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Le grand troche, sorite/12

La bibliothèque libre.
Éditions Elaia (p. 15-16).

AU PAYS DES VOLS

(Histoire toute naturelle)

Qu’il est joli le Pays des Vols
où les veaux ont une petite montre
pour voir l’heure des leçons de vol
sur les cadrans scolaires !
Mais que vaut l’heure ?
L’heure vole
& reste le cœur qui bat toujours trop fort.

Les fils de la Vierge volent
dans les airs,
Ils ont pris de grands airs
des airs de sahara
des airs de danse & de romance
des airs volages & volatils.
Ils les ont mis
dans un grand vol-au-vent de courants d’air
qui sera inculpé de recel
& ils s’embrouillent dans leurs volières —
L’été de la Saint-Martin
l’odeur des volées de cloches & et de bois verts
leur ont monté à la tête.

Les filles de la Vierge volent
dans les magasins.
Sous la voltige des voiles oranges

elles ont pris une menthe à l’eau
avec une triste mentalité
un éclair au chocolat dans des cieux de porcelaine
& de la coco dans la gaze du magasin —
un coup de bambou dans le coquemart
un bout de braquemart dans le cocon
& une machine à épiler leurs vaisselles.
Dans la volupté des volets clos
elles oint volé de justes noces
sur des manches à ballets.

Les petites filles modèles ont volé
le fil à couper le cœur
& l’enlèvent par les violets buissonniers.
Galette en main & jupe au vent
elles filent nubiles & volubiles
vers le grand lit des viols —
elles couperont à la corvée du cœur
& sous les voilettes
la grosse queue lupine & velue
ventilera leur ventre d’un volcan de volubilis.

Habitants du Pays des Vols !
Les fées sont là.
Il ne manque plus un bouton de rose
la poudre d’escamote est sèche —
Le poème de la nuit est à l’ordre du jour.