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Lettres à la princesse/Lettre180

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 248-249).

CLXXX

Ce samedi.
Princesse,

Après cette soirée de jeudi si agréable et si douce, qui m’aurait dit que j’allais en être privé, de pareille douceur, pour quelque temps ? — Je n’ose dire plus. Jeudi, dans l’après-midi et la nuit suivante[1], j’ai été saisi d’un accident interne assez impérieux pour devoir appeler à l’instant Ricord. Il a pourvu au mal, je ne souffre pas trop, mais me voilà de nouveau rangé, et plus gravement à mon sens que la dernière fois, dans la classe des valétudinaires. Espérons que je pourrai encore reprendre ce doux train de vie dont la Princesse était le charme et l’honneur. (Tout ceci pour vous seule encore, Princesse.)

Voici un Tallemant qui a demandé le temps de se vêtir dignement pour paraître devant Votre Altesse. C’est un esprit qui voit les petits côtés, c’est une commère ; mais il est sincère, il a du jugement ; s’il a de la malice, il n’a pas de parti pris et ne ment pas. Tel qu’il est, je le mets à vos pieds,

Et vous renouvelle, Princesse, l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.

  1. M. Sainte-Beuve venait d’être atteint, cette nuit-la (décembre 1866), de l’infirmité cruelle dont il ne devait point guérir, et qui n’était elle-même que le résultat le plus apparent de la maladie de la pierre, dont l’autopsie révéla les trop irrécusables témoignages.