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Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.18

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Gauthier-Villars et Fils (2p. 281-314).

CHAPITRE XVIII.

CAS DES ÉQUATIONS NON LINÉAIRES.


Équations à second membre.

190.Nous avons vu au no 177 que l’équation (6 b) du no 169 pouvait, par un changement convenable de variables, être ramenée à la forme

(1)

Dans cette expression, est une fonction connue de et cette expression est une somme de termes de la forme

 ou 

Dans le Chapitre précédent, nous avons appris à intégrer l’équation sans second membre, c’est-à-dire l’équation (1) où l’on a fait et nous savons, d’autre part, que l’intégration d’une équation linéaire à second membre peut toujours se ramener à celle de l’équation privée de second membre.

La question est donc résolue ; nous avons même au no 184 envisagé l’équation (1) en y faisant

et nous avons vu qu’on y pouvait satisfaire en y faisant

(2)

et que les étaient définis par les relations (4) et (4 bis) du no 184.

De même, si nous faisons

on satisfera à l’équation (1) en faisant

(2 bis )

pourvu que les soient encore définis par les relations (4) et (4 bis).

Il est clair alors que, si est une somme de termes de la forme et on aura une solution particulière de l’équation (1) qui sera une somme de termes de la forme

 ou 

et l’on obtiendra la solution générale en ajoutant à cette solution particulière la solution générale de l’équation sans second membre.

Il y aurait exception dans le cas où l’un des coefficients définis par les équations (4) et (4 bis) du no 184, serait infini ; c’est ce qui arrive, comme il est aisé de le voir, si λ est égal à étant un entier.

Dans ce cas, on peut toujours intégrer l’équation (1), mais le temps sort des signes sinus et cosinus, de sorte que la solution ne conserve pas sa forme purement trigonométrique.

Si l’on suppose, par exemple,

la solution générale sera de la forme

Ainsi la condition nécessaire et suffisante pour que la solution conserve sa forme trigonométrique, c’est qu’aucun des correspondant aux divers termes de ne soit égal à

Si maintenant sans être rigoureusement égal à était très voisin de l’un des sans être infini, deviendrait très grand.

Cela n’aurait pas d’inconvénient si l’équation (1), c’est-à-dire l’équation (6 b) du no 169, était rigoureusement exacte ; mais il n’en est pas ainsi : elle n’est qu’approchée, ainsi que nous l’avons vu au Chapitre XVI, et, pour qu’elle soit suffisamment approchée, Il faut que que nous appelons ici reste toujours très petit.

Si donc l’un des coefficients était très grand, ne resterait pas très petit ; les termes négligés pourraient devenir assez grands pour que la méthode d’approximation devînt illusoire.

On doit donc éviter qu’à aucun moment, dans la suite des approximations, on ne voie apparaître dans le second membre de (1) des termes dont l’argument soit très peu différent de

Considérons d’une manière plus générale l’équation

(5)

et sont des fonctions de développables en séries trigonométriques.

Soit ou un terme de soit ou un terme de

Considérons l’équation sans second membre

Soient et deux solutions indépendantes de cette équation, et leurs dérivées par rapport à on aura

étant une constante que nous pourrons toujours supposer égale à 1.

La solution générale de l’équation à second membre sera alors

(6)

D’après le no 188, et sont une somme de termes de la forme

étant une constante, qui est la même pour tous les termes, et étant une combinaison linéaire à coefficients entiers des coefficients

Quelle est maintenant la condition pour que l’expression (6) conserve sa forme trigonométrique ? Il suffit que, et supposés développés en séries trigonométriques, il n’y ait pas de terme tout connu ;

Ou bien encore que le développement de ou de ne contienne pas de terme ayant même argument que l’un des termes de

Ou enfin que étant l’un quelconque des arguments des termes de ne soit pas une combinaison linéaire des à coefficients entiers.

Si, en particulier, la fonction est périodique de façon que

étant entier, le rapport ne devra pas être entier.

Si est une fonction périodique de deux arguments et de telle façon que

et étant entiers, on ne devra pas avoir de relations de la forme

Ces conditions sont suffisantes, mais elles ne sont pas nécessaires ; si, en effet, un terme de et un terme de ont même argument, leur produit donnera dans le développement de un terme tout connu. Nous obtiendrons donc ainsi autant de termes tout connus dans le produit qu’il y a dans les deux facteurs de couples de termes ayant même argument. Mais il peut se faire que ces termes se détruisent mutuellement.

La condition nécessaire et suffisante est donc que le terme tout connu de et celui de soient nuls.

Équation de l’évection.

191.Appliquons les considérations qui précèdent à l’intégration par approximations successives de l’équation

(1)

est un coefficient très petit, est une fonction connue de et de dont les termes sont tous de la forme

est un entier, et sont des constantes quelconques.

Je vais écrire cette équation sous la forme

(2)

et étant des constantes très petites dont je me réserve de déterminer plus loin la valeur en la modifiant à chaque approximation.

Comme première approximation je ferai

J’obtiendrai ainsi une équation de même forme que l’équation (1) du numéro précédent et elle me donnera une première valeur approchée de que j’appellerai je désignerai par la valeur correspondante du nombre

La fonction conservera sa forme trigonométrique et ne contiendra pas de terme séculaire, parce qu’en général aucune des différences ne sera entière.

Pour la seconde approximation il faut faire

Mais si l’on conservait à et à la valeur zéro, les développements de et de contiendraient des termes tout connus et le temps sortirait, d’après ce que nous avons vu plus haut, des signes trigonométriques.

Il convient donc d’attribuer à et à de nouvelles valeurs et que nous choisirons de telle sorte que l’intégrale générale de l’équation

(2 bis)

ne contienne pas de termes séculaires. Nous savons quelle est la condition nécessaire et suffisante pour qu’il en soit ainsi. Soient et deux intégrales indépendantes de l’équation

Il faut que les développements de et de ne contienne pas de terme tout connu. Il est clair que l’on peut toujours disposer de et de pour qu’il en soit ainsi.

Cela posé, envisageons l’équation

Soient et deux intégrales de cette équation et la valeur correspondante du nombre et seront alors développés suivant les cosinus et les sinus de étant un entier.

Observons maintenant que contient des termes de deux sortes. Ceux de la première sorte dépendent des sinus et des cosinus de

ceux de la seconde sorte dépendent des sinus et des cosinus de

étant un des arguments dont dépend

Soit alors ce que devient quand on y remplace par dans les termes de la première sorte ; et soit ce que devient quand on y remplace par

Au lieu de l’équation

qu’il pourrait paraître naturel d’envisager, puisqu’elle s’obtient en faisant dans les deux membres de (2)

et dans le second membre

au lieu de cette équation, dis-je, nous envisagerons la suivante

(3)

En effet diffère très peu de de sorte que la différence est bien de l’ordre des termes que nous négligeons. Considérons une solution quelconque de cette équation (3). Comme et diffèrent peu de et et de les termes tout connus de

et

différeront peu de ceux de

et

qui sont nuls ; ils seront donc très petits ; donc, dans la solution envisagée de l’équation (3), les termes séculaires seront très petits et nous pourrons les négliger ; j’appellerai alors non pas la solution de l’équation (3) elle-même, mais ce que devient cette solution quand on en a retranché ces termes séculaires.

Soit alors

Nous déterminerons β₂ et γ₃ de telle façon que les termes tout connus de

et

soient nuls.

Formons maintenant l’équation

Soient et deux solutions de cette équation et la valeur correspondante de

Soit ce que devient quand on y remplace par c’est-à-dire que est déduit de comme de Soit ce que devient quand on y remplace par

Envisageons l’équation

(4)

et soit ce que devient une des solutions de cette équation quand on en retranche les termes séculaires, de telle sorte que se déduise d’une solution de (4) par la même loi que d’une solution de (3).

Il est aisé de voir en effet que ces termes séculaires sont du même ordre que ceux que nous avons négligés dans cette troisième approximation.

Ayant ainsi défini on procéderait d’après la même règle aux approximations suivantes.

Il me reste quelques observations à faire.

Pour former l’équation (3), nous avons remplacé plus haut dans et dans le coefficient par c’est-à-dire que nous avons remplacé et par et et de même aux approximations suivantes.

Si nous ne l’avions pas fait, nous aurions introduit un beaucoup plus grand nombre d’arguments qu’il n’est nécessaire, ce qui aurait été un très grave inconvénient.

Mais en revanche il semble d’abord que nous aurions ainsi évité complètement les termes séculaires ; en effet, contiendrait des termes d’argument et des termes d’argument de sorte que les produits ne contiendraient plus de termes tous connus, mais seulement des termes en

Mais ce serait là une illusion ; car, la différence étant très petite, ces termes sont à très longue période ; l’intégration introduirait de très petits diviseurs et la convergence des approximations deviendrait illusoire.

D’autre part, il semble que le succès de la méthode tient à la circonstance suivante. À chaque approximation nous avons deux conditions à remplir, puisque nous devons annuler les termes tout connus de

et nous disposons précisément de deux arbitraires et

On pourrait être tenté de croire que c’est pour cela que M. Gyldén a fait passer dans le premier membre le terme

malgré la petitesse du coefficient et qu’il a simplement voulu avoir deux termes dans le premier membre afin de disposer de deux coefficients indéterminés.

Ce serait là une erreur.

Les principes du Chapitre IX nous montrent en effet que, quand même et seraient nuls, on pourrait poursuivre les approximations sans introduire de termes séculaires ; nous aurions, il est vrai, deux conditions à remplir, mais quand nous aurions disposé du seul coefficient arbitraire qui nous reste de façon à satisfaire à la première de ces conditions, la seconde, ainsi que nous l’avons vu au no 127, serait remplie d’elle-même.

On le comprendra mieux d’ailleurs, quand j’aurai modifié la méthode d’approximations successives du présent numéro de façon à lui donner la forme suivante.

192.Soit la valeur de obtenue dans la ième approximation par la méthode du numéro précédent ; ce sera une somme de termes dépendant du sinus ou du cosinus d’angles tels que le suivant

sont des entiers ; est la ième valeur approchée du nombre sont les arguments des divers termes de

Posons il viendra

Alors pourra être considérée comme une fonction de deux variables et de plus, cette fonction sera développable suivant les puissances du petit paramètre qui entre dans le second membre de (1) ; de même, sera développable suivant les puissances de

Ainsi le problème dont nous nous sommes occupés au numéro précédent peut s’énoncer comme il suit. Nous avons cherché à satisfaire formellement à l’équation (1) en y remplaçant par une série développable suivant les puissances de et suivant les cosinus et les sinus des multiples de

La variable auxiliaire doit elle-même être égale à le nombre étant développable suivant les puissances de

On peut donner la solution de ce problème sous une forme plus satisfaisante pour l’esprit en dirigeant les approximations comme je vais le faire.

Si nous mettons en évidence ce fait que dépend de de deux manières, d’abord directement, puis parce que est aussi fonction de et fonction de l’équation (1) s’écrira

(5)

Comme doit être développé suivant les puissances de nous écrirons

(6)

et de même pour

(7)

( n’a donc plus le même sens que dans le numéro précédent).

Substituons les développements (6) et (7) dans l’équation aux dérivées partielles (5). Les deux membres de cette équation sont alors développés suivant les puissances de Égalons dans les deux membres de (5) les termes indépendants de puis les coefficients de puis ceux de nous obtiendrons une série d’équations que j’appellerai de telle façon que l’équation s’obtienne en égalant les coefficients de

L’équation devra servir à déterminer et l’équation à déterminer et et enfin l’équation à déterminer et

Pour écrire plus facilement nos équations, nous conviendrons, comme dans le Chapitre XV, de représenter par toute fonction connue.

Alors s’écrit

De même, s’écrit (en se souvenant que et sont supposés avoir été préalablement déterminés à l’aide de )

et, en général, s’écrira

L’équation est facile à intégrer ; elle se ramène en effet à l’équation (1) du no 190 qui a fait l’objet du Chapitre précédent. Nous aurons une intégrale en faisant

les coefficients étant les mêmes que dans le no 178 et étant égal au nombre que nous avons appelé dans le Chapitre XVII.

Nous en aurons une encore en faisant

Si donc nous posons

et si et si sont des constantes arbitraires, nous aurons encore une intégrale en faisant

C’est la seule d’ailleurs qui soit périodique en et en

Passons à l’équation  ; si était connu, on pourrait l’écrire

(8)

Comment intégrerions-nous alors l’équation (8) ?

Posons

Le déterminant sera une constante que nous pourrons toujours supposer égale à 1, puisque les rapports des coefficients sont seuls déterminés et que l’on peut choisir arbitrairement

Appliquons maintenant la méthode de la variation des constantes. Si nous désignons par et non plus deux constantes, mais deux fonctions de et de nous pourrons définir ces deux fonctions par les équations

Si nous posons, pour abréger,

l’équation (8) pourra alors être remplacée par les deux suivantes

d’où

(9)

Ces équations (9) sont faciles à intégrer.

Prenons, par exemple, la deuxième de ces équations (9) ; sera développable en une série de la forme

(10)

les et les sont des constantes, est un entier ; est une combinaison linéaire à coefficients entiers de et des j’ai mis en évidence le terme tout connu

L’équation

nous donne alors

étant une fonction arbitraire de

Si nous voulons que soit développable en série trigonométrique, de même forme que la série (10), il faut :

1o Que cette fonction soit nulle (car je ne suppose pas que l’on ait de relation de la forme ). Nous prendrons donc

2o Que soit nul.

Pour que nous puissions résoudre le problème que nous nous sommes proposé, il faut donc remplir deux conditions :

Le terme tout connu de de même que celui de devra être nul.

Nous choisirons de façon à satisfaire à l’une de ces conditions et l’autre devra être remplie d’elle-même, à moins que le problème proposé ne soit impossible.

On se servirait de même de l’équation pour déterminer et pour que conserve la forme trigonométrique, il faut deux conditions ; on satisfera à l’une en choisissant convenablement et la seconde devra être remplie d’elle-même.

Ainsi :

Ou bien le problème proposé est impossible ;

Ou bien nos conditions doivent être remplies d’elles-mêmes.

193.Pour démontrer que ces conditions sont effectivement remplies d’elles-mêmes, il me reste à établir la possibilité du problème. C’est ainsi que la méthode du no 127 n’aurait pas été légitime si je n’avais démontré préalablement au no 125 la possibilité du développement.

Considérons un système d’équations canoniques

(1)

Je suppose que est développable suivant les puissances d’un paramètre sous la forme

mais je ne suppose plus, comme au no 125, que soit indépendant des

Je suppose que soit périodique de période par rapport aux

Je suppose, enfin, que l’on ait su intégrer les équations

(2)

et que la solution satisfasse aux conditions suivantes :

1o Les variables et seront des fonctions de constantes d’intégration

et de arguments

2o Ces arguments seront eux-mêmes des fonctions du temps, de sorte que l’on aura

les seront des constantes qui dépendront des premières constantes d’intégration les seront nouvelles constantes d’intégration.

3o Les et les seront des fonctions périodiques des , de période

4o L’expression

sera une différentielle exacte.

On aura évidemment

(3)

c’est-à-dire que ne dépendra que des constantes d’intégration

On se rappelle le théorème du no 4, qui pourrait d’ailleurs s’énoncer ainsi.

Quand on fait un changement de variables, en passant d’un système de variables conjuguées à un autre système de variables conjuguées la condition pour que la forme canonique ne soit pas altérée, c’est que l’expression

soit une différentielle exacte.

Il en résulte que, si dans le cas qui nous occupe, nous prenons pour variables nouvelles et les équations (1) conserveront leur forme canonique et deviendront

(5)

Il est évident :

1o Que sera périodique par rapport aux

2o Que ne dépendra que des à cause de l’équation (3).

Les équations (5) satisfont donc aux conditions des nos 125 et 127 et il en résulte qu’on pourra y satisfaire formellement de la manière suivante :

Les et les seront développables suivant les puissances de sous la forme

Les et les seront des fonctions de constantes d’intégrations et de arguments

les étant des constantes développables suivant les puissances de et les des constantes arbitraires.

Les et les seront périodiques par rapport aux à l’exception de qui se réduira à j’ajoute que est une constante.

Nous n’avons plus qu’à substituer ces valeurs de et dans les équations qui donnent les variables anciennes en fonctions de ces variables nouvelles et et nous verrons ainsi qu’on peut satisfaire formellement aux équations (5) de la façon suivante :

Les et les seront développables suivant les puissances de sous la forme

Les et les seront périodiques par rapport aux à l’exception de mais sera périodique ; il n’arrivera pas toutefois que se réduira à une constante et à

194.Appliquons ces principes à l’équation (1) du no 191, que j’écrirai ainsi en lui donnant un nouveau numéro Cherchons à la ramener à la forme canonique.

(6)

Cherchons à la ramener à la forme canonique.

Soit une fonction de et de telle que

sera, comme développable suivant les puissances de et suivant les sinus et les cosinus des multiples de

Posons pour plus de symétrie

Posons ensuite

et supposons que dans dans et dans le terme on ait remplacé partout par de telle façon que les deux membres de (6) deviennent des fonctions de de et des périodiques de période par rapport aux

Introduisons variables auxiliaires

et posons

Nous pourrons remplacer l’équation (6) par le système d’équations canoniques

(7)

Si nous posons ensuite (Cf. no 181)

l’expression

sera une différentielle exacte ; la forme canonique des équations ne sera donc pas altérée si nous prenons pour variables

sera d’ailleurs périodique par rapport à et il viendra

C’est le petit paramètre qui joue ici le rôle de et l’on voit que est développé suivant les puissances de

Si nous faisons se réduira à

Nous pourrons trouver une fonction dépendant de constantes arbitraires qui satisfasse à l’équation

(8)

C’est, avec quelques différences de notations, l’équation du no 181 ; nous avons vu, dans ce no 181, qu’en regardant comme un coefficient très petit analogue au paramètre du no 125, on peut appliquer à cette équation les méthodes de ce no 125. La fonction est une fonction de et seulement périodique en et (Cf. no 181) ; on n’a pour s’en convaincre qu’à appliquer à l’équation (8) la méthode du no 125 en faisant jouer à le rôle de

Il résulte de là que l’on peut satisfaire aux équations

(9)

en faisant, comme au no 3,

et, d autre part,

et sont des constantes, la seconde arbitraire.

Nous aurons simplement

et

pour

Nous aurons également

Quant à il sera égal à

de sorte que le coefficient ne sera autre chose que le nombre changé de signe.

Il est aisé de trouver la fonction ou bien encore l’expression des et des en fonctions des on les trouvera sans peine, en effet, quand on connaîtra le nombre et les coefficients déterminés au Chapitre précédent.

J’observerai seulement que, d’après la définition même des variables nouvelles et l’expression

et par conséquent la suivante

seront des différentielles exactes.

D’autre part, les et les seront des fonctions périodiques des

Enfin il viendra

Si donc nous prenons pour variables nouvelles les et les la forme canonique des équations (7) ne sera pas altérée et elles pourront s’écrire

(10)

D’ailleurs sera périodique par rapport aux et, pour ne dépendra que des

Nous serons donc dans les conditions des nos 125 et 127 et nous pourrons conclure que les et les et par conséquent les et les pourront s’exprimer formellement en fonctions de de constantes arbitraires et de variables de telle façon que les fonctions soient développables suivant les puissances de et périodiques par rapport aux ils seront de la forme

les étant de nouvelles constantes d’intégration, et les des constantes développables suivant les puissances de

Il est d’ailleurs aisé de voir que, dans le cas particulier qui nous occupe, on a pour



Pour satisfaire non seulement aux équations (7), mais à l’équation (6) d’où nous les avons déduites, il faut prendre



Il résulte de tout cela que le problème que nous nous sommes proposé au numéro précédent est possible, et par conséquent que les conditions dont nous avons parlé à la fin de ce numéro doivent être remplies d’elles-mêmes.

195. Comme cela doit avoir lieu quel que soit et même pour et que ce fait n’a pu échapper à M. Gyldén, ce n’est pas pour éviter les termes séculaires que cet astronome a fait passer dans ce premier membre le terme en bien que ce coefficient soit très petit : c’est pour une autre raison dont je vais chercher à rendre compte.

Si l’on se reporte au Chapitre précédent, on verra que les coefficients deviennent infinis quand le nombre est entier ; ils sont donc très grands quand le nombre est voisin d’un entier ou encore, puisque diffère peu de quand le nombre est voisin d’un entier.

Si donc, écrivant l’équation du Chapitre précédent sous la forme

on eût appliqué les procédés du no 127 en faisant jouer à le rôle de la convergence aurait été très lente dans le cas où serait voisin d’un entier.

Considérons maintenant l’équation

(1)

Soit

ou

un terme quelconque de sera un entier positif ou nul. Si ce terme sera indépendant de et pourra rester sans inconvénient dans le second membre ; si le terme contiendra en facteur qui sera généralement très petit et ne pourra avoir beaucoup d’influence.

Reste le cas où

D’après ce que nous venons de voir, on peut appliquer les procédés du no 127 à l’équation

(2)

et, si l’on fait jouer à le rôle de la convergence sera lente ou rapide suivant que sera ou ne sera pas voisin d’un entier. Elle sera lente surtout si est voisin de 1 ; et, en effet, d’après ce que nous avons vu au no 179, l’expression de contient en dénominateur

Il en résulte que la fonction développée comme dans ce no 179 suivant les puissances de contient des termes en

La fonction qui satisfait à l’équation

(3)

est donc très grande si est voisin de 1. Or l’équation (2) se ramène à l’équation (3) en y changeant en en en

L’intégrale de (2) pourra donc devenir grande et sa convergence sera lente si est voisin de 1, ainsi que je viens de l’énoncer.

Si donc, dans le second membre de (1), il y a un terme tel que y entre en facteur à la première puissance, et si son argument est tel que est voisin de 1, on augmentera beaucoup la rapidité de la convergence en faisant passer ce terme dans le premier membre.

Voyons si ce cas se présente dans l’application de la méthode de M. Gyldén au Problème des trois Corps.

Reprenons l’équation (6 bis) du no 169

(6 bis)

Les termes de sont de l’ordre de grandeur des forces perturbatrices ; ils dépendent de et nous pouvons supposer qu’on en ait fait disparaître et par les procédés des nos 170 à 172 ou par des procédés analogues, qu’on ait remplacé en fonction de

Alors ne dépendra plus que de et de et ses termes seront de la forme

Quant à il sera égal à

et étant des entiers et le rapport des moyens mouvements des deux planètes.

Distinguons dans les deux termes suivants

 et 

et posons

Nous pourrons faire passer dans le premier membre et écrire

Cette équation est de même forme que l’équation (1). Pour savoir s’il convient de faire passer dans le premier membre le terme il faut voir si la quantité qui correspond à est voisine de 1. Or cette quantité est égale à

et est de l’ordre de la fonction perturbatrice. On augmentera donc beaucoup la rapidité de la convergence en faisant passer ce terme dans le premier membre et il n’y a pas les mêmes raisons pour y faire passer les autres termes de

Mais voyons maintenant la chose d’un peu plus près. La difficulté provient de ce que le coefficient de est voisin de 1 ; ou bien encore de ce que ce coefficient de se réduit à 1 quand les masses perturbatrices sont nulles.

Quand les masses perturbatrices sont nulles en effet, le mouvement devient képlérien et les équations du mouvement se réduisent à

Si les masses perturbatrices restant nulles, les deux planètes eussent été attirées par un astre central, mais suivant toute autre loi que celle de Newton, ces équations seraient devenues

étant une fonction de dépendant de la loi d’attraction.

Posons ensuite, comme au no 169,

étant une fonction connue de peu différente de et négligeons les puissances supérieures de l’équation deviendra

étant la dérivée de et une fonction connue de ainsi que

Si, par exemple, était une constante, ou si était une fonction linéaire, est une constante généralement différente de 1, de sorte que la difficulté que nous venons de rencontrer ne se présenterait pas.

Ainsi la difficulté qui nous a obligé à faire passer le terme en dans le premier membre n’existe pas avec toute autre loi que celle de Newton.

Cela tient à ce que, si l’on adopte la loi de Newton et si les masses perturbatrices sont toujours supposées nulles, les périhélies sont fixes, ce qui n’est plus vrai avec toute autre loi d’attraction.

C’est ce que j’ai déjà fait observer au début du Chapitre XI.

Ainsi la difficulté dont M. Gyldén se tire en faisant passer le terme en dans le premier membre est précisément la même dont nous avons triomphé plus haut par les procédés du Chapitre XI.

Équation de la variation.

196.L’équation (5 a) du no 169, dite équation de la variation, s’écrit

(1)

étant une constante et une suite de termes très petits que nous supposerons dépendre seulement de

Posons alors

l’équation deviendra

étant une fonction très petite de et de comme est très petit, je puis écrire

étant un coefficient très petit, et me proposer de développer suivant les puissances croissantes de

On a donc

Sous cette forme on voit que l’équation (1) rentre comme cas particulier dans la suivante

(2)

et étant des fonctions quelconques et un coefficient très petit.

Il en est de même de l’équation (6 c) du no 169 qui peut s’écrire

étant une somme de termes très petits, que l’on peut transformer par les procédés des nos 170 à 172, de sorte que nous pouvons supposer qu’ils ne contiennent que et

C’est donc cette équation (2) que nous allons étudier.

Une remarque est nécessaire avant d’aller plus loin.

Considérons l’équation (1) du no 191 ; nous nous sommes efforcé de développer la solution de cette équation suivant les puissances de dans le Chapitre XVI nous n’avions pas posé le problème tout à fait de la même manière ; nous avions dit qu’il fallait dans le second membre de cette équation remplacer d’abord par 0, puis par sa première valeur approchée et ainsi de suite.

Mais il est aisé de voir que ces deux modes d’approximation reviennent au même ; si en effet nous faisons dans cette équation elle se réduit à

et elle admet alors pour solution particulière ce qui est bien la valeur de que nous avions admise en première approximation ; de même avec l’équation (6 c) du no 169 que l’on peut écrire

Si l’on fait l’équation admet comme solution particulière or au Chapitre XVI nous avons précisément admis comme première approximation

Les deux modes d’approximation sont donc encore équivalents.

Il n’en est plus tout à fait de même en ce qui concerne l’équation (1) du présent numéro que nous avons écrite

Si l’on fait elle se réduit à

(3)

et elle admet évidemment comme solution particulière Mais ce que nous avions admis au Chapitre XVI, comme première approximation, ce n’était pas

mais

d’où

ce qui n’est évidemment pas une solution de l’équation (3).

Les deux modes d’approximation ne sont pas absolument équivalents ; mais, à cause de la petitesse du coefficient on peut prendre comme première approximation une solution de l’équation (3) au lieu de faire sans que la rapidité de la convergence s’en trouve sensiblement ralentie. C’est d’ailleurs ainsi qu’a opéré M. Gyldén.

Reprenons donc l’équation

(2) .

Comme au no 191, je supposerai que soit une fonction périodique de période par rapport aux arguments

et je poserai

Je poserai de même

Si alors je pose

l’équation (2) peut être remplacée par les équations canoniques

(4)

Nous nous proposons d’intégrer formellement ces équations sous la forme suivante ; nos variables devront être développées suivant les puissances de et les coefficients seront des fonctions périodiques de période de paramètres

avec

Il faudra d’ailleurs évidemment, comme au no 194, faire

Quant au nombre il sera développable suivant les puissances de

Les résultats du no 193 peuvent se résumer comme il suit. Si un pareil problème est possible pour il sera encore possible quand on ne supposera plus nul.

Or, si nous faisons notre équation se réduit à

(5)

Elle s’intègre très aisément par quadratures, et l’on trouve

et sont des fonctions de et d’une constante d’intégration elles sont périodiques de période par rapport à le nombre est une fonction de et est une nouvelle constante d’intégration.

Le problème que nous nous sommes proposé, étant possible pour le sera encore pour

Il reste à le résoudre effectivement.

Pour cela je récris l’équation (2), en mettant en évidence ce fait que dépend de d’abord directement et en outre par l’intermédiaire de Je suis ainsi une méthode tout à fait pareille à celle du no 192. Je trouve ainsi

(6)

Je substitue à la place de et de leurs développements suivant les puissances de

et j’égale les coefficients des puissances semblables de J’obtiens ainsi les équations suivantes

(7)
(8)
(9)

Je désigne par toute fonction connue de et de le second membre de (8) est connu parce que et ont été déterminés à l’aide de l’équation (7) ; le second membre de (9) est connu parce que ont été déterminés à l’aide de (7) et de (8), et ainsi de suite.

L’équation (7) se ramène à l’équation (5) ; on aura donc

étant une fonction de et de la constante périodique par rapport à

Considérons maintenant l’équation (8) ; si était connu, elle s’écrirait

(8 bis)

C’est là une équation linéaire à second membre. Nous sommes donc conduit à envisager l’équation sans second membre

Cette équation admet évidemment comme solution particulière

Posons, comme au no 192,

Le déterminant sera une constante que j’appellerai Observons en passant que j’ai écrit les équations comme si dépendaient à la fois de et de tandis que ces fonctions ne dépendent en réalité que de et que par conséquent beaucoup des termes de ces équations sont nuls.

Soient alors et deux quantités définies par les équations

Posons, pour abréger,

L’équation (8 bis) pourra alors être remplacée par les deux suivantes

d’où

Ces équations pourront s’intégrer par le même procédé que les équations analogues du no 192 et l’on ne rencontrera pas de difficulté, pourvu que les valeurs moyennes de et soient nulles.

On disposera alors de de façon à annuler l’une de ces valeurs moyennes et l’autre s’annulera d’elle-même, puisque nous savons d’avance que le problème est possible.

L’équation (9) et les équations suivantes se traiteraient de la même manière.

Dans certains cas particuliers, l’intégration de l’équation (5) se ramène aux fonctions elliptiques ; c’est ce qui arrive par exemple quand est un polynôme du troisième degré en ou quand se réduit à un facteur constant multiplié par c’est-à-dire dans le cas des équations (6 c) et (5 a) du no 169.

Résumé.

197.Dans les pages qui précèdent j’ai plutôt cherché à faire comprendre l’esprit des méthodes de M. Gyldén qu’à respecter scrupuleusement son mode d’exposition. Il me reste à dire ce qu’à mon sens on doit penser de ces méthodes.

Toutes les fois que le rapport des moyens mouvements n’est pas très près d’être commensurable, les méthodes de M. Newcomb, que j’ai exposées dans les Chapitres IX à XV, paraîtront, surtout avec les perfectionnements que j’y ai introduits, plus simples et plus satisfaisantes pour l’esprit que celles de M. Gyldén.

Cependant l’étude de ces dernières n’en conserve pas moins toute son utilité. En effet, il y a bien des cas où le rapport des moyens mouvements est trop près d’être commensurable pour que les méthodes des Chapitres IX à XV soient encore applicables ; M. Gyldén a employé pour les traiter des procédés analogues à ceux qui lui avaient réussi dans des cas plus simples et il a obtenu le même succès.

Il importe donc de se pénétrer de l’esprit de ces méthodes, soit qu’on veuille les employer directement, soit qu’on veuille seulement s’en servir comme de moyens de découverte susceptibles de nous conduire à l’invention de théories nouvelles, qui pourront être plus satisfaisantes pour une raison ou pour une autre.

Cet esprit, d’ailleurs, peut se résumer d’un mot. Si un terme quelconque devient très grand et rend la convergence lente, on en tient compte dès la première approximation.

Généralisation des solutions périodiques.

198.A la théorie des équations que nous avons étudiées dans ce Chapitre se rattache une proposition dont M. Gyldén, sans l’énoncer expressément, a fait quelquefois usage. Je ne puis la passer sous silence.

Considérons l’équation suivante

(1)

est une constante quelconque ; est un paramètre très petit ; est une fonction de et développable suivant les puissances de et de et suivant les sinus et les cosinus des multiples de arguments

S’il n’y avait qu’un seul argument la fonction serait une fonction périodique de de période L’équation (1) admettrait alors une solution périodique de même période. Et en effet, pour cette équation, quelle que soit la constante admettra évidemment une solution périodique qui sera

Donc, en vertu des principes du Chapitre III, elle en admettra encore une pour les petites valeurs de

Ce résultat peut-il se généraliser pour le cas où contient arguments différents

L’équation (1) admet-elle alors une solution de la forme suivante

(2)

sont développables suivant les sinus et le cosinus des multiples des

Pour nous en rendre compte, nous allons employer une méthode qui rappellera celle du no 45 et qui, quoique plus générale, sera plus simple, parce que, dans ce no 45, j’avais introduit à dessein, en supposant une difficulté qui ne se présente pas dans le cas général.

Supposons le problème résolu et substituons, à la place de dans le développement (2) ; après cette substitution, sera développable suivant les puissances de d’abord parce que cette fonction était déjà développable suivant les puissances de cette variable avant la substitution et, ensuite, parce que la valeur de donnée par l’équation (2) est elle-même développée suivant les puissances de Nous aurons donc

ne dépendra que de de et de de de et de et ainsi de suite.

L’équation (1) nous donnera alors, en égalant les coefficients des diverses puissances de

(3)

ce qui nous permettra de déterminer par récurrence les diverses fonctions

Les équations (3) sont de la forme

Si est développable suivant les sinus et cosinus des multiples des et s’écrit

les étant des entiers et et des constantes quelconques, nous pourrons prendre

(4)

et sera de la forme voulue.

Il reste à reconnaître si le développement (2) est convergent. C’est ce qui arrive toutes les fois que est positif.

Supposons, en effet, positif ; nous aurons alors

Reprenons la notation du Chapitre II et introduisons une nouvelle fonction de de même forme que et que nous appellerons supposons qu’elle soit telle que

Définissons ensuite par l’équation

et par l’équation (4), nous aurons évidemment

Soit alors une fonction de même forme que et telle que

Envisageons l’équation (5) qui définira une nouvelle fonction

(5)

On peut tirer de cette équation en une série convergente ordonnée suivant les puissances de

les coefficients en sont ordonnés suivant les sinus et cosinus des multiples des

Si nous substituons ce développement à la place de dans il vient

dépendant seulement de de et de de de et de

Nous aurons d’ailleurs

J’écris, pour abréger, pour les arguments

L’équation (5) nous donnera

et l’on trouvera successivement

et enfin

ce qui montre que le développement (2) est bien convergent.

Ainsi ce développement converge dans deux cas :

1o Quel que soit quand il n’y a qu’un seul argument

2o Quel que soit le nombre des arguments, quand est positif.

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