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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/252

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les mains, et sembla s’abandonner au désespoir. Ses deux suivantes, baignées de pleurs, s’efforçaient de la prier de se remettre, et sir Robert Melville, se mettant à ses genoux, lui fit la même prière. Après avoir éclaté en sanglots, et donné cours à son chagrin, elle dit à Melville : « Ne vous agenouillez pas devant moi, Melville, ne vous raillez pas de moi par l’hommage du corps, lorsque le cœur en est si loin. Pourquoi restez-vous avec une reine déposée, condamnée, qui n’a peut-être que peu d’heures à vivre ? Vous avez été favorisé par moi aussi bien que les autres ; pourquoi continuer plus long-temps qu’eux à me montrer une reconnaissance et une gratitude stériles ?

— Madame, dit sir Robert Melville, que le ciel me soit en aide ! mon cœur vous est aussi dévoué que lorsque vous étiez dans toute votre grandeur.

— Dévoué ! dévoué ! » répéta la reine avec une légère impression de mépris ; « assez, Melville ; que sert le dévouement qui s’allie à la fausseté de mes ennemis ? Et d’ailleurs, ta main n’a pas assez bien fait connaissance avec ton épée, pour que je puisse me fier à toi dans une affaire qui demande un mâle courage. Ô Seyton, où est ton vaillant père ? lui, il est prudent, fidèle et courageux. »

Roland Græme ne put retenir plus long-temps le désir empressé d’offrir ses services à une princesse si malheureuse et si belle. « Si une épée, dit-il, madame, est bonne à quelque chose pour seconder la sagesse de ce grave conseiller, ou pour défendre votre juste cause, voici la mienne, et ma main est prête à la tirer du fourreau. » En parlant ainsi, il saisit d’une main son épée et plaça l’autre sur la poignée.

À ce mouvement, Catherine Seyton s’écria : « Il me semble, madame, que je reconnais un objet qui vient de mon père ! » et à l’instant, traversant l’appartement, elle prit Roland Græme par le pan de son manteau, et lui demanda vivement d’où lui venait cette épée.

Le page répondit d’un air surpris : « Il me semble qu’il ne s’agit pas de plaisanter dans ce moment. Sûrement, belle demoiselle, vous savez très-bien de qui et comment j’ai reçu cette épée.

— Est-ce le moment de rire ? répliqua Catherine Seyton ; dégainez à l’instant !

— Si la reine me le commande, » dit le jeune homme en tournant ses regards vers sa jeune maîtresse.

— Fi donc, jeune fille ! s’écria la reine. Voudrais-tu exciter ce