Page:Éluard - Une leçon de morale, 1949.djvu/155

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Nos frères avaient faim étaient pillés meurtris
Poussés au désespoir conduits à l’abattoir
Mais la rose de feu de leur sang survivait

Les hommes survivaient nous en étions garants
Et les fils de leurs fils éclairaient l’avenir
Nos comptables brisaient les zéros du néant
Nos paysans comptaient les mois de la genèse
Voir s’étendait au loin comme un corps rayonnant

Nos forces par en bas étaient illimitées
La beauté la confiance ne pesaient pas lourd
Néanmoins aujourd’hui leur rosée est féconde

Voici demain qui règne aujourd’hui sur la terre
Au jour de la durée l’homme est indispensable
Et voici que le monde est un objet utile
Objet voluptueux indestructible et roi
Que la vie a comblé en même temps que l’homme.