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Le Livre des mères et des enfants/I/Le petit mendiant

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LE PETIT MENDIANT.

Un petit pauvre suivait avec obstination un vieillard dans sa promenade, et criait :

— Monsieur ! ce n’est point pour moi, monsieur ! c’est pour ma pauvre mère. Ah ! ma pauvre mère ! si j’avais de quoi lui acheter un pain.

Le vieillard, ému de cette vive prière pour une mère, et de cette voix d’enfant qui a toujours une grande puissance sur l’homme, s’arrêta, parcourut des yeux la figure rose et (il faut le dire) un peu effrontée du jeune mendiant, qui plongeait avec des yeux avides et brillants jusqu’au fond de la bourse prête à s’ouvrir pour lui.

— Tu l’aimes donc bien ta mère ?

— Oui, monsieur ! dit l’enfant, en jetant les yeux çà et là d’un air distrait et insouciant.

— Où est-elle ?

Elle est morte, monsieur, répondit le menteur, qui n’avait pas prévu la question.

— Elle n’a donc pas besoin de pain : dit le vieillard en refermant sa bourse, et laissant rouge et honteux l’imposteur, à qui la vérité simple eut été bien plus profitable ?


Le mensonge est odieux. Il est toujours nuisible à celui qui s’abaisse par lui.