Aller au contenu

La france Foutue/Notes Acte 3

La bibliothèque libre.
La France foutue (vers 1796)
en Foutro-manie, l’an des fouteurs (À Barbe-en-Con) (p. 132-165).


ACTE TROISIÈME.

SCÈNE PREMIÈRE.

LA FRANCE.

(1) La France… Je n’ai point mis dans la bouche de la France aucune expression lubrique, ni dans celle de la Vendée, jusqu’au moment où, ayant été foutues, elles ont pu parler comme les autres, vu que ce langage est dans l’esprit de mon poëme.

(2) Et ces triples couleurs… La France est habillée avec un corsage blanc, une jupe bleue et une robe rouge.

(3) De cet affreux bordel sont, hélas ! la livrée… Les trois couleurs étaient la livrée d’Orléans : ce qui prouve que la cocarde que l’on porte était le ralliement des Orléanistes.

(4) Son éclat, précieux est souillé par le sang… Couleur rouge ; une des trois couleurs de la cocarde républicaine, et couleur de l’habit des dieux infernaux de la mythologie. Catilina fit boire du sang à ses complices : que de Catilina en France !

(5) Chacun me fout, chacun veut être mon fouteur… Allusion à l’anarchie des pouvoirs : tout y est confondu. Un citoyen de Rome, accablé de dettes, exposait sa situation César : Je ne voit qu’une révolution dans l’état, qui puisse vous sauver. Que de français se sont enrichis d’appauvrir les autres.

(6) Le Français qui jadis du monde était l’exemple… La constitution monarchique de France a servi de base à celles de l’Europe.

(7) Après un temps si long de quatorze cents ans… La monarchie française date de quatorze siècles. C’est un privilège précieux du gouvernement monarchique, d’inspirer la sécurité la plus parfaite, dont les nations puissent jouir.

(8) Ose se comparer à d’illustres brigands… Les Romains étaient un ramas d’hommes vils et furieux. Romulus fit publier que Rome servirait d’asyle, de refuge et de lieu de sûreté à ceux qui seraient bannis des autres villes d’Italie, soit pour dettes, vols, conspirations, ou tels crimes que ce soit. Les honnêtes gens !

(9) À ce peuple assassin, qui, révoltant la terre… Les Romains voulaient fonder une république universelle. C’était le rêve de l’abbé de Saint-Pierre ; c’était de même le vœu des Jacobins.

Un peuple exclusif et insociable corrompt l’instinct de la nature humaine, et renonce à ses propres droits. L’attribution de ce qui est à autrui, n’en donne jamais la propriété particulière ; violer le droit des autres, est la plus sûre et la plus terrible manière de porter atteinte à son propre intérêt. Un tel peuple mérite sa ruine, et toutes les autres nations doivent se confédérer pour la hâter. (La révolution de Carthage nous en offre un exemple.)

(10) Où la nature avait perdu des droits si beaux… Le fanatisme républicain est pire que celui des religions : rien ne l’arrête. Le fanatisme prend souvent la place du raisonnement ; il semble n’être autre chose qu’une crainte mal réglée de la divinité, ou qu’une connaissance imparfaite des gouvernemens et des hommes. À la honte et à l’opprobre de la raison humaine, les plus folles opinions trouvent des sectateurs. Quand les lois civiles ont leur force, rien n’est plus aisé à contenir que les superstitieux : ils ne sont dangereux que dans l’anarchie.

(11) Où cette liberté dressa des échafauds… À Rome on suplicia comme en France. Quelle liberté !

Les Flamands appelèrent à juste titre, conseil de sang, le conseil que le duc d’Albe présidait lui-même ; et en son absence, Vargos, jurisconsulte espagnol, fameux par ses cruautés. Dix-huit cents Flamands périrent sur l’échafaud ; beaucoup furent pendus, et les autres noyés, sans distinction d’âge, de sexe et de condition.

(12) Où de Coriolan la vertu fut punie… Coriolan, devenu puissant par ses victoires, fut exilé par le sénat. Dans une république, un homme devient suspect ou par ses richesses, ou par sa popularité, ou par ses armes ; et plus encore par les services qu’il rend à la république.

(13) Où l’un des décemvirs condamna Virginie… Un des dix citoyens composant le décemvirat. Les décemvirs étaient institués pour un an : ils usurpèrent les pouvoirs, mais ils furent obligés de céder.

Le despotisme de plusieurs est toujours plus terrible et plus immuable, que celui d’un individu.

Appius Claudius, un des décemvirs, qui était amoureux de Virginie, la fit enlever par Sparcus, plébéien de Rome, (c’est-à dire homme du peuple) qui la traduisit devant son tribunal comme son esclave : disant que Virginius (son père) la lui avait enlevée. Appius, l’ayant déclarée esclave de Sparcus, qui devait la lui vendre, Virginius tua sa fille d’un coup de couteau, préférant sa mort à son déshonneur.

Virginius était boucher : pourquoi Legendre ne lui a-t-il pas ressemblé ? il n’eût point empoisonné sa femme, pour une actrice dont le talent me fait taire le nom.

(14) Où le père envoya son enfant à la mort… Junius Brutus fit décapiter son fils Titus ; Tiberinus, son autre fils, était mort à la porte quirinale. Quel fanatisme et quelle ambition, de préférer l’honneur de son consulat à la tendresse paternelle ! Son cœur se ferma à la nature, et son oreille fut ouverte aux applaudissemens.

Notre Brutus, de Douai, (Merlin) en a presque fait autant. Voyez les Mémoires de Barthélémy, page 112, à l’alinéa… De mauvais mari, il devint mauvais père, autant qu’il était mauvais français, etc.

Et notre Caïn, (Chénier) dénonça son frère Abel, et le fit assassiner, non par la jalousie de ses sacrifices, mais pour avoir ses ouvrages qu’il nous donne comme les siens.

(15) Où César, de son fils, reçut le même sort… Un autre Brutus, fils de César, tua son père à la porte du sénat, le 15 mars, l’an de Rome 710, 44 ans avant J. C.

Ce Brutus me paraît moins coupable ; l’amitié ne remonte jamais : un père aime mieux ses enfans qu’il n’est aimé d’eux.

César disait : Je me méfie bien moins de ces gens gras et bien peignés, que de ces hommes maigres et pâles comme Cassius et Brutus.

La nuit qui précéda le meurtre de César, Calpurnie, sa quatrième femme, eut un songe qui lui donna le plus violent pressentiment de cette sanglante catastrophe, et elle fit tous ses efforts pour empêcher César d’aller au sénat ce jour-là. Henri IV eut un pareil pressentiment la nuit qui précéda son assassinat.

(16) Où la proscription fit nombre de victimes… Sous Octave, Antoine et Lépide. À Rome, cela se nommait triumvirat ; en espagne, l’inquisition ; en Russie, la chancellerie privée ; en Flandres, le conseil des tumultes, et en France, le comité de salut public. Quel salut ! ! ! Octave dicta, dans un festin, l’infernal édit des proscriptions. Merlin de Douai, fit la loi des suspects à l’imitation d’Octave. Le duc d’Albe, en Flandres, fit un édit de proscription ; ce qui fit émigrer en France, en Angleterre, et dans les provinces protestantes d’Allemagne, plus de vingt mille habitans.

Les triumvirs signèrent les proscriptions dans l’île de Rhéno. Presque tous les sénateurs, nobles et chevaliers furent proscrits. On peut imaginer que les triumvirs n’oublièrent ni leurs ennemis, ni les gens de bien.

Ils promirent cent mille sesterces aux dénonciateurs pour chaque tête qu’ils dénonceraient. Sextus Pompéïus, le plus jeune des fils du grand Pompée, eut le courage d’afficher à Rome, le même jour, qu’il donnerait trois cents sesterces pour chaque citoyen que l’on sauverait.

Le comité de salut public, en France, fut moins, libéral que les décemvirs, et trouva beaucoup de dénonciateurs et plus de bourreaux ; mais à la honte des Français, il ne s’est pas trouvé un Sextus Pompéïus.

(17) Et qui, de crime en crime, inventa tous les crimes… Les crimes des Romains ont accru avec leur grandeur. Ils ont été des tyrans, et n’ont fait que des victimes.

Notre révolution nous offre plus de crimes que celle des Romains, et même que celle des Grecs. Les hommes se multiplient, et les crimes avec eux.

Marat, dans un de ses écrits, veut prouver que la pitié n’est pas essentielle au cœur humain : et Rousseau dit que la liberté ne vaut pas une goute de sang.

(18) Il veut être romain… Rome inique, et avide de conquêtes, était en possession de calomnier tous les peuples qui osaient lui résister.

Le nom de romain était une injure chez beaucoup de leurs voisins ; et en effet, (dit un savant auteur) ce nom seul renfermait tout ce qu’on pouvait imaginer de plus dissolu, de plus perfide, enfin, de plus vicieux en tout genre. Ainsi le nom français qu’on aimait chez l’étranger, est-il déshonoré par de vils factieux.

Au milieu de leur effervescence révolutionnaire, les Romains se distinguèrent toujours de leurs esclaves, et ne les admirent jamais au rang de citoyen ; ils eurent sur eux, pendant plus de cinq cents ans, le droit de vie et de mort.

Les Spartiates eurent aussi les Ilotes en horreur ; et lorsque l’on nommait un éphore, il leur déclarait une guerre à mort.

Le Français, plus républicain ou plus fou, a non-seulement assimilé ses domestiques, les forçats et les hommes les plus vils à leurs patriotiques orgies ; mais grace à Barnave, il a reconnu la liberté des Nègres, qui, d’esclaves, font partie de la société, et sont quelquefois au-dessus de ceux qu’ils ont servi.

La nature a assigné des rangs à tous les hommes. La plus belle, la plus sage et la meilleure philosophie, est de suivre la nature : s’en écarter, ce n’est point être homme, encore moins philosophe.

La barbarie des Romains a disparu avec leur empire : il ne reste plus de ces trop heureux brigands que les monumens de leurs ravages, et le souvenir de leurs crimes, dont tous les éloges de leurs poëtes et de leurs historiens n’ont pu couvrir l’atrocité.

Ce que disent des Nègres, messieurs l’abbé de Nuix, Raynal et Robert-Son, sont de très-grandes et belles phrases que leur a dicté l’humanité et le patriotisme ; mais l’évidence prouve contre eux.

L’avidité des Nègres est si grande, que quelquefois ils vendent aux Européens des malheureux qu’ils chargent de porter quelques effets au comptoir où ils les laissent.

Un père, un jour, s’imagina de vendre son fils, (ce qui est très-fréquent.) Celui-ci se douta de son dessein, et le prévint en le vendant lui-même. Ce trait fut su, et le roi le punit, en le livrant à son tour au même marchand qui avait acheté son père.

Hélas ! s’écriait un autre nègre, aux religieux de Salvador : Je suis dans la misère la plus affreuse ; je manque de tout, et je n’ai plus rien dont je puisse faire commerce. J’ai vendu mes frères et une sœur que j’avais ; le prix que j’en ai reçu ne m’a pas duré long-tems. J’ai vendu ma femme et mes enfans il m’a fallu vendre encore mon père et ma mère ; mais ces derniers étaient vieux, on m’en a donné peu de chose. Maintenant, je manque de tout, et je n’ai plus personne à vendre. Les moines frémirent. Qu’y a-t-il donc de si criant ? répondit-il froidement. J’ai fait ce qu’on fait constamment, dans mon pays. Quel tort ai-je eu de les réduire à la condition des esclaves ? J’étais menacé d’y être réduit comme eux. Il vit un frère lai, et en s’en allant il dit : Ah ! si tu étais de ma couleur, tu m’offrirais un nouvel esclave ; mais que peut-on faire des blancs ? Ils achètent, et on ne les achètent pas.

Ce nègre ignorait qu’on les achète moralement.

(19) Qui prenez sans pudeur le nom de patriotes… Jacob Clément qui assassina Henri III était un jacobin, ce qui fit prendre le nom de jacobins aux harmodius et aux aristogiton français.

(20) Et changés en cyprès… Allusion aux arbres de la liberté. Le lys est le symbole de la pureté ; rien n’est si triste que le peuplier.

(21) La guerre et le viol, voilà qui les attend… Rome et la Grèce, si fertiles en héros dévastateurs, après avoir fourni des armées innombrables, et délivré l’Europe en la ravageant, sont restées elles-mêmes dans un état de faiblesse et d’épuisement, qui semble démentir leur antique splendeur, et leur prodigieuse population dans les siècles reculés.

Tous les royaumes, et toutes les richesses du monde, valent elles la vie d’un seul homme, disait un prince Chinois ? Il ménageait plus les hommes que la nation française. Que n’avons-nous plutôt été envahis par les Tartares !

(22) Regrettant mes vertus, et cherchant un asyle… Bien des patriotes ont été trompés, et ont reconnu leur erreur, en voulant une liberté assassine.

Il vaut mieux vivre sous le gouvernement sous lequel on est, que de vouloir en changer, puisque le changement coûte toujours du sang. Les guerres civiles étouffent tellement l’amour de la patrie, qu’on souhaiterait plutôt la voir entièrement détruite, ou subir le joug d’une domination étrangère, que de reconnaître pour souverains ceux que la nature a fait naître dans le pays, et qui n’ont point été nés pour gouverner.

Appartenir par droit de conquête, ou par usurpation, sont deux choses bien différentes ; l’une est le droit de la fraude, l’autre est celui des gens.

Les prêtres de l’Égypte, ne dénommaient leurs usurpateurs que allégoriquement : Cambyse, le Poignard : Chûs, l’Âne, etc.

(23) Vous aurez mis vous-même un terme à votre vie… Souvent les lois sont dictées par la passion, et effacées par le sang. Les leçons du désordre n’apprendront-elles point aux nations à connaître leurs vrais intérêts ?




SCÈNE II.

LA VENDÉE.

(24) On veut pacifier… Pacification de la Mabilais.

(25) Et quittant leurs drapeaux… Non pour traiter, mais faute de munitions.

Jamais Breton ne fit trahison, dit le seigneur de Rohan, aux officiers de Marie Stuart, reine d’Écosse, à Morlaix.

L’on avait envoyé au comte de Charette, quarante milliers de poudre à canon de l’Angleterre, qui ne portait pas à une demi-portée de canon.

(26) L’Angleterre trahit l’accord fait entre nous… M. le comte de Puisaye et les autres agens anglais, ont détruit les armées catholiques. Dans toutes les guerres, lorsque les Anglais remportent sur nous quelques avantages, ils insultent en plein parlement, la nation et le militaire français : s’emparent, sans déclaration préalable, de nos vaisseaux marchands ; enlèvent nos marins, les traitent avec indignité ; soudoient au sein de la paix des agences incendières pour nous mettre dans l’impossibilité de résister à leurs vexations, et osent mentir à la face de l’Europe. À la paix, ils en viennent jouir en France, et satisfont le besoin qu’ils ont d’un climat plus doux, et d’une société plus agréable. Sans cesse comblés d’honnêtetés, ils viennent partager nos plaisirs.

(27) Mettant le feu partout, apprêtant le poison… Il y avait des charettes de soufre pour mettre le feu à des villes, des villages et à des forêts.

Cicéron reprocha à Verrès, d’avoir dépouillé le temple de Junon. Lorsqu’on dépouille les habitans de leurs propriétés, la destruction de la contrée est certaine.

Quatre jours avant de régler la pacification, l’on a trouvé un caisson rempli de poison, destiné à empoisonner les eaux.

Ô monstres ! Henri IV tournait le dos, lorsqu’il faisait donner du pain aux habitans de Paris ! quand un peuple n’a plus de mœurs, et que le pouvoir n’a plus de règle, il est près de sa chûte.

Dans une guerre des Russes, contre les Prussiens, le comte de Romanzow, entra dans la Poméranie, dont il eut ordre de brûler tous les villages. Son humanité se refusa à cette dévastation. Les Poméraniens, venant un jour à la rencontre du grand duc (régnant), virent près de lui le protecteur de leurs habitations. Dès qu’ils approchaient du maréchal comte de Romanzow, ils tombaient à genoux, l’appelaient leur dieu tutélaire, et versaient à ses pieds des larmes de joie, qui faisaient couler celles du vainqueur des Turcs. Le grand duc, ému de ce spectacle, s’écria avec vivacité :

Je voudrais être Romanzow en ce moment.

Était-il possible de trouver cette grandeur d’ame, dans un ramas de scélérats qui s’étaient interdits le premier et le plus beau droit des souverains, celui de faire grace.

Ô Carrier, ô Tallien, ô Lebon ô !!!… ô monstres !

(28) Arrachant sans pitié l’enfant à la mamelle… Un jeune homme de la réquisition, laissa dans un berceau un malheureux nouveau né dont la mère était égorgée. Un volontaire le vit, et après avoir mis l’enfant au bout de sa bayonnette, il dénonça le réquisitionnaire comme royaliste, et le fit fusiller.

(29) Égorgeant la vieillesse… Les bleux rencontrèrent une femme de quatre-vingts ans et la tuèrent, disant qu’elle n’était propre à rien, pas même à f… J’ai vu un vieillard, proche le Mans, étendu mort dans un fossé, et qui était si vieux, qu’il avait encore près de lui ses deux béquilles. L’on ferait un volume des horreurs commises dans ces contrées.

(30) Les révoltés… Soldats de la République, appelés les bleux. Ils appellent brigands les troupes royales ! C’est quelquefois le sort de l’aigle d’être insulté par un moucheron.

(31) Et du Républicain le coupable héroïsme… Quand l’admiration universelle approuve nos succès, et quand la gloire les couronne, c’est avec ces titres que l’héroïsme justifie ses triomphes : mais ce n’est point en égorgeant qu’on est des héros, ni même en faisant des esclaves.

LA FRANCE.

(32) Surprise, ils ont été vainqueurs de ma faiblesse… Le vingt juin. Les Hongrois, qui avaient conspiré la perte de l’empereur Sigismond, entrèrent dans son palais : mais il alla au devant deux un poignard à la main, et leur dit : « qui de vous sera assez insolent pour me maltraiter ? qu’ai-je fait qui mérite la mort ? si quelqu’un a dessein de me frapper, qu’il avance, je me défendrai. Les factieux se retirèrent ».

Louis XVI, sans poignard, en a imposé à ses assassins. Le peuple soulevé par d’Orléans et ses Jacobins, a respecté les jours du roi, qui devait devenir la proie d’assassins plus féroces.

(33) Ce glaive vengera la France et sa noblesse Beaucoup de roturiers ont pris parti avec les nobles. Ont-ils fait des ingrats ?

Il eût été à souhaiter que Louis XVI au lieu d’exiler le duc d’Orléans, l’eût fait décapiter ; il nous eût sauvé de la révolution, de la guerre civile, et lui-même et son auguste famille vivraient encore.

Il faut, disait un Mandarin, qu’un homme ait la force d’en perdre un autre, quand il le mérite, et sur-tout quand le bien de plusieurs l’exige.




SCÈNE III.

D’ORLÉANS.

(34) Je cherche des plaisirs, et non point des honneurs… Le duc d’Orléans préférait à l’honneur, les plaisirs et l’intérêt. Tout le monde connaît ses sales débauches et sa cupidité : en voici un trait que bien des gens ignorent. Lorsqu’il fit bâtir le palais royal, on lui proposa, au lieu de mansardes, de construire sur tout le palais, un jardin à l’italienne ou à la grecque ; il ne voulut pas y consentir, vu qu’il préférait le rapport, au faste d’un pareil jardin.

S’il eût été le périclès de la France, s’il eût vu la terrasse d’Aspasie et celle de Laïs, il eût sans doute été plus fastueux : il n’était pas du goût des coloyers, ou moines Grecs, qui firent de si beaux Jardins dans l’Arabie Pétrée.

M. Seiguier, avocat-général, représentait au duc de Chartres, depuis duc d’Orléans, qui lui faisait part de son plan pour bâtir le palais royal, et tout culbuter dans le jardin, que ce projet souffrirait de grandes difficultés. (Il avait lu le mémoire qu’avaient fait les propriétaires des maisons de la rue de Richelieu, de celles de la rue des Bons-Enfans et Neuve-des-Petits-Champs ; il connaissait, leurs droits ; ce mémoire était signé en tête par le marquis de Voyer-d’Argenson) ; il l’engageait à renoncer à ce projet, en lui disant que le public ne verrait point ce changement avec plaisir ; que le profit qu’il en aurait, n’était rien pour un prince comme lui ; que cent mille écus de plus n’étaient rien pour qui devait avoir un jour près de dix millions de revenu ; et qu’il gagnerait, par ce léger sacrifice, l’amour et l’estime générale. Le duc répondit, que c’était bien attrayant, mais que cette estime ne valait pas un petit écu.

Quelle noblesse, quelle élévation, et quel désintéressement dans l’ame de ce prince !




SCÈNE IV.

D’ORLÉANS.

(35) J’ai détruit le travail de quatorze cents ans… Constitution française. L’empire des Grecs ne dura que deux siècles, celui des Romains six siècles ; l’Empire d’Orient huit siècles, celui d’Occident un siècle, et la monarchie française, quatorze siècles. Combien durera la République ?

(36) Dans le sénat Français j’ai nié ma noblesse… À la convention. Non-seulement il abjura sa noblesse ; mais pour se faire justice, trouvant le beau nom de Bourbon trop au-dessus de lui, il s’honora de celui d’Égalité, qu’il a porté sur l’échafaud, quoiqu’il n’y crut point. Le pauvre homme était tellement ivre, ou bien, avait tellement perdu, la tête, quand on l’y conduisit, qu’il s’écriait à chaque instant dans la charette qui le portait : « Eh bien ! qu’est-ce que l’on fait ? ne sait-on pas que je suis le premier prince du sang ? pourquoi ne fait on pas ranger tout ce monde, et ne me rend-on pas les honneurs qui me sont dus ? »

(37) Je n’ose consommer mes projets et mon crime… Il n’osa tirer son mouchoir de sa poche, alors qu’il amena la famille royale à l’hôtel-de-ville.

(38) Ah ! de mon lâche cœur serais-je la victime… M. le comte de Mirabeau l’abandonna à cause de sa lâcheté.

Il fit mieux, il le dénonça ; ce que fit aussi la Fayette, à Versailles, le six octobre.




SCÈNE V.

L’ANGLETERRE.

(39) Souvent elle abandonne… Le parti d’Orléans a abandonné la personne du duc, sans cependant abandonner ses projets, qui étaient un changement de dinastie.




SCÈNE VI.

L’ANGLETERRE.

(40) Dans ces nouveaux bordels… Clubs de Jacobins, pires que les plus mauvais bordels.

(41) Je veux donner des lois… L’Angleterre avait des agens parmi les Jacobins, et en a encore présentement, parmi ces citoyens qui n’ont changé que de nom. Son projet, après avoir fait assassiner Louis XVI, était la dépopulation de la France.

Après la mort de Romulus, il y eût un interrègne d’un an ; chaque sénateur était roi à son tour : les Romains s’en lassèrent et voulurent un roi. Avis au Français.

Lorsque les Israélites violaient leurs lois, ils tombaient dans l’anarchie ; c’est ce que l’histoire nous dit de leurs plus grands crimes. En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël, chacun faisait ce qu’il lui plaisait. Cette anarchie les divisait, les affaiblissait, et les donnait en proie à leurs ennemis, jusqu’à ce que, rentrant en eux-mêmes, ils reconnussent leurs libérateurs. Enfin, ils aimèrent mieux se faire un maître que de demeurer en liberté.

Donnez-nous un roi pour nous juger, disait le peuple d’Israël à Samüel. Hélas ! quand aurons-nous le nôtre, pour nous sauver !




SCÈNE VII.

LA FRANCE.

(42) Et pour un culte impur… La liberté !… La liberté se nommait chez les Grecs, Apéga : elle était représentée avec des pointes de fer.

Voici une chanson que j’ai faite sur cette liberté, à l’époque du treize vendémiaire.

 Air : Comment goûter quelque repos.

Pleurez, ô Français malheureux !
Donnez des regrets à vos frères ;
Que de monstrueuses chimères
Ne détruisent point nos neveux.
Vous aviez trop d’avoir un maître,
Vous nous en donnâtes sept cents ;
Vous avez appris par le tems,
Ainsi que nous à les connaître.   (bis.)

Jadis, sous le règne des rois,
Chacun était heureux en France ;
Vous jalousâtes leur puissance,
Et vous nous donnâtes des lois.
De la liberté, le génie,
Vous les fit nommer des tyrans :
Vous couronnâtes des brigands
En adorant une furie.      (bis.)


Aujourd’hui, quel est votre sort,
En proie aux chagrins, aux alarmes :
Vous ne versez plus que des larmes,
Vous n’attendez plus que la mort.
L’erreur qui nous porte à l’extrême,
Vous fit surnommer des héros !
Ah ! vous n’étiez que des bourreaux,
Qui forgiez des fers pour vous-mêmes. (bis.)

Fuyez loin de ces lieux pervers,
Jeunesse qui fûtes trompée,
Le sang d’une mère éplorée  (LA FRANCE.)
Vous dénonce à tout l’univers.
Partez, et rendez à la France
L’honneur et la tranquillité !
Ne prenez plus pour liberté
L’égarement de la licence.    (bis.)

(43) Vous, qui dans tous les temps avez haï la France… La jalousie tourmente nécessairement deux nations placées par la nature, de manière à se disputer l’empire de la mer, d’un golfe, ou celle du monde. Tels furent les ancètres de Priam et d’Agamemnon. Une jalousie éternelle élevera toujours entre les nations un mur de division ? quand il s’agira des interêts du commerce.

L’on sait que la France a été jalousée par tous les gouvernemens du continent ; mais l’Angleterre, sa rivale, a toujours été sa plus cruelle ennemie.

Un Français qui s’établit à Londres, croit mieux réussir dans ses entreprises en épousant une Anglaise, dont les charmes, pour l’ordinaire, servent de dot. Une année s’est à peine écoulée, que cette femme, jadis si timide, si douce et si ménagère, devient peu à-peu impérieuse, dépensière et dissipée. La famille augmente tous les ans, les chagrins s’accumulent, la haine nationale, enracinée, éclate enfin contre l’époux. Femme, enfans, parens même, tourmentent de concert l’infortuné mari, qui se voit étranger dans son propre ménage et dans sa famille. À mesure que ses enfans grandissent, ils semblent rougir d’avoir un Français pour père.

Dans une descente qui devait se faire en Angleterre, un enfant demanda à son père, si les enfans des Français devaient aussi débarquer ? pourquoi, lui demanda son père ? C’est que, lui répondit-il, je me battrais avec eux.

Si cette haine était générale, elle serait la honte la plus flétrissante de la nation Anglaise. J’ajouterai qu’elle pourrait être honorable pour les Français, car le Persan Rica n’a point craint de dire au commencement de la 78e des lettres Persannes, que « les Espagnols et les Portugais, méprisant tous les autres peuples, faisaient aux seuls Français, l’honneur de les haïr ».

Le général russe Boyacow, disait à un officier français qui se plaignait du traitement : J’en fais encore plus que je ne dois, pour des chiens de Français que je ne saurais voir, même en peinture.

Qu’est-ce que ces peuples disent de nous aujourd’hui ! autrefois, c’était une jalousie d’amabilité qui nous faisait haïr, aujourd’hui ce sont nos crimes.

L’ANGLETERRE.

(44) Recevant à ma cour nombre de fugitifs… Les émigrés Français.

Chacun parle diversement du Roi et des princes Français : tout le monde en raisonne, mais personne ne veut calculer que leur mobilité n’est que l’effet de la politique des Puissances coalisées. Ô peuple ! n’est-ce point assez d’avoir été ingrat, d’avoir été criminel, faut-il encore être injuste !

LA FRANCE.

(45) Peut-être voulez-vous en faire des captifs… Les Anglais, comme les autres puissances, ont regardé Louis XVIII et les princes, comme prisonniers.

Lorsque les Républicains ont fait courir le bruit que le comte d’Artois était retenu à Londres pour ses dettes, ils n’ont pas publié, que c’était des dettes d’honneur ; voici le fait. Ce prince a emprunté effectivement des sommes conséquentes, mais c’était pour les besoins du Roi, et l’armée de Condé. Les choses ne sont méprisables, ou n’ont de valeur que par ce qu’elles sont.

(46) Comment justifier le retard de Grandville… Les Anglais parurent devant Grandville, six heures après que l’armée royale eut évacué ses faubourgs.

(47) Et quand le Toulonnais vous fit ouvrir ses portsMilord Roussel, originaire de Normandie, s’est signalé dans les guerres de Guillaume et de la reine Anne. Il empêcha les Français de sortir de Toulon.

Ah ! que n’y a t-il eu à Toulon, un milord Roussel, qui les empêchassent d’y rentrer.

(48) De Lyon saccagé, qui fit faire le siège ?… La jalousie Anglaise. Ils payèrent leurs agens pour faire brûler cette ville, à cause de ses belles manufactures qu’ils ne peuvent imiter, et qui sont les seules en Europe. Ils eurent voulu de même, faire incendier le Forez et le Jura, à cause des aciers qui s’y travaillent.

(49) Avez-vous en mon nom bombardé Valenciennes ?… Valenciennes et les villes de cette ligne, furent prises au nom du roi Georges.

(50) L’horrible assassinat commis à Quiberon… Chacun sait l’affaire de Quiberon, mais l’on ignore que cet assassinat politique était combiné six mois d’avance. Ils avaient pris les vaisseaux, et voulaient faire périr les officiers de marine. Puisaye, tu étais là, tu avais deux régimens, et tu ne t’es pas battu.

L’ANGLETERRE.

(51) Commandai-je à ses flots ?… Les Anglais prétendent que la marée et le gros temps, les ont empêché de paraître plutôt devant Grandville.

(52) Pourquoi de leurs malheurs, accusez-vous l’Anglais ?… Que l’on intéroge les malheureux qui ont échappé à Quiberon.

Je tiens d’un gentilhomme de foi, que le coup de baïonnette qu’il a reçu au bras provenait d’un Anglais, avant d’avoir débarqué, mais auquel il brûla la cervelle.




SCÈNE IX.

D’ORLÉANS.

(53) Votre amant le plus cher périt assassiné… Le roi. Allusion à ce qu’on disait que nul peuple n’aimait mieux ses princes, que le Français.

Tertulien, savant apologiste ? appelle le respect que les chrétiens rendent à leur prince, la religion de la seconde majesté.

Les femmes, voyant Hyppolite condamné par son père, firent cette froide réflexion : « Qui des mortels, peut-on appeler heureux ! quand on voit la fortune de nos rois, sujette à une si triste révolution ? »

En Bourgogne, un honnête vigneron, voyant passer un courrier, lui demanda ce qu’il y avait de nouveau à Paris ? Le roi est guillotiné, lui dit le courrier. Cet homme sensible, et bon Français, rentre chez lui, se couche, et meurt quelques heures après.

Que de tyranicides en France ont fait comme cet énergumène, qui criait dans les places publiques des grandes villes de l’Europe :

Il n’y a point de Dieu ; et quand on est mécontent de son roi, on peut le tuer.

Vouloir se légitimer après de pareils excés, c’est joindre le délire le plus complet à l’audace la plus effrénée.

(54) Par moi-même, à la mort il se voit condamné… Le premier, il vota la mort de son cousin, et fit passer la loi du divorce, pour épouser la reine.

Le général Monk, remit Charles II sur le trône d’Angleterre, et attendit la mort de Cromwel, pour éxecuter ce qu’il méditait depuis long-tems, en faveur de ce prince. Il le fit avertir à Breda en Hollande, où il était : et son rétablissement se fit par une délibération du parlement. Aurons-nous un Monk ? Ô mortel, à qui est réservé cet honneur…

» Pour te faire adorer, tu n’a qu’à le vouloir. »
» Pour te faire adorer, tu n’a qu(Siège de Calais.)

Lorsque les trente oppresseurs d’Athènes faisaient traîner au suplice le vertueux Théramène, Isocrate, seul, parut pour le défendre. Le vertueux M. de Malesherbes, fut l’Isocrate français ; mais lui et ses deux compagnons d’honneur, ont été plus malheureux qu’Isocrate, parce que les Français ont été plus scélérats que les Athéniens.

(55) Et je viens dans vos bras m’enivrer de ma gloire… L’homme sensible, l’homme célèbre, le grand homme et le brigand, prétendent également à l’immortalité. Danton disait en allant au suplice :

Je vais mourir sur l’échafaud, il est vrai, mais je vivrai au Panthéon de l’Histoire.

D’orléans fut méprisé des Jacobins, qui, tous, étaient Orléanistes, sous cette dénomination.

(56) Égorgeurs des prisons… Il en coûta trente mille livres au duc d’Orléans pour faire assassiner la princesse de Lambale : mais il y gagnait trois cents mille livres de rente, le duc de Penthièvre refusa mille louis pour la sauver : voilà comme la terreur anéantit tous les hommes. Lorsqu’on apporta la tête de cette malheureuse princesse devant les fenêtres du duc, madame la comtesse de Buffon, qui alors était sa maîtresse, se mettant au balcon et la reconnaissant à ses beaux cheveux, s’écria : Ah ! le malheureux, il m’en fera faire autant. Le duc jouait au creps avec beaucoup de monde, entr’autre un Anglais, dont j’ignore le nom, lorsqu’on entendit la musique qui précédait la tête de cette malheureuse et respectable princesse. Tout le monde quitta la table pour voir ce que c’était, et le duc dit froidement : C’est la tête de madame de Lambale : ils ont eu tort de l’assassiner, elle était si bête !!! Chacun fut reprendre sa place : l’Anglais seul quitta cette bonne compagnie ; le duc lui demanda pourquoi ? celui-ci lui répondit : Adieu monsieur, je ne joue point avec un homme qui voit passer aussi tranquillement que vous la tête d’une belle-sœur aussi respectable et aussi atrocement assassinée. L’Anglais sortit, et le duc continua son jeu.

À Athènes, pareil massacre se fit dans les prisons, Eurymédon fut un des principaux égorgeurs.

Le lendemain des égorgemens des prisons, une dame, que je connais beaucoup, fut chez un particulier pour acheter quelque chose de bas prix, puisque cela ne lui devait coûter que douze sols : comme elle y fut matin, cet homme lui dit d’un ton brutal : Ah ! si comme moi, vous en aviez égorgé dix-huit hier, vous ne seriez pas si matinale : et le tout, pour six francs. Cette dame en tira six de sa poche, et les donnant à cet homme, elle lui dit : Voilà six francs que je vous donne, il vous coûteront moins à gagner que ceux d’hier, et ne vous déshonoreront pas. L’Eurymédon français restant interdit laissa aller la dame sans pouvoir rien lui répondre.

La raison fait toujours rentrer les hommes en eux-mêmes pour quelques momens.

(57) Vous êtes libres tous… Quelle liberté… N’est-ce-pas plutôt une tyrannie, sous le manteau de la licence ?

La tyrannie a plusieurs masques dont elle se couvre. Jovien fit jeter dans un puits le secrétaire de son prédécesseur ; Valentinien III assassina Aëtius : Voici la tyrannie du prince. Les soldats assemblés ont massacré Stilicon en présence d’Arcadius ; et, malgré le prince, le sénat fit égorger la veuve d’un ministre ; voici la tyrannie de la multitude : voilà ce qu’il appelle liberté.

(58) Hélas je suis foutu !… L’on sent une satisfaction secrette, à la vue des suplices qui tourmentent les tyrans.

L’incestueux Andronic, plus cruel que les tygres, usurpa le trône de Constantinople. Désespéré du dépérissement de ses forces, il envoyait chercher, jusqu’en Égypte, de quoi ranimer son hideuse vieillesse ; il se faisait garder par des barbares, et ne comptait que sur la fidélité d’un dogue qui passait les nuits à la porte de sa chambre, et le réveillait au moindre bruit, par des affreux hurlemens.

Isaac Lange, autre usurpateur, fit périr Andronic par toutes les horreurs de l’opprobre : ainsi mourut d’Orléans, d’exécrable mémoire. C’est l’Espagne qui a demandé sa tête, et elle n’a fait la paix qu’à ce prix. Ce n’était pas le prix du sang du juste.

LA FRANCE.

(59) Ingrate… ainsi le sont toutes les Républiques… Les Romains, les Grecs, et tous les Républicains nous donnent des exemples d’ingratitude. Athènes proscrivait les grands hommes, mais elle en retrouvait toujours. Elle les craignait, mais elle les considérait, et son estime les reproduisait.

Thimotée, athénien, fut condamné à l’amende de 540,000 francs, pour avoir voulu faire le bien des Athéniens : ne pouvant la payer, il mourut exilé, après les avoir enrichis par des victoires.

À Sparte, à Rome, à Carthage, de nos jours, et dans l’antiquité, je ne vois que des trophées sur des échafauds, la vertu payée par l’ingratitude et souvent par le crime.

Aristide et Thémistocle furent bannis d’Athènes ; Sénèque ne se peint à la mémoire qu’au milieu de son bain sanglant ; un jugement inique doit précipiter Miltiade dans le Barathre ; il expire dans les fers, et le droit de l’ensevelir ne s’accorde pas même à son fils : il faut qu’un fils achète le cadavre de son père ; et, lui-même, après avoir signalé son courage, est payé par le bannissement. Les Athéniens, jaloux du mérite de Xénophon, le condamnèrent à l’exil après sa fameuse retraite. Thucydide, général athénien, fut exilé. Le général Pâches se tua à son retour de Mytilène, par l’injustice des Athéniens. (Nous avons notre Paches français, mais il ne se tuera point.) Le brave Hermocrates fut chassé de Syracuse. Camille indigné s’impose un exil volontaire ; Germanicus est empoisonné ; Agricola empoisonné ; Agis étranglé par l’ordre d’un Ephore. Cicéron livre sa tête à Popilius dont il sauva la vie. La ciguë termine la vie de Socrate : que dirai-je encore de l’antiquité et de l’ingratitude des Républiques ? nos Républicains français n’ont-ils pas eu le même sort.

Confondus par leRépublicains ou non,
Confondus par le crime et par l’ambition,
Trahis par l’amitié, jalousés par l’envie,
Vous aurez mis vous-mêmes un terme à votre vie.
Vous aurez mis vous(Scène première, acte 3.)

LA VENDÉE.

(60) Princesse sauvons-nous de ces vils fanatiques… Tous les peuples aimaient le Français ; l’Anglais même, dans son particulier, l’estimait. Aujourd’hui ? quelle différence ! D’un peuple doux, affable, il est devenu féroce : L’on a honte d’être français.

Charles IX avait pour ambassadeur à Londres, un homme vertueux et humain. (Aussi se nommait-il Fénélon.) À la Saint-Barthélemy, on le fuyait… Ils ont raison, dit-il, et je rougis d’être français… combien ne devons-nous pas rougir aujourd’hui, à l’exemple de M. de Fénélon.

J’observerai, que le massacre de la Saint-Barthélemy, fut dans la nuit du 23 au 24 août, et que l’amiral de Coligny, fut assassiné le 22 par Maurevel.

Je rapporte ces deux circonstances de la Saint-Barthélemy, mais je me garderai de prononcer entre ce massacre et sa nécessité.

Si les rois de Danemarck n’avaient pas exterminé, le clergé Romain, ils auraient été exterminés.

(61) Traître ! ne tente plus à tromper la Vendée… Si M. le comte de Puisaye retournait dans le Morbihan ? il y trouverait un coup de fusil.

L’ANGLETERRE.

(62) Que le même poignard… L’arme la plus cruelle contre une République, c’est la discorde : un assassin ne tue qu’un nombre d’hommes, la discorde les divise tous et les font s’entr’égorger. Ce poignard est l’allusion de la discorde, arme offensive et défensive de l’Angleterre.

Dans le particulier, et même chez lui, un Anglais vous reçoit bien et vous donne des secours ; il est hospitalier ; mais vous quitte t’il pour aller à la chambre des communes, il est Anglais. Il eût été à souhaiter que les français, avec des vertus, eussent eu le même caractère.

Nous étions des enfans en révolution, les Anglais étaient nos maîtres.


Séparateur