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Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/11/07

La bibliothèque libre.
Imprimerie de Chatelaudren (2p. 238-283).


VII

ÉTABLISSEMENT DES GARNITURES


Comme tout autre corps, le livre a trois dimensions extérieures visibles : largeur, hauteur, épaisseur.

L’épaisseur est fonction de circonstances indépendantes de la volonté de l’imprimeur, et il n’y a pas lieu de s’arrêter à discuter le cachet plus ou moins artistique qu’elle donne au livre lui-même. Mais, pour la largeur et la hauteur, dont la fixation est également en dehors des attributions du typographe, il existe une infinité de proportions grâce auxquelles ces deux dimensions sont harmonieuses ou choquantes au simple examen extérieur du volume. L’auteur et l’éditeur sont seuls responsables du défaut qu’un livre présente à cet égard.

Au point de vue de l’aspect intérieur, il n’en est pas absolument de même. La page d’un livre ouvert, présente deux rectangles : l’un formé par les marges (rectangle marginal), et l’autre par l’impression ou le noir (rectangle imprimé). À l’imprimeur incombe le soin d’établir les proportions harmonieuses qui existeront entre le rectangle imprimé et le rectangle marginal. Ce dernier, d’ailleurs, est, pour partie, sujet à des variations dont le typographe, doit tenir un compte rigoureux, soit que le volume reste en feuilles ou broché, soit que le relieur intervienne et modifie le rectangle marginal, dont la partie intérieure (marge de fond) seule est alors fixe.

Les copistes anciens et, à leur exemple, les premiers maîtres typographes laissèrent toujours en bas et sur le côté extérieur des pages une marge plus grande que sur le haut et au côté intérieur. Cette disposition, considérée comme artistique et donnant à la page (marge et noir) les proportions harmonieuses voulues, avait, en outre, cet avantage de laisser un blanc plus considérable aux endroits où la main saisit le livre, et d’éviter que les doigts ne cachent le caractère.

La coutume ancienne est devenue une obligation à laquelle nul ne saurait se soustraire sans manquer à l’une des règles les plus importantes de l’art typographique ; et tous les auteurs, tous les manuels ont consacré leurs meilleurs soins à cette question des proportions harmonieuses des marges et de l’impression par la recherche de l’établissement rationnel des garnitures dans l’imposition.


PRÉLIMINAIRES


1. La garniture, c’est-à-dire la répartition, entre les différentes pages de la forme, des blancs qui doivent donner les marges du livre, ne varie pas seulement suivant le format du papier, mais encore, dans le même format, suivant la justification et la hauteur de la page. C’est, sans contredit, la partie la plus importante de l’imposition, celle qui exige le plus d’attention. On ne saurait nier qu’elle a une influence considérable sur la présentation du livre lui-même : de ce que la garniture aura été correctement calculée et établie ou faussée par la moindre erreur, le livre aura un aspect gracieux ou désagréable.

Il est fort difficile de présenter, en ce qui concerne l’établissement d’une garniture, un corps de principes bien définis : chaque auteur préconise en effet une méthode, dont les résultats sans doute concordent approximativement dans l’ensemble, mais dont les détails d’application sont fort différents les uns des autres.

Toutefois, on peut indiquer, comme générales et non sujettes à exception, les règles suivantes :

a) Les garnitures d’un labeur ne peuvent être convenablement établies que sur une feuille prise dans le papier qui doit être utilisé pour le tirage : bien que désignés du nom générique d’un format — carré, raisin, Jésus, etc. — nombre de papiers peuvent en effet présenter dans leurs dimensions des différences qui obligent à certaines modifications dans la répartition des blancs.

b) Les garnitures ou marges des fonds de pages sont invariables après tirage, celles des têtes ne sont modifiées que dans le cas où le volume est relié ou rogné : ces blancs sont de manière générale inférieurs d’un tiers environ aux marges extérieures côté et pied, presque toujours ou ébarbées largement ou rognées.

c) On peut élargir légèrement les blancs dans lesquels il y a coupure au pliage, parce que cette dernière opération entame parfois quelque peu les marges.

d) Tout au contraire, on diminue les blancs dans les petits fonds de feuilles encartées, lorsque plusieurs feuilles de papier épais s’encartent les unes dans les autres.

e) La garniture de la première feuille de tirage d’un labeur, une fois arrêtée et établie, doit servir de modèle pour toutes les autres.

f) Les garnitures des deux formes d’une même feuille doivent toujours être rigoureusement semblables, afin que le registre puisse être établi d’une manière parfaite.

2. L’établissement des garnitures de la forme est une opération de la plus grande importance, avons-nous dit, qui a pour objet de donner aux blancs une proportion en rapport avec la largeur ou la hauteur du texte et le format du papier et d’obtenir un repérage parfait des pages du côté de première sur celles du côté de deux.

Les débutants se trouvent souvent embarrassés par cette opération, dont, au premier abord, la complication leur apparaît redoutable.

C’est qu’en effet plusieurs méthodes ont été imaginées pour la confection des blancs ; en outre, nombre d’imprimeries possèdent un procédé particulier, « plus simple que celui en usage à côté » ; et presque toujours le prote ou le chef d’imposition garde jalousement un prétendu secret dont un typo averti peut en quelques minutes découvrir la simplicité.

3. Aussi, pour faciliter l’intelligence de ces divers procédés, il importe de définir, tout d’abord, les blancs que nécessite l’établissement de la garniture : petits fonds, grands fonds, petites têtes, grande têtes.

a) Petits fonds. — On appelle petits fonds les blancs qui se trouvent, une fois la feuille pliée, de chaque côté du pli de la piqûre ; on les nomme encore « blancs de dos ».

Dans le format in-8, côté de deux, les petits fonds se trouvent entre les pages 3-14, 6-11 et 2-15, 7-10 ; dans le côté de première, entre les pages 1-16, 8-9 et 4-13, 5-12.

b) Grands fonds. — On désigne sous le nom de grands fonds les blancs placés entre les pages dans les marges extérieures de droite et de gauche, lorsque la feuille est pliée ; on les dénomme aussi « blancs de face ».

Dans le format in-8, côté de deux, les grands fonds se rencontrent entre les pages 10-11 et 14-15 ; dans le côté de première, ils se trouvent entre les pages 9-12 et 13-16 ; il faut remarquer, en outre, que les marges extérieures des pages 2 et 7, 3 et 6 pour le côté de deux, et des pages 1 et 8, 4 et 5 pour le côté de première sont des blancs de face.

Dans son Modèle d’une Garniture, Th. Lefevre évite la confusion produite dans la définition du terme « blanc de face » : il appelle le blanc placé entre les pages 10-11, 14-15, le « blanc de barre » ; le mot est de circonstance et localise de manière parfaite l’emplacement des grands fonds ; par contre, Lefevre conserve aux blancs des marges extérieures des pages 2-7, 3-6, le nom de « marges extérieures ».

c) Petites têtes. — On désigne sous le nom de petites têtes le blanc placé en haut des pages ; ce blanc, dans une forme imposée, se trouve entre tête et tête de page. On le nomme parfois « blanc de tête » ou, plus simplement, « têtes ».

Dans une feuille in-8, côté de deux, les têtes sont placées entre les pages 2-7, 15-10, 14-11 et 3-6 ; côté de première, entre les pages 1-8, 16-9, 13-12 et 4-5.

d) Grandes têtes. — On nomme grandes têtes le blanc que l’on met au bas des pages, ou pieds ; pour ce fait, on lui donne aussi le nom de « blanc de pied ». — Daupeley-Gouverneur fait remarquer « que cette dénomination n’est pas tout à fait juste, puisqu’elle nomme grandes têtes une tête et un pied »[1].

Dans l’in-4 et dans l’in-8, l’obtention de ce blanc découle automatiquement du calcul des têtes ; on ne s’en préoccupe donc en aucune façon : il est compris dans le reste du blanc.

Le calcul des grandes têtes est obligé seulement quand l’imposition comporte des pages disposées pieds contre pieds, comme dans l’in-16, l’in-32, l’in-64, ou pieds contre têtes, comme dans l’in-6, l’in-12 et l’in-18.

Dans un in-16, avec signature en bas de feuille, pour un côté de deux, les grandes têtes se trouvent entre les pages 10-11, 23-22, 18-19 et 15-14 ; pour le côté de première, entre les pages 9-12, 24-21, 17-20 et 16-13.

4. Pour le calcul du blanc, il est d’usage de ne pas comprendre dans la hauteur de page le folio, lorsque celui-ci, exprimé en chiffres arabes ou romains, est placé, en tête de page, au milieu de la justification et entre deux tirets ou vignettes ; toutefois, on compte le blanc qui le sépare du texte.

De même, le folio en chiffres arabes ou romains placé au bas des pages, soit au milieu, soit à l’extrémité de la justification, n’est pas compris dans la longueur de page, mais le blanc qui le précède fait partie de la page.

Le folio accompagné d’un titre courant compte dans la hauteur de page.

5. Les gravures non accompagnées de texte, formant page presque entière, mais cependant de hauteur moindre que l’ensemble d’une page, sont placées au milieu du texte, c’est-à-dire en ne tenant compte ni du folio ni du blanc qui dans les autres pages sépare celui-ci du texte proprement dit.

Si, au contraire, la gravure est de hauteur supérieure à celle d’une page de texte, elle est placée approximativement au milieu de la page ; il faut éviter, toutefois, de laisser déborder la légende au delà de la hauteur normale du texte, si en tête la gravure ne dépasse pas le folio ou même n’arrive pas à sa hauteur.

6. « La proportion des marges entre elles de 2 à 3 cesse d’être bonne dans les ouvrages qui comportent des manchettes, pour les marges de côté et les marges de fond. Ces deux marges doivent être à peu près égales dans l’établissement de leurs garnitures, celle de fond restant plutôt plus forte, parce que les manchettes laissent toujours entre elles un blanc qui peut compenser en partie la suppression faite à la marge extérieure. »

7. Pour un travail destiné à être relié ou, bien que restant broché, à être rogné fort, on pourra forcer les blancs des grands fonds de 12 points environ, au détriment des petits fonds ; on conserve ainsi une proportion rationnelle entre chacune des marges, et l’harmonie que doit présenter toute page reste entière.

Toutefois, certains éditeurs acceptent aisément et même préfèrent que la page soit par la rognure ramenée davantage vers le milieu du papier. Mais très rarement la proportion entre les marges de tête et de pied est modifiée.

8. Dans les brochures comprenant plusieurs encarts, et notamment lorsque le papier présente une certaine épaisseur, il est indispensable de tenir compte de cette épaisseur. Cette nécessité oblige à une modification des blancs des petits fonds : suivant l’épaisseur on diminue les blancs des petits fonds de la feuille encartée de 2 à 3 points par rapport à ceux de la feuille qui reçoit l’encart.

Exemple : les blancs des petits fonds de la feuille 1 sont 8 douzes ; ceux de la feuille 2, encartée dans la feuille 1, seront de 7 douzes 9 points ; ceux de la feuille 3, encartée dans la feuille 2, de 7 douzes 6 points, etc.

9. L’imposeur ne devra pas oublier que les barres de milieu des châssis présentent parfois entre elles des différences d’épaisseurs fort variables. Il est indispensable de vérifier soigneusement chacune de ces barres, afin de remédier aux inconvénients qui en résulteraient.

10. L’établissement d’une garniture régulière et, correcte est donc de la plus grande importance, et on ne saurait apporter trop d’attention à cette question.

Malheureusement les auteurs typographiques n’ont point, sur ce sujet, comme sur tant d’autres, il est vrai, l’opinion commune que l’on souhaiterait, et, on l’a déjà dit, les méthodes préconisées diffèrent.


Système Fournier


D’après Fournier, « lorsque la forme d’une page est dans les mêmes proportions que celle du papier plié selon le format auquel cette page appartient, (ce qui doit toujours se faire si aucune considération étrangère ne s’y oppose), le blanc de fond et celui de la tête doivent être les mêmes ; celui du pied et la marge extérieure doivent aussi être égaux entre eux. Les premiers sont ordinairement aux seconds dans le rapport, approximatif de deux à trois. »

Ainsi l’ensemble du blanc à répartir dans le sens largeur de la forme est considéré comme égal à 5 parties : 2 de ces 5 parties sont réservées aux fonds, et 3 aux blancs de barre et aux marges extérieures.

Le blanc à répartir dans le sens de la hauteur est, de même, considéré comme égal à 5 parties : 2 parties, sur les 5, doivent être réservées aux têtes, et 3 aux blancs de pied.

Le calcul est, on le verra ultérieurement, des plus simples ; il est, au point de vue du résultat, d’une rigoureuse exactitude.


procédé mécanique


Appliqué à une manière, plutôt primitive, d’établir les blancs, le mot « système » paraîtrait quelque peu hors de raison. Son auteur, M. E. Garnet, plus modeste, emploie le mot truc et s’explique ainsi :

« Vous prenez une feuille du tirage du labeur que vous avez à imposer, vous pliez ladite feuille très juste ; puis, l’on pose une page du texte sur la feuille pliée, et cela exactement à la place où devra se faire l’impression. Une fois la page posée, vous faites un trou avec une pointe, aux quatre coins de la page, de façon que la pointe traverse bien le papier ; ensuite vous ouvrez la feuille de papier, et les blancs qui existent d’un trou à l’autre sont ceux que vous devez mettre entre chaque page de texte pour faire la garniture.

« Il est bon de savoir qu’il faut toujours, dans une garniture de labeur, qu’il y ait plus de blanc sur les bords et en pied qu’au dos et en tête.

« En plaçant la page connue il est indiqué, on la mettra plus près du pli du dos que du bord, et plus près du pli de tête que du bas ; en tenant compte de cela, on est sûr d’avoir une donnée excessivement juste des blancs à faire. »

Le « système n’est pas nouveau », dit M. Garnet, et il est simple. Évidemment ; mais, s’il est simple, ce truc — puisque tel mot préfère son parrain — est loin d’être précis.

Comment trouver « exactement la place où devra se faire l’impression » ? M. Garnet ne le dit point ; et il semble bien qu’il ait commis de la sorte une omission grosse de conséquences.

« Savoir qu’il faut plus de blanc sur les bords et en pied qu’au dos et en tête » est quelque chose, il est vrai ; mais ce qui importe beaucoup plus est de connaître le moyen de trouver ce « plus de blanc » nécessaire ; et M. Garnet omet précisément de donner cela seul à l’aide de quoi « on est sûr d’avoir une donnée excessivement juste des blancs à faire ».

Dans son Manuel de l’Apprenti Compositeur[2], M. J. Claye préconisait la même méthode : « Il suffit de plier une feuille de papier de l’ouvrage comme elle devra être pliée pour le brochage, de poser une page de composition sur cette feuille, en l’arrêtant à une place telle que les blancs de tête, de pied, de marge intérieure et de marge extérieure soient dans la proportion voulue de 2 à 3, puis de percer à l’aide d’une pointe la feuille, ainsi pliée aux quatre angles du paquet. De cette façon, une fois la feuille dépliée, il sera facile de tracer la place exacte des pages et d’évaluer les blancs séparatifs. »

Tout en étant plus précise sur un point, la méthode de M. J. Claye ne semble guère plus explicite que le truc de M. Garnet ; l’un et l’autre ne procèdent, en définitive, que d’une série de tâtonnements plus ou moins laborieux auxquels il est nécessaire de se livrer avant « d’arrêter exactement la place » que la page doit occuper à l’impression.

Les aléas sont en effet nombreux, en raison de l’imprécision du procédé : il faut, en outre, tenir conque de la « fausse marge », que l’on obtient de la manière suivante : « Quand on plie la feuille en vue d’établir une garniture et qu’on arrive à faire le dernier pli, c’est-à-dire celui qui donne le format, au lieu de plier exactement le papier angle sur angle, comme pour les plis précédents, on laisse déborder légèrement le côté qui offre les bords de la feuille. Ce débord sert à parer aux irrégularités de coupe que le papier ne présente que trop souvent. S’il est d’une coupe régulière, la fausse marge ne dépassera pas 2 à 3 millimètres, principalement dans les petits formats » (J. Claye).

Il est bon de remarquer toutefois que ce supplément attribué aux fausses marges est plutôt utile pour les papiers fabriqués à la forme, dont les bords sont très souvent irréguliers, et n’a pas lieu d’être envisagé pour les papiers façonnés.


procédé mathématique


Les mathématiques ont permis d’établir avec une certitude rigoureuse les blancs de n’importe quelle garniture, en même temps qu’ils ont fixé des règles précises pour leur calcul.

On peut considérer comme base de toute imposition le carton de quatre pages : celles-ci sont séparées les unes des autres latéralement par les petits fonds — marges intérieures — et horizontalement par les blancs des têtes (les petites têtières ou simplement les têtes). La feuille est constituée par la réunion de plusieurs cartons isolés entre eux latéralement par les grands fonds — marges extérieures — et horizontalement par les têtes et aussi, en certains cas, par les blancs de pied ou grandes têtes (grandes têtières).

Pour obtenir le blanc total à répartir, c’est-à-dire l’emplacement du papier qui n’est pas occupé par les pages que l’on doit imposer, il suffit de prendre une des feuilles sur lesquelles doit être exécuté le tirage ; en multipliant la largeur de la justification par le nombre de pages et en reportant sur le papier la longueur en cicéros ainsi obtenue, on voit, à l’aide du typomètre, ce qui reste, après déduction, pour les blancs de fond ; la même opération est répétée pour les blancs de tête, en multipliant la hauteur d’une page (sans compter le folio, à moins qu’il ne soit accompagné d’un titre courant) par le nombre de celles disposées en ce sens.

Les chiffres généralement adoptés pour la répartition des blancs équivalent, ainsi qu’il a déjà été dit, aux deux et trois cinquièmes de tout le blanc : 2/5 pour les petits fonds, 3/5 pour les grands ; 2/5 pour les têtes, 3/5 pour les pieds.

Soit par exemple une feuille in-8 pour laquelle le papier a en largeur 138 cicéros et en hauteur 116 cicéros[3] ; les pages ont une justification de 22 cicéros et une hauteur de 40 cicéros :

a) De la largeur du papier, soit 138 cicéros, on retirera 88 cicéros donnés par les quatre largeurs de pages ; il restera 50, dont le cinquième est 10 :

2 cinquièmes pour les petits fonds (2 × 10) : 20 cicéros à partager entre chaque petit fond, soit 10 à chacun ;

3 cinquièmes pour les grands fonds (3 × 10) : 30 cicéros à partager : une moitié, 15, à la barre, pour les grands fonds du milieu ; l’autre moitié, 15, divisée en deux, soit 7 ½ pour chacune des deux marges extérieures.

b) De la hauteur du papier, soit 116 cicéros, on retirera 80 cicéros donnés par les deux hauteurs des pages ; il reste 30 cicéros dont le cinquième est 6 :

2 cinquièmes pour les têtes (2 × 6) : 12 ;

3 cinquièmes pour les pieds ou marges extérieures (3 × 6) : 18 cicéros à partager en deux, soit 9 de chaque côté.

Au cas où il se présente des fractions, on en fait bénéficier les marges extérieures.

Les calculs exécutés d’après ces bases donnent :

Dans l’in-folio :

 
Blanc de fond (1) 
2/5  
Marges (2) 
3/5 (soit 1,5/5 pour chaque
xxxmarge).
Tête 
réglés par l’imprimeur.
Pied 

Dans l’in-4 :

 
Blanc de fond (1) 
2/5  
Marges (2) 
3/5 (soit 1,5/5 pour chaque
xxxmarge).
Tête (1) 
2/5
Pieds (2) 
3/5 (soit 1,5/5 pour chaque
xxxpied).

Dans l’in-8 :

 
Petits fonds (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxpetit fond).
Grand fond (1) 
x3/5x
(soit 1,5/5 pour le grand
xxxfond).
Marges (2) 
(soit 0,75/5 pour chaque
xxxmarge).
Tête (1) 
2/5
Pieds (2) 
3/5 (soit 1,5/5 pour chaque
xxxpied).

Dans l’in-16 :

 
Petits fonds (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxpetit fond).
Grand fond (1) 
x3/5x
(soit 1,5/5 pour le grand
xxxfond).
Marges (2) 
(soit 0,75/5 pour chaque
xxxmarge).
Têtes (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxpetite tête).
 
Grande tête (1) 
x3/5x
(soit 1,5/5 pour la grande
xxxtête).
Pieds (2) 
(soit 0,75/5 pour chaque
xxxpied).

Dans l’in-32 :

 
Petits fonds (4) 
2/5 (soit 0,5/5 pour chaque
---petit fond).
Grands fonds (2) 
-3/5-
(soit 2,25/5 pour les
-grands fonds, d’où
-1,125/5 pour chacun).
Marges (2) 
(soit 0,75/5, d’où
-0,375/5 pour chaque
-marge).
Têtes (4) 
2/5 (soit 0,5/5 pour chaque
---tête).
 
Grandes têtes (2) 
-3/5-
(soit 2,25/5 pour les
-grandes têtes, d’où
-1,125/5 pour chacune).
Pieds (2) 
(soit 0,75/5 pour
---chaque pied).

Dans l’in-6 (imposition comprenant trois rangs de chacun deux pages, en hauteur) :

Largeur :

 
Fond 
2/5  
Marges (2) 
3/5 (soit 1,5/5 pour chaque
---marge).

Hauteur :

 
Marges 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
---marge).

Des 3/5 de blanc qui restent à répartir dans le sens de la hauteur, on donne :

 
Petites têtes (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
---petite tête).
Grande tête (1) 
3/5

Dans l’in-12 (qui comprend en largeur 8 pages, comme dans l’in-8, et un carton de 4 pages) :

Largeur :

 
Petits fonds (2) 
2/5 (soit 1,5/5 pour chaque
xxxpetit fond).
Grand fond (1) 
x3/5x
(soit 1,5/5 pour le grand
xxxfond).
Marges (2) 
(soit 0,75/5 pour
xxxchaque marge).

En hauteur, il comprend trois rangs de chacun 4 pages ; les blancs sont établis comme dans l’in-6 :

Hauteur :

 
Marges 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxmarge).

Des 3/5 de blanc qui restent à répartir dans ce sens, on donne :

 
Petites têtes (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxpetite tête).
Grande tête (1) 
3/5

L’in-18 est une combinaison de l’in-8 et de, l’in-6 : dans la largeur, où se trouvent 2 grands fonds, 3 petits fonds et 2 marges, on utilise le procédé de l’in-8 :

Largeur :

 
Petits fonds (3) 
2/5 (soit 0,66/5 pour chaque
xxxfond).
Grands fonds (2) 
x3/5x
(soit 1/5 pour chaque
xxxgrand fond).
Marges (2) 
(soit 0,5/5 pour chaque
xxxmarge).

Dans la hauteur, l’in-18 comprend, lui aussi, trois rangs de pages ; les blancs sont donc établis comme dans l’in-6 :

Hauteur :

 
Marges (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxmarge).

Des 3/5. de blanc qui restent à répartir dans ce sens, on donne :

 
Petites têtes (2) 
2/5 (soit 1/5 pour chaque
xxxpetite tête).
Grande tête (1) 
3/5

Ces calculs, on le conçoit aisément, sont en théorie particulièrement compliqués ; en pratique, il serait illusoire de vouloir, au milieu du bruit et de l’activité d’un atelier, alors que le travail presse, se livrer à des opérations semblables. Aussi a-t-on recours à des méthodes simplifiées ou aux tables de calculs tout faits et établis sur la méthode courante des 2 et 3/5 ou sur celle de M. H. Maréchal des 6/15 et des 9/15.


SYSTÈME MARÉCHAL


Le système Maréchal est établi en considérant l’ensemble du blanc à répartir comme égal à 15. On remarquera que ce chiffre est un multiple (triple) du chiffre 5 adopté par Fournier :

5 × 3 = 15.

L’unité ensemble du blanc à répartir se trouve dès lors fractionnée, pour le calcul, en 15 parties et non plus en 5. L’usage, l’harmonie de l’ensemble, le bon goût ont fixé, on l’a vu, les proportions à donner à chacun des blancs qui accompagnent la page. Pour conserver le rapport indispensable entre ces blancs et le blanc total à répartir, M. Maréchal a dû choisir un multiple triple des nombres admis par l’usage : 2 et 3, soit respectivement :

2 × 3 = 6xxetxx3 × 3 = 9.

La méthode des 2/5 et des 3/5 est ainsi devenue 6/15 et 9/15.

Le calcul par 15e conduit à des résultats analogues à ceux obtenus par la méthode des 2/5 et des 3/5, puisqu’il est effectué à l’aide d’un multiple affectant de quantité égale les chiffres de cette méthode. Pour l’in-12 et l’in-18, il est plus pratique en raison de la concordance de ses chiffres avec « la division ternaire des cartons ».

L’in-12 comprend en effet un in-8 en largeur et un in-6 en hauteur. Le blanc total disponible à répartir en hauteur est égal à 15/15. On donnera :

 
Petites têtes 
4/15 (soit 2/15 à chacune).
Grandes têtes 
5/15 (soit 2/15 tête et 3/15 pieds).
Marges 
6/15 (soit 3/15 pour chacune).

En largeur, le blanc total (15/15) à répartir est distribué ainsi :

 
Petits fonds 
6/15 (soit 3/15 à chacun).
Grands fonds 
4,5/15.
Marges 
4,5/15 (soit 2,25/15 à chacune).

L’in-12 a les fonds de l’in-8 avec les têtes de l’in-18.

En largeur, il est attribué :

 
Grands fonds (2) 
6/15 (soit 3/15 à chacun).
Marges (2) 
3/15 (soit 1,5/15 pour chacune).
Petits fonds (3) 
6/15 (soit 2/15 à chacun).

L’ensemble des formules peut être résumé de la manière suivante :

Petits fonds in-18
Petits fonds in-8
Petits fonds in-12
Grands fonds in-18
Petites têtes in-12
Petites têtes in-18
Grands fonds in-8
Grands fonds in-12
Grandes têtes in-12
Grandes têtes in-18
xxxxFonds in-4xxxx
xxxxTêtes in-4xxxx
xxxxTêtes in-8xxxx

En reprenant ces formules par format, on a :

In-4. — Fonds :

du blanc total à partager ;


le reste du blanc, qui se déduit automatiquement de cette opération, est 9/15 ; il est réparti par moitié, soit à raison de 4,5/15, entre chaque marge de côté.

Têtes :

du blanc total à partager ;


le reste du blanc, soit 9/15, est réparti par moitié, soit à raison de 4,5/15, entre chaque marge de pied.

Il est bon de rappeler que ces blancs n’ont pas dans la forme leur équivalent en garnitures : les réglettes, les biseaux et le serrage occupent leur emplacement. Au cours de la mise en train, l’imprimeur « fait la marge », c’est-à-dire répartit de côté et d’autre de l’impression une quantité égale de blanc.

In-8. — Petits fonds :

du blanc total à partager ;


la feuille comporte deux petits fonds ; le chiffre de ce blanc est donc :

Grands fonds :

du blanc total à partager ;


le reste du blanc,


est réparti par moitié, soit à raison de 2,25/15 entre chaque marge de côté.

Têtes :

du blanc total à partager ;


le reste du blanc, soit 9/15, est réparti par moitié, à raison de 4,5/15 entre chaque marge de pied.

In-12. — Petits fonds :

du blanc total à partager ;


la feuille comporte deux petits fonds ; le chiffre de ce blanc est donc :

Grand fond :

du blanc total à partager ;
le reste du blanc,


est réparti par moitié, à raison de 2,25/15, entre chaque marge de côté.

Petites têtes :

du blanc total à partager ;

Grandes têtes :

du blanc total à partager ;


on sait que le blanc des grandes têtes, dans l’in-12 en deux cartons, est composé d’une tête (soit 2/15) et d’un pied (soit 3/15).

Dans ce cas, le reste du blanc,


est réparti par moitié, à raison de 3/15, entre chaque marge de pied.

Dans l’in-12 roulé, c’est-à-dire en un cahier, le blanc appelé grandes têtes est composé de deux pieds, soit

Le reste du blanc,


est réparti de la manière suivante, lorsque l’imprimeur fait la marge : 3/15 à la marge de pied du grand carton, 2/15 à la marge de tête du petit carton.

In-18. — Petits fonds :

du blanc total à partager ;


la feuille comporte trois petits fonds ; le chiffre de ce blanc est donc :

Grands fonds :

du blanc total à partager ;


La feuille comporte deux grands fonds ; le chiffre de ce blanc est donc :

Le reste du blanc,


est réparti par moitié, à raison de 1,5/15, entre chaque marge de côté.

Petites têtes :

du blanc total à partager ;

Grandes têtes :

du blanc total à partager ;


On sait que le blanc des grandes têtes, dans l’in-18 en deux cahiers, est composé d’une tête (soit 2/15) et d’un pied (soit 3/15).

Dans ce cas, le reste du blanc,


est réparti par moitié, à raison de 3/15, entre chaque marge de pied.

Dans l’in-18 roulé, c’est-à-dire en un cahier, le blanc appelé grandes têtes est composé de deux pieds, soit :

Le reste du blanc,


est réparti de la manière suivante, lorsque l’imprimeur fait la marge : 3/15 à la marge de pied du grand cahier, 2/15 à la marge de tête du petit carton.

Bien que déjà grandement simplifié par l’emploi d’un seul terme dans toutes les formules, le système de M. Maréchal est encore fort compliqué et particulièrement long, en raison des calculs auxquels il oblige.

Aussi M. Maréchal a-t-il dressé un barème spécial de calculs tout faits, sorte de « tableau résumant tous les cas possibles, au moyen duquel, connaissant la somme de blanc à répartir, on peut trouver instantanément les quotités partielles ».


SYSTÈME TH. LEFEVRE


Dans le Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, Th. Lefevre, si précis en d’autres circonstances, mentionne à peine le calcul à effectuer pour l’établissement d’une garniture.

Les quelques lignes du paragraphe Modèle d’une garniture in-8 sur carré ne sont guère explicites : « Il résulte de cette division que les blancs de barre et ceux de marge extérieure sont généralement, à très peu de chose près, de moitié plus forts que ceux de fond ; et que ceux de pied sont également de moitié plus forts que ceux de tête. »

Encore que très brève, cette explication n’en comporte pas moins une rédaction qui prête à une confusion regrettable : les blancs de barre et ceux de marge extérieure sont « de moitié plus forts que ceux de fond » ; de même, « ceux de pied sont de moitié plus forts que ceux de tête ». À première réflexion, il semble bien, en inversant la phrase, que « les blancs de fond doivent être la moitié des blancs de barre, » et « ceux de tête la moitié de ceux de pied ». La réalité est tout autre : les blancs de barre doivent être « une fois et demie » ceux de fond, ou, pour reprendre l’expression de Th. Lefevre, « les blancs de fond doivent être inférieurs de leur moitié à ceux de barre ».

Dans l’exemple donné, Th. Lefevre indique, pour le blanc de fond, 102 points ; la moitié de 102 est de 51 : le blanc de barre aura donc :

102 + 51 = 153 points

(154, d’après Lefevre) ; — pour le blanc de tête, 116 points ; la moitié de 116 est 58 ; l’ensemble des blancs de pied sera de :

116 + 58 = 174

(176, d’après Lefevre).

La phrase aurait singulièrement gagné en clarté, sans jamais présenter de confusion, si Th. Lefevre s’était exprimé d’autre façon : « Les blancs de barre et ceux de marge extérieure sont généralement, à très peu de chose près, une fois et demie ceux de fond ; ceux de pied sont de même une fois et demie ceux de tête. »

D’autre part, Th. Lefevre évite de faire connaître la moindre donnée sur les calculs à l’aide desquels il a obtenu les blancs de son modèle de garniture. Sur quelles bases s’est-il appuyé, de quels principes s’est-il autorisé pour trouver les 58 points de ses blancs de tête, les 88 points de blanc de pied, les 154 points de blanc de barre, etc. ? La théorie aurait avec avantage, précédé un exemple pratique pour lequel le raisonnement fait défaut. La mention de « l’excellente petite brochure des Comptes faits pour la confection des garnitures d’Henri Maréchal » est insuffisante. Peut-être Th. Lefevre a-t-il eu recours à ce travail pour l’établissement de son modèle de garniture. Certains curieux auraient aimé le savoir.


SYSTÈME DAUPELEY-GOUVERNEUR


« Si nous considérons une page d’un livre, nous voyons que le blanc de pied est d’un tiers plus fort que le blanc de tête, que le blanc de la marge extérieure est également d’un tiers plus fort que celui de la marge intérieure. Cette proportion de 2 à 3 est imposée par le bon goût et consacrée par l’usage. C’est un principe auquel il faut toujours se conformer et qui va être la base de nos calculs.

Les blancs d’une forme se divisent en quatre catégories :

1° Les grandes têtes, qui sont la réunion d’une tête de page et d’un pied de page[4] ;

2° Les petites têtes, ou l’ensemble de deux têtes[5] ;

3° Les grands fonds, représentés par la réunion de deux marges extérieures ;

4° Les petits fonds, par celle de deux marges intérieures.

Si nous développons une feuille imprimée, nous remarquons que deux pages voisines, qui ont entre elles le blanc de deux petits fonds, représentés par 2 + 2 = 4, ont à chacun de leurs côtés opposés le blanc d’un grand fond, représenté par 3, et qui, additionné avec le grand fond d’une autre page voisine, donnera 6.

De même pour les têtes et les pieds de pages. Deux têtes réunies seront représentées par 4, et deux pieds par 6.

On obsédera toutefois que, dans l’in-12 et autres formats qui en dérivent, et dans lesquels on fait des coupures au pliage, et par suite des encarts, une tête se rencontre avec un pied de page à l’endroit de cette coupure. Le blanc qui y sera nécessaire sera représenté alors par 2 + 3 = 5.

Remarquons enfin que, si une tête et un pied se rencontrent parfois, jamais un petit fond et un grand fond ne peuvent se rencontrer.

Ces notions bien comprises, il devient très facile d’opérer et de vaincre toutes les difficultés que semblent présenter au premier abord les formats les plus compliqués, qui tous, d’ailleurs, dérivent de l’in-8 ou de l’in-12.

Le format étant donné, on commence par se rendre compte exactement, soit au moyen d’un modèle d’impositions, soit de mémoire, de la place des fonds et des têtes de pages suivant le mode d’imposition adopté. On choisit ensuite, parmi les feuilles de papier de l’ouvrage, une feuille de moyenne grandeur, car, dans tous les papiers, et surtout ceux qui sont fabriqués à la forme, les bords des feuilles sont très souvent irréguliers, d’où résulte une inégalité dont il faut tenir compte. Cette différence constitue ce qu’on appelle la fausse marge.

On place bout à bout sur cette feuille autant d’interlignes de l’ouvrage qu’il y a de pages parallèles. Prenons pour exemple l’in-8. Dans ce format, nous aurons quatre pages parallèles, soit quatre interlignes à placer sur la feuille dans le sens de sa longueur. L’espace non couvert par les interlignes représente le blanc total à répartir entre les fonds, grands et petits. Or, nous avons la valeur de quatre marges intérieures, qui, dans la proportion invariable de 2 à 3, seront représentées par 8, et quatre marges extérieures, représentées par 12. Total : 20 unités, qui seront réparties ainsi, suivant l’ordre des grands et des petits fonds : 3, 4, 6, 4, 3. Il suffira de compter, au moyen de garnitures placées sur la partie restée disponible de la feuille ou à l’aide d’un typomètre, le nombre de points à répartir, de diviser ce nombre par 20, et de placer à leurs places respectives les divisions trouvées : 3/20es, 4/20es, 6/20es, 4/20es, 3/20es.

Exemple : blanc total, 627 points à diviser par 20 = 31 points (plus une fraction de 7 points que nous négligeons d’abord). La répartition des blancs sera donc :

  093 points.
124po
186po
124po
093po
Plusxxxx 007po
 
Totalxx 627 points.

Les 7 points restants seront répartis d’abord également dans chacun des blancs, et le surplus pourra être négligé. Ainsi nous ajouterons 1 point à chacun des résultats ci-dessus, ce qui nous fera : 94, 125, 187, 125, 94. On comprend que les 2 points supplémentaires se fondront sans inconvénient dans la fausse marge.

Il sera toujours facile d’exprimer ces résultats partiels soit en cicéros de 11 points, soit en cicéros de 12 points, en les divisant par 11 ou par 12. Ainsi 94 points donnent 8 cicéros de 11 points plus 6 points, ou 7 douzes plus 10 points ; 125 points donnent 11 cicéros de 11 points plus 4 points, ou 10 douzes plus 5 points, et ainsi de suite. Nous ferons observer que la plupart des bons ouvriers ne calculent pas par douze, mais par points, lors même qu’il s’agit d’un nombre élevé de points.

Il faudra naturellement tenir compte du blanc que représente la barre du châssis et en déduire l’épaisseur exacte du total qui doit y figurer.

Les marges extérieures des pages avoisinant le châssis entrent aussi en ligne de compte ; mais la somme de blanc qui leur est dévolue n’a pas besoin d’être représentée autrement que par les réglettes et les biseaux.

La même opération aura lieu pour les têtes. Nous avons deux têtes de pages et deux pieds. Ces deux têtes de rencontre sont représentées par 4 unités, et les deux pieds par 6. Total : 10. Après donc avoir juxtaposé sur la feuille de panier, dans le sens de sa largeur, la longueur de deux pages, déduction faite des lignes de pied, et avoir évalué ce qui reste de blanc à répartir, on divisera ce reste par 10, et l’on placera aux têtes de pages 4/10es, ou, pour simplifier, 2/5es.

Poursuivons en prenant pour exemple l’in-18 en trois cahiers égaux. Après avoir opéré comme précédemment pour connaître le blanc total dont on dispose, en juxtaposant bout à bout six interlignes de la justification de l’ouvrage, on calculera facilement que les six pages parallèles comportent six marges extérieures, représentées par 6 × 3 = 18 unités, et six marges intérieures, représentées par 6 × 2 = 12. Total : 30 unités, qui se répartiront ainsi, suivant l’ordre dans lequel se présentent les grands et les petits fonds : 3, 4, 6, 4, 6, 4, 3.

Quant aux têtes, on verra qu’il s’en trouve une petite et une grande, c’est-à-dire un ensemble de deux têtes de pages et un ensemble d’une tête et d’un pied, plus les marges de pied extérieures, qui entrent en ligne de compte uniquement pour le calcul de répartition. Nous avons en résumé trois marges de tête représentées par 9. Total : 15 unités. Nous mettrons donc à la grande tête 5 unités, à la petite 4.

Ces deux exemples suffiront, nous l’espérons, pour permettre de résoudre par le calcul toutes les opérations de ce genre que peut présenter la diversité des impositions.

Nous ferons observer, en terminant, que cette proportion des marges entre elles de 2 à 3 cesse d’être bonne dans les ouvrages qui comportent des manchettes, pour les marges de côté et les marges de fond. Ces deux marges doivent être à peu près égales dans l’établissement de leurs garnitures, celle de fond restant plutôt plus forte, parce que les manchettes laissent toujours entre elles un blanc qui peut compenser en partie la suppression faite à la marge extérieure[6]. »

Daupeley-Gouverneur établit tous ses calculs en opérant sur la feuille entière. Le débutant aura intérêt à suivre cette manière de faire tant qu’il ne sera pas familiarisé avec toutes les opérations nécessaires. Mais, en pratique, au point de vue de la rapidité, on a intérêt à utiliser une demi-feuille, soit une feuille pliée en deux, pour l’in-8 et pour tous les formats qui en dérivent directement, in-16, in-32, in-64, etc.


MÉTHODE ED. MORIN


Dans le but de simplifier les opérations relatives à l’établissement des garnitures, M. Ed. Morin a pris comme base de son système le calcul des blancs de l’in-folio.

Dès lors que l’on a trouvé les blancs d’un in-folio, il est aisé d’établir mathématiquement les blancs de n’importe quel autre format.

« Étant donnée une feuille de format in-folio, on évalue ses dimensions en douzes, et de même celles des deux pages qui en sont déduites ; le reste, donne le blanc à partager ; on le divise par 5 en largeur : 2/5 pour le petit fond, 3/5 pour le grand fond ou marges ; idem en hauteur : 2/5 pour la tête, 3/5 pour les pieds.

Soit un in-folio carré. De la largeur du papier : 124 douzes, déduisons 94, justifications additionnées de deux pages (47 et 47) ; reste 30 douzes : 12 pour les petits fonds, 18 pour les marges. De la hauteur du papier : 100 douzes, déduisons 82 douzes 6 points, hauteur de page ; reste 17 douzes 6 points : 7 douzes pour la tête, 10 douzes 6 points pour les pieds.

S’il s’agit d’établir les blancs d’un in-18, on procédera de la manière suivante : ayant trois groupes de deux pages en hauteur, on prendra le tiers des dimensions du papier et l’on procédera comme pour l’in-folio ; au blanc de rencontre de deux têtes, on mettra deux fois la valeur obtenue pour une ; au blanc de rencontre d’une tête et d’un pied, la valeur d’une tête et d’un pied.

Ayant trois groupes de pages en largeur, on calculera sur le tiers.

Pour l’in-8, la hauteur du papier est divisée en deux parties ; pour l’in-6 et l’in-12, en trois ; pour l’in-16 et l’in-32, en quatre.

Pour l’in-8 et l’in-16, la largeur du papier est divisée en deux, et en quatre pour l’in-32. »

Ce système a l’avantage de s’appliquer à tous les formats.


SYSTÈME J. COMET


« Les blancs qui entourent chaque page ne doivent pas être égaux entre eux : le blanc du dos doit être un peu plus petit que celui de tête, et celui de pied un peu plus grand que celui de face[7].

De cette manière, si le livre doit être relié, les marges deviennent à peu près égales après le rognage, et l’impression se trouve alors vers le milieu du papier.

Pour établir une garniture quelconque, on mesure exactement au typomètre ou avec des filets systématiques la longueur du papier bien plié au format ; on en déduit la longueur de la page, et ce nombre en cicéros représente le blanc des marges ; le nombre des cicéros à répartir dans la hauteur de la page, multiplié par 5, donne le nombre des points du blanc de tête ; le même nombre multiplié par 7 donne ceux du blanc de pied.

On procède de même pour la largeur en déduisant la dimension de la page de celle du papier. Le nombre des cicéros à répartir dans la largeur de la page multiplié par 5 donne le nombre des points du blanc de dos ; le même nombre multiplié par 7 donne ceux du blanc de face.

Le blanc à mettre entre les pages superposées ou adossées correspond naturellement au double du blanc de tête et de dos, et il s’obtient d’un seul coup en multipliant par 10 les cicéros à répartir ; là où se joignent ceux de pied ou de face, en multipliant par 14.

Il est d’usage de répartir les blancs suivant la proportion des 2/5. Cependant nous avons remarqué que, pour l’obtenir exactement, il faut faire plusieurs opérations ; divers calculs nous ont conduit à préférer la proportion 5/12 qui ne diffère que de 1/60 avec les 2/5. »


MÉTHODE SIMPLIFIÉE


De nombreuses modifications ont été apportées, dans le simple but de le simplifier, au procédé classique.

En voici quelques-unes :

Les chiffres indiqués antérieurement pour la répartition des blancs, soit les 2/5 et les 3/5 dans l’in-8, et leurs multiples 6/15 et 9/15 dans l’in-12 et l’in-18, sont pris comme bases du calcul.

Dans l’in-plano, il n’y a lieu à aucune répartition de blanc ; l’imprimeur règle lui-même les marges : la tête, dans la proportion des 2/5 du blanc ; le pied, dans celle des 3/5 ; les marges de côté sont égalisées.

In-4. — Fond et tête. — Les blancs de fond et de tête d’un in-4 devant comprendre les 2/5 du blanc total à répartir, l’opération à effectuer est analogue à celle exécutée pour la recherche des têtes d’une forme in-8.

Pied. — Comme dans le cas de la forme in-8, les blancs de pied sont obtenus automatiquement, une fois le blanc de tête déterminé. L’imprimeur assume la charge de leur parfaite régularité en établissant la marge.

Format in-6. — Dans le sens largeur, deux blancs : un fond, deux marges ; le calcul du fond s’opère par la méthode des 2/5, comme dans l’in-8 ; les deux marges, réunies, sont constituées des 3/5 du blanc : dans ce cas, ce chiffre n’est pas calculé ; il est obtenu automatiquement, puisqu’il se compose du reste du blanc total à répartir, une fois le blanc de fond obtenu.

Dans le sens hauteur, l’in-6 comprend trois rangs de pages. On rencontre donc, les mêmes blancs que dans l’in-18 et l’in-12 : pieds, tête et grande tête constituée d’un pied et d’une tête. La méthode de calcul de ces blancs est analogue à celle des blancs de l’in-18 et de l’in-12. Les grandes têtes se composent de deux pieds, et les marges d’un pied et d’une tête. Cette disposition ne modifie en rien les calculs ; l’imposeur seul aura à se préoccuper de cette modification, pour l’interversion du blanc des pieds à mettre à la place des grandes têtes, alors que les grandes têtes prennent la place des pieds.

Toutefois, cette particularité doit être signalée à l’imprimeur, qui aura à établir correctement les marges tête et pied.

Format in-8. — La feuille, dans le sens de sa largeur, comprend les fonds, ou marges extérieures, et les petits fonds ou marges intérieures : on trouve deux petits fonds, un grand fond et deux marges qui, réunies, ont une valeur égale au grand fond. La proportion du blanc par rapport au blanc total est de, 3/5 pour les fonds et de 2/5 pour les petits fonds.

Fonds. — Le blanc total à répartir dans la largeur de la feuille, est multiplié par le chiffre 3 ; le chiffre obtenu est divisé par 10 (2 fonds). Le nombre entier résultant de cette opération est, en cicéros, celui du blanc à mettre dans les fonds.

Quand le chiffre décimal est égal ou inférieur à 3, on néglige cette fraction qui vient automatiquement s’ajouter au blanc de marge ; quand, au contraire, il est supérieur à 3, on ajoute 6 points au blanc des fonds ; enfin, si le chiffre dépasse 7, on force le blanc de 1 cicéro.

Exemples :

Le carré a comme dimensions 45 × 56 centimètres, ou, en douzes,
100 × 124,6.

Supposons une justification de 20 douzes ; dans la largeur du papier, soit dans le sens 56 centimètres (ou 124 cicéros 6 points), il y a quatre pages. La surface imprimée, ou noire, est donc de :

20 douzes × 4 pages = 80 douzes ;
le blanc total à répartir dans ce même sens sera de :
124,6 – 80 = 44 cicéros 6 points.

D’après les explications ci-dessus, pour obtenir le blanc des fonds, il suffit de multiplier ce chiffre par 3 :

44,6 × 3 = 133,8


et de diviser le résultat par 10 :

ou cicéros  ;


en élevant la fraction à 6 points, puisqu’elle dépasse le chiffre 3, on a :

Pour les fonds 
 13 douzes ½

On sait que le blanc des marges est égal, au total, à celui des fonds, dans l’exemple actuel 13 douzes ½ : soit, pour chaque marge, 6 cicéros 9 points ; on sait, en outre, que ce blanc est représenté dans la garniture par les biseaux, les réglettes et le serrage.

En résumé, pour connaître les grands fonds d’un in-8, d’un in-12, d’un in-16, il suffit de : multiplier par 3 le blanc total à répartir, puis diviser par 10 ; le résultat donne en cicéros le blanc cherché, en augmentant à 6 points la fraction si elle dépasse 3 points.

Petits fonds. — Le blanc des fonds connu, il est aisé d’obtenir celui des petits fonds.

Du blanc total à partager, qui est 44 cicéros 6 points dans cet exemple, on prend la moitié, soit :

cicéros points.

De cette moitié on retranche le blanc du fond, soit :

cicéros points.

La vérification, à laquelle on peut recourir, donne :

Fonds 
 13cic,6
Marges 
 13cic,6
Petits fonds : 2 ½ 8,9 
 17cic,6
 

mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 44cic,6


qui est bien le chiffre du blanc total à répartir.

Têtes. — La hauteur de page est de 36 douzes ½. Il y a deux pages dans la hauteur du papier, soit dans le sens 45 centimètres ; on obtient, comme noir, ou surface imprimée :

douzes.

La surface totale du papier dans le sens 45 centimètres étant de 100 douzes, le blanc total à répartir est de :

100 douzes – 73 douzes = 27 douzes.
(surface totale)-----(noir)----- (à répartir)

Les têtes, on le sait, sont les 2/5 du blanc total. Opérant comme pour les fonds, on multiplie le blanc total par 2 :

27 douzes---×---2--------= 54 douzes ;
(blanc à répartir)--(blanc de tête 2/5)--------------


puis on divise par 10 :

ou  ;


le chiffre décimal étant supérieur à 3, on élève les dixièmes à 6 points, soit : 5 cicéros 6 points. Mais, il ne faut pas l’oublier, ce résultat donne seulement le blanc à placer à la tête d’une page ; puisqu’on a deux pages, il est nécessaire de multiplier par 2 le chiffre obtenu :

,


soit, 11 douzes à placer dans les têtes.

Pour éviter une multiplication inutile, celle par 2 du blanc, obtenu pour une tête, il serait plus simple de multiplier immédiatement par 4 le chiffre du blanc total. On aurait alors :

27 douzes---×---4--------= 108,
(blanc à répartir)--(blanc de 2 têtes 2/5)----


qui, divisé par 10, donne :

ou ,


soit 11 douzes, en forçant, comme d’usage, le blanc des têtes.


L’opération pourrait se faire également de la manière suivante. :

27 douzesxxx×xxx2xxxxxxxx= 54
(blanc à répartir)xx(blanc de tête 2/5)xxxx


puis :

ou  ;


soit, en forçant, 11 douzes, blanc à répartir. On obtient, il est vrai, de la sorte d’un seul coup le blanc à répartir ; mais il est nécessaire de remarquer que par la première méthode les opérations peuvent être faites mentalement, donc, avec plus de rapidité ; elles comportent d’ailleurs moins de chances d’erreur, en raison de leur simplicité.

Dans les impositions en double format, c’est-à-dire en double carré 56 × 90, en double raisin 65 × 100, etc., les grandes têtes sont égales aux 3/5 du blanc, à répartir.

Dans les impositions en quadruple, c’est-à-dire en quadruple carré 90 × 112, en quadruple raisin 100 × 130, etc., les grands fonds sont égaux aux 3/5 du blanc total à répartir.

Pied. — Dans cet exemple, comme dans le cas d’une forme in-4, on n’a pas à se préoccuper des blancs de pied ; ceux-ci comprennent le reste du blanc : ils sont donc obtenus automatiquement lorsque le blanc, de tête est connu. L’imprimeur, en « faisant la marge », assure l’égalité de chaque blanc de pied.

Format in-12. — L’in-12 comporte en largeur, on l’a vu : un grand fond ; deux marges qui, réunies, équivalent à un grand fond ; deux petits fonds, comme l’in-8. Les blancs se calculent dès lors de la même façon que pour l’in-8, dans ce sens.

Dans le sens hauteur, l’in-12 comprend trois rangs de pages. Comme dans l’in-18 on rencontre : les pieds ou marges extérieures, une petite tête, une grande tête composée d’un pied et d’une tête. Le calcul de ces blancs s’opère comme celui des blancs du format in-18.

Dans l’in-12 roulé, c’est-à-dire en un cahier, le blanc des grandes têtes comprend, en raison de la disposition des pages du carton, deux pieds ; et la marge extérieure, une tête seulement, comme dans l’in-18.

Format in-18. — Fonds. — Dans l’in-18 on a :

2 grands fonds + 1 blanc marges = 3 grands fonds.

Dès lors, après avoir multiplié le blanc total à répartir par 3, on divise non plus par 10, mais par 15 (on donne donc à chaque grand fond 1/15 du blanc total) :

1/15 + 1/15 + 1/15 = 3/15.

Exemples. — Le format in-18 jésus dans la largeur, ou le sens 76 centimètres, a 168 douzes ½. La feuille comporte 6 pages. Supposons la justification de 18 douzes. On obtient, comme surface d’impression ou noir :

18 douzes × 6 pages = 108 douzes.

Le blanc à répartir sera le suivant :

168 douzes ½ – 108 douzes = 60 douzes ½.
(largeur papier)xxxxxxx(noir)xxxxxxx (blanc à répartir)

Ainsi qu’il a été dit, il suffit de multiplier le blanc total à répartir, 60 douzes ½, par 3 :

60 douzes ½ × 3 = 181,8,


puis de diviser par 15, pour obtenir le blanc des fonds :

douzes.

Petits fonds. — Dans l’in-8, pour obtenir le blanc des deux petits fonds, on divise, le blanc total à partager par 2 ; dans l’in-18, où l’on rencontre trois petits fonds, le blanc total à répartir sera divisé par 3 :

60 douzes ½ : 3 = 20,2 ;
(blanc à répartir)xxxxxxxxxxxx


de ce chiffre, on retranche le blanc des fonds, comme dans l’in-8 ; le résultat est le blanc cherché :

20,2 – 00012000 = 8,2,
(blanc de fonds)


ou 8 douzes, en négligeant les dixièmes, inférieurs à 3.

La vérification donne :

Grands fonds : 12 ×
 24 douzes
Marges 
 12xxxxxx
Petits fonds : 8 ×
 24xxxxxx
 

mmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 60 douzes

chiffre égal au blanc total à répartir, 60 douzes ½, en forçant les marges à 6 douzes 3 points, soit 12 douzes ½.

Pieds. — Les pieds, ou marges extérieures, se calculent de la même façon que les têtes dans le format in-8 : le blanc total à répartir est multiplié par 4 et divisé par 10 ; le résultat donne le blanc cherché ; si la fraction est supérieure à 3, les dixièmes sont portés à 6 points ; si, au contraire, cette fraction est inférieure à 3, elle est reportée aux têtes.

Exemple. — Dans la hauteur, ou sens 56 centimètres, le format jésus a 124 douzes ½2. La feuille comporte trois rangées de pages. Supposons la hauteur totale de chaque page de 32 douzes. On a, comme surface d’impression ou noir :

32 douzes000 × 3 = 00096 douzes
(hauteur de page)-------(surface d’impression)

Le blanc total à répartir est le suivant :

124 douzes ½0000096 douzes000=0028 douzes ½.
(surface du papier)----(surface d’impression)---- (blanc à répartir)--

En opérant comme on a dit ci-dessus, on obtient :

28 douzes ½ × 4 = 114,4 ;
(blanc a repartir)------------


la division par 10 donne le blanc cherché :

douzes,


soit 11 douzes ½, en forçant les dixièmes, la fraction étant supérieure à 3.

Petites têtes. — Les petites têtes, on le sait, sont les 4/15 du blanc total, soit :

douzes ½

Grandes têtes. — Les grandes têtes sont constituées par la réunion des blancs d’un pied et d’une petite tête, en raison de la position des Pages. Pour obtenir le blanc des grandes têtes, il suffit donc d’additionner les pieds et les petites têtes, puis de diviser ce chiffre par 2 :

11 douzes ½ + 7 douzes ½9 douzes ½,
(blanc de pieds)xxx(blanc des petites têtes)xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx


soit 9 douzes ½ le blanc à mettre dans les grandes têtes.

La vérification donne :

Pieds 
 11 douzes ½
Petites têtes 
 7 xxxxx ½
Grandes têtes 
 9 xxxxx ½
 

mmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 28 douzes ½


chiffre égal au blanc total à répartir donné plus haut.

Dans l’in-18 roulé, c’est-à-dire en un cahier, les pages du carton ou de là troisième rangée sont placées pied contre pied des pages de la deuxième rangée ; dans ce cas, le blanc de grande tête doit comprendre deux pieds ; et le blanc de la marge extérieure du carton, une tête seulement, soit la moitié des petites têtes.


MÉTHODE RAPIDE SIMPLIFIÉE


Un typographe émérite, auteur technique fort apprécié, M. Victor Lecerf, a simplifié la méthode qui vient d’être exposée assez longuement.

Son procédé consiste dans l’emploi d’un multiplicateur unique, le chiffre, 4 :

« Il est un autre mode de procéder des plus simples : c’est de ramener toute imposition pour la répartition des blancs à un groupe de 8 ou 4 pages. C’est la règle pour les impositions combinées, multiples de l’in-8 ; c’est chose aussi simple pour l’in-12, en supprimant ou repliant le tiers de la feuille formant carton ; de même, pour l’in-18 en hauteur et en largeur.

« Alors, pour toute imposition, nous n’avons plus qu’à prendre le multiplicateur 4 pour obtenir une solution rapide. La formule peut se réduire à ceci :

« Au lieu de prendre la totalité de la largeur de la feuille in-8, il n’y a qu’à calculer le blanc sur la moitié de cette largeur ; en multipliant par 4 le blanc à répartir obtenu dans cette moitié, le résultat, divisé, par 10, donne le blanc des petits fonds ; le blanc des grands fonds est égal au blanc à répartir moins le blanc des petits fonds. S’il s’agit d’un in-18, on calcule sur le tiers de la largeur du papier. »

In-folio. — Dans l’in-folio, le seul blanc dont l’imposeur ait à faire le calcul est celui du fond.

Exemple. — Supposons que la surface du papier à imprimer mesure, dans le sens largeur, 97 cicéros.

La composition est établie sur la justification de 35 cicéros. La surface d’impression, ou noir, est :

35 douzes × 2 = 70 douzes.
(justification)x(pages)x(surface noir)

Le blanc à répartir est dès lors :

97 douzes – 70 douzes = 27 douzes.
(surface papier)xx(surface noir)xx(blanc à repartir)

Si l’on multiplie par 4 le blanc à répartir, on obtient :

27 douzes × 4 = 108 douzes
(blanc à répartir)xxxxxxxxxxxxxxxxxx


qui donne, divisé par 10 :

,


soit le blanc de fond, 10 douzes 9 points par excès.

La formule mnémotechnique est la suivante :

.

Les marges sont régularisées par l’imprimeur, qui dans le sens largeur tire la composition avec un blanc égal de chaque côté.

La tête et le pied sont, de même, réglés par l’imprimeur, qui les établit dans la proportion des 2/5 pour la tête et des 3/5 pour le pied.

In-4. — Dans l’in-4, les blancs à calculer sont le fond et la tête. Les blancs de marges, ainsi que ceux de pieds, qui résultent automatiquement des opérations effectuées pour les autres blancs, sont réglés par l’imprimeur.

Fond. — L’opération est, la même que pour le format in-folio : « le blanc à répartir est multiplié par 4 ; le résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché ».

La formule mnémotechnique est donc la suivante :

.

Tête. — « Le blanc à répartir est multiplié par 4 ; le résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché. »

Exemple. — Supposons que la hauteur du papier à imprimer soit égale à 124 douzes ; la hauteur de composition est de 50 douzes.

La surface imprimée, ou noir, est égale à :

50 douzes ×000200=0100 douzes.
(hauteur pages)xx(pages)xx(surface noir)xx

Le blanc à répartir est le suivant :

124 douzes – 100 douzes = 24 douzes.
(surface papier)xx(surface noir)xx(blanc à repartir)

Le blanc à répartir est multiplié par 4 :

24 douzes × 4 = 96 douzes
(blanc à répartir)xxxxxxxxxxxxxxx


qui, divisé par 10, donne :

,


soit le blanc de tête, 9 douzes 6 points.

La formule mnémotechnique est la suivante :

.

Format in-8. — Petits fonds. — L’exemple utilisé antérieurement pour l’in-8 carré donnait comme justification 20 douzes. La feuille pliée par la moitié donne comme surface d’impression ou noir :

20 douzes × 2 pages = 40 douzes.
(justification)xxxxxxxxxxxxxxx(noir)xx

La dimension largeur de la demi-feuille de carré étant de 62 douzes 3, le blanc à répartir, pour cette demi-feuille, sera :

62 douzes 3 – 40 douzes = 22 douzes 3.
(surface du papier) (surface du noir) (blanc à répartir)

« Le blanc du petit fond est obtenu en multipliant par 4 le blanc à répartir : résultat qui, divisé par 10, donne, en cicéros, le blanc cherché. »

Si l’on multiplie par 4 le blanc à répartir, on obtient :

22 douzes 3 × 4 = 89
(blanc à repartir)xxxxxxxxxx


qui donne, divisé par 10 :

,


soit le blanc des petits fonds, 8 douzes 9 points.

Fonds. — « Le blanc du fond est égal au blanc à répartir moins le blanc des petits fonds. »

Dans l’exemple choisi, on a :

22 douzes 3 – 8 douzes 9 = 13 douzes 6.
(blanc à répartir)x(blanc petits fonds)x(blanc fonds)

La vérification donne :

Fonds 
 13cic,6
Marges (ensemble) 
 13xx,6
Petits fonds : 2 × 8,9 
 17xx,6
 

mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 44cic,6


égal au double du blanc à répartir sur la demi-feuille.

Ces résultats, on le voit, sont entièrement conformes à ceux obtenus par la précédente méthode avec le calcul sur la totalité de la feuille.

Têtes. — Les têtes se calculent comme il a été dit précédemment : Soit 27 douzes le blanc à répartir. On multiplie ce chiffre de blanc par 4 :

27 douzes × 4 = 108 ;
(blanc à répartir)xxxxxxxxxx


ce résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché des têtes :

douzes 8,


soit, comme précédemment, 11 douzes en forçant les dixièmes.

Les formules mnémotechniques sont dès lors les suivantes :

Petits fonds :

.

Grands fonds :

Blanc demi-feuille à répartir — petits fonds = grands fonds.

Têtes :

.

Format in-18. — « L’opération est aussi simple pour l’in-18, en hauteur et en largeur, en supprimant ou repliant le tiers de la feuille formant carton. » Dans ce cas, comme dans l’in-8, on opère sur la moitié du reste de la feuille, soit sur 2 pages.

Dans l’exemple choisi précédemment, le blanc total à répartir était de 60 douzes 1/2. Puisqu’on opère ici sur le tiers simplement, le blanc à répartir sera de :

60 douzes 1/2 : 3 = 20 douzes 2,
(blanc de la feuille entièrexxx(blanc du tiers de la feuille
à répartir)xxxxxxxxxxxxxxxà répartir)


soit, en négligeant la fraction inférieure à 3, 20 douzes.

Petits fonds. — « Le blanc du petit fond est obtenu en multipliant par 4 le blanc à répartir ; le résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché. »

Le blanc à répartir, 20 douzes, multiplié par 4, on obtient :

20 douzes × 4 = 80
(blanc à répartir)xxxxxxxxxx

qui donne, divisé par 10 :
,


soit le blanc des petits fonds, 8 douzes.

Grands fonds. — « Le blanc des grands fonds est égal au blanc à répartir moins le blanc des petits fonds. »

Dans l’exemple choisi on a :

20 douzes – 8 douzes = 12 douzes.
(blanc à répartir)--(blanc petits--(blanc grands
-------------fonds)-----fonds)

La vérification donne :

Petits fonds : 3 ×
 24 douzes
Grand fond : 12 ×
 24 -----
Marges (ensemble) 
 12------
 

mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 60 douzes


égal à trois fois le, blanc à répartir ; ce résultat est analogue à celui obtenu antérieurement, 60 douzes ½, en forçant les marges à 3 points.

Têtes. — Pour le calcul de ces blancs, on « replie le tiers de la feuille formant carton » ; on opère ainsi avec les deux tiers, soit comme pour un in-8 avec deux pages seulement.

Sur le format in-18 jésus la surface de ce carton de 2 pages est égale à 83 douzes ; cette surface est obtenue en divisant par 3 la hauteur totale du papier et en multipliant le résultat par 2, ou, plus simplement, en prenant les de, la hauteur totale.

Avec une hauteur de page de 32 douzes, comme dans l’exemple précédent, la surface d’impression, ou noir, est de :

32 douzes ×-----2-----=---64 douzes.
(hauteur------(nombre-------(noir)
de page)-----de pages)-------

Le blanc à répartir pour le carton de 2 pages est alors :

83 douzes – 64 douzes = 19 douzes.
(surface du-----(noir)----- (blanc du carton
papier)--------------------à répartir)
---

Petites têtes. — « Le blanc des petites têtes est obtenu en multipliant par 4 le blanc à répartir ; le résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché. »

Le blanc à répartir, 19 douzes, multiplié par 4, on obtient :

19 douzes × 4 = 76;
(blanc à répartir)----------


divisant par 10, on a le blanc cherché :

douzes ½

Pieds. — « Le blanc des pieds est égal au blanc à répartir moins le blanc des petites têtes. »

Dans l’exemple choisi on a :

19 douzes – 7 douzes ½ = 11 douzes ½.
(blanc à répartir)-(blanc petites têtes)---(blanc pied)------

Grandes têtes. — « Les grandes têtes sont égales à un blanc de pied plus un blanc de tête », autrement dit à la moitié du blanc à répartir :

.


ou :

.

La vérification donne :

Petites têtes 
 7 douzes ½
Pieds 
 11 douzes ½
Grandes têtes 
 9 douzes ½
 

mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 28 douzes ½


chiffre égal au blanc total donné antérieurement dans l’exemple précédent, et un tiers plus fort que celui donné pour le blanc à répartir en négligeant un tiers de la feuille in-18.

Les formules mnémotechniques sont les suivantes :

Petites têtes :

.

Pieds :

Blanc feuille à répartir – petites têtes = pieds.

Grandes têtes :

1 blanc pied + 1 blanc tête = grandes têtes


ou :

.

Dans l’in-18 en un cahier, les blancs des grandes têtes comprennent deux pieds, au lieu d’un pied et d’une tête ; dès lors les marges se composent seulement d’un pied et d’une tête. Le calcul s’effectue de la même manière : il y a seulement interversion dans la place des blancs : les pieds sont mis à la place des grandes têtes, et les grandes têtes remplacent les pieds.

Cette disposition doit être signalée à l’imprimeur qui établira les marges convenables, tête et pied.

Format in-12. — Petits fonds et fonds. — Dans la largeur, c’est-à-dire dans le sens des 4 pages, le calcul du blanc, petits fonds et fonds, s’effectue exactement comme pour l’in-8, en se basant sur la demi-feuille, soit sur 2 pages.

Petites têtes, pieds, grandes têtes. — Dans la hauteur, c’est-à-dire dans le sens hauteur des trois pages, le calcul du blanc, petites têtes, pieds et grandes têtes, s’effectue comme dans l’in-18 en se basant sur les de la feuille, le carton étant négligé.

In-6. — Dans la largeur, l’in-6 comporte deux pages comme l’in-4 : on y rencontre donc un seul blanc à calculer, le fond.

Dans la hauteur, l’in-6 a trois rangées de pages ; les blancs sont : les têtes, les pieds et les grandes têtes.

Fond. — « Le blanc à répartir est multiplié par 4 ; le, résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché. » Le calcul est le même que pour l’in-4 ; et la formule mnémotechnique est semblable :

.

Le blanc des marges, qui résulte automatiquement du calcul du fond, est le reste du blanc à répartir ; ce blanc est, comme pour l’in-folio et l’in-4, réparti, par les soins de l’imprimeur, en quantité égale de chaque côté extérieur de la composition.

Têtes. — Suiivant la méthode, on ramène la composition à un groupe de 2 pages, en repliant ou en négligeant le carton.

Supposons une feuille de format carré, donnant en hauteur une surface totale de 124 cicéros ; en négligeant le carton, il reste pour les 2 pages 82 douzes 9 points.

La hauteur de page est de 30 douzes ; on a comme surface d’impression, ou noir :

30 douzes ×xxxx2 = 60 douzes.
(hauteur pages)x(pages)xx(surface noir)xx


Il reste comme blanc à répartir :

82 douzes 9 – 60 douzes = 22 douzes 9.
(surface papier)xx(surface noir)xxxxxxxxxxxxxxxx

Petite tête. — « Le blanc à répartir est multiplié par 4 ; le résultat, divisé par 10, donne en cicéros le blanc cherché. »

Le blanc à répartir est multiplié par 4 :

22 douzes 3 × 4 = 89


qui, divisé par 10, donne :

,


soit le blanc des petites têtes, 8 douzes 9 points.

Pieds. — « Le blanc de pied est égal au blanc à répartir moins le blanc des petites têtes. »

Dans l’exemple choisi on a :

22 douzes 3 – 8 douzes 9 = 13 douzes 6 points.
(blanc à répartir)x(blanc petites têtes)xxx(blancs de pieds)xxxx

Grandes têtes. — « Les grandes têtes sont égales à une tête plus un pied », autrement dit à la moitié du blanc à répartir :

.


ou :

.

La vérification donne :

Petites têtes 
 08 douzes 9 points
Pieds 
 13 douzes 6pots
Grandes têtes 
 11 douzes 0 points
 

mmmmmmmmmmmmmmmmTotal 
 33 douzes 3 points


soit par excès 34 douzes, chiffre égal au blanc total à répartir, si on n’avait négligé le carton, en repliant, un tiers de la feuille.

Les formules mnémotechniques sont les suivantes :

Petite tête :

.

Pied :

Blanc à répartir sur feuille – blanc petites têtes = blanc pied.

Grande tête :

1 blanc pied + 1 blanc tête = grandes têtes


ou :

.

Ajoutons enfin qu’au cours de ces diverses opérations on peut se trouver en face d’un nombre fractionnaire de douze, tel par exemple 20 douzes 8 points ou 13 douzes 6 points.

La multiplication se fait ainsi :

20 douzes 8 × 4 = 80,32,


soit, après division, 8 cicéros 3 points ; et, encore :

13 douzes 6 × 4 = 52,24


soit, après division, 5 cicéros 2 points.

Les fractions de blanc inférieures à 3 points sont abandonnées aux marges extérieures, soit aux grands fonds, aux grandes têtes, aux pieds.

La simplicité de cette méthode n’a point besoin d’être démontrée, elle s’impose d’elle-même : le multiplicateur 4, dont on fait usage à l’exclusion de tout autre, présente cet avantage d’éviter toute hésitation entre divers chiffres ; d’autre part, le calcul est identique dans tous les cas, et le résultat obtenu est de même genre dans les deux sens : petites têtes et petits fonds, pieds et grands fonds ; enfin, les diverses opérations sont effectuées à l’aide de nombres aussi réduits et aussi simples que possible ; et cependant, grâce à son exactitude, cette méthode donne des résultats aussi précis que les différents barèmes en usage.


IMPOSITIONS COMPLIQUÉES


Dans les impositions compliquées, ou, pour mieux dire, dans les impositions réunissant, dans une même forme un certain nombre de modèles différents, il est relativement facile de faire le calcul des blancs, en s’inspirant de tous les exemples précédents.

Chaque modèle comporte, comme impression ou comme, blanc, soit 2 pages, soit 4 pages ou 8 pages, etc.

Dans les modèles à 4 pages, 8 pages, etc., on rencontre, comme dans toute, autre imposition, une tête et un pied, ainsi qu’un petit fond (petite marge) et un grand fond (grande marge). Il suffit de calculer, séparément, lorsque les justifications et la hauteur des modèles diffèrent légèrement, la valeur exacte des blancs de chacun de ces modèles ; on en opère ensuite la répartition dans la forme pour chaque séparation.

Dans les modèles à 2 pages, soit recto et verso, on se souviendra que chaque marge de côté doit être égale : l’impression ayant lieu au milieu du papier, il est seulement nécessaire de calculer tête et pied.

L’une des principales difficultés, pour les débutants imposeurs, est l’imposition des pages dont la hauteur ou la largeur de justification excède, les dimensions normales des autres pages.

Plusieurs cas se présentent :

a) La justification d’une page excède la justification des autres pages du même volume, soit en raison d’un tableau, d’une opération, d’une gravure débordant également à droite et à gauche, etc. De chacune des garnitures latérales on retire un blanc égal à la moitié de l’excédent de justification de la page : le texte se trouve ainsi déborder de quantité égale à droite et à gauche par rapport à la page correspondante. Toutefois, il est d’usage, au tirage, de faire tomber les folios exactement en registre ; ils conservent donc, une disposition indépendante de la page : leur justification est parfaite par un blanc disposé également à chacune des extrémités du folio, qui se trouve rentré par rapport à la justification de la page.

b) L’excédent de justification de la page se trouve reporté d’un seul côté, comme c’est parfois le cas d’une gravure habillée latéralement en dehors de la justification. Il va de soi, dès lors, que le blanc à retirer de la garniture pour loger l’excédent de justification sera pris en entier, et exclusivement, du côté où la gravure se trouve déborder ; le côté opposé du texte devra s’aligner parfaitement avec la composition de la page correspondante.

c) À l’imposition, la page se trouve placée en bordure, près de la garniture extérieure. Le blanc nécessaire est retiré, par parties égales, de la garniture latérale intérieure et de la garniture, extérieure. Il arrive, d’ailleurs, parfois, particulièrement avec des châssis de dimensions plutôt restreintes, que le retrait de toute garniture extérieure s’impose : le biseau vient au contact, immédiat du texte. Il est nécessaire d’augmenter la garniture extérieure de toutes les pages en bordure de même côté, de manière à aligner cette garniture avec le bord extérieur de la page excédente.

d) La page excède non pas la largeur de justification, mais la hauteur des autres pages. De manière générale, l’alignement des folios est, autant qu’il est possible, rigoureusement observé : on retire une fraction de la garniture de pied suffisante à loger l’excédent de hauteur : à l’impression la page déborde par le bas sur celle qui lui correspond.

Mais l’excédent de hauteur de la page peut être trop considérable : à vouloir le prendre en entier sur la garniture de pied, l’impression de la dernière ligne rejetée trop bas sur la marge produirait un effet désagréable. On peut d’abord — et c’est la pratique la plus fréquemment usitée — supprimer le folio et le titre courant : l’impression du texte s’aligne avec l’impression du folio de la page correspondante, et l’excédent supplémentaire de hauteur est, comme dans le cas précédent, retiré de la garniture de pied.

Très rarement — et dans des cas tout à fait exceptionnels, en raison d’un trop fort excédent de hauteur — on retire de la garniture de tête une fraction du blanc nécessaire. On peut expliquer cet usage par l’aspect désagréable, le manque d’esthétique, l’intuition d’un défaut d’équilibre produit par un texte disposé trop bas : la simplicité, la régularité, l’harmonie étant les qualités principales que doit posséder un travail, pour être non point parfait, mais au moins convenable.

e) Dans certaines circulaires, particulièrement des circulaires administratives, les pages ne tombent pas l’une sur l’autre, ce qui tient à ce que, sur la gauche de la première page, se trouve une addition ou manchette comportant un blanc devant être reproduit à la gauche de chaque autre page. On dit d’une composition qui s’impose ainsi qu’elle bamboche. Mais l’imposeur ne peut éprouver de ce fait aucune difficulté pour le calcul et la disposition des blancs, le compositeur ayant établi toutes les pages sur une même longueur de justification comprenant manchettes et texte.

Lorsqu’il s’agit de travaux de ville courants, on fait entrer dans la justification la moitié de l’addition ; l’autre moitié étant prise dans la marge, rien ne bamboche et toutes les pages tombent l’une sur l’autre.


IMPOSITIONS DE MODÈLES À RÉGLURES


Les factures ou autres travaux de ville comportant une réglure se composent, on le sait, de deux manières différentes, suivant le matériel dont la Maison dispose, le goût du compositeur on le désir du client : a) la réglure, exécutée à l’aide de filets de cuivre pointillés et fondus mécaniquement sur points systématiques, est intercalée dans la composition même comportant les filets de colonnes ; b) les filets pointillés ou filets maigres constituent une page de composition différente.

Dans le premier cas, l’imposition ne présente rien de particulier : elle se fait comme pour tout modèle tiré soit isolément, soit en mariage.

Dans le deuxième cas, le texte et les colonnes forment une page : la réglure, une deuxième page. L’imposition a lieu dès lors suivant les explications données précédemment : si les deux pages sont placées côte à côte — c’est-à-dire en in-8 — un fond égal à la moitié de tout le blanc à répartir sépare les deux pages, chaque marge de côté constituant le reste du blanc. Lorsque, au contraire, les pages sont disposées tête à tête — soit en in-12 — le blanc placé entre chaque page est seulement des du blanc total à répartir, les marges de pied ayant les de ce blanc (ce qui donne 1,5/5 pour chacune).

Si le modèle comporte deux pages — conséquemment, dans le cas d’une réglure séparée, deux pages de texte-colonnes et deux pages de réglure — l’imposition pour presse en blanc se fait 1 et 3 pour la page 1 et 2 et 4 pour la page 2. Les blancs à calculer sont alors : un fond composé de la moitié du blanc total à répartir dans le sens largeur, et une tête comprenant les du blanc total à répartir en hauteur ; les marges de côté sont constituées par l’autre, moitié du blanc total, alors que les marges de pied reçoivent les du blanc total à répartir en hauteur.

Comme pour tous les autres travaux, ces tirages sont dits en blanc, lorsque, l’impression a lieu sur un seul côté du papier ; ils sont appelés en retiration, si l’impression se fait recto et verso.

Lorsque le modèle doit être tiré, sur papier de format double — in-8 double, in-4 double — avec verso blanc pour chaque feuillet, l’imposition se fait suivant une disposition particulière dite en aile de moulin :

    3  
1

Les blancs à calculer sont, comme pour une imposition régulière de 4 pages, un fond et une tête.


IMPOSITIONS POUR MARIAGES


Dans les maisons bien dirigées, il est d’usage de tirer parti des avantages que procure la réunion d’un certain nombre de bibelots de format semblable, quelquefois même de formats divers, devant être tirés sur papier de même couleur et de même qualité.

On procède, alors par mariages et l’on impose dans une seule et même forme, — soit en blanc, soit en double, en les séparant par des filets de coupe indiquant au brocheur l’endroit à couper — des prospectus, des factures, des programmes, des mandats, des circulaires, en un mot tout ce qui est susceptible d’un mariage avantageux, au point de vue temps de composition ou de tirage et économie de papier.

Pour marier deux modèles, il n’est pas nécessaire que le chiffre de leur tirage soit exactement le même, des combinaisons de nombre s’établissant soit par une double composition, soit par un changement sous presse au cours du tirage, soit par la confection de clichés, si les circonstances le permettent. Toutefois, il est bon de s’ingénier à économiser le tirage sans charger la composition, car il est évident qu’il n’y a profit qu’autant que le prix d’une composition faite en double est notablement inférieur au temps à passer sur la mise en train et sur le tirage. Le prix du papier ne doit entrer en ligne de compte que dans des proportions identiques.

Il est indispensable, dans ces travaux d’imposition, d’apporter la plus grande attention au placement des blancs de fonds et des filets de coupe si l’on ne veut pas causer d’embarras au rogneur et risquer quelque perte de papier.

Pour tirer un bon parti des impositions par mariages, il est nécessaire d’avoir une connaissance parfaite du format des papiers et de l’emploi auquel ces derniers sont affectés. Nous en dirons autant des châssis et de leurs dimensions déterminées à l’œil, car le nombre est toujours trop grand de ceux qui confondent un raisin avec un jésus et qui ignorent même la différence existant entre un châssis et une ramette.


IMPOSITION DES CLICHÉS


L’imposition des clichés se fait soit sur plateaux de bois, soit sur blocs-supports de bois, de fonte ou de plomb isolés ou combinés de manière à donner des dimensions analogues à celles des formats de papiers employés.

Le cliché plomb ou galvano est fixé sur les plateaux de bois par des pointes fines, dites pointes à clichés ; sur les blocs de fonte ou de plomb, il est maintenu par des griffes, de formes différentes suivant la nature ou la disposition des blocs. Certains de ceux-ci comportent en effet, creusées dans la masse, des rainures sur lesquelles coulissent les griffes que des vis fixent solidement au point voulu. D’autres possèdent, d’un côté, des griffes soudées, et, de l’autre, des griffes mobiles doubles dont le pied est pris sous le biseau du bloc. Enfin, un autre genre de bloc porte des griffes soudées et des griffes réglables à l’aide de vis.

Les clichés plomb ou galvanos montés sur blocs de bois sont parfois, à l’imposition, la cause de nombreux déboires, parce que le support soumis à des alternatives de sécheresse et d’humidité n’a plus aucune des qualités de régularité, d’assise et, d’équerre nécessaires.

Le plateau bois posé sur le marbre de la presse, et sur lequel le conducteur cloue les plaques, rend de meilleurs services ; son seul défaut est, au terme d’un certain temps d’usage, de se trouver perforé de si nombreux trous de pointes enfoncées, puis retirées, qu’il est indispensable de le remplacer.

Le bloc de matière isolé est plus avantageux ; lorsqu’il est constitué de manière à pouvoir être modifié au gré des formats dont le tirage est à exécuter, il présente, au point de vue solidité un réel progrès sur les types de supports précédents. Toutefois, la griffe mobile fréquemment utilisée avec ce support, a le grave inconvénient de glisser, parfois de casser ras le pied et de lever au cours du tirage.

La griffe glissant dans les rainures du plateau-bloc et fixée à l’aide d’une vis est préférable : elle ne donne point lieu aux critiques et aux ennuis qui viennent d’être exposés sommairement.

L’imposition des clichés ne diffère en rien, dans ses règles générales, de celle des pages en caractères mobiles. Toutefois, une vérification des plus sérieuses s’impose au point de vue du serrage, et celui-ci doit être particulièrement soigné, surtout lorsque les clichés sont maintenus par l’intermédiaire de griffes mobiles doubles ou simples ; l’à peu près ne saurait être toléré, sous peine de graves ennuis pour le conducteur et de risques d’accidents fort préjudiciables : si une bonne justification de la garniture est indispensable, un parangonnage impeccable des griffes — lorsqu’elles ne sont pas logées dans le bloc — est non moins nécessaire, aussi bien dans les fonds que dans les têtes.

Au point de vue calcul des blancs l’imposeur ne saurait se contenter d’un à peu près, sous le spécieux prétexte qu’il s’agit de clichés, et que les nombreuses fonctions assumées par le conducteur obligeront peut-être, au cours de la mise en train, à des modifications. Le typographe — même s’il a eu le soin de conserver dans ses archives les chiffres des blancs établis lors de l’impression du volume en caractères mobiles — s’assurera que des modifications ne sont pas nécessaires : le plomb des clichés a pu subir, au refroidissement, un léger retrait, une minime contraction, qui, si elle est négligeable sur une page, a cependant une influence certaine, pour une exacte régularité des blancs, lorsqu’il s’agit de 4, de 8 ou de 12 pages. Les blancs, d’autre part, ne devront, en aucun cas, être calculés en prenant la largeur du cliché y compris le biseau, mais bien en tenant compte seulement de la justification du texte : les biseaux peuvent en effet ne pas avoir entre eux une largeur identique.

Le calcul des blancs s’effectue suivant les principes exposés précédemment.

Le serrage de la forme se fera doucement, posément, et non point par saccades brutales. La maxime : « Il faut que ça rentre ! » est hors de saison et surtout de raison. L’imposeur aura quelque souci des garnitures qui, comprimées à l’excès, de droite et de gauche, par des matières plus rigides et plus résistantes, subissent trop souvent des déformations les mettant hors de service. Dès qu’un léger travers se produit, l’ouvrier s’assurera de la cause et y portera remède. L’impression des clichés ne doit pas être moins bien traitée que celle des caractères mobiles.

  1. La remarque de Daupeley-Gouverneur n’est pus exacte en tous points : si elle est fondée en ce qui concerne l’imposition d’un in-6 (12 pages), d’un in-12 (24 pages), d’un in-18 (36 pages), etc., elle n’a aucune raison d’être pour un in-4o (8 pages), un in-8 (16 pages), un in-16 (32 pages), etc., où les grandes têtes se rencontrent entre des pages disposées pieds contre pieds.
  2. J. Claye, Manuel de l’Apprenti Compositeur, p. 88.
  3. Il n’est pas nécessaire, pensons-nous, de prévenir le lecteur que ces dimensions sont absolument arbitraires et ne répondent nullement aux formats courants.
  4. Cette dénomination n’est pas tout à fuit juste, puisqu’elle nomme (grandes têtes une tête et un pied. Il est bon de remarquer cette anomalie.
  5. On donne en général le nom de têtières aux garnitures des grandes et des petites têtes.
  6. G. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes : V, Confection des garnitures, p. 53 et suiv.
  7. Ces mots seront nouveaux pour une grande partie de nos lecteurs ; mais, dès l’abord, nous avons trouvé une confusion facile entre les petits et les grands fonds, petites et grandes têtes. Notre intention, en introduisant ces appellations dans le langage typographique, a été d’établir, au contraire, une différence bien sensible entre chacun de ces blancs, par rapport à la place qu’il occupe autour de la page. (Note de Daupeley-Gouverneur.)