Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/369

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main à plusieurs reprises, elle réussit à l’éveiller sans l’effrayer. Marie parut surprise de se trouver toute habillée, mais elle s’assit sur son lit et parut si calme que Catherine Seyton, sans plus de préambule, jugea convenable de lui apprendre dans quel embarras elles étaient placées. Marie pâlit, et fit plusieurs signes de croix quand elle apprit le grand danger qu’elle avait couru ; mais semblable à Ulysse d’Homère, « À peine éveillée elle possédait déjà toute sa présence d’esprit ; » et elle comprit aussitôt sa situation ainsi que les dangers et les avantages qu’elle présentait.

« Nous ne pouvons faire mieux, » dit-elle après une courte conférence avec Catherine, et en la pressant en même temps contre son sein et lui baisant le front, « nous ne pouvons faire mieux que de suivre le plan si heureusement inventé par ta présence d’esprit et ton affection pour nous. Ouvre la porte à la dame de Lochleven : elle trouvera sa pareille en artifice, mais non en perfidie. Fleming, ferme le rideau et mets-toi derrière ; tu es meilleure dame d’atours que bonne actrice : aie seulement soin de respirer avec peine, gémis légèrement ; c’est tout ce qu’il te faut. Écoutez ! ils viennent. Catherine de Médicis ! puisse ton esprit m’inspirer, car un cerveau du Nord est trop froid pour cette scène ! »

Conduite par Catherine Seyton, et marchant aussi légèrement que possible, la dame de Lochleven entra dans l’appartement peu éclairé, et s’avança vers le lit où Marie, pâle et épuisée par une nuit sans repos et par l’agitation de la matinée, était étendue si nonchalamment qu’elle pouvait bien confirmer les plus grandes craintes de son hôtesse.

« Que Dieu nous pardonne nos péchés ! » dit la dame de Lochleven, oubliant son orgueil pour se jeter à genoux contre le lit ; « ce n’est que trop vrai, elle est assassinée.

— Qui est dans cette chambre ? » dit Marie, comme si elle s’éveillait d’un profond sommeil ; « Seyton, Fleming, où êtes-vous ? J’ai entendu une voix étrangère. Qui est donc de service ? appelez Courselles.

— Hélas ! sa mémoire est à Holy-Rood, quoique son corps soit à Lochleven. Pardonnez-moi, madame, si je vous prie de porter votre attention sur moi. Je suis Marguerite Erskine de la Maison de Mar, et par alliance, lady Douglas de Lochleven.

— Ô notre aimable hôtesse, reprit la reine, qui a tant soin de notre logement et de notre nourriture… nous vous embarrassons trop et trop long-temps, bonne lady de Lochleven ; mais nous