux de leur liberté, l’auraient peut-être perdue dès-lors.

Libres sous un monarque, nous sommes aujourd’hui les esclaves de la liberté.

Sous l’ancien régime, Mirabeau était chassé des maisons honorables, et la noblesse ne le voyait point à cause de son immoralité.

(13) L’astronome Bailly, qui met tout en problême… Homme savant, dont le style était très fleuri ; académicien ; le premier président élu aux états-généraux, et l’un des meilleurs astronomes du siècle.

Ce fut Bailly, pensionnaire de d’Orléans, qui fit la fameuse partie du jeu de paume, à Versailles, où les factieux suivirent le conseil de d’Orléans, qui leur répétait sans cesse : Constituez-vous. En effet, ils s’y constituèrent en assemblée nationale ; et Bailly, stipendié du duc, grand astronome, ne sut lire son châtiment dans les astres ni dans son cœur. Comme philosophe, pourquoi se mêlait-il de cette infâme tripot ?

(14) Auprès de la Vendée… Allusion à cette partie de la France que j’ai personnifiée.

(15) Et comme sa maîtresse, elle est encor pucelle… Royale et loyale.

L’ANGLETERRE.

(16) Aux cafés, aux bordels, dans les places publiques… Auguste enchaîna les Romains, en leur donnant des plaisirs, et en les livrant aux excès d’un luxe rafiné. Charles II, en Angleterre, pensa s’emparer du pouvoir arbitraire par les mêmes moyens ; mais toutes les fois que l’on flatte la multitude, on doit craindre de ramper devant elle. Andromadore, de Syracuse, disait : que la multitude sans frein et sans lois est aussi dangereuse dans une république qu’un tyran.

(17) Le comte seul l’aura, s’il en est amoureux… Le comte de Puisaye a commandé dans l’armée catholique.

(18) Est d’en faire à son tour une file publique… Il se rendit à la Vendée des hommes de tous les partis, ce qui accéléra sa perte.

(19) Lorsqu’il en sera temps, je la lui ferai foutre… L’Angleterre paya le comte de Puisaye, et s’en servit pour perdre la Vendée et les chouans. Une des premières familles de la Bretagne a prétendu que le comte de Puisaye avait fait fusiller et guillotiner une partie de la noblesse du pays, par les bleux.




SCÈNE II.

PUISAYE.

(20) Puisaye… Puisaye était un orléaniste. Sa conduite aux états-généraux, à Caen lors du fédéralisme, à Vernon et aux armées catholiques, le prouve assez.

(21) Dans les grouppes épars d’une ivre populace… Journée du 6 octobre 1789.

(22) Ils ont tout violé, lois, honneurs et décence… Si je mets en récit une scène jouée, dit-on, par le duc d’Orléans lui-même, c’est que je suis poëte et non historien. D’ailleurs, il y était déguisé en femme ; beaucoup de gardes françaises, et d’autres hommes, y étaient déguisés de même. Il n’y eût jusqu’au gros duc d’Aiguillon qui ne prît ce costume, sous lequel il dirigea les femmes assassins à l’appartement de la reine. Maricourt, garde-du-corps du roi, en faction à l’appartement de cette princesse, reconnut le duc, et lui reprocha non-seulement d’être avec ces monstres, mais aussi de venir ainsi déguisé chez la femme de son roi. Maricourt fut massacré à sa porte par ces furieuses, après les avoir long-temps arrêtées et défendu long-temps l’entrée de l’appartement : ce qui donna le moyen à la reine de passer chez le roi.

Le nom de grosse putain, en est resté à l’infâme d’Aiguillon. Comment appellerons-nous le prince de Poix, et beaucoup d’autres de ce parti ?

(23) Ainsi que leurs ménades… femmes que Bacchus mettait en fureur. On appelle en français ménade une femme emportée et furieuse, qui ne garde aucune mesure d’honnêteté.

(24) Mais comme des moutons… Les crédules parisiens sont des moutons, et deviennent loups quelquefois. Ainsi les hommes communiquent toujours leurs préjugés à la société dont ils sont membres.

(25) Et ne se doutent pas de sa division… Le peuple est une machine que les circonstances font mouvoir : les grands seuls font les révolutions.

L’ANGLETERRE.

(26) Mais semblable au laquais qui baise sa maîtresse… Epictète comparait la fortune à une femme de bonne maison, qui se prostitue à ses valets.




SCÈNE III.

LA FRANCE.

(27) Hélas ! j’ouvre les yeux… Voici le sort des tyrans ; ignore-t-on l’auteur d’un crime, le premier soupçon tombe sur eux.

(28) Si le mélange impur de monstrueux pouvoirs… Le gouvernement anglais est monarchique, aristocratique et démocratique.

Genseric rendit l’aristocratie injuste, et Atilla la rendit despote.

Les Anglais ont tiré l’idée de leur gouvernement politique, des Germains. Ce beau système a été trouvé dans les bois, dit M. de Montesquieu.

(29) De son peuple en révolte ignorait la furie… À Londres, souvent le peuple se révolte.

« Chez ce peuple, rebelle à l’absolu pouvoir,
Le héros du matin, n’est qu’un tyran le soir. »
Le héros du matin, n’(Jeanne Gray, tragédie.)

À quels titres les Anglais ont-ils mérité le nom de sages et de philosophes ? Quelle philosophie bon Dieu ! présentent les révolutions des maisons d’Yorck, de Lancastre, le règne de Henri VIII, l’adoption du nouveau culte, la mort d’Anne de Boulen, celle de Marie Stuart, les événemens qui conduisirent Charles premier à l’échafaud, et donnèrent à Cromwel l’autorité suprême : enfin, l’usurpation de Guillaume III ?

Les Anglais, tantôt fougueux, tantôt stupides, sous le malheureux Stuart, furent meurtriers du roi et les esclaves du tyran en criant liberté ! La liberté française ressemble, en tout, à la liberté anglaise.

D’ORLÉANS.

(30) Le prudent anglais pense, et de tout sait jouir… Le duc d’Orléans arrivant d’Angleterre, le roi lui demanda ce qu’il y avait appris ? — À penser, dit le duc. — Les chevaux, répartit le roi.

Les Anglais, après avoir été catholiques et schismatiques tout ensemble sous Henri VIII, luthériens sous Edouard VI, catholiques encore sous la reine Marie, parvinrent à faire, sous Elisabeth, une religion nationale. Les choses en sont venues à un point, que l’Angleterre est l’asyle de toutes les sectes : et voici la nation pensante, qui accuse le français d’inconstance et de légéreté.




SCÈNE IV.

LA FRANCE.

(31) Fille de tant de rois… Depuis Pharamond jusqu’à Louis XVI inclusivement, on compte 66 rois.

(32) Le sceptre des Henry n’est donc plus dans mes mainsSterne, auteur anglais, passant un jour sur le pont-neuf, à Paris, s’arrêta tout court, et regarda fixement la statue de Henri IV. Il fut presqu’aussitôt entouré d’une foule de gens qui le considéraient avec un air de curiosité. Hé bien ! c’est moi, leur dit-il, et vous ne me connaissez pas davantage ; mais imitez-moi : et il se mit à genoux devant la statue du roi.

Chacun sait qu’en 1791, le jour de Saint-Henri, le Peuple Français était un Sterne ; les femmes de la halle portèrent un bouquet à la Statue de Henri, le Grand ! Elles lui mirent une écharpe, le couronnèrent de fleurs, l’enrubanèrent de tous les côtés, le baisaient, et forçaient ceux qui passaient de saluer sa statue. Il y en avait de montées sur le cheval, debout, derrière la statue de ce bon roi ; d’autres, à cheval sur l’encolure ; d’autres, assises sur la croupe. Toutes chantaient des chansons qu’elles avaient fait composer, et buvaient à sa mémoire qu’elles bénissaient. L’année suivante, après avoir violé l’asyle de son petit-fils, après l’avoir déchu de la royauté ; après l’avoir emprisonné, comblé d’outrages, et sa famille auguste, on brisa cette même statue, en le traitant de tyran. Henri IV tyran ! ! ! Peuple, qu’as-tu fait de ton idole ? Ah ! tu seras toujours peuple.

(33) De ramper sous un maître… Le peuple. Le droit de propriété et d’esclavage, est une loi des Romains, qui nommaient barbares les autres peuples. Ils mettaient aux fers leurs débiteurs, et vendaient leurs enfans pour se payer : voici les républicains nos modèles : on les a plus qu’imités.

(34) Je connois leur faiblesse… Il est plus aisé de témoigner de la compassion quand le péril n’est pas présent, et que l’occasion de soutenir les sentimens par des effets, se trouve éloigné. Beaucoup de gens, en prenant le parti du roi, s’occupaient des moyens de leur propre défense, en cas qu’ils fussent découverts, avant de calculer leurs moyens physiques pour la défense du monarque. Ceux qui, de bonne-foi, étaient ses serviteurs, étaient traités d’imprudens, parce qu’ils avaient été plus hardis.

Les nobles, dans la révolution, sont plus coupables que le peuple. La haute noblesse a fait la révolution, le peuple l’a soutenue, et nuls gentils-hommes ne se sont réunis à temps.

En vain est-on fondé sur la justice de sa cause, si l’on n’est pas en état de la soutenir. Une justice à rendre à monseigneur le comte d’Artois, c’est qu’il a débarqué à l’isle Dieu, et que Charette l’a forcé de se rembarquer ; ce qu’il n’a fait qu’à regret et les larmes aux yeux.

(35) Je ne puis compter sur ce qu’ils m’ont promis… Allusion aux gentilshommes qui sont restés en France. Il serait à souhaiter qu’il n’y eût point eu d’émigration : lorsque le roi envoya cet ordre à sa noblesse, ce fut ses ennemis qui le lui conseillèrent : il est plus aisé de se maintenir dans le bien qui est en notre possession, que de le recouvrer lorsqu’il nous est échappé.

(36) Quand on est malheureux, il reste peu d’amis… Les forces du corps n’ont pas plus de pouvoirs que les forces de l’esprit ; et la crainte peut dompter aussi aisément les plus fermes courages que la force même des armes : c’est ce qui est arrivé en France.

Sous le règne de Louis VI, le royaume menacé d’une guerre cruelle, n’en fut préservé que par le zèle de sa noblesse, qui, oubliant les divisions intestines, ne s’occupa que du salut de la patrie. Que n’en a-t-elle fait autant !

LA VENDÉE.

(37) Du Poitou soulevé, comptez sur la puissance… Le Poitou, la Bretagne, une partie de la Saintonge et de la Normandie étaient soulevés.

À Rennes, on conservait la chambre où la mère du connétable Duguesclin le mit au monde : certainement que les révolutionnaires ne l’ont pas plus respectée que les cendres des morts.

Ils ressemblent à l’azoufa, animal que l’on trouve à Fez et à Maroc, qui déterre les cadavres et les dévore.

Six généraux furent mis à mort, à Athènes, pour n’avoir point enterré les morts.

Les lois de Solon défendaient de parler mal des morts, c’était loin de les déterrer. Que celui qui détruira le tombeau de mes ancêtres survive à ses parens et à ses amis ! disait un athénien. Quelle imprécation pour l’homme sentimental !

LA FRANCE.

(38) Qu’est-ce que la valeur contre des criminels ?… La nature a dit à l’homme : obéis à celui qui te gouverne ; mais non, obéis à celui qui t’égorge ; donne ta vie au meurtrier et ton bien au ravisseur. Voici les fléaux qui ont suscité tant de malheurs et qui ont fait organiser les armées de la Vendée, Quels monstres que ces révolutionnaires fanatiques qui ont commis tant d’horreurs. Les hommes qui surmontent la nature, l’instinct et la raison, surmontent tout : il n’y a point de forfait dont ils ne soient capables.




SCÈNE VI.

L’ANGLETERRE.

(39) Je ne puis, vous savez, vous fournir des guerriersL’Angleterre, vu sa population, ne peut fournir beaucoup d’hommes.

Paris ne contient que la cinquantième partie des habitans de la France, et Londres dévore annuellement sept mille personnes à ses provinces, ce qui fait que la capitale contient le demi-quart des habitans du royaume.

LA VENDÉE.

(40) Déjà dans le Poitou le comte de Charette… général en chef des vendéens. Monsieur le comte, de Charette était le fils d’un conseiller au parlement de Rennes ; c’est une des premières familles de la Bretagne. Avant la révolution, il était lieutenant de vaisseau de roi.

Il y avait aussi, dans cette armée, un descendant de ce fameux monsieur René de Scepeaux, seigneur de Vielleville, maison ancienne et illustre, originaire du Maine, dont la filiation est bien prouvée depuis le quatorzième siècle.

Cette armée était le rendez-vous de l’honneur français ; heureux ceux qui s’y sont distingués, et méprisons ceux auxquels on peut prouver d’avoir trahi, ou vendu l’honneur d’une cause aussi belle et aussi juste. Quant à Charette, pleurons ce grand homme : si les révoltés eussent été aussi grands que lui, ils eussent respecté sa défaite, et il vivrait encore.

(41) Il viendra dans Paris y vaincre nos tyrans… le projet était de s’emparer des provinces insurgées, ce qui forçait Paris à se rendre.

L’ANGLETERRE, (à Puisaye).

(42) J’en veux faire, à son tour, une autre Messaline… Femme lubrique et déhontée ; impératrice romaine, épouse de Claude. Elle était grande : elle avait des traits romains, fort beaux, une chevelure superbe.

(43) Le comte de Puisaye aura le Morbihan… C’était où commandait le comte de Puisaye. Il y est haï cordialement.

PUISAYE.

(44) Je ne m’attendais pas, jeune et belle duchesse… Ce gouvernement fut érigé en duché pairie. Le duc d’Orléans, alors duc de Chartres, en fut nommé gouverneur.

(45) Orléans, dans ses murs, avait une pucelle… Jeanne d’Ark, pucelle d’Orléans, sous Charles VII. Elle parut sur le déclin de la chevalerie. Elle prit naissance au village de Domremy, sur les frontières de la Lorraine.

(46) La Vendée à Poitiers… Ville capitale du Poitou.

(47) Et l’autel et les lys… Louis VII fut le premier qui mit des fleurs de lys sans nombre sur ses armes : Charles VI les réduisit à trois.

(48) L’amante de Louis… Tous les rois de France doivent à jamais protéger le Poitou, la Bretagne et la Normandie. Rouen seule doit en être excepté.

L’ANGLETERRE.

(49) Jeanne fut, nous dit-on, l’amante de Dunois… Le comte de Dunois était un des plus braves gentilshommes de son temps.

Ce fut en 1427, âgé de vingt-trois à vingt-quatre ans, qu’il se distingua pour la première fois devant Montargis, dont il fit lever le siège aux Anglais.

Il s’honorait du titre de bâtard d’Orléans, et le prenait dans tous les actes. Sans les hautes vertus de madame la duchesse d’Orléans, sans sa bonté, sa bienfaisance, personne ne voudrait se dire fils du duc d’Orléans ; mais qui voudrait s’avouer son bâtard ? personne. Dunois était effectivement le bâtard de Louis, duc d’Orléans, assassiné rue Barbette, et de Mariette d’Anguien, femme du seigneur de Cani-de-Varennes.

LA VENDÉE.

(50) Vous la fîtes périr… Ce fut à Rouen, ville capitale de la Normandie. L’on y voit encore sa statue, place du marché aux veaux ; lieu où elle fut brûlée.

L’ANGLETERRE.

(51) Je devais cet exemple au fanatique Anglais… Les Anglais la brûlèrent comme magicienne.




SCÈNE VII.

L’ANGLETERRE.

(52) Que le foutre ruisselle en ce commun coït… Accouplement de l’homme et de la femme.




SCÈNE VIII.

L’ANGLETERRE.

(53) À la fleur de son âge… La Vendée est un des nouveaux départemens : c’est la province du Poitou.

(54) Puisqu’un siècle éclairé forme votre génie… La fausse philosophie.




SCÈNE IX.

LA FRANCE.

(55) Mercenaires amans… Les rois coalisés n’ont pris les armes que pour se rendre maîtres du pays conquis. En outre, ils ont reçu de l’argent de la République française pour leurs traités de paix.

FRÉDÉRIC.

(56) De même il faut vous rendre… Le roi de Prusse entra en France jusques dans les pleines de la Champagne.

FRANÇOIS.

(57) Tracez-nous le chemin, nous le suivrons après… L’empereur devait suivre le roi de Prusse en France.

CHARLES.

(58) Pour la foutre à mon tour, moi, je me branle exprès… Allusion à ce que les Espagnols sont de mauvais soldats : aussi l’Espagnol dit-il, j’ai été brave tel jour.


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