Les jours et les nuits/IV/I

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Société du Mercure de France (p. 139-140).

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jeux d’écolier

Le conseil de guerre. Sengle, les lèvres rasées, descendu de cellule, serre son revolver de sa main malgré les lavages encore gantée de bleu, dans la haute poche de sa capote règlementaire. Le bras droit du prisonnier est engaîné dans une manche noire. Et il y a beaucoup d’autres prisonniers aux lèvres rasées et qui ont une manche noire, et ils semblent des escholiers anciens dans leurs costumes mi-partis.

Les formalités militaires se déroulent, et les plaidoyers pour la forme, avec au bout l’Afrique et les pioches, surtout un service plus long aux plus hasardeuses évasions.

Sengle libre au pistolet de tir faisait sept mouches au commandement. Il n’est maladroit qu’au lebel militaire. Un, deux, trois, quatre, cinq, il a gagné cinq feuilles de macarons au jeu de massacre ; cinq des plus chamarrés ont sauté de leur voiture. Six. Malgré la tradition des faits divers, Sengle n’a rien gardé pour lui. À travers l’encens précédent, il touche d’un bruit flasque la foule intermédiaire.

Dans la fumée dissipée, la veilleuse se balance toujours, et Sengle souillé essuie son ventre et sa poitrine avec son mouchoir.