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Mémoires de Miss Coote/07

La bibliothèque libre.
Traduction par Louis Perceau.
Bibliothèque des deux hémisphères (Jean Fort) Collection Cressida (p. 105-123).

LETTRE VII

Ma chère amie,

Dans ma dernière lettre je vous ai fait le récit d’un petit larçin et du résultat qu’il eût. Dans celle-ci, je vous parlerai d’une jolie demoiselle, voleuse de sa nature et non par occasion. C’est un cas de kleptomanie, comme l’on dit aujourd’hui. Rien d’étonnant, lorsqu’on qualifie d’un terme si extravagant ce qui n’est, bel et bien, qu’un vol, que les gens timorés aient presque réussi à abolir cette bonne vieille coutume de la verge.

Miss Sélina Richards était une cousine de Laura Sandon, mon ancienne condisciple et première camarade de lit, chez miss Flaybum.

Or, me trouvant en visite chez Laura, j’avais à cette époque dix-huit ans, elle me signala ce cas en me disant que sa cousine était une voleuse si incorrigible que sa famille redoutait réellement de la laisser sortir de la maison de crainte qu’elle ne commit quelques méfaits ; ses parents étaient obligés de l’enfermer dans sa chambre quand ils avaient des visiteurs, car la jeune voleuse se serait emparé des bibelots et spécialement des bijoux sur lesquels elle aurait pu faire main-basse, et vous supposez, Rosa, quel terrible scandale c’eût été pour sa famille, si on avait eu motif de l’accuser d’une chose semblable.

Rosa. — Ils ne l’ont donc jamais punie comme il fallait pour la guérir de cette abominable manie.

Laura. — Ils l’enferment dans sa chambre et quelquefois la mettent toute une semaine au pain sec, mais toutes ces punitions ne font pas plus d’effet que les réprimandes.

Rosa. — Ont-ils jamais essayé une bonne fessée ?

Laura. — Je ne crois pas que cela soit jamais venu à l’idée de ses parents, ils sont d’une sensibilité stupide.

Rosa. — Ma chère Laura, je n’hésite pas à vous avouer que je serais ravie de fouetter cette petite voleuse. Depuis que j’ai quitté l’école, j’ai toujours à l’esprit notre grande séance d’adieu et je me rappelle avec ravissement le délicieux spectacle des postérieurs rouges, zébrés, l’humiliation et l’indignation des victimes et, par dessus tout, leur détresse en se voyant ainsi traitées en public. Nous avons quelques fois entre nous des séances de fouet comme à l’école et, il y a peu de temps, j’ai administré une terrible fessée à la femme de notre jardinier et à ses deux fillettes pour avoir volé mon fruit, ce qui a été une cure radicale, car elles sont maintenant de la plus stricte probité. Vous devez bientôt venir me voir, ne pourriez-vous suggérer à votre oncle et à votre tante de vous confier Sélina en leur disant que vous me mettrez au courant de son déplorable défaut ? Ou mieux encore, vous pourriez leur dire que vous m’en avez déjà parlé et que je propose d’essayer de guérir la demoiselle si toutefois ils veulent me donner carte blanche pour m’y prendre comme bon me semblera ? Ce sera un vrai régal pour vous, car nous mettrons à une rude épreuve la pudeur de la demoiselle en la déshabillant et en l’exposant. Le spectacle de ses jolies formes nous sera rendu encore plus agréable par la honte que nous lui ferons éprouver. Les véritables fervents de la verge épient les impressions de leurs victimes sur leur figure et s’en délectent, et font tout ce qu’ils peuvent pour aviver cette sensation d’humiliation, de même qu’ils prolongent la torture par leur adresse à manier la verge et à placer la victime dans la position la plus pénible pour être fessée.

Laura. — Mais vous êtes devenu une ogresse de cruauté, Rosa !

Rosa (en l’embrassant). — Vous le deviendrez aussi, quand vous aurez un peu plus d’expérience. Vous êtes de beaucoup mon aînée, mais à cet égard, vous êtes plus jeune que moi. Par un judicieux emploi de la verge, un club de dames pourrait jouir des plus sensuelles voluptés sans le secours des hommes, J’ai l’intention d’épouser la verge, (d’ailleurs je suis déjà fiancée avec elle) et ainsi je garderai ma fortune et mon indépendance.

Laura. — Quel dragon de vertu ! Dois-je réellement comprendre que vous satisfaites votre sensualité en vous passant des hommes ?

Rosa. — Venez et vous verrez ; je n’ai que cela à vous dire, ma gracieuse incrédule. Arrangez-vous simplement pour emmener la jolie voleuse avec vous et vous n’aurez pas lieu de regretter votre visite.

Laura réussit de tout point auprès des parents de Sélina. Ceux-ci pensèrent que la visite pourrait être réellement profitable à leur fille et donnèrent volontiers toutes licences quant aux punitions à lui infliger pour le cas où elle commettrait la moindre indélicatesse.

Quand elles arrivèrent à notre maison, on donna à Sélina une petite chambre pour elle seule, tandis que Laura demanda et obtint d’être ma compagne de lit. Rien ne fut changé de place ni enfermé ; j’étais parfaitement sûre de l’honnêteté de tout mon entourage et savais que si miss Sélina volait quelque chose elle ne pouvait que cacher son butin sans avoir l’occasion de s’en servir. Nous étions donc sûres de rien perdre en fin de compte.

Miss Richards avait reçu une éducation très soignées ; d’une façon générale c’était une jeune personne très intéressante d’allure modeste et réservée.

Plusieurs jours se passèrent fort agréablement et il semblait que les doigts de notre jeune invitée eussent perdu leur fâcheuse habitude ; je commençai à craindre que notre victime ne nous échappât ; mais sa réserve n’était que l’effet d’une timidité qui devait disparaître à mesure qu’elle se familiariserait davantage avec nous.

Quelques objets disparurent, des bijoux spécialement, d’abord une bague avec un petit brillant, puis une broche avec une opale entourée de perles, des épingles, des gants et autres menus objets, mais il nous fut impossible de la surprendre mettant le pied dans ma chambre, malgré une surveillance minutieuse du matin au soir. Aussi Laura et moi songeâmes-nous à monter la garde pendant la nuit. Nous avions l’habitude de ne quitter la chambre de Sélina que lorsqu’elle était endormie, avant de nous retirer dans la nôtre.

Dès la nuit suivante, nous mîmes notre projet à exécution et environ deux heures après nous être couchées, à un moment où on devait nous supposer profondément endormies, les charnières de la porte grincèrent nous indiquant que quelqu’un s’approchait en silence.

Nous n’entendîmes pas marcher, mais nous distinguâmes dans l’entrebâillement de la porte, la demoiselle avançant la tête pour s’assurer si le terrain était libre.

Nous ne bougions pas et nos têtes étaient invisibles dans l’ombre des rideaux du lit, tandis qu’un rayon de lune éclairait partiellement le reste de la chambre. Aussi silencieuse qu’un Peau-Rouge, la jeune voleuse rampait littéralement à quatre pattes vers la table de toilette ; arrivée là, sans se redresser, elle promena la main sur le meuble pour happer ce qui pouvait s’y trouver. Nous ne la distinguions pas, puisque nous étions couchées, mais nous entendions distinctement le bruit des objets glissant sur le meuble.

Alors, nous jetâmes nos couvertures en l’air en criant : « Cette fois nous vous tenons voleuse ! Je courus vers la porte pour lui couper la retraite, tandis que Laura arrêtait gravement notre prisonnière comme un véritable policeman.

Fermant la porte à clef, nous fîmes immédiatement pencher Sélina sur notre lit, ses pieds restant à terre et lui retroussant sa chemise de nuit nous lui administrâmes une magistrale fessée qui lui fit pousser les hauts cris.

— Oh ! Oh ! Miss Coote, je vous en prie, pardonnez-moi. Laissez-moi partir, je ne recommencerai plus… Oh ! Oh ! Ahhh ! Je vous le jure ! » criait-elle en se débattant et en tortillant les fesses sous nos vigoureuses claquades. La pale clarté de la lune nous permit de voir combien rouge était celle que nous étions en train de fouetter. Enfin, nous la lâchâmes en lui annonçant pour le lendemain une enquête en règle, et l’avertîmes qu’elle aurait à nous rendre tout ce qu’elle avait volé, sinon qu’il lui en cuirait.

Je donnai ordre de l’enfermer dans sa chambre toute la matinée, et Jane servit de geôlier. Après le dîner, vers six heures, elle fit comparaître la prisonnière devant moi dans la salle de punition.

Pour rendre la séance plus impressionnante, toute la maison était présente, excepté Charlie, le groom, car je ne jugeai pas décent d’avoir un témoin masculin. Et l’audience commença :

Miss Coote. — Sélina Richards vous êtes devant moi comme une voleuse prise en flagrant délit. Avez-vous rendu tout votre butin, petite vicieuse ?

Selina (la figure écarlate et les yeux baissés). — Oh ! Oui ! Oui ! Je le jure ! Demandez à Jane, elle a cherché et elle n’a rien trouvé autre chose que ce que j’ai restitué. Ah ! Miss Coote, je ne sais comment j’ai pu faire cela . J’ai honte de moi-même et suis consternée de ma conduite. Oh ! que faire, mon Dieu (Elle éclate en sanglots).

Jane. — Mademoiselle, rien ne manque, excepté votre bague que je n’ai pu trouver nulle part.

Miss Coote. — Allons, coquine ! Je sais ce que vous valez ; n’essayez pas de m’apitoyer par vos simagrées et vos pleurnicheries. Qu’avez-vous fait de ma bague ? Dites ?

Selina (suppliante et qui paraît sincèrement repentante et consternée). — Oh ! Je ne l’ai jamais vue, je vous le certifie, Miss Coote, je ne l’ai pas prise. Vous pouvez me croire ; je suis déjà assez humiliée de ma culpabilité. J’ai pris la bague, mais je l’ai rendue à Jane avec tout le reste.

Miss Coote. — Je n’en crois rien et vous allez recevoir la verge jusqu’à ce que vous confessiez la vérité. Allons, déshabillez cette petite voleuse, secouez et fouillez tous ses vêtements à mesure qu’on les enlève, défaites sa coiffure, peut-être a-t-elle caché la bague dans ses cheveux ?

Malgré sa confusion, un sourire de satisfaction éclaira son visage ce qui, sur le moment, m’étonna quelque peu.

On procéda au déshabillage et je pus remarquer que sa satisfaction s’accentuait à mesure qu’on la dépouillait. « Vous voyez bien que vous ne trouvez rien », articula-t-elle, ce qui me convainquit qu’elle avait très adroitement caché la bague, mais je me creusais en vain la tête pour deviner la cachette, car Jane m’affirma que la chambre avait été fouillée de fond en comble, y compris l’intérieur de la literie.

Quand on eu déroulé toutes les boucles de sa chevelure, je lui fis enlever son pantalon, et elle resta en chemise, toute confuse d’être ainsi exposée ; ses joues naturellement colorées avaient tourné au rouge cerise. Elle considérait évidemment les recherches comme terminées, aussi protesta-t-elle lorsque je donnai l’ordre d’enlever le dernier voile.

— Oh ! Oh ! je vous en prie, épargnez-moi cette honte, il ne peut rien y avoir dans ma chemise.

Miss Coote. — Mais autre part, il peut y avoir quelque chose.

Sa physionomie prit soudain un air de détresse qui me convainquit que je n’étais plus loin du but ; ses cuisses étaient serrées l’une contre l’autre et elle cachait de ses deux mains son monticule encore imberbe.

Miss Coote. — Donnez-moi une verge, Jane, je vais la faire danser.

Prenant l’instrument en main, j’en cinglai les doigts de Selina. « Enlevez vos mains, mademoiselle et sautez un peu ! » Un second coup s’abattit sur les fesses nues ; la cuisson fit hurler la jeune fille, dont les cuisses demeurèrent néanmoins serrées. De bas en haut, je lui appliquai un troisième coup encore plus sévère : « Ouvrirez-vous enfin vos cuisses, mademoiselle, et danserez-vous ? » Cette fois, l’effet fut prompt. Poussant un cri terrible, la victime se jeta sur le tapis ; mais il lui fut impossible d’empêcher la chûte de la bague qui roula sur le parquet.

Décrire la confusion, la consternation de la malheureuse serait impossible. Maintenant que sa culpabilité était si complètement établie, elle était devenue pourpre, et essayait de cacher sa figure dans ses mains ; ses fesses et l’intérieur de ses cuisses portaient les marques rouges que le dernier coup de verge y avait laissées.

Miss Coote. — Regardez-moi cette petite voleuse. Elle pense se cacher en cachant sa figure, et elle n’a pas plus honte d’étaler ses parties secrètes que de s’en servir pour cacher ma bague. Voilà une ruse bien dégoûtante ! Jane remettez-lui sa chemise et son pantalon, si elle manque de décence j’en aurai pour elle, et je tiens à ce que la fessée se passe décemment et dans les règles.

Jane et Polly la relevèrent et lui passèrent chemise et pantalon. Elle demeura alors devant moi, toujours pleurant de honte et de souffrance. Jamais je n’avais vu victime plus délicieuse à contempler. Elle avait la carnation mate des brunes, sa chevelure presque noire tombait plus bas que son dos jusqu’à ses genoux, ses globes mignons et bien ronds pointaient impudemment leurs minuscules boutons au-dessus de sa petite chemise qui, par en bas lui couvrait à peine les cuisses. Elle était, tout autour, coquettement ornée de dentelles comme pour attirer l’attention sur ses cuisses galbées et sur ses mollets, ceux-ci mis en relief par des bas de soie bleue, de jolies jarretières et d’élégantes bottines.

Jane lui glissa quelques mots à l’oreille et elle s’agenouilla humblement devant moi, me disant d’une voix entrecoupée de sanglots :

— Oh ! comment puis-je oser vous parler, chère mademoiselle Coote ! Je… Je… suis si honteuse… de moi… Me… Me pardonnerez-vous jamais ! Oh ! que dois-je faire ! Voulezvous me… me punir… comme je le mérite… et me guérir… de… cet affreux penchant ? Je vous assure, Miss Coote, c’est plus fort que moi ! mes doigts… mes doigts… saisissent les objets, même… quand je sais… que je n’en ai pas besoin.

Puis elle embrassa la verge et éclata en sanglots nerveux.

Selon mes instructions, la victime est allongée sur l’échelle que je préfère d’habitude au poteau ; m’étant munie d’une verge très souple, faite de légers brins de baleine, qui devaient cingler terriblement sans causer de sérieux dommages, je me levai et me dirigeai vers l’échelle pour commencer, mais auparavant, je fis un peu desserrer ses liens et fis placer sous son ventre un gros traversin de divan, puis on resserra ses liens de façon à ce que son derrière fut bien en saillie. Le pantalon fut épinglé et fixé sous ses aisselles. La pauvre Selina ne savait que trop ce qui l’attendait. Ses larmes s’étaient arrêtées, mais elle m’implorait piteusement, me suppliait de la pardonner, d’attendre, de la mettre à l’épreuve, pour voir si elle volerait encore quelque chose.

Miss Coote, riant. — Ma foi ! Vous faites une jolie poltronne ! J’aurai cru qu’une voleuse aussi intrépide, montrerait plus d’énergie car je vous ai jusqu’ici à peine touchée. Vous ne serez pas cinglée plus que vous ne pouvez l’endurer. Si je ne vous guérissais pas tout de suite de ce vice, vous recommenceriez à la prochaine occasion.

Selina. — Mes bras et des jambes sont trop écartés et mon pauvre derrière me cuit des trois cinglées que vous lui avez administrées. Oh ! Grâce ! Pitié ! Chère miss Coote.

Miss Coote. — Je ne m’attarderai pas à écouter de pareils enfantillages. Vous êtes aussi menteuse que voleuse ; miss Selina, le ferez-vous encore… dites… dites ?

Trois coups bien cinglants s’abattent sur la chair exposée ; la baleine siffle dans l’air où la fouetteuse la brandit avant de fouetter pour mieux faire vibrer les coups.

Selina. — Ah ! Ah ! Ahhh ! Je n’en puis plus… Vous me lacérez avec des lanières de fer rouge ! Oh ! Oh ! Jamais plus je ne recommencerai !

Ses fesses sont sillonnées de petites lignes rouges et la terrible souffrance qu’elle éprouve est encore accrue par la tension de ses chevilles et de ses poignets, car elle ne peut s’empêcher de sursauter à chaque coup.

Miss Coote. — Vous n’avez pas l’air d’apprécier cela, Selina ; mais c’est vraiment pour votre bien. Que diriez-vous si l’on vous cinglait réellement avec un fer rouge ? Vous chanteriez une bien autre chanson. Mais je perds mon temps : tenez… tenez… tenez… tenez… Vous n’avez encore reçu que six coups, pourquoi hurlez-vous comme une petite nigaude ?

Selina (poussant un cri aigu et prolongé). — Ahhh… Ahhh… Vous me tuez… je sens que je meurs. (Son derrière rougit de plus en plus).

Miss Coote. — Vous recevrez une douzaine de coups de la verge de baleine.

Et elle compte tranquillement en frappant jusqu’à douze. Alors, elle s’arrête un moment comme si c’était la fin ; la victime reprend contenance et pousse un soupir de soulagement. Mais à ce moment miss Coote lui applique une nouvelle cinglade en s’écriant : « Ah ! Ah ! Ah ! vous supposiez que c’était fini, n’est-ce pas, ma petite, mais il s’agissait d’une douzaine de boulanger, je donne toujours treize pour douze, de crainte d’en oublier un et j’aime à donner le dernier juste quand on croit que c’est fini.

Selina. — Je sais que je l’ai bien mérité, mais c’est si pénible. Laissez-moi, à présent, je vous en supplie, pardonnez-moi, vous pourrez maintenant avoir confiance en moi. En disant ces paroles, elle frémit encore des effets du dernier coup.

Miss Coote. — Vous laisser ! Pas si vite que cela, mademoiselle ! Dans quelques minutes vos fesses ne souffriront plus et alors, vous ne ferez plus que rire de l’incident. C’est au tour maintenant, de la vraie verge. Examinez-moi celle-ci ; c’est du vrai bouleau qui pousse dans mes propres bois ; il trempe depuis deux jours à votre intention dans de l’eau salée pour être tout prêt et bien piquant le moment venu. Il vous rappellera votre crime sous des couleurs plus vives et vous laissera des marques qui vous rafraîchiront la mémoire pendant bien des jours.

Selina. — Je vous en prie, donnez-moi à boire si je dois encore tant souffrir, ma langue est desséchée ; miss Coote, vous êtes vraiment trop cruelle ; je ne suis pas assez âgée pour endurer une pareille souffrance.

Miss Coote. — Soyez tranquille, vous aurez un verre de champagne ; mais ne parlez pas de votre jeune âge, il ne fait qu’aggraver votre culpabilité, car vous avez déployé une abominable précocité, un dévergondage inimaginable chez une fille jeune comme vous l’êtes.

On lui donne la boisson réconfortante et la verge entre de nouveau en danse.

Miss Coote. — Ah ma gaillarde, les marques de vos fesses ne s’effaceront pas de sitôt, et je veux bien parier que tant qu’elles subsisteront vous n’aurez pas l’idée de voler. Allons ! Encore deux douzaines, ensuite, nous vous soignerons les fesses et vous mettrons au lit : Un… deux… trois… quatre. La sévérité des coups s’accentue progressivement et bientôt le sang suinte des sillons rouges qui marbrent la chair.

Selina. — Mère ! Mère… Ah ! Ahhh ! Je meurs ! Ah tuez-moi bien vite si vous ne devez pas avoir de pitié. Elle se débat dans une telle agonie que ses muscles se contractent et montrent par leur relief l’intensité de la souffrance.

Miss Coote. (ricanant, de plus en plus excitée). — C’est cela, appelez votre mère, elle viendra bien vite à votre secours. Ah ! Ah ! elle ne supposait guère de quelle façon je vous guérirais quand votre papa m’a laissé carte blanche pour vous punir à mon gré… Cinq… six… sept…

Elle continue à compter en fouettant la pauvre fille sur les fesses et les cuisses, traçant à chaque coup de nouveaux sillons dans la chair gonflée. Les spectateurs sont vivement émotionnés et semblent jouir de la vue du sang de Selina perlant en fines gouttelettes qui roulent jusque sur ses bas et même sur le parquet.

La victime n’est pas assez vigoureuse pour supporter longtemps ce traitement. Sa tête se penche, ses cris et ses gémissements deviennent de plus en plus faibles, enfin, elle tombe en défaillance et la verge s’arrête après le vingt-deuxième coup.

Miss Coote, hors d’haleine de s’être ainsi démenée, se laisse tomber sur un sofa près de son amie Laura qu’elle étreint amoureusement en lui décrivant les sensations aiguës qu’elle a éprouvées durant l’opération ; les joues empourprées de Laura, ses grands yeux bleus, brillant d’un feu étrange, montrent qu’elle partage ces sensations. Mlle Fosse et les servantes étendent Selina sur le parquet et lui aspergent la figure avec de l’eau, tandis que l’une d’elles l’évente activement. Elles épongent avec de l’eau salée son postérieur lacéré, sous cette cuisante lotion elle revient un peu à elle. « Où suis-je ? » balbutie-t-elle d’une voix étouffée. « Oh ! je me souviens ! Miss Coote m’a haché le derrière ! Oh ! Oh ! Ah ! Il me brûle affreusement. »

On lui ingurgite alors quelques cuillerées de cordial qui la raniment tout à fait, mais pour mieux sentir les souffrances qu’elle endure.

Miss Coote. — Et maintenant, pour en finir, Mary, allez dans la cuisine chercher le pot que vous savez et le sac de plumes.

Selina (affolée). — Oh ! N’est-ce donc pas fini ? Quelles tortures me réservez-vous donc encore ?

Miss Coote. — Voici, nous ne vous ferons pas languir, ceci va panser vos plaies et empêcher les mouches de s’y mettre par la chaleur que nous avons.

Et tandis que Selina est maintenue debout, Mademoiselle ayant trempé un pinceau dans le pot de goudron liquide que lui tend Mary, en badigeonne l’infortunée victime sur le postérieur entier, sur le bas du ventre, à l’intérieur des cuisses et même dans la raie des fesses sans s’inquiéter de la barbarie de ce procédé. Sélina pousse des hurlements de honte et de souffrance et s’écrie : « Ah ! Cela est pire que tout le reste, vous m’écorchez, la peau s’arrache ! » Et elle se tortille comme un serpent qu’on écrase.

Miss Coote (ricanant). — Au contraire, ma petite amie, c’est un vrai pansement que je vous applique. Et quand nous vous aurons enduite de bonnes plumes bien chaudes, je suis sûre que vous n’aurez jamais éprouvé tant de bien-être de toute votre vie.

La cérémonie était aussi excitante qu’amusante. Mais comment décrire la confusion de la pauvre fille, lorsqu’elle se vit roulée sur une couche de duvet qui s’attacha au goudron dont elle était enduite. « Ah ! Ah ! hurla-t-elle, cela ne finira donc pas ! »

On en resta pourtant là ; néanmoins, elle n’était pas au bout de ses peines. Chaque jour, pendant près de trois semaines, elle fut obligée de se trousser et d’exposer à nos regards son postérieur emplumé et subir notre inspection et nos remarques railleuses. J’ai à peine besoin de dire que, de ce jour, elle fut radicalement guérie de sa kleptomanie.

Ne pensez-vous pas, ma chère Nelly, qu’on devrait bien essayer ma méthode avec les kleptomanes de notre temps.

Votre bien affectionnée,

Rosa Belinda Coote.

Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre
Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre