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Mémoires de Miss Coote/08

La bibliothèque libre.
Traduction par Louis Perceau.
Bibliothèque des deux hémisphères (Jean Fort) Collection Cressida (p. 123-140).

LETTRE VIII

Ma chère Amie,

Il n’entre pas dans mes vues de vous raconter par le menu tous les petits incidents qu’occasionna la rigueur de ma discipline domestique et qui mirent maintes et maintes fois la verge en mouvement ; je veux seulement, pour votre amusement, vous relater ceux dont j’ai gardé particulièrement le souvenir.

La cure de Selina Richards me valut une réputation spéciale dans un cercle étendu de relations et d’amies. Je refusai toutefois de me charger de guérir d’autres mauvais sujets. Par contre, je m’occupai de fonder un club de dames exclusivement réservé aux adeptes de la fessée disciplinaire. Les réunions avaient lieu dans ma maison, où mes servantes ayant juré le secret agissaient comme membres en surnombre sans être toutefois sur un pied d’égalité avec les dames du Club.

Le règlement imposant la plus absolue discrétion à tous les membres, les postulantes ne pouvaient avoir la moindre idée de ce qui les attendait lors de leur initiation aux mystères du « Rodney Club », comme nous l’avions baptisé. Notre but était de faire de nos séances de réception une occasion de nous délecter à voir l’effroyable humiliation des initiées en se sentant troussées, dépouillées, et exhibées pour la fessée devant les membres du Club.

Mes anciennes camarades d’école, Laura Sandon, Louise Van Tromp, Miss Cécil Deben, Lady Clara Wawering et trois autres dames, outre Mlle Fosse et moi comme présidente et intendante, furent les premières adhérentes. Deux d’entre elles étaient mariées, mais nous convînmes qu’on ne les désignerait que par leur nom de jeunes filles.

Lady Clara fut la première à solliciter l’admission d’une novice ; une de ses sœurs cadettes, qui, disait-elle, avait un peu trop de propension pour les jeunes gens, comme elle s’était, à diverses reprises, comportée de façon très inconvenante, il serait fort piquant de la sermonner et de la fouetter.

On fixa un soir pour son admission et personne ne manqua pour cette première séance de réception.

Notre grande salle de punition était tendue tout autour de jolies tapisseries, ornée de nombreuses glaces, brillamment illuminée et décorée de plantes et de fleurs.

Les dames du Club portaient toutes le même costume, c’est-à-dire un corset de soie bleue avec lacets rouges, un court jupon de tulle blanc ne descendant pas plus bas que le genou, de façon à montrer les jambes gantées de bas de soie et que faisaient encore mieux valoir de hautes bottines parisiennes. Tout le monde était ainsi court vêtu, les autres vêtements ayant été enlevés pour permettre toute liberté dans les mouvements et aussi pour dégager le cou et les seins des dames. Toutes jeunes, belles et ardentes étaient empourprées d’excitation anticipée ; leur poitrine marmoréenne se soulevait d’émotion et un joli bouquet de roses coquettement niché entre les deux globes d’amour rehaussait encore la blancheur lactée de leur peau.

Comme présidente, j’étais assise dans un fauteuil, assistée de chaque côté par quatre dames. Jane et Mary se tenaient debout derrière moi.

On frappe à la porte. Lady Clara va ouvrir, et introduit sa sœur, Lady Lucretia Wawering, âgée d’environ seize ans, brune, bien proportionnée, de taille un peu au-dessus de la moyenne ; elle a de grands yeux pensifs de gazelle. Elle tient en main un joli bouquet et est vêtue tout de blanc.

Elle s’avance avec assez d’assurance vers mon siège et me fait une profonde révérence. Lady Clara dit alors : « Permettez-moi, Madame la Présidente, et vous, Mesdames, de vous présenter ma sœur, Lady Lucretia, qui désire devenir notre collègue.

La Présidente. — Lady Lucretia, soyez la bienvenue dans notre confrérie. Êtes-vous décidée à nous jurer le secret et à être initiée aux mystères de la verge ?

Lady Lucretia. — Oui, et à me soumettre à tous vos rites et règlements.

La Présidente. — Alors, déshabillez-vous pour revêtir notre tenue et vous répondrez sincèrement aux questions que je vais vous poser.

Jane et Mary aident la novice à se déshabiller ; elle rougit légèrement lorsque après que sa robe a été enlevée, on se dispose à faire de même pour le jupon. Elle se tourne alors vers moi et me dit : « On ne met sûrement pas les postulantes toutes nues, je suppose que je dois seulement changer de costume ? »

La Présidente. — Si, parce que vous aurez à tâter de la verge avant de revêtir notre uniforme.

Lucretia (devenant pourpre). — Oh ! je ne m’attendais sûrement pas à cela ! C’est d’une telle indécence !

La Présidente. — Dépêchons-nous ! De telles remarques sont tout à fait déplacées ! Sœur Lucretia, vous avez déjà transgressé les règles en discutant mes ordres souverains et il en cuira à vos fesses.

Lucretia (en proie à une grande confusion et la voix toute troublée). — Je vous en prie, laissez-moi m’excuser, je ne supposais pas que les membres fussent exposés aux châtiments et je pensais qu’elles s’amusaient à fouetter les enfants indigents que les écoles leur envoyaient pour être corrigés.

La Présidente. — Vous vous excuserez sous la verge. Nous avons bien autre chose à faire ici qu’à fouetter les derrières des enfants indigents ; bien qu’il soit du devoir de tous les membres d’appliquer la discipline à la maison ou dans tout autre endroit où ils exercent leur autorité.

Lucretia se tait ; mais le pourpre de sa figure et les frémissements nerveux des coins de sa bouche attestent qu’elle redoute l’approche de la verge. Elle baisse les yeux d’un air contrit. Lorsqu’elle n’a plus que son pantalon, sa chemise, ses bas et ses bottines, elle est conduite vers l’échelle. La présidente et les dames l’accompagnent et l’entourent.

La Présidente. — Placez l’échelle presque verticale ; ficelez ses poignets tout en haut et qu’elle ne touche le sol que par la pointe des pieds. Si elle ose gravir sans permission le premier barreau de l’échelle, ses fesses apprendront ce qu’il en coûte.

Les larmes aux yeux, la victime, tremblante de honte et d’angoisse, crie en vain que la position ordonnée doit être trop pénible et demande grâce. Puis, lorsqu’elle sent sa chemise roulée sous ses aisselles et son pantalon rabattu en dessous de ses genoux, elle s’écrie : « Pitié ! chère miss Coote, laissez-moi ; il n’est pas possible que l’on soit aussi sévère envers une novice ! »

La Présidente. — Je vous conseille de vous plaindre en vérité. Nous allons vous initier aux délicieux mystères de notre société, dont vous serez bientôt une des adeptes les plus enthousiastes.

Elle prend alors des mains de Jane une belle verge nouée avec des rubans bleu et or et elle en cingle légèrement le derrière nu de la victime en lui disant : « Maintenant, priez-moi de vous fouetter convenablement et demandez pardon de votre ridicule résistance. »

Lucretia (sérieusement effrayée et d’une voix tremblante). — Oh ! Est-ce bien vrai ? Est-il possible que je doive être cruellement fouettée ?

La Présidente. — Tenez ! En voilà la preuve, entêtée que vous êtes. C’est trop perdre de temps ! Tenez ! Tenez ! Tenez !

Chaque mot est accompagné de bons coups de verge dont les traces s’entrecroisent sur la surface des fesses, semant des roses à la place des lys. Et miss Coote continue : « Dans une minute ou deux, vous jugerez sans doute qu’il vaut mieux vous soumettre sans simagrées et demander pardon. »

La victime. — Ah ! Ah ! Oh la ! Hola ! c’est affreux ! Oui ! Oui ! Je regrette ce que j’ai dit, mais la verge me cingle si fort qu’on ne mesure pas ses paroles. Oh ! je vous en prie, pardonnez-moi… punissez-moi comme je l’ai mérité. Ah ! Ah ! Ah ! miséricorde.

En prononçant ses mots sans suite, elle se démène et se tortille sous les piquantes cinglades qui ont déjà marbré de pitoyable façon sa peau sensible et délicate.

La Présidente. — Très bien ! Voilà comme il faut parler ! Mais maintenant que vous allez être une des nôtres, il faut nous dire si vous avez un amoureux.

Un coup plus cinglant que les précédents ponctue cette question. La victime rugit : « Ah ! Ahhh ! Oh ! C’est horrible. On dirait une lame brûlante qui me déchire la peau. En vérité, je n’ai pas d’amoureux… s’il est interdit d’en avoir. »

Mais, comme elle pose instinctivement les pieds sur le premier barreau de l’échelle pour soulager la tension pénible de ses poignets, elle reçoit en travers des mollets une furieuse cinglade qui la fait hurler de plus belle.

— Comment osez-vous, Mademoiselle, bouger sans permission, lui crie la présidente en lui administrant une volée de coups de verges sur les jambes et sur les fesses, la faisant danser sous cette avalanche comme un canard sur une plaque brûlante, « Là ! Je pense que vous allez maintenant rester en place ! Revenons à ma question », continue miss Coote, « si vous n’avez pas d’amoureux pour le moment, vous en avez eu avant ? »

Lucretia. — Oh ! Oh ! Mon pauvre derrière ! Oh ! Oui… Ah ! Ah ! J’en ai eu un… mais Oh ! Oh ! je l’ai quitté il y a six mois ! Ah ! Pitié ! Ne me fouettez plus si vous voulez que je puisse vous répondre !

La Présidente (sans cesser d’appliquer la verge). — Encore cette chanson, sœur Lucretia. Vos jolies fesses rouges apprécient sans doute cette petite régalade, sans quoi vous ne me provoqueriez pas par vos ridicules observations. Que dites-vous de cela ? Et de cela ? N’est-ce pas que cela cingle comme il faut ? Racontez-nous quelque chose sur cet amoureux, s’il vous plaît !

Lucretia. — Mes poignets sont ankylosés et mon derrière… Oh ! mon derrière me cuit, me brûle… Non ! Arrêtez… Vous voulez savoir… sur mon amoureux… eh bien… je l’ai quitté parce qu’il avait été inconvenant avec moi. »

La Présidente. — Dites-vous vrai, sœur Lucretia, c’est un point capital pour vous. Nous appelons la verge le sceptre de la vérité, car il n’y a rien de tel pour faire confesser la vérité. Que vous a donc fait vote amoureux ? Criez tant que vous voudrez, si cela vous soulage, cela nous amusera de vous entendre.

Lucretia. — Ah Oui ! Je crie malgré moi. Vous m’avez si cruellement fouettée ! Et bien, il a voulu prendre des libertés avec moi et a eu l’audace de fourrer la main sous mes jupons… Voilà tout ! Ah ! Assez ! Pitié ! Vous ne me laissez même pas le temps de respirer !

— Êtes-vous certaine que cela est bien vrai, fait alors la présidente en se reposant un peu.

Lucretia, croyant être enfin au bout de son épreuve, répond bien vite : « Tout à fait vrai, chère miss Coote, voilà ce qu’il a osé me faire ! » Elle éprouve alors dans certaines régions intimes une sorte de chaleur voluptueuse et, sous cette impression, ferme les yeux, tandis qu’un sourire de sensualité décèle la voluptueuse émotion qu’elle éprouve.

La Présidente. — Que signifie ce sourire langoureux, sœur Lucretia. Il me semble que vos fesses frissonnent d’émotion. Ma question sur votre amoureux vous a-t-elle rappelé de plaisants souvenirs ? Allons, dites-nous toute la vérité. Vous nous en avez sûrement caché la moitié.

Et elle accompagne ces derniers mots d’une soudaine volée de coups de verges qui, cette fois amènent le sang à la surface de la chair.

La victime. — Ah ! Ahhh ! C’est trop de barbarie ! Juste quand je pensais être au bout de mes épreuves et que j’éprouvais une chaleur exquise à mon derrière. Non vraiment, je ne pensais plus à mon amant !

En disant ces derniers mots, elle baisse les yeux et rougit comme une pivoine.

La Présidente (sévèrement). — Ainsi vous persistez dans vos mensonges ? Sachez que nous sommes au courant de ce qui s’est passé entre le jeune Aubray et vous. Allons, la vérité et vivement, sinon je découpe des lanières dans la chair de vos fesses. N’essayez pas de nous tromper. Nous connaissons les effets de la verge et les douces sensations qu’elle procure.

Tout en parlant, la présidente fait siffler la verge sur les malheureuses fesses où elles dessinent de longs sillons entrecroisés. S’excitant à sa besogne, la fouetteuse semble éprouver à chaque coup qu’elle applique, une sensation exquise. Les cris et les supplications de Lucretia sont une délicieuse musique pour elle et pour les spectatrices qui ne dissimulent pas leur voluptueuse émotion. La victime hurle de souffrance, elle se tortille et contorsionne ses fesses et tout son corps, sans souci de la décence sous la furieuse correction dont on la gratifie.

Les assistantes ont, tout d’abord, observé la scène avec la plus stricte attention, mais, peu à peu, leur sang circulant plus fort dans leurs veines amène à leurs joues une rougeur intense, et, bientôt, sous une commune impulsion, les huit dames, Jane et Mary comprises, prennent chacune une longue verge faite de brins souples fraîchement cueillis et forment un cercle autour de la présidente qui continue à flageller la victime sur son échelle. Chacune relève ses jupes sous son bras et s’expose entièrement nue depuis la taille jusqu’aux genoux ; c’est un délicieux bouquet de blanches fesses rebondies, de cuisses nerveuses, de mollets cambrés rehaussés de bas de soie, de jolies jarretières, d’élégants souliers à boucles ou de hautes bottines ; les ventres impudemment étalés s’ornementent de toisons aux nuances variées, brun, roux, châtain ou blond. Et sans tarder, la danse commence. Sur les fesses blanches et fraîches les verges mettent bientôt une teinte rose, chacune s’évertue de son mieux à rendre au postérieur placé devant elle les cinglades que le sien reçoit. Des éclats de rire, des cris perçants, des exclamations éveillent les échos de la salle, les bras se lèvent et s’abaissent avec ardeur ! Cette scène lascive se prolonge pendant trois ou quatre minutes. À ce moment, sous la verge de la présidente, la victime tombe en défaillance ; ses cris sont devenus des sanglots, puis ils s’atténuent peu à peu ; elle s’évanouit ; sa tête se renverse en arrière et son derrière n’offre plus qu’une surface à vif d’où le sang suinte et ruisselle sur la chair blanche des cuisses.

La présidente jette alors sa verge hors de service. « Allons, mesdames, dit-elle, cessez vos ébats, et aidez-moi à la ranimer. Elle reviendra bien vite à elle. Vos jolis culs sont ravissants à voir. Je veux faire partie du prochain cercle que l’on formera.

La victime est détachée de l’échelle. Sous l’action de l’eau fraîche, de sels médicinaux, et d’un large éventail, elle se ranime peu à peu. Ses yeux s’entr’ouvrent et elle regarde autour d’elle d’un air égaré : « Où suis-je, balbutie-t-elle à voix basse, quel joli rêve ! » Puis, comme on lui a fait prendre un vigoureux cordial, elle s’écrie : « Ah oui ! Je m’en souviens ! Oh mon pauvre derrière, comme il me fait mal ! Elle frotte alors ses fesses de ses deux mains et voyant qu’elles sont toutes couvertes de sang, elle sanglote nerveusement : « Quel monstre que cette miss Coote ! Comme elle a l’air de se délecter de mes tortures ! Ah ! si jamais je tiens son derrière sous ma verge, elle s’en souviendra. »

Un bruyant éclat de rire accueille cette menace et nous nous délectons toutes de la honte et de la confusion de la pauvre Lucretia.

— Allons, sœur Lucretia, lui dis-je alors du courage ! Il ne vous reste plus à faire que ce que nous appelons l’ascension de l’échelle. Un jour ou l’autre, vous pourrez prendre sans doute votre revanche. En attendant, vous allez voir si Louise Van Trom est aussi sévère que moi, et vous apprécierez sans doute sa façon de manier la verge sur vos fesses écorchées. Tenez, Jane, je crois qu’elle est à point pour la seconde partie de la punition.

— Oh ! vous pouvez vous fier à moi pour la faire danser comme il faut, dit alors Louise Van Tromp ; elle n’est pas à la moitié de sa confession. En disant cela, elle brandit et fait souffler une belle verge neuve aux oreilles de la victime qui manifeste une véritable terreur.

Tandis que les larmes ruissellent sur ses joues, elle s’écrie d’une voix coupée de sanglots : « Non ! non ! assez ! C’est horrible ! N’aurez-vous pas pitié de moi ? Voyez comme mon derrière est déjà lacéré ; je ne veux plus que vous y touchiez ! Non ! vous ne me remettrez plus sur cette affreuse échelle. » Et comme Jane essaie de l’entraîner vers l’instrument, elle se débat et veut fuir du côté opposé.

Voyant cela, Louise lui applique en travers des épaules un formidable coup de verge : « Qu’est-ce qui vous prend ? voulez-vous vous laisser faire et vous dépêcher, ou gare à vos épaules ? » lui crie-t-elle en examinant d’un œil satisfait les longues marques rouges que la verge a tracées sur les blanches épaules de la victime.

— Aïe ! aïe ! oui ! oui ! j’obéis, gémit-elle en tendant à Jane ses deux poignets qui sont vivement ligottés.

— Très bien, fait Louise, et maintenant, montez les barreaux de l’échelle, mais un par un seulement, au fur et à mesure que j’appellerai son numéro, en commençant par le bas, et faites attention de ne pas en monter deux à la fois, ou il faudrait tout recommencer. Allons, nous y sommes… Un ! Ce mot est accompagné d’un coup furibond sur les fesses de la pauvre fille.

— Ahhh ! hurle-t-elle en sentant la verge s’enfoncer dans la chair à vif ; elle a soin, néanmoins, de ne gravir qu’un échelon.

Louise décrit en l’air des moulinets avec la verge, en disant : « Pas mal, en vérité, attention, attention… » Et quand elle a ainsi tenu Lucrétia dans l’angoisse, elle compte « deux » et « trois », ponctuant chaque coup d’un nouveau coup de l’instrument, en laissant entre eux un intervalle suffisant pour que la victime en éprouve le torturant effet.

À chaque assaut, Lucrétia répond par un cri perçant et articule douloureusement : « Ah ! c’est atroce ! La peau de mon derrière se fend, je sens que je suis toute déchirée. »

— J’en suis charmée, riposte vivement Louisa, en regardant triomphalement les assistantes. « Allons, continuons… et, après avoir décrit de nouveaux moulinets, la verge retombe violemment sur les chairs. « Quatre ! cinq ! » Chaque coup arrache du sang de la peau meurtrie. Les spectatrices contemplent la scène avec avidité.

Le pied de Lucrétia a glissé sur un échelon, mais elle se reprend vivement avant que Louisa ait pu noter son erreur. « Encore deux ! » soupire-t-elle, calculant les échelons qui restent à gravir.

— Les cuisses droites, de façon à bien exposer votre cul, lui dit Louise, en tapotant de la verge le minet que cette position presque horizontale met en saillie. Puis, « six !… sept ! » Ces deux derniers coups sont appliqués encore plus fort, mais la victime n’a pas bronché, et d’unanimes bravos saluent son énergie. Jane profite de sa position pour attacher les chevilles de la patiente qui se trouve fixée dans la position la plus favorable pour une nouvelle flagellation.

— Merci, Jane, vous avez une excellente idée, fait Louise. Eh bien, sœur Lucretia, il faut nous raconter tout ce qui s’est passé entre vous et le jeune Aubrey. Miss Coote ne vous en a pas fait confesser la moitié.

Et elle caresse les fesses tendues de petits coups de verges. Écorchée comme est Lucretia, ces légers coups lui sont néanmoins pénibles, car une grimace de souffrance crispe ses traits.

— Oh ! oh ! je vous en supplie ! fait-elle, ne recommencez pas ! Je vous ai dit qu’il avait pris des libertés avec moi. Que puis-je vous dire de plus ? Oh ! oh ! ne me touchez pas, le moindre contact de la verge me fait un mal affreux.

— Alors, petite obstinée, répond Louise, pourquoi persistez-vous à ne pas dire toute la vérité ? Ne l’avez-vous pas encouragé ?

Cette question est accompagnée de petites cinglades qui, bien que bénignes, en comparaison des précédentes, n’en font pas moins tortiller le malheureux derrière à vif dans sa fatigante position.

Abreuvée de honte et de confusion, la figure empourprée à l’idée que tant d’yeux sont braqués sur elle, Lucrétia implore lamentablement : « Épargnez-moi, pitié ! fait-elle. Puisque vous savez tout, n’insistez pas ! Rendez-vous compte de mes souffrances ! Songez combien est pénible une semblable confession ! Ahh !! Faut-il que vous soyez barbares pour vous repaître ainsi de ma honte et de mes tortures. »

— Bah ! bah ! fait Louise, ce n’est pas si terrible que cela. Il faut bien souffrir quelque chose pour être des nôtres. Vous assisterez vous-même à une scène semblable quand nous recevrons une nouvelle novice. Mais vous me faites perdre mon temps. Allons ! Avouez ! avouez ! avouez ! Et trois nouveaux coups font gigoter le malheureux postérieur.

— Aïe ! ah ! ah ! Je vais encore m’évanouir ! Il me semble qu’on me cingle la chair avec des fers rouges ! fait Lucrétia d’une voix déchirante. Ah ! je vous ai dit qu’il m’a séduite, et… et… je l’avoue, je n’ai pas résisté comme j’aurais pu. J’avais envie de goûter les douceurs de l’amour, et tout à l’heure, la verge de votre présidente m’a rappelé ces exquises sensations. Quand je me suis évanouie, j’ai cru, dans mon rêve, me retrouver dans les bras de mon amant.

— À la bonne heure ! fait Louise, en gratifiant encore Lucrétia de quelques coups de verges. Nous touchons à la vérité. Mais vous prévariquez encore et essayez d’atténuer votre culpabilité. Voyons, est-ce lui qui vous a violentée ou vous qui l’avez débauché ?

— Arrêtez ! arrêtez ! laissez-moi parler ! fait la néophyte. Je l’ai aperçu endormi, étendu dans un coin écarté de notre jardin. Il dormait si fort que je n’ai pas pu l’éveiller, mais je me suis rendu compte ensuite qu’il feignait seulement de dormir. Remarquant une forte saillie dans sa culotte, je la touchai du doigt, me demandant ce que c’était. La chose se mit alors à grossir et à se soulever et elle devint, sous l’étoffe, raide comme un bâton ; mon sang bouillait ; je ne sais pas bien comment cela a pu se faire, mais au moment où il ouvrit les yeux, me regardant en riant, j’avais dans la main son gros engin tout raide. Il se dressa, s’élança sur moi et, profitant de mon trouble, il triompha de moi sans difficultés. Mais pareille chose arrive tôt ou tard à toutes les filles amoureuses. À présent que je vous ai tout dit, ayez pitié de moi, et délivrez-moi !

On dénoue alors ses liens, on lui prodigue les plus affectueux baisers et on la proclame membre du Lady Rodney’s Club.

Toute meurtrie, la pauvre fille se lamente sur son postérieur à vif : « Oh ! oh ! fait-elle piteusement, je vais être des semaines avant de pouvoir m’asseoir sans souffrance. Oh ! vous pouvez m’embrasser, après m’avoir traitée avec une pareille barbarie ! Si seulement je pouvais vous amener Aubrey et lui donner une bonne cinglée, il ne l’aurait pas volée ! »

Nous éclatâmes de rire à cette sortie, et lui déclarâmes que nos règles s’opposaient à l’admission de membres mâles dans notre club.

Vous verrez, dans ma prochaine lettre à quel subterfuge Lucrétia eut recours pour arriver à ses fins.

Je suis, chère Nelly, votre affectionnée

Rosa Belinda Coote.

Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre
Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre