CHAPITRE XVII.
CAS DES ÉQUATIONS LINÉAIRES.
177.Il nous reste maintenant :
1o À intégrer les équations (6 a), (6 b), (6 c), (5 a), (α) et (β)
du no 169.
2o À voir comment on pourra, dans la formation de ces équations,
discerner les termes qui doivent passer dans le premier
membre de ceux qui doivent rester dans le second.
Je m’occuperai d’abord de l’intégration des équations (6 a) et
(6 b) et j’y consacrerai le présent Chapitre.
L’équation (6 b), qui est la plus générale, s’écrit
étant regardée comme une fonction connue de c’est une
équation linéaire à second membre, dont l’intégration se ramène à
celle de l’équation sans second membre
Si nous transformons cette équation en changeant les notations
et en posant
elle devient
Étude de l’équation de Gyldén.
178.Envisageons donc l’équation suivante
(1)
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Nous venons de voir que M. Gyldén, dans le cours de ses
recherches, avait été conduit à envisager l’équation suivante (Cf.
no 169, équations (α) et (β))
(2)
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étant une fonction développable suivant les puissances
de et périodique par rapport à
Or il arrive, dans les applications que M. Gyldén a faites de
cette équation, que les termes les plus importants de sont
de la forme
étant une fonction périodique de seulement, et que tous les
autres termes peuvent être négligés dans une première approximation.
L’équation (2) peut alors être remplacée par la suivante
(3)
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C’est une équation linéaire à second membre, dont l’intégration se
ramène aisément, comme l’on sait, à celle de l’équation sans second
membre correspondante, qui n’est autre que cette équation (1).
Étudions donc cette équation (1) et rappelons d’abord ce que
les résultats généraux, démontrés dans le premier Volume au
sujet des équations linéaires (Chap. II, no 29, et Chap. IV, passim)
vont nous permettre d’en dire.
Ils nous apprennent d’abord que cette équation (1) admet deux
intégrales particulières de la forme
et étant deux fonctions périodiques de de période et les deux exposants caractéristiques et étant égaux
et de signe contraire.
Pour aller plus loin, nous allons faire usage d’un théorème
général que j’ai démontré dans mon Mémoire sur les groupes des
équations linéaires (Acta mathematica, t. IV, p. 212).
Soit une équation linéaire de la forme suivante
(4)
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Les coefficients sont des fonctions, non seulement de
mais d’un certain nombre de paramètres dont elles dépendent
linéairement.
Supposons, par exemple, qu’il y ait trois paramètres et appelons-les
et Alors la fonction sera de la forme
Les fonctions et seront continues, ainsi que
toutes leurs dérivées, dans l’intérieur d’un domaine d’où nous ne
ferons pas sortir
Cela posé, donnons-nous les valeurs initiales de et de ses
premières dérivées au point et faisons varier depuis 0,
jusqu’à une certaine valeur en suivant un chemin déterminé.
Soit la valeur que prendra quand arrivera au point Il
est clair que dépendra :
1o Des valeurs initiales de et de ses dérivées (il en dépendra
d’ailleurs linéairement) ;
2o Des paramètres
Eh bien, le théorème en question, c’est que peut être développé
en une série procédant suivant les puissances croissantes de
et et que cette série convergera, quelles que soient les
valeurs de ces trois quantités ; ou, en d’autres termes, que sera
une fonction entière de et
Appliquons ce théorème à l’équation (1).
Soit une intégrale particulière de cette équation telle que
[je désigne pour abréger par ].
Soit de même une seconde intégrale particulière telle que
Alors si et sont les valeurs initiales de et de
pour on aura
Notre théorème, c’est alors que et seront des fonctions entières de
et de Il en est de même de et
Supposons, en particulier, que
il viendra
et
Mais la fonction est périodique, de sorte qu’on a
d’où
D’où
Ainsi est une racine de l’équation en
On verrait de la même manière que l’autre racine est
Donc la somme des racines est égale à de sorte qu’on a
Il en résulte que est une fonction entière de et de
c’est-à-dire que peut être développé suivant les puissances
entières de et de et que le développement est toujours convergent.
Je dis maintenant que ce développement ne contient que des
puissances paires de
Si, en effet, on change en les solutions
deviennent
où
sont des fonctions périodiques en Par conséquent, les exposants
caractéristiques ne changent pas.
En même temps, comme
l’équation (1) devient
ce qui veut dire que les exposants caractéristiques et, par conséquent
ne changent pas quand on change en Or
cela ne peut avoir lieu que si le développement de ne contient
que des puissances paires de
Observons maintenant que l’équation (1) ne change pas quand
on change en ; il résulte de là que est une fonction
paire de et une fonction impaire, c’est-à-dire que
Or les solutions de l’équation (1) sont développables suivant
les cosinus et les sinus de étant un entier positif
et négatif. IL résulte de là que ne contiendra que des cosinus
pendant que ne contiendra que des sinus. On aura
variant de à Il vient alors
On a donc
179.Voyons maintenant comment on peut obtenir le développement
de suivant les puissances croissantes de
Supposons que l’on cherche plus généralement le développement
de et posons
nous aurons, pour déterminer la série d’équations
suivantes
(5)
|
|
|
De plus les fonctions doivent être paires ; doit se réduire
à 1 et les autres fonctions à 0 pour
On en conclut d’abord que
et
Il vient ensuite
étant des coefficients faciles à calculer, et l’on en déduit
On voit d’ailleurs que est égal La loi est manifeste,
on a
La fonction devant être paire, le coefficient de
ne contiendra que des sinus si est impair et des cosinus si est pair.
Quelles sont maintenant les valeurs que peut prendre l’entier ?
Dans le premier terme
variera de à dans le coefficient de pourra
varier de à dans le coefficient de
pourra varier de à et ainsi de suite,
de sorte que ne pourra surpasser
On peut trouver à l’aide des équations (5) des relations de
récurrence entre les coefficients je ne m’y arrêterai pas pour
le moment.
Lorsqu’on fera on aura
et le premier terme de disparaîtra ; de sorte que
Nous savons d’ailleurs que sera nul si est impair, puisque
nous savons d’avance que le développement de ne doit contenir
que des puissances paires de
C’est ainsi que M. Tisserand calcule et, par conséquent,
Il trouve ainsi
ce que j’écrirai
et seront des séries développées suivant les
puissances croissantes de dont les coefficients seront rationnels
en
La première question à résoudre est de savoir si est réel ou
imaginaire. Si
est réel, la solution de notre équation différentielle est alors
stable et de même que reste compris entre des limites
finies. Si au contraire
est imaginaire ; et les deux fonctions et sont de la
forme suivante
et étant des constantes réelles et une fonction périodique
de de période Il en résulte que et peuvent croître
au delà de toute limite et que la solution de notre équation différentielle
est instable.
Si l’on considère un instant et comme les coordonnées d’un
point dans un plan, ce plan va se trouver partagé ainsi en deux
régions, l’une où sera plus petit que 1 et réel, l’autre où
sera plus grand que 1 et imaginaire. Ces deux régions
sont séparées l’une de l’autre par les diverses branches des deux
courbes
Il y a donc intérêt à construire ces deux courbes au moins dans la
partie du plan qui correspond aux petites valeurs de
Pour on a
Donc la courbe que j’appellerai la courbe coupe
l’axe des en des points dont les abscisses sont des entiers pairs,
et la courbe que j’appellerai la courbe coupe
l’axe des aux points dont les abscisses sont des entiers impairs.
Tous les autres points de l’axe des appartiennent à la première
région, celle où est réel.
Reprenons alors l’équation
qui lie à et à le premier membre s’annule pour
il est développable suivant les puissances croissantes de
et de enfin sa dérivée par rapport à se réduit à
pour et par conséquent ne s’annule pas
à moins que ne soit entier. Si donc nous supposons que n’est
pas entier, le théorème du no 30 nous apprend que est développable
suivant les puissances croissantes de et que la série est
convergente pourvu que soit assez petit.
Voyons maintenant ce qui se passe quand est entier. M. Tisserand,
en appliquant sa formule, a trouvé : pour
pour
pour
et enfin pour
En effet, quand est entier, devient égal à et
s’annule ; mais il arrive en même temps que devient
infini ; de sorte que le produit
tend vers une valeur finie quand tend vers un nombre entier.
Considérons alors la limite
quand tend vers une valeur entière.
Cette limite sera développable suivant les puissances de mais, dans le développement de le coefficient de devient
infini pour 0 ou 1, celui de pour 0, 1 ou 2, celui
de pour 0, 1, 2 ou 3 ; il en résulte que, si tend vers un
entier le développement de commencera par un terme en
d’autre part, le développement de commence par
un terme en C’est pour cette raison que dans les développements de
trouvés par M. Tisserand, le premier terme est en pour 0
ou 1 et en pour 1.
Considérons donc l’équation de la courbe qui peut s’écrire
La courbe passant par le point
(
entier),
le premier membre s’annule pour il est d’ailleurs
développable suivant les puissances croissantes de et de
il est aisé de voir que ce développement ne contient ni terme de
degré 0 ni terme de degré 1, mais qu’il commence par des termes
du second degré
étant égal à
pour
et à 0 pour
Il en résulte que le point est pour la courbe
un point double ; mais deux cas sont à distinguer :
1o Si les termes du second degré se réduisent à la somme
de deux carrés, les deux branches de courbe qui passent par le
point double sont imaginaires ; l’origine est donc pour la courbe
un point isolé.
2o Si est nul ; les deux branches de courbe qui passent
par le point double sont tangentes l’une à l’autre et coupent
l’axe des à angle droit. Pour reconnaître si ces deux branches
sont réelles ou imaginaires, il faut tenir compte des termes en
et en
Le coefficient de est, comme nous l’avons vu,
ou
selon que ou
Le coefficient de s’obtiendra en prenant les dérivées de
par rapport à et en y faisant On trouve ainsi
Pour que les branches de courbe soient réelles (en supposant
), il faut et il suffit que la forme quadratique
soit indéfinie. Il ne peut y avoir doute que si cette forme se réduit
à un carré parfait ; or c’est précisément ce qui arrive ; nous voyons
ainsi que nos deux branches de courbe sont non seulement tangentes,
mais osculatrices l’une à l’autre ; mais nous serions obligés,
pour reconnaître si elles sont réelles, de calculer les termes d’ordre
supérieur, si nous n’avions heureusement un moyen indirect de
décider la question, moyen que j’exposerai plus loin.
Dans le cas de notre forme quadratique devient
et est indéfinie ; les deux branches de courbe sont certainement réelles.
Construisons maintenant la courbe dont l’équation est
Le premier membre s’annule pour
(
entier impair),
et son développement suivant les puissances de et de
commence par des termes du second degré
Si et sont de signe différent et les deux branches
de courbe qui passent par le point double sont réelles.
Si est nul, les deux branches de courbe sont tangentes
(et probablement osculatrices) l’une à l’autre ; pour décider
si elles sont réelles, il faut employer le procédé indirect dont j’ai
parlé plus haut.
Voici en quoi il consiste.
On peut se demander ce qui se passe quand on a
Alors, d’après ce que nous avons vu au no 29, la solution la plus
générale de l’équation (1) est de la forme
et étant des fonctions périodiques de de période si
et de période si (elles changent alors
de signe quand se change en ). On a donc
Si n’est pas nul, c’est une solution de l’équation (1) ; or,
est une fonction paire ; donc est paire et impaire ;
donc se réduit à un facteur constant près à alors
est périodique.
Si est identiquement nul, est périodique.
Trois cas peuvent donc se présenter :
1o Ou bien est périodique, et alors
2o Ou bien est périodique, et alors
3o Ou bien ces deux fonctions sont périodiques toutes deux, et alors
On peut arriver au même résultat de la façon suivante ; on a
identiquement
Si alors
il viendra
Donc l’une au moins des deux quantités et est nulle.
De même, si
ou
on aura
et puisque
il viendra
Les différents points des deux courbes et appartiennent
donc aux deux courbes
et réciproquement.
Remarquons d’abord que et sont des fonctions
entières de et de Pour ces fonctions se réduisent à
Donc, si passe par une valeur entière différente de 0,
et s’annulent en changeant de signe, et ces valeurs de sont
pour ces deux fonctions des zéros simples. Il en résulte que les
points
( entier, ),
qui sont des points doubles, tantôt pour tantôt pour sont
des points simples pour chacune des deux courbes
Si passe par 0, s’annule sans changer de signe (zéro
double) et ne s’annule pas ; l’origine est donc un point double
pour mais ne s’annule pas à l’origine.
Il y a donc quatre courbes analytiquement distinctes :
(α) |
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(β) |
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(γ) |
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(δ) |
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La courbe est alors formée de l’ensemble des deux courbes
(α) et (β) ; chacune d’elles a un point simple en
et c’est pour cette raison que ce point est un point double de
mais les deux branches de qui passent en ce point, appartenant
ainsi à deux courbes analytiquement distinctes, ne peuvent être que réelles.
Il y a exception pour l’origine
ce point est un point double de (α), mais n’appartient pas à (β) ; d’après
ce que nous venons de dire, le raisonnement qui précède ne s’applique
donc pas et nous avons vu d’ailleurs que les deux branches
de courbe sont alors imaginaires.
De même, la courbe est formée de l’ensemble des deux
courbes (α) et (β) ; chacune d’elles a un point simple en
Les deux branches de qui passent par ce point appartiennent
à deux courbes analytiquement distinctes et sont par conséquent réelles.
Nous avons vu plus haut que changer en c’est la même
chose que de changer en
Considérons d’abord la courbe (α)
On a
d’où
La fonction est donc paire et périodique de période
Si donc on change en se change en qui
est encore paire et périodique. Si donc le point appartient
à la courbe (α), il en est de même du point La
courbe (α) est donc symétrique par rapport à l’axe des
La courbe étant symétrique dans son ensemble et se composant
de (α) et de (β), nous devons conclure (ce qu’il serait d’ailleurs
aisé de vérifier) que la courbe (β) est également symétrique
par rapport à l’axe des
On doit conclure que les deux courbes (α) et (β) ne peuvent
avoir au point
qu’un contact d’ordre impair.
Considérons maintenant la courbe (γ)
Il vient
La fonction est donc impaire et périodique. Si donc
le point appartient à (γ), le point appartiendra
à (δ). Les deux courbes (γ) et (δ) sont donc symétriques l’une de
l’autre par rapport à l’axe des
Il en résulte que ces deux courbes ne peuvent avoir en
qu’un contact d’ordre pair.
Ainsi le contact des deux branches de courbes en
est d’ordre 0 pour d’ordre 1 pour d’ordre 2 (au
moins) pour d’ordre 3 (au moins) pour il est
ensuite alternativement d’ordre pair et d’ordre impair et toujours
au moins d’ordre 2.
Cela peut donner à penser que ce contact est toujours d’ordre
mais je ne l’ai pas vérifié.
La figure suivante, contenue dans le rectangle
peut résumer la discussion qui précède. La région couverte de
hachures est celle où est imaginaire.
Fig. 1.
On peut tirer de l’équation qui donne en fonction de
et de divers développements, dont la convergence est plus ou
moins rapide et qui donnent ordonné suivant les puissances
de Mais je crois qu’il est préférable de calculer à l’aide
des formules précédentes et d’en déduire par les Tables trigonométriques.
180.Une fois déterminé, il s’agit de trouver les coefficients
du développement
D’après la définition même de on doit avoir
Il vient, d’autre part,
Mais, d’après ce que nous avons vu au no 29, notre équation (1)
doit admettre deux solutions de la forme
et doit en être une combinaison linéaire ; cela ne peut avoir
lieu que si
Il en résulte que
satisfera également à l’équation (1) et, par conséquent, que
Il est clair que est une fonction de et de mais ce n’est
plus une fonction entière de ces deux variables comme l’était
Ce n’est même pas une fonction uniforme. Il est évident
que les seuls points singuliers de cette fonction sont les points
des courbes
pour lesquels les fonctions et cessent de pouvoir être
mises sous la forme que nous venons de leur donner.
Comment se comporte la fonction dans le voisinage d’un de
ces points singuliers ?
Supposons que le point se rapproche indéfiniment d’un
point M appartenant à la courbe
et que tende vers une valeur entière alors, à la limite,
est encore périodique. Posons, pour abréger,
il viendra, en réunissant dans et les termes en
et en
Si nous faisons alors
il viendra
Quand tend vers tend vers 1 et
vers zéro ; mais, si tend vers l’infini, de telle façon que
tende vers une limite finie, le produit tendra
vers étant une constante.
Si alors le point M appartient à la courbe le développement
de doit contenir seulement des termes en
et celui de des termes en et en
Il faut donc que tende vers une limite finie, et vers zéro.
Donc et tendront vers des limites finies, égales entre
elles. Si est pair, devra tendre vers zéro. Il est aisé de vérifier
que, si
on aura, comme il convient,
Si, au contraire, le point M appartient à la courbe le
développement de devra contenir des termes en
et
et celui de des termes en
Il faut donc que tende vers une limite finie, et vers l’infini.
Donc, et tendront vers l’infini, mais leur somme algébrique
restera finie.
Mais, que le point M appartienne à la courbe ou à la
courbe ce n’en est pas moins un point singulier pour la
fonction En effet, quand le point tourne autour de M,
la fonction s’échange avec la fonction comme le font
deux déterminations d’une même fonction algébrique.
Il résulte de là que, si n’est pas entier, pourra se développer suivant les puissances croissantes de et que le rayon de convergence
de ce développement sera le module du point singulier
le plus rapproché, et les points singuliers seront les points des
courbes et qui correspondent à la valeur de considérée.
Il reste à trouver les coefficients du développement. Supposons
le problème résolu et soit
ou en développant suivant les puissances de il viendra
Ce développement, qui contient les lignes trigonométriques de
multipliées par des puissances de doit être identique
à celui que nous avons trouvé plus haut
Observons, en effet, que sont développables
suivant les puissances croissantes de
En identifiant les deux développements, il vient alors
et
Nous avons donc le moyen de calculer les coefficients du développement.
La convergence est généralement suffisante quand
n’est pas voisin d’un nombre entier. Si est voisin d’un entier
on peut augmenter la convergence de la manière suivante :
Comme et s’échangent quand on tourne autour du
point singulier le plus rapproché, les deux fonctions
et
restent uniformes dans le voisinage de ce point singulier, mais la
première de ces deux fonctions restera finie et la seconde pourra
devenir infinie du premier ordre, si ce point singulier appartient à Mais alors
restera fini. Les développements de
et
seront donc beaucoup plus convergents que ceux de et
On aura donc avantage à s’en servir et à en tirer ensuite et
par une équation du second degré.
Observons, en terminant, que la discussion de la forme des
courbes et dans le voisinage des points
sera singulièrement facilitée si l’on se sert du développement
de et de au lieu de celui de
Ce qui précède constitue la théorie complète de notre équation (1). Je dois toutefois parler des diverses méthodes qui ont été
proposées pour l’intégrer et qui sont celle qui est fondée sur
l’application des théorèmes de Jacobi, et celles de MM. Gyldén,
Bruns, Hill et Lindstedt.
Méthode de Jacobi.
181.On peut appliquer à l’équation (1) la méthode exposée en
détail au Chapitre IX avec cette différence que les séries seraient
certainement convergentes. L’équation (1) rentre en effet comme
cas particulier dans l’équation (3) du no 2. Or nous avons vu que
cette équation du no 2 pouvait être ramenée à la forme canonique
des équations de Jacobi.
Si donc nous posons
et
l’équation
(1)
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|
peut être remplacée par les équations canoniques
Le problème est alors ramené à l’intégration de l’équation aux
dérivées partielles
(2)
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|
à laquelle la méthode d’approximations successives du no 125 est
directement applicable.
Mais il n’y aurait pas grand avantage à l’employer, à moins que
l’équation (1) ne soit qu’une expression approximative du problème
qu’on se propose et qu’après avoir intégré cette équation
on ne veuille pousser plus loin l’approximation en employant la
méthode de la variation des constantes ou qu’on ne veuille s’en
servir comme vérification.
Observons en passant que l’intégration de l’équation (2) se
ramène à celle d’une équation différentielle du premier ordre,
Quoi qu’il en soit, cherchons quelle relation il peut y avoir entre
la fonction définie par l’équation (2) et les fonctions
et définies dans les numéros précédents.
Nous trouverons pour la solution générale des équations canoniques
dérivées de l’équation (1) par le changement de variables qui
précède l’expression qui va suivre ; je rappelle que nous avons posé
notre expression sera, en désignant par
des constantes d’intégration,
Si l’on élimine entre ces équations les deux constantes et et
que l’on résolve par rapport à et à on aura et en
fonctions de et et d’autre part
sera une différentielle exacte (Cf. no 19, in fine).
Posons alors, pour abréger,
il viendra
et il s’agira d’éliminer entre ces deux équations.
Pour effectuer cette élimination, observons que ces deux équations
peuvent s’écrire
les étant des fonctions périodiques de de période et qui
s’expriment aisément à l’aide de et En résolvant ces
équations par rapport à et il vient
les quatre fonctions étant périodiques de période et
s’exprimant aisément à l’aide des et, par conséquent, à l’aide
de et En faisant la somme des carrés, il vient alors, si
l’on observe que doit être une fonction paire en
les deux fonctions étant encore périodiques de période et
s’exprimant aisément à l’aide de et
Or nous aurons
d’où cette conclusion :
est une fonction périodique de période tant par rapport
à que par rapport à et son développement contient, comme
on le verra en appliquant la méthode du no 125, des termes en
où et peuvent prendre toutes les valeurs
entières possibles. Mais la fonction inverse
qui est aussi périodique en et ne pourra contenir que des
termes en
ou
étant évidemment une fonction paire tant par rapport à que
par rapport à
Si nous posons
l’équation (2) nous donne
Les procédés du no 125 sont applicables à cette équation bien
qu’elle ne contienne pas seulement les dérivées de mais la
fonction elle-même.
On trouve
est une constante, et il est aisé de vérifier que sont
bien de la forme indiquée, c’est-à-dire que
Il est aisé de former des relations de récurrence qui permettent de déterminer les constantes
et
quand on connaît les et les
Méthode de M. Gyldén.
182.M. Picard a démontré le théorème suivant :
Si une équation linéaire a pour coefficients des fonctions doublement
périodiques et si son intégrale générale n’a d’autre singularité
que des pôles, cette intégrale s’exprime à l’aide des « fonctions
doublement périodiques de deuxième espèce », c’est-à-dire
des fonctions qui se reproduisent multipliées par un facteur constant
quand la variable augmente d’une période.
L’importance de ce théorème provient des deux circonstances suivantes :
1o Il est toujours facile de reconnaître sur l’équation même si
l’intégrale générale n’a d’autre singularité que des pôles ;
2o Toute fonction doublement périodique de deuxième espèce
s’exprime simplement à l’aide des fonctions de Jacobi ou des
fonctions de M. Weierstrass.
M. Gyldén a eu l’idée ingénieuse d’appliquer ce théorème à
l’intégration de l’équation (1). Mais il serait injuste de présenter
les choses sous cette forme sans citer le nom de M. Hermite. Ce
que M. Gyldén a appliqué en réalité, c’est un théorème de M. Hermite
sur l’équation de Lamé, qui n’est à la vérité qu’un cas particulier
de celui de M. Picard, mais qui lui est notablement antérieur.
Notre équation (1) peut s’écrire
(2)
|
|
|
en posant
Considérons la fonction
).
Il est clair, d’après la définition même de cette fonction, que
tendra vers quand tendra vers zéro. On peut donc, si est
très petit, remplacer l’équation (2) par la suivante
(3)
|
|
|
et l’approximation sera d’autant plus grande que sera plus petit.
Cela posé, voyons quelles sont les conditions pour que l’intégrale
générale de (3) n’ait d’autre singularité que des pôles. Le
seul point singulier de l’équation (3) est le point
en appelant et les périodes de En effet, pour
devient infini. On sait que le résidu de est de sorte
que nous aurons, en développant suivant les puissances de
une série de la forme suivante
ne contenant que des puissances paires de
La condition pour que le développement de suivant les puissances
croissantes de commence par un terme en s’obtient
aisément en égalant dans les deux membres de (3) les termes
en qui sont alors les termes de degré le moins élevé ; elle s’écrit
d’où
(4)
|
|
|
Si elle est remplie et si est entier, l’équation (3) admet une
intégrale particulière qui aura un pôle pour
Comment se comportera l’autre intégrale ? La théorie des équations
linéaires nous apprend qu’elle ne pourra non plus avoir
d’autre singularité qu’un pôle en ou un point logarithmique ;
mais l’étude du développement de suivant les puissances
de montre aisément que du moment que est une
fonction paire de on n’a pas à craindre que le développement
des intégrales contienne un logarithme ; je renvoie pour plus de
détails aux travaux bien connus de M. Fuchs, sur les équations
linéaires dans le tome 66 du Journal de Crelle et à la thèse
de M. Tannery (Paris, Gauthier-Villars, 1873) où ces travaux
sont résumés. Ainsi, si la condition (4) est remplie, l’équation (3)
admettra deux intégrales particulières de la forme
en désignant par celle des quatre fonctions qui s’annule pour
Les quantités peuvent être facilement déterminées,
ainsi que l’ont fait voir les recherches de M. Hermite sur
l’équation de Lamé qui ont épuisé complètement la question.
Maintenant nous pouvons choisir un entier assez grand, pour
que la valeur de qui satisfait à la condition (4) soit aussi petite
que nous voudrons, et, par conséquent, pour que les équations (2)
et (3) diffèrent aussi peu l’une de l’autre qu’on le voudra.
Mais, comme est généralement très petit, M. Gyldén estime
que, dans les applications, on pourra se contenter de la première
approximation et faire
Méthode de M. Bruns.
183.Reprenons l’équation
(1)
|
|
|
et faisons-y
L’équation deviendra
(2)
|
|
|
Supposons maintenant que l’on développe suivant les puissances
croissantes de et qu’on ait
Nous déterminerons successivement
par la suite d’équations.
(3)
|
|
|
Les équations (3) permettent de calculer les par récurrence ; si,
en effet, on a intégré les premières de ces équations, et si l’on
connaît par conséquent
la (+1)ième s’écrira (en prenant par exemple)
étant une fonction connue de
Si sont des fonctions périodiques de de période il en sera de même de et nous pourrons écrire
d’où
Nous pourrons donc, à moins que ne soit entier, égaler à une
fonction périodique de
Alors est une fonction périodique de que nous pourrons écrire
étant la valeur moyenne de cette fonction périodique et
une autre fonction périodique. On en déduit pour une intégrale
particulière de (1)
Ce que nous avons appelé dans le no 178 est alors la partie
réelle de
Cette méthode est la plus simple quand on veut le développement
de suivant les puissances de
Méthode de M. Lindstedt.
184.Considérons l’équation
(1)
|
|
|
et sa solution paire
Il est clair que nous aurons
(2)
|
|
|
Le problème consiste à déterminer et les de façon que les équations (2) soient satisfaites et la série convergente.
Nous pouvons considérer également l’équation à second membre
(3)
|
|
|
cette équation admet une solution de la forme
Il serait aisé d’ailleurs (par la méthode ordinaire d’intégration
des équations linéaires à second membre) de calculer les coefficients
une fois qu’on connaîtrait et les mais, si l’on veut
les calculer directement, on est conduit aux équations suivantes
analogues aux équations (2)
(4)
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Pour cette équation devrait être remplacée par la suivante
(4 bis)
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qui se réduit encore aux équations (2), quand on y fait
Posons alors
sera une fonction de
Posons pour
et, au contraire, pour
de telle façon que
les équations (4) deviendront, en supposant
d’où
Nous sommes donc conduit à exprimer par la fraction continue
Cette fraction continue est-elle convergente ? Soit sa ième
réduite, nous aurons
(5)
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et, d’autre part,
Je remarque d’abord que, quand croît indéfiniment, tend
vers 0 et que la série
(6)
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est absolument convergente (sauf dans le cas où l’une des quantités
est infinie, c’est-à-dire où est égal à à un entier
près ; ce cas doit être exclu de la discussion qui va suivre). D’ailleurs,
à partir d’un certain rang, tous les termes de cette série
seront positifs.
Je dis maintenant que va tendre vers une limite finie et qu’il
en sera de même de
En effet, et sont définis par les équations de récurrence (5).
Déterminons par les mêmes équations deux quantités
et de telle sorte que
Nous pourrons nous donner arbitrairement deux quelconques des
quantités et aussi deux quelconques des quantités
Considérons dans la série (6) les premiers termes qui suivent
le ième
Soit la somme de ces termes, nous pourrons toujours
prendre assez grand pour que soit positif et plus petit
que 1.
Considérons alors l’équation de récurrence
Cette équation montre que, si l’on a
on aura également
(7)
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Il suffit donc que l’on choisisse et de façon à satisfaire
à l’inégalité (7) pour que tous les termes y satisfassent.
est donc toujours plus grand que et, par conséquent,
positif. De plus, l’équation de récurrence montre que va constamment
en décroissant quand l’indice croît. Donc
tend vers une limite finie et déterminée. Choisissons donc
et et de façon à satisfaire aux inégalités (7) et
de façon que le déterminant
ne soit pas nul.
Alors et tendront vers deux limites finies, déterminées
et différentes de 0, et
Comme et satisfont aux mêmes relations de récurrence
que et et que ces relations sont linéaires, nous aurons
étant des coefficients constants et la limite de notre fraction continue sera
Pour certaines valeurs de et par conséquent, pour
certaines valeurs des coefficients il peut arriver que cette fraction
soit nulle ou infinie ; mais elle ne se présentera jamais sous
la forme indéterminée
Dans le cas où et où, par conséquent,
il n’y a presque rien à changer à ce qui précède. Si, par exemple,
on avait notre fraction continue deviendrait
La limite de notre fraction continue étant une fonction de nous
pouvons l’appeler et écrire
On trouverait de même
ce qui met en évidence la propriété caractéristique de la fonction
à savoir que
Quand on a calculé et il est facile de calculer tous
les rapports et Si alors on avait la valeur de on en
déduirait facilement celle de tous les coefficients Or il est
évident que satisfera à l’équation
ce qui détermine
Pour doit se réduire à et à 0 ; d’où l’équation suivante qui détermine
Une fois déterminé (et cela se fera en général plus aisément
par l’une des méthodes exposées plus haut), on calculerait comme
nous venons de l’expliquer les et les
Méthode de M. Hill.
185.Reprenons les équations (1), (2), (3), (4) et (4 bis) du
numéro précédent ; ces équations sont linéaires et, bien qu’elles
soient en nombre infini, M. Hill a eu la hardiesse de les traiter
par les procédés ordinaires de résolution des équations linéaires
en nombre fini, c’est-à-dire par les déterminants.
Cette hardiesse est-elle justifiée ? C’est ce que j’ai essayé de
faire voir dans une discussion que j’ai publiée dans le Tome XIV
du Bulletin de la Société mathématique de France et dont je
vais rappeler ici les principaux résultats.
Considérons un Tableau à double entrée, indéfini,
(5)
|
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|
Dans ce Tableau les termes de la diagonale principale sont tous
égaux à 1.
Soit le déterminant formé en prenant les premières lignes
et les premières colonnes du Tableau (5). Je dirai que le
Tableau (5) est un déterminant d’ordre infini et que ce déterminant
convergé si tend vers une limite finie et déterminée
quand croît indéfiniment.
Pour nous rendre compte des conditions de convergence d 'un
déterminant, appuyons-nous sur le mode suivant de génération, qui n’est autre que celui qui est connu sous le nom de clefs algébriques.
Soit à développer le déterminant
Développons le produit
puis affectons chacun des termes du produit développé, suivant
les cas, de l’un des coefficients ou nous obtiendrons
ainsi
Il est aisé d’en déduire l’inégalité suivante : formons le produit
on aura
(6)
|
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|
Supposons maintenant qu’on remplace dans le déterminant
un certain nombre d’éléments par zéro, le déterminant deviendra
et deviendra un certain nombre de termes s’annuleront
dans le développement de et les termes correspondants
s’annuleront aussi dans le développement de On aura alors
(7)
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|
Telles sont les deux inégalités très simples qui vont nous servir de
point de départ.
Pour que le déterminant d’ordre infini converge, il suffit que
le produit correspondant, qui s’écrit
(8)
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|
converge lui-même ou, d’après un théorème bien connu, que la
série
converge elle-même.
En effet, soient et les déterminants obtenus en prenant
dans le Tableau (5) les premières, puis les premières
lignes et colonnes. Soient et les valeurs correspondantes
du produit défini plus haut.
Comme dans le Tableau (5) les termes de la diagonale principale
sont égaux à 1, on passera de à en annulant un certain
nombre des éléments de ce déterminant on aura donc
Mais, si le produit (8) converge, le second membre de cette inégalité
tend vers zéro quand et croissent indéfiniment. Il en
est donc de même du premier membre, ce qui prouve que tend
vers une limite finie et déterminée.C.Q.F.D.
Donc, pour que le déterminant converge, il suffit que la série
obtenue en prenant dans ce déterminant tous les éléments qui
n’appartiennent pas à la diagonale principale converge absolument.
Je vais faire voir maintenant que le déterminant converge absolument,
c’est-à-dire qu’on peut modifier l’ordre des colonnes ou
des lignes sans changer la valeur limite du déterminant.
Soient en effet deux Tableaux analogues à (5) et ne différant
que par l’ordre des colonnes et des lignes. Je supposerai toutefois
que, dans l’un comme dans l’autre Tableau, les éléments égaux à 1
occupent la diagonale principale. Soit le déterminant obtenu
en prenant les premières lignes et colonnes du premier Tableau.
Soit le déterminant obtenu en prenant les premières lignes
et colonnes du second Tableau, étant assez grand pour que tous
les éléments de se retrouvent dans Soient et les
produits correspondant à et On passera de à en
annulant dans un certain nombre d’éléments. Je puis donc
écrire
Mais, le produit (8) étant absolument convergent, on aura
On aura donc aussi
C.Q.F.D.
Imaginons maintenant que le Tableau (5) soit indéfini dans les
deux sens, de sorte que les colonnes et les lignes soient numérotées
depuis jusqu’à
Le terme qui appartiendra à la fois à la ligne numérotée et à
la colonne numérotée s’appellera D’ailleurs et pourront
prendre toutes les valeurs entières positives ou négatives, y compris
la valeur zéro.
Nous appellerons le déterminant formé en prenant les
lignes numérotées et les colonnes portant les mêmes
numéros. Le déterminant d’ordre infini convergera si tend
vers une limite finie et déterminée.
Nous supposerons toujours que les termes de la diagonale principale
sont égaux à 1, c’est-à-dire que
Alors, en raisonnant tout à fait comme plus haut, on trouverait
que le déterminant converge absolument pourvu que la série
variant de
à
soit convergente.
Supposons maintenant que dans notre Tableau à double entrée,
c’est-à-dire d’après la définition qui précède, dans notre déterminant
d’ordre infini, on remplace tous les éléments d’une certaine
ligne par une suite de quantités
qui soient toutes plus petites en valeur absolue qu’un certain
nombre positif Je dis que le déterminant restera convergent si
la série
converge.
En effet, prenons, comme il a été dit plus haut, lignes
et colonnes dans le Tableau à double entrée, de façon à
former le déterminant Supposons que l’on fasse la somme des
valeurs absolues des éléments de chaque ligne, en exceptant la
ligne dont les éléments ont été remplacés par des quantités
Faisons ensuite le produit des sommes ainsi obtenues. Un
terme quelconque du déterminant sera un terme du produit multiplié par une des quantités ou par cette quantité changée
de signe. Donc, d’après l’hypothèse
on devra avoir
Si l’on annule quelques-uns des éléments de ce déterminant
devient et le produit devient Quelques-uns des termes
du produit s’annulent et les termes correspondants de
s’annulent également. On a donc
Observons maintenant que, pour passer du déterminant
au déterminant il suffit d’y annuler certains éléments ; nous
trouverons
et nous en déduirons, comme précédemment, que tend vers
une limite finie et déterminée, pourvu qu’il en soit ainsi de
et c’est précisément ce qui arrive quand la série
converge.
186.Appliquons ces principes au cas particulier qui a été traité
par M. Hill dans son Mémoire sur le mouvement du périgée de la
Lune (Acta math., t. VIII).
Reprenons les équations (2) du no 184
(2)
|
|
|
Nous avons une infinité d’équations linéaires à une infinité
d’inconnues. Pour avoir le droit de les traiter d’après les règles
ordinaires du calcul et de calculer leur déterminant je veux
d’abord que la diagonale principale ait tous ses éléments égaux
à 1 et j’écris, par conséquent, cette équation sous la forme
(2 bis)
|
|
|
On aura donc, en appelant encore l’élément du déterminant
qui appartient à la ligne numérotée et à la colonne numérotée
Pour que le déterminant converge, il suffit donc que la série
converge, condition qui est évidemment remplie.
Ce déterminant est évidemment une fonction de que j’appellerai
avec M. Hill
Alors sera déterminé par l’équation
(3)
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|
sur laquelle nous allons revenir.
Supposons ensuite que dans ce déterminant nous remplacions
les éléments de la ligne numérotée zéro par des indéterminées
que nous remplacions par conséquent
respectivement par
D’après ce qui précède, le déterminant ainsi obtenu convergera
encore pourvu que les quantités soient plus petites qu’un
nombre donné Il sera une fonction linéaire des et pourra
s’écrire
On obtiendra d’ailleurs évidemment en donnant à la
valeur 1 et aux autres indéterminées la valeur zéro.
Je dis que les quantités ainsi définies, satisfont aux équations (2).
Si nous donnons, en effet, à la valeur c’est-à-dire
la valeur
ou
selon que
ou que
notre déterminant deviendra
et il devra être nul, car il y a deux lignes identiques ; l’équation (2 bis)
sera donc satisfaite.
Il y a exception pour car le déterminant n’a plus alors
deux lignes identiques ; mais il est encore nul, parce qu’il se réduit
alors à qui est nul en vertu de l’équation (3).
Enfin la série
converge ; car on l’obtient en faisant dans
et la valeur absolue de est alors limitée, ce qui est, comme nous
l’avons vu, une condition suffisante de la convergence de Δ.
Application du théorème de M. Hadamard.
187.Il nous reste à étudier l’équation
(3)
|
|
|
Pour cela, il nous faut d’abord définir le déterminant que
M. Hill appelle
Pour cela, reprenons notre déterminant et multiplions la
ligne numérotée zéro par
et la ligne numérotée par
Je dis que le déterminant ainsi obtenu, sera encore convergent ;
et, en effet, si nous nous rappelons la définition donnée
plus haut de la limite d’un déterminant indéfini dans les deux sens,
nous verrons que
étant la limite vers laquelle tend le produit des facteurs
où quand croît indéfiniment : est
donc la limite du produit infini
lequel est évidemment convergent. Donc converge.
Appelons celui des éléments de ce déterminant qui appartient
à la ligne numérotée et à la colonne numérotée Nous
aurons
Nous allons remplacer dans par et étudier les propriétés
de la fonction ainsi définie.
Je dis d’abord que c’est une fonction entière.
En effet, on aura évidemment, en remplaçant par
Par conséquent, d’après l’inégalité (6) du no 185, on aura
(4)
|
|
|
Or, en posant, pour abréger, et associant les facteurs
du produit qui correspondent à des valeurs de égales et
de signe contraire, ce produit infini peut s’écrire
et il est évidemment convergent et toujours fini. Donc il en est de
même de
Dans cette démonstration j’ai supposé réel ; mais, si était
imaginaire, il n’y aurait rien d’essentiel à y changer ; il suffirait
d’écrire
au lieu de
Donc est encore fini quelle que soit la valeur imaginaire
de c’est donc une fonction entière.
Si l’on voulait démontrer par le menu que jouit des autres
caractères d’une fonction entière, c’est-à-dire qu’elle est continue
et a une dérivée, il suffirait d’observer que le déterminant dont
la limite est converge uniformément.
Appelons, en effet, le déterminant formé en prenant
dans les lignes et les colonnes numérotées
de à On aura
Soit alors dans le plan des un contour fermé quelconque ;
soit un point de ce contour et un point intérieur à ce contour.
Comme est un polynôme entier, on aura évidemment
l’intégrale étant prise bien entendu le long du contour C. La fonction
sera évidemment une fonction holomorphe de je dis que
est égal à
En effet, comme il résulte des démonstrations précédentes que
la convergence de est uniforme, nous pourrons prendre
assez grand pour que l’on ait au point et sur tout le contour
et, par conséquent,
étant la longueur du contour divisée par le minimum de
Ainsi les différences et peuvent
être rendues aussi petites qu’on le veut, ce qui ne peut avoir
lieu que si
C. Q. F. D.
Donc est holomorphe.
Je dis maintenant que est périodique.
Désignons, en effet, par le déterminant fini obtenu en
prenant dans les lignes et les colonnes numérotées
de à et par le déterminant obtenu en
prenant dans les lignes et les colonnes correspondantes.
La démonstration de la convergence d’un déterminant indéfini
dans les deux sens a été donnée au no 185, quand la diagonale
principale a tous ses éléments égaux à 1. Elle ne suppose pas que
l’on s’astreigne à prendre autant de lignes dont les numéros sont
négatifs que de lignes dont les numéros sont positifs. On aura
donc
pour
D’autre part, il est clair que
où est le produit des facteurs
(5)
|
|
|
où prend les valeurs et
On aura d’ailleurs, ce qui se voit immédiatement en comparant
les déterminants,
Nous allons faire tendre vers l’infini, le premier membre tendra
vers quant au second membre, il tendra vers
Nous avons trouvé plus haut
étant le produit des facteurs (5) où l’on donne à les valeurs
On aura donc
d’où
d’où enfin
C.Q.F.D.
De plus, on a
et, par conséquent,
Poursuivant l’étude de la fonction entière je me propose
de démontrer qu’elle est de genre zéro, quand on la regarde
comme fonction de On sait qu’une fonction entière est dite
de genre zéro quand elle peut se développer en un produit infini
de la forme
Plus généralement on dit qu’une fonction entière est de genre
lorsqu’elle est développable en un produit d’un nombre infini de facteurs primaires de la forme
étant un polynôme d’ordre en
Pour démontrer ce point capital, je dois faire usage de certaines
inégalités que je vais d’abord établir.
Cherchons une limite supérieure de
Comme la fonction est périodique de période 2, j’e pourrai toujours
supposer que est compris entre et On aura alors
et, par conséquent, en posant comme plus haut,
il viendra en faisant usage de notre inégalité fondamentale
(α)
|
|
|
Le second membre de cette inégalité est une fonction de que
je désignerai par
Posons pour un instant et considérons la fonction
Il est aisé de voir qu’elle est de genre 1.
En effet, la fonction est de genre 0 et peut se mettre sous
la forme
Je représente par les racines de l’équation d’où
ou
On vérifierait sans peine que les trois produits du second membre
sont absolument convergents.
J’ai démontré dans le Bulletin de la Société mathématique de France
que, si une fonction est de genre 1, on aura
si tend vers l’infini avec un argument déterminé et de telle
sorte que tende vers zéro.
Si donc et sont réels positifs, on aura
Quand on fera varier de à le premier membre tendra
vers sa limite uniformément, d’où cette conséquence ; on pourra
trouver deux nombres positifs et tels que
en faisant et remarquant que
il viendra
Considérons maintenant le développement de
il viendra
l’intégrale étant prise le long d’un cercle de rayon quelconque
ayant pour centre l’origine.
On en conclut
et cela quel que soit Or le minimum de
est
d’où
Nous observerons que, la fonction étant paire, les coefficients
sont nuls.
Je me propose de démontrer que considéré comme fonction
de est de genre zéro. En vertu d’un théorème de M. Hadamard
(Cf. Comptes rendus, t. CXV, p. 1121), il suffit pour cela d’établir
que
étant plus grand que 1.
Or il vient
Si l’on remplace par sa valeur approchée, le second
membre devient
Il s’agit de démontrer que, pour une valeur de cette
expression reste limitée. Or, si
elle tend vers zéro, quand croît indéfiniment.
Il suffira donc de prendre
Il résulte de là que la fonction peut se développer en un
produit de la forme
[5]
|
|
|
Il reste donc à connaître les zéros de la fonction d’après la nature même de la question, ces zéros seront
étant un entier. En effet, c’est pour ces valeurs, et pour elles
seulement, que les équations (2) et (2 bis) du no 186 et par conséquent
l’équation (3) du no 186 pourront être satisfaites.
Les zéros de sont donc les mêmes que ceux de
comme ces deux fonctions sont toutes deux développables en produits
infinis de la forme (5) et que les facteurs de ces deux produits,
sauf la constante sont les mêmes, les deux fonctions ne pourront
différer que par un facteur constant et l’on aura
(6)
|
|
|
Mais n’est pas seulement fonction de c’est une fonction
entière de et de et l’on démontrerait absolument de la même
manière que c’est une fonction de genre zéro tant par rapport à
que par rapport à
Il y a plus ; soit, par exemple,
on aura
On peut démontrer, absolument de la même manière que plus
haut, que
si est compris entre 1 et 3/2. Comme cette inégalité doit avoir lieu
quel que soit devra satisfaire à une inégalité de même forme,
de sorte que sera une fonction de genre zéro par rapport à et
l’on verrait de la même façon que c’est une fonction de genre zéro
par rapport à
Mais ne peut jamais s’annuler ; car ne s’annule jamais
identiquement (je veux dire quel que soit ). Or une fonction de
genre zéro qui ne s’annule pas se réduit à une constante.
Donc est indépendant à la fois de et de
Écrivons l’égalité (6) pour mettre en évidence la valeur de
sous la forme
Pour est égal à il vient donc
d’où, en divisant et faisant
ou enfin
(7)
|
|
|
car
c’est de l’égalité (7) que M. Hill a tiré la valeur de
Grâce aux considérations qui précèdent, la légitimité de sa
méthode est désormais rigoureusement établie.
Remarques diverses.
188.Dans le cas particulier que nous traitons, on pourrait
arriver à quelques-uns de ces résultats sans avoir recours au théorème
de M. Hadamard.
En effet, observons d’abord que, quand même et sont imaginaires,
l’égalité fondamentale (α) subsiste encore, pourvu que
Si nous nous rappelons alors le développement connu
nous en déduirons
d’où
L’inégalité (α) est vraie quels que soient et pourvu que
et soient réels.
Nous savons maintenant que le rapport
tend vers 1/2 quand croît indéfiniment par valeurs réelles. Il
résulte de là qu’on peut trouver une constante numérique
telle que
on en déduit
d’où
Considérons maintenant le rapport
Le numérateur s’annule toutes les fois que le dénominateur s’annule,
et il en résulte que ce rapport est une fonction entière, tant
en qu’en et en
Comme ce rapport est une fonction périodique de nous
pouvons toujours supposer que la partie réelle de reste comprise
entre et faisons donc tendre la partie imaginaire
vers l’infini et voyons comment se comporte notre rapport
Le premier facteur du second membre reste inférieur en valeur
absolue à le second facteur tend vers 1/2 : notre rapport reste
donc fini. C’est donc une fonction entière de qui reste constamment
inférieure à une certaine limite ; cette fonction doit donc
d’après un théorème connu se réduire à une constante indépendante
de
Il faut toujours avoir recours au théorème de
M. Hadamard pour
démontrer qu’elle est en outre indépendante de et de
Extension des résultats précédents.
189.Toutes ces méthodes, sauf celle de M. Gyldén, s’appliquent
à toute équation de la forme
(1)
|
|
|
où est une fonction périodique de développable par conséquent
en série trigonométrique.
Il n’y aurait à faire que des changements de détail que le lecteur
pourra faire sans peine s’il veut traiter de cette manière une
équation de la forme (1). La plupart des résultats sont encore
vrais ; quelques-uns cependant ne le sont que si la fonction est
paire.
M. Gyldén, voulant rendre son procédé applicable à l’équation (1),
a imaginé une méthode ingénieuse de tâtonnement sur
laquelle je ne juge pas utile d’insister, car il n’a eu que rarement
l’occasion d’en faire usage.
Supposons maintenant que la fonction φ(t) ne soit pas périodique,
mais soit de la forme
étant un coefficient numérique très petit, et étant la somme
de termes de la forme
de sorte que
Les les et les sont des constantes ; mais les
ne sont pas commensurables entre eux, sans quoi la fonction serait périodique.
Dans ce cas, les procédés précédents sont encore applicables,
mais les séries auxquelles on parvient ainsi, et qu’on peut ordonner suivant les puissances de ne sont plus convergentes, de sorte
que ces procédés n’ont plus d’autre valeur que celle que peut posséder,
d’après le Chapitre VIII, toute méthode de calcul formel.
Nous pourrons donc satisfaire formellement à l’équation (1), en faisant
(2)
|
|
|
Dans cette formule, et sont des séries ordonnées suivant
les puissances de et dont les coefficients sont des constantes.
Les sont des combinaisons linéaires à coefficients
entiers des de sorte que
et les sommations doivent être étendues à toutes les combinaisons
des valeurs entières des
La divergence de la série (2) pourra causer quelque étonnement.
Supposons, en effet, que les sont de la forme
les et les étant des entiers et une constante qui est la
même pour tous les
Faisons varier en conservant à aux aux aux et
aux des valeurs invariables.
Pour toutes les valeurs commensurables de les seront
commensurables entre eux et la fonction sera périodique. Nous
savons alors, par le no 29, que l’équation (1) admet une solution de
la forme (2) et de plus que cette solution n’est pas purement formelle
et que les séries sont convergentes.
Comme, dans tout intervalle, il y a une infinité de nombres
commensurables, on s’étonnera que les séries auxquelles on parvient,
quand varie dans un intervalle si petit qu’il soit, puissent
être ainsi une infinité de fois convergentes et une infinité de fois
divergentes.
On comprendra mieux ce fait paradoxal si l’on étudie l’exemple
simple qui va suivre.
Soit l’équation du premier ordre
(3)
|
|
|
Je supposerai que est une série de la forme
Les et les prennent toutes les valeurs entières possibles,
est une constante, les sont des coefficients constants, et
est un paramètre très petit, par rapport aux puissances duquel
nous développerons.
L’intégration donne alors
(4)
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Cette solution doit être modifiée quand est commensurable ; soit
en effet et étant premiers entre eux, sera
nul quand on aura
étant entier.
Il viendra alors
(5)
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où sous le signe on ne donne à et à que les valeurs qui
n’annulent pas et où
Si dans les formules (4) et (5) on passe des logarithmes aux
nombres, on trouvera dans un cas comme dans l’autre
étant une série ordonnée suivant les puissances de et dont les coefficients sont formés d’un nombre fini de termes en
ou
Seulement il y a entre les deux cas deux différences :
1o Si est commensurable, la série est convergente ; si au
contraire est incommensurable, la série pourra être divergente
et la solution deviendra purement formelle.
2o La valeur de l’exposant n’est pas la même dans les deux
cas. Si est incommensurable, est égal à si est commensurable,
est égal à Donc n’est pas une fonction continue de
Il doit en être de même de dans le cas de l’équation (1) et
c’est ce qui nous explique pourquoi dans ce genre de questions il
n’est pas permis de raisonner par continuité.