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Les besoins sont gracieux et les causes solubles
Le cœur a tant d’espace qu’il défie les astres
Il est comme une vague qui n’a pas de fin
Il est comme une source éternisant la chair
La majesté de vivre désavoue la mort

Je parle de ce temps que nous avons atteint
Nous le voulons et rien ne nous en fait démordre
Nous allions en avant nous sommes en avant

Des mineurs ont chanté contre l’injuste peine
Des forçats ont secoué leurs chaînes en chantant
Nos frères ont lutté partout et sans douter
Et les bourgeons sortaient du bois sec et des ronces
Et le courage allait de pair avec l’amour

S’éveiller opprimé accentuait le combat
Nous étions moins que rien mais nous devenions tout
Le monde étant à nous nous étions à nous-mêmes

La langue de la vie nous fondait dans la bouche
Nous ne connaissions pas d’oasis ni d’abri
Nous cherchions le réel fraternel sans rupture
La vérité concrète la vertu sensible
Du fond de la douleur nous dénoncions le mal